Yves Michaud (Québec)

personnalité politique québécoise

Yves Michaud (né à Saint-Hyacinthe le et mort à Montréal le [1]) est un homme politique et un journaliste québécois.

Yves Michaud
Fonctions
Délégué général du Québec à Paris

(5 ans)
Prédécesseur Jean Deschamps
Successeur Louise Beaudoin
Député à l'Assemblée nationale du Québec

(3 ans, 10 mois et 24 jours)
Circonscription Gouin
Prédécesseur Nouvelle circonscription
Successeur Guy Joron
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Saint-Hyacinthe (Québec)
Date de décès (à 94 ans)
Lieu de décès Montréal (Québec)
Nationalité Canadienne
Parti politique Parti québécois
Diplômé de Université de Strasbourg
Profession Journaliste

Au Québec, il est surtout connu pour ses prises de position tranchées à propos de la défense du fait français et son implication dans l'affaire Michaud. Les médias l'ont également surnommé le « Robin des banques » d'après ses actions comme président fondateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC).

Biographie

modifier

Après une formation en journalisme, Yves Michaud devient rédacteur en chef et directeur du journal le Clairon maskoutain à Saint-Hyacinthe de 1954 à 1962.

En 1959, il reçoit une bourse du Conseil des Arts du Canada pour étudier en journalisme à l'Université de Strasbourg.

De 1962 à 1966, il est rédacteur en chef et directeur du journal La Patrie.

Le fonds d’archives de Yves Michaud (P962)[2] est conservé au centre BAnQ Vieux-Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Mandat à l'Assemblée nationale

modifier

Yves Michaud est élu député du Parti libéral du Québec à l'élection de 1966 dans la circonscription de Gouin. Trois ans plus tard, il se joint à un groupe de députés pour s'opposer au projet de loi 63[note 1], déposé le par Jean-Guy Cardinal, alors ministre de l'Éducation dans le gouvernement Jean-Jacques Bertrand. En désaccord avec son parti sur ce projet de loi, Yves Michaud quitte le Parti libéral et siège comme député indépendant à compter du . La loi 63, Loi pour promouvoir la langue française au Québec, est adoptée le suivant.

Carrière gouvernementale

modifier

De 1970 à 1973, Yves Michaud est Haut-commissaire à la Coopération au ministère des Affaires intergouvernementales du Québec. De 1973 à 1976, il est fondateur, rédacteur en chef et directeur du journal Le Jour.

Par la suite, il occupe différents postes au sein du Gouvernement du Québec. De 1979 à 1984, il est Délégué général du Québec en France. Il sera fait Commandeur de la Légion d'honneur française. Il devient directeur du Palais des congrès de Montréal, puis représentant en vins.

En 1993, Yves Michaud perd de grosses sommes d'argent à la suite du rachat d'une banque en faillite. Cela l'incitera à fonder, en 1995, l'Association de protection des épargnants et investisseurs du Québec (ancêtre du MÉDAC). À diverses occasions, il défend les intérêts des actionnaires minoritaires aux différentes assemblées des actionnaires des banques. Ainsi, par exemple, il réclame des règlements de régie interne qui rendent les dirigeants de banque plus responsables envers les actionnaires minoritaires. Ses gestes lui vaudront le surnom de « Robin des banques »[5],[6].

Affaire Michaud

modifier

Le , Yves Michaud se présente comme candidat à l'investiture du Parti québécois dans la circonscription de Mercier pour l'élection partielle[7]. Le lendemain, , lors des états généraux du français tenus à Montréal, il fait une déclaration appelant les Québécois à suivre l'exemple du peuple juif dans leur attitude de survivance. Ses propos entraînent l'adoption unanime d'une motion de blâme[8] à l'Assemblée nationale du Québec le . Les députés ont voté cette motion sans avoir pris connaissance des propos présumés antisémites de Michaud et sans que celui-ci ne soit entendu[9]. Bref, la motion, qui était plus une dénonciation qu'un blâme, affirmait: « l’Assemblée nationale dénonce sans nuance, de façon claire et unanime, les propos inacceptables à l’égard des communautés ethniques et, en particulier, à l’égard de la communauté juive tenus par Yves Michaud à l’occasion des audiences des États généraux sur le français à Montréal le 13 décembre 2000. » Depuis, plusieurs élus péquistes du temps se sont ensuite excusés pour avoir voté cette motion de dénonciation sans avoir pris connaissance des propos de Michaud[10],[11],[12],[13],[14].

En 2011, en lien avec cette affaire, il refuse d'être reçu dans l'Ordre national du Québec[15].

Poursuite en diffamation

modifier

Au début du mois d’avril 2001, Yves Michaud intente une poursuite en diffamation au montant de 15 000 $ en dommages et intérêts, plus 3000 $ à titre punitif[16], à l’endroit de Marc Angenot, qu’il accuse d’avoir « insinué faussement et intentionnellement sur les ondes de Radio-Canada que le requérant [Michaud] avait tenu des propos antisémites. » Michaud ajoute que dans ses déclarations aux états généraux « en aucune circonstance [lui, Michaud] n’a tenu de propos antisémites ou à connotation antisémite. »[17] Angenot avait déclaré le 8 février 2001, à l’émission Maisonneuve à l’écoute, animée par Pierre Maisonneuve à RDI: « M. Michaud avait le droit de tenir des propos antisémites, j’ai le droit de les trouver abjects. »[16]

La cause fut entendue le 9 janvier 2002. Yves Michaud y déclara s’être senti « sali, souillé, couvert de crachats et de vomissures » par les déclarations d’Angenot. Angenot, de son côté, présentait une défense dite de « commentaire loyal, » concept de Common Law protégeant la liberté d’expression. Angenot ajouta que selon lui, la poursuite était d’abord et avant tout une attaque personnelle dirigée contre lui par Michaud parce qu’il était un militant antinationaliste[16].

À la mi-mai 2002, le juge Antonio De Michele rendit un verdict défavorable à Michaud. Selon lui, les phrases de Michaud mises ensemble « suscitent des sentiments défavorables et déplaisants à l’égard de la communauté juive du Québec. » La phrase de Michaud de décembre 2000 fut « la goutte qui a fait déborder le vase… qui constitue la fin de la tolérance des divers propos que tient Michaud depuis un certain temps. » Le juge retint la défense de « commentaire loyal » présentée par Angenot[18].

Yves Michaud porta le jugement en appel, mais fut débouté à nouveau par la Cour d’appel du Québec le 10 septembre 2003. Les trois juges (Jacques Delisle, Louise Mailhot et Pierre J. Dalphond) qui entendaient l’appel le rejetèrent sans délibéré. Le tribunal « devait se demander si une personne raisonnable aurait pu percevoir M. Michaud comme un antisémite compte tenu de ses déclarations antérieures et du contexte de l’époque. La réponse est oui. »[19]

Agences de vins, bières et spiritueux

modifier

En 2006, Yves Michaud est président de l'Association québécoise des agences de vins, bières et spiritueux (AQAVBS).

Blogueur

modifier

De juin à , Yves Michaud tient un blogue hébergé par le magazine L'Actualité[20].

Honneurs

modifier

Publications

modifier

Notes et références

modifier
  1. Le groupe, composé des députés Antonio Flamand (Union nationale, puis député indépendant dans Rouyn-Noranda), Jérôme Proulx (Union nationale, puis député indépendant dans Saint-Jean), Gaston Tremblay (Union nationale, puis député indépendant dans Montmorency) et René Lévesque (Parti libéral, puis député indépendant, Laurier) et Yves Michaud (Parti libéral, puis député indépendant dans Gouin), avaient tenté un filibuster[3] que Yves Michaud avait baptisé l’« opposition circonstantielle » au projet de loi 63, la Loi pour promouvoir la langue française au Québec, adoptée le 20 novembre 1969[4].
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Fernand Grenier » (voir la liste des auteurs).

Références

modifier
  1. Radio-Canada, « Yves Michaud, 1930-2024 : le « Robin des banques » s’éteint », sur Radio-Canada Nouvelles, (consulté le )
  2. « Fonds Yves Michaud (P962) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) », sur Pistard - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (consulté le ).
  3. Filibuster
  4. « Opposition circonstantielle », sur Encyclopédie du parlementarisme québécois (consulté le ).
  5. Jacques Beauchamp et Gisèle Lalande, « Yves Michaud, le Robin des banques », Les Actualités, Première Chaîne de la Société Radio-Canada, , 11 minutes 25 secondes
  6. Jean-François Cloutier, « Le Médac hésite, Yves Michaud agit »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur http://argent.canoe.ca, Argent, Quebecor Media,
  7. Michel David, « Honteux anniversaire », Le Devoir,‎ (lire en ligne).
  8. Motion de blâme
  9. « vigile.net/Il-y-a-10-ans-Yves-… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  10. « vigile.net/Claude-Lachance-Dep… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  11. « vigile.net/Normand-Jutras-Ex-d… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  12. « vigile.net/Solange-Charest-Dep… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  13. Yves Michaud, « Motion de blâme contre Yves Michaud - Souvenir d'un cirque honteux à l'Assemblée nationale », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Victor Teboul, « L'affaire Michaud et les Juifs : les indépendantistes apprendront-ils de leurs erreurs ? », Le Huffington Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. a et b « Lettres - Qu'ils aillent au diable! », sur Le Devoir (consulté le ).
  16. a b et c Brian Myles, « Yves Michaud s’est senti «souillé» », Le Devoir,‎ , A3
  17. « Michaud poursuit pour 15 000 $ », La Presse,‎ , A10
  18. Christiane Desjardins, « Yves Michaud est débouté en Cour du Québec », La Presse,‎ , A2
  19. Brian Myles, « Yves Michaud est débouté en Cour d’appel », Le Devoir,‎ , A3
  20. Yves Michaud, « Le blogue d'Yves Michaud »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur www2.lactualité.com, L'actualité, .

Annexes

modifier

Bibliographie

modifier

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier