Yves Rocher (entreprise)

entreprise de soins et cosmétiques

Yves Rocher France est une entreprise française de cosmétiques fondée par Yves Rocher à La Gacilly (Morbihan) en 1959 et dont le siège social est situé à Rennes (Bretagne)[1]. Elle est propriété du Groupe Rocher et compte 3 100 boutiques dont plus de 680 en France.[Quand ?]. À partir de 2021, l'entreprise est controversée pour son implication dans plusieurs affaires liées à ses activités en Russie et en Turquie.

Yves Rocher France
logo de Yves Rocher (entreprise)
illustration de Yves Rocher (entreprise)

Création 1959
Dates clés 2014 immatriculation société actuelle
Fondateurs Yves Rocher
Personnages clés Bris Rocher
Forme juridique SARL Société à Responsabilité Limitée
Slogan «Se réinventer chaque jour.»
«Créateur de la Cosmétique Végétale.»
Siège social Rennes[1]
Drapeau de la France France
Direction Bris Rocher
Activité Cosmétique
Société mère Groupe Rocher
Sociétés sœurs Laboratoire de Biologie Végétale Yves Rocher
Effectif 345 en 2016
SIREN 808529184
Site web https://www.yves-rocher.fr/

Chiffre d'affaires 468 919 000 € en 2016

Comptes récents non disponibles

Résultat net 40 686 000 € en 2016

Histoire modifier

Magasin Yves Rocher au centre commercial Italie Deux à Paris.
Boutique à Hrodna (Biélorussie).

Yves Rocher crée la marque qui porte son nom en 1959 à La Gacilly, petite commune du Morbihan en Bretagne[2],[3]. Les produits, fabriqués à base de plantes, sont vendus par correspondance. L'entreprise se positionne sur le marché de produits cosmétiques vendus en dehors des pharmacies et à des prix bon marché[4].

L'entreprise grandit rapidement : de 30 salariés initialement, elle passe à environ 300 salariés en 1969 avec l'inauguration de la première usine de la marque, dans le village d'origine[5]. En 1984, l'entreprise compte 1200 salariés[4]. Parallèlement, Yves Rocher utilise son succès économique pour s'imposer en politique : en 1962, il devient maire de la commune, et le reste pendant 46 ans, jusqu'en 2008[4]. La gestion de l'entreprise est intimement liée au développement économique de la région et à la carrière politique de son fondateur. Yves Rocher poursuit une politique de développement industriel qui renforce sa légitimité politique ; son ancrage politique lui permet d'asseoir son influence économique et d'agrandir son entreprise[4].

En 1969, le premier site industriel est créé à La Croix des Archers et le premier magasin voit le jour boulevard Haussmann à Paris.

En 1979, l'entreprise Yves Rocher ouvre le site industriel de Rieux, en Bretagne (dédié au maquillage). En 1982, deux usines sont créées dans les communes Les Fougerêts et Saint-Martin-sur-Oust, situées dans le canton de la Gacilly[4]. Dans les années 1980, plusieurs marques sont créés par l'entreprise, qui s'agrandit et devient le Groupe Rocher[6].

En 1992, l'entreprise étend son implantation régionale dans plusieurs communes du Morbihan et de l'Ille-et-Vilaine :Questembert, Ploërmel, Rieux, Sixt-sur-Aff, Guillac, Maure-de-Bretagne, Janzé et Saint-Marcel[4].

En 1992, Yves Rocher transmet la direction de l'entreprise à son fils aîné Didier Rocher. Ses deux autres enfants, Daniel et Jacques Rocher, travaillent également pour le groupe. En 1994, à la suite du décès de Didier Rocher, son père reprend la direction de l'entreprise[7].

En 1991 est créée la Fondation Yves Rocher pour la protection de la nature. En 1993, l'entreprise Yves Rocher lance des éco-recharges pour réduire les emballages et les coûts dans une optique du développement durable[réf. nécessaire]. En 2008 ouvre à Boulogne-Billancourt un magasin appelé Atelier de la Cosmétique Végétale[réf. nécessaire].

Yves Rocher meurt en 2009[8]. L'année suivante, la direction du Groupe Rocher est confiée à son petit-fils Bris Rocher[9].

Depuis le 1er septembre 2023, Guillaume Darrousez est nommé directeur général exécutif de la marque Yves Rocher[réf. nécessaire].

Image de l’entreprise modifier

Dès son lancement, l'entreprise Yves Rocher se crée une image liée à la nature et aux plantes[4]. Depuis 1975 Yves Rocher possède son propre jardin botanique à La Gacilly, conservant 1500 espèces de plantes[10].

Le site internet Yves Rocher est élu « site préféré des Français » en 2014 et l’entreprise est classée dans le trio de tête de l’enquête OC&C[11],[12]. De même, le baromètre Posternak-Ifop, qui suit l’image des grandes entreprises, la classe en première position, comme marque préférée des Français en 2011, 2012, 2013 et 2014, devançant notamment le Groupe PSA, Airbus, ou Amazon, et en seconde position en 2015 et 2016, derrière Michelin. Selon Claude Posternak, cité par le journal Les Échos, ce sont deux entreprises différentes, mais ayant en commun aux yeux de l'opinion l’origine familiale, l’ancrage dans un territoire et le développement à l’international. Selon le magazine Le Point, c'est le résultat d'une vision du marketing client constante sur trois générations d'entrepreneurs, dans le discours et dans les valeurs mises en avant[13],[14],[15].

Identité visuelle modifier

Déclin et suppressions de postes modifier

Le Groupe Rocher a perdu environ 25 % de son volume de vente depuis 2020, en raison de la pandémie de Covid-19 et d'une baisse de ses ventes par correspondance : le marketing direct est en effet essentiel dans la stratégie du groupe[16]. Une autre raison invoquée est la guerre en Ukraine, qui a entraîné 92 fermetures de boutiques, ainsi que les appels au boycott en raison de la décision de poursuivre des activités en Russie : les activités russes du Groupe Rocher représentent une part importante de son chiffre d'affaires[16].

Le , le groupe annonce la fermeture du département distribution de son site de Kain, en Belgique, avec le licenciement de 34 salariés[17].

Le , le groupe annonce 300 suppressions de postes en Bretagne sur trois ans, dont la fermeture de son usine de Ploërmel, qui emploie 108 personnes en CDI, majoritairement des femmes[18],[19]. Une cinquantaine de personnes manifestent devant l'usine le jour même de cette annonce[19].

En août 2023, le groupe annonce la fermeture de tous ses magasins en Allemagne, en Autriche et en Suisse[20].

Controverses modifier

Implication d'Yves Rocher dans la condamnation de l'opposant russe Alexeï Navalny modifier

Yves Rocher est présent en Russie depuis 1991. En 2012, Yves Rocher Vostok porte plainte contre X après avoir été interrogé par les autorités russes locales dans le cadre d’une enquête judiciaire qui était en cours sur la société Glavpodpiska appartenant aux frères Oleg et Alexeï Navalny[21]. La société de transport est alors soupçonnée de « ne pas avoir honoré les obligations contractuelles » d'un contrat de 2008 avec Yves Rocher Vostok[22]. À l'époque des faits, il s'agissait de son deuxième plus grand marché derrière la France [23]. Dans une lettre ouverte publiée dans Mediapart début 2013, le groupe d'opposition Russie-Libertés appelle au boycott de l'entreprise[23].

Même si l'entreprise, après un audit interne, reconnaît en 2014 n'avoir subi aucun préjudice[24],[23], cela n'interrompt pas la procédure judiciaire russe, qui aboutit finalement à la condamnation des deux frères[25]. Alexeï Navalny est initialement condamné à 3 ans et demi d'emprisonnement avec sursis. En 2020, Navalny est soigné en Allemagne, après un empoisonnement au Novitchok, ce qui ne lui permet pas de se présenter au contrôle judiciaire, son sursis est révoqué[24].

Depuis la révocation du sursis de la peine d'emprisonnement d'Alexeï Navalny en février 2021, un appel au boycott est prononcé par ses partisans qui accusent Yves Rocher d'avoir été utilisée par le gouvernement russe pour évincer un opposant politique. La marque se défend alors en affirmant avoir porté plainte, car convaincue de l'escroquerie et être une « entreprise totalement apolitique »[26].

L'avocat français d'Alexeï Navalny portent plainte en France contre Yves Rocher pour « dénonciation calomnieuse », l'entreprise bénéficie d'un non-lieu. L'affaire est alors portée en cassation, mais la mort de l'opposant russe en prison met un terme à la procédure judiciaire[24].

Implication d'Yves Rocher dans le licenciement de 130 salariés syndiqués en Turquie modifier

Le 23 mars 2022, les associations Sherpa, ActionAid France, le syndicat turc Petrol-Iş et 34 anciens salariés d’une filiale turque du Groupe Yves Rocher assignent Yves Rocher en justice devant le tribunal judiciaire de Paris. Elles reprochent à l’entreprise d’avoir manqué à ses obligations issues de la loi sur le devoir de vigilance des sociétés-mères en matière de liberté syndicale et de droits fondamentaux des travailleurs[27],[3].

En 2018, les ouvrières de la filiale turque d'Yves Rocher, Kosan Kozmetik, qui protestaient contre leurs conditions de travail et de rémunération, ont demandé la création d’un syndicat. La direction turque de l’entreprise, aurait alors tout fait pour empêcher la création d’un syndicat, allant jusqu’à licencier 132 employées sous des prétextes jugés fallacieux par le syndicat Petrol-Is. Après une mobilisation sociale de près d’un an, très suivie en Turquie, et une longue bataille judiciaire, les ouvrières licenciées se sont vu accorder une indemnisation par l’entreprise. Mais cette indemnisation a été jugée insuffisante, et trente-quatre anciennes salariées ont décidé d'assigner Yves Rocher, société-mère de Kosan Kozmetik devant le justice française pour obtenir réparation du préjudice subi[28].

Proximité d'Yves Rocher avec la Russie lors du conflit avec l'Ukraine modifier

Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022, Yves Rocher maintient ses principales activités en Russie. Dès le début, cette situation est dénoncée par un collectif de chercheurs de l'Université de Yale[29]. En mars 2022, un délégué syndical exprime « l'inquiétude » des employés locaux dans le journal Ouest-France[30]. Quelques semaines plus tard, le journal Le Monde note le « silence et [l']embarras sur la guerre en Ukraine » qui règne « [d]ans le fief d’Yves Rocher » à La Gacilly dans le Morbihan[3],[31].

Références modifier

  1. a et b L.Le Goff, « Les vélos en libre service aux couleurs d'Yves Rocher », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  2. « REPERES Yves Rocher, une affaire d'hommes », sur lesechos.fr, (consulté le )
  3. a b et c Benjamin Keltz, « Dans le fief d’Yves Rocher, silence et embarras sur la guerre en Ukraine », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. a b c d e f et g Marie-France B. Turcotte et Anne Salmon, Responsabilité sociale et environnementale de l'entreprise, PUQ, (ISBN 978-2-7605-3568-8, lire en ligne), p. 89-92
  5. « Le Parisien, Cosmétiques : comment Yves Rocher, passionné de plantes, a fait éclore un empire »
  6. « Yves Rocher tout a commencé dans un grenier... », Les Mousquetettes,‎ (lire en ligne)
  7. Benoist Simmat, « Yves Rocher fondu d’or vert », Libération,‎ (lire en ligne)
  8. Nicole Vulser, « Yves Rocher », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. Maïté Turonnet, « Un rocher dans un jardin », Libération,‎ (lire en ligne)
  10. Par Clémence Levasseur Le 25 novembre 2023 à 11h30, « Cosmétiques : comment Yves Rocher, passionné de plantes, a fait éclore un empire », sur leparisien.fr, (consulté le )
  11. « yves-rocher.fr : La récompense d’une entreprise et d’une marque », CB News,‎ (lire en ligne)
  12. « E-commerce : Yves Rocher élu site de l'année », Les Échos,‎ (lire en ligne)
  13. Hayat Gazzane, « Yves Rocher, entreprise préférée des Français », Le Figaro ,‎ (lire en ligne)
  14. Patrice Laubignat, et Sébastien Tortu, « Pourquoi Yves Rocher est la marque préférée des Français », Le Point,‎ (lire en ligne)
  15. Clotilde Briard, « Les Français plébiscitent Michelin et Yves Rocher », Les Échos,‎ (lire en ligne)
  16. a et b « Les raisons du déclin d’Yves Rocher », sur Le Telegramme, (consulté le ).
  17. Tournai: 34 licenciements chez Yves Rocher, RTBF, 11 janvier 2023
  18. « Le géant des cosmétiques Yves Rocher prévoit de supprimer 300 postes », sur www.20minutes.fr, (consulté le ).
  19. a et b « Yves Rocher annonce la suppression de 300 postes dans les usines bretonnes du groupe », sur LEFIGARO, (consulté le ).
  20. ves Rocher va fermer tous ses magasins en Allemagne, Autriche et Suisse, RTBF, 3 août 2023
  21. « Affaire Navalny : face aux critiques, Yves Rocher se défend », sur Le Figaro (consulté le )
  22. « Russie: Navalny privé de procès équitable dans l'affaire Yves Rocher, selon la CEDH », sur Le Point, (consulté le )
  23. a b et c « Russie : Yves Rocher au coeur de l'affaire Navalny », sur lepoint.fr,
  24. a b et c Laetitia JACQ-GALDEANO, « Navalny mort, les juges n’auront plus à statuer sur l’affaire qui l’opposait au groupe Yves Rocher », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  25. « Pourquoi le groupe Yves Rocher se trouve dans la tourmente de l'Affaire Navalny ? », sur CNEWS (consulté le )
  26. « Pourquoi l'affaire Navalny embarrasse Yves Rocher », sur LCI (consulté le )
  27. Sherpa, ActionAid France et Petrol-Iş, « Liberté syndicale et droit des travailleurs et travailleuses en Turquie : Yves Rocher assigné en justice », sur Sherpa, (consulté le )
  28. Raphaël BOUKANDOURA, « Le groupe Yves Rocher poursuivi en justice pour l’une de ses filiales en Turquie », sur Ouest France, (consulté le )
  29. Jeffrey Sonnenfeld and Yale Research Team: Wiktor Babinski, Ricardo Barcelo, Yash Bhansali, Forrest Michael Bomann, Michal Boron, Katie Burke, Adriana Coleska, Samuel Choi, Drew D’Alelio, Kevin Grold, Hunter Harmon, Georgia Hirsty, Daniel Jensen, Mateusz Kasprowicz, Cate Littlefield, Maksimas Milta, Rémi Moët-Buonaparte, Christophe Navarre, Marina Negroponte, Camillo Padulli, Jeremy Perkins, Magdalena Rego, Nick Shcherban, Franek Sokolowski, Steven Tian, Ryan Vakil, Michal Wyrebkowski, Israel Yolou, and Steven Zaslavsky., « Yale CELI List of Companies Leaving and Staying in Russia », sur Université de Yale, (consulté le )
  30. Laetitia JACQ-GALDEANO, « Guerre en Ukraine. Le groupe de cosmétiques Yves Rocher maintient ses activités en Russie », sur Ouest France, (consulté le )
  31. Cyrielle Bedu, « Yves Rocher : de la Bretagne à la Russie, l’embarras d’un puissant groupe français » [Podcast], sur Le Monde, (consulté le )

Liens externes modifier

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