Zaldi
Zaldi[1] est un Irelu ou génie présent dans les contes et légendes[2] de la mythologie basque[3],[4]. Dans de nombreux contes mythiques, c'est l'une des figures adoptées par les sorcières ou Sorginak[5]
Vocabulaire
modifierZaldi signifie « cheval » en basque[6]. Le suffixe a désigne l'article : zaldia se traduit donc par « le cheval ».
Élevage
modifierLes chevaux que l'on peut voir accrochés sur les contreforts des montagnes basques appartiennent à diverses races. la plupart sont des pottoks, mais les plus lourds sont des chevaux de montagne lourds. Sauf exception, ils ne connaissent pas la stabulation. Ces chevaux ont vécu ainsi librement jusqu'à nos jours. Leurs maîtres les descendent de la montagne lorsqu'ils veulent leur faire exécuter quelques travaux ou lorsqu'ils veulent les vendre. Ils ont alors souvent recours à des battues, organisées entre plusieurs chasseurs.
Croyances
modifierLa fréquentation de cet animal, tenu en grande estime par nos ancêtres, détermina quelques formes d'expressions ou de symboles articulant leur vie spirituelle. En effet, c'est sous forme de cheval que sont représentés certains génies souterrains ou des personnages mis en scène dans des récits mythiques du peuple basque[7].
Dans la région de Tardets (Soule), de la caverne de Laxarrigibel, située dans un des contreforts d'Ahüski[8], près d'Alçay-Alçabéhéty-Sunharette, sort un être qui se manifeste sous les traits d'un cheval blanc. Il séquestra une fois un jeune homme de ce pays, mais qui n'était guère intégré dans son milieu social.
Zamari zuria, est un cheval blanc, un cheval sans tête qui hante les montagnes basques (Navarre, vallée de Baztan, des Aldudes, de Luzaide, les crêtes de l'Esterenguibel…). Le voir est un présage de mort ou, tout au moins, de malheur imminent[9]. Le Zamari zuria, représentant l'esprit du maïs des céréales, est représenté par un danseur dans les fêtes de la Soule et du Guipuscoa[10].
La jument blanche maléfique est fréquente dans les légendes navarraises et souletines.
Légendes
modifierLa jument d'Obantzun
modifierDes domestiques envoyaient paître une jument noire dans la montagne et la redescendaient le soir, le premier qui voyait la bête gagnait le droit de revenir en la chevauchant. Un soir la domestique vit la jument noire et l'enfourcha, mais l'animal l'embarqua et la mena au gouffre d'Obantzun, bientôt, il n'y eut plus aucun signe de vie de la jeune femme. Son compagnon attendit vainement, puis il vit la véritable jument plus bas. La domestique avait été enlevée et lorsque les gens de la maison lavèrent leur linge, ils trouvèrent les boucles d'oreille et la bague de la domestique dans la fontaine d'Itturan[11].
Le cheval sans tête
modifierLes forestiers et les contrebandiers qui travaillent dans les forêts qui couvrent la vallée de la Nive, du Laurhibar et du gave de Larrau craignent par dessus-tout de rencontrer un jour le cheval sans tête, appelé parfois Zamaria Xuria (le cheval blanc). En effet, ce dernier est un annonciateur de la mort[12].
Cette superstition indique que les Basques, comme beaucoup d'autres peuples, croyaient en l'existence de génies psychopompes. Des génies qui guident l'âme des morts, qui tiennent un rôle intermédiaire entre le monde des vivants et celui des morts[12].
Notes et références
modifier- Mythologie française: bulletin de la Société de mythologie française, Numéros 194 à 197, La Société, 1999
- (es) El mundo en la mente popular vasca: creencias, cuentos y leyendas, Volume 5, José Miguel de Barandiarán, Auñamendi, 1974
- (es) El caballo al final de la última glaciación y en el período postglacial del País Vasco, Jesús Altuna, Koro Mariezkurrena
- (es) Glosario de Mitología Vasca
- (es) « Urdaibaiko Hiztegi Mitologikoa A-tik Z-ra (Etnografia) » [PDF], sur Urdaibai.org, Eusko Jaurlaritza, Gernika-Lumoko Udala et Urdaibai Biosfera Erreserba, 118p., (consulté le )
- (eu + en) Gorka Aulestia et Linda White, Basque-English Dictionary, Reno (Nevada), University of Nevada Press, coll. « The Basque series », , 397 p. (ISBN 0874171563 et 9780874171563, OCLC 21373330, lire en ligne), p. 532.
- José Miguel Barandiaran et traduit et annoté par Michel Duvert, Dictionnaire illustré de mythologie basque [« Diccionario Ilustrado de Mitología Vasca y algunas de sus fuentes »], Donostia, Baiona, Elkarlanean, , 372 p. [détail des éditions] (ISBN 2903421358 et 9782903421359, OCLC 416178549)
- Pierre Narbaitz, Le Matin basque ou Histoire ancienne du peuple vascon, Paris, Librairie Guénégaud SA, , 519 p. (OCLC 1974692, BNF 34575140), p. 357
- Olivier de Marliave, Panthéon pyrénéen, Loubatières, Toulouse, 1990
- Violet Alford, Pyrenean Festivals, Londres, 1937 ; trad. Fêtes Pyrénéennes, Loubatières, Toulouse, 2004
- La jument d'Obantzun sur Abarka, site à propos des légendes basques
- Claude Labat, Libre parcours dans la mythologie basque : avant qu'elle ne soit enfermée dans un parc d'attractions, Bayonne; Donostia, Lauburu ; Elkar, , 345 p. (ISBN 9788415337485 et 8415337485, OCLC 795445010), p. 104
Bibliographie
modifier- Anuntxi Arana (trad. Edurne Alegria), De la mythologie basque : gentils et chrétiens [« Euskal mitologiaz : jentilak eta kristauak »], Donostia, Elkar, , 119 p. (ISBN 9788497838214 et 8497838211, OCLC 698439519)
- Wentworth Webster (trad. Nicolas Burguete, postface Un essai sur la langue basque par Julien Vinson.), Légendes basques : recueillies principalement dans la province du Labourd [« Basque legends »], Anglet, Aubéron, (1re éd. 1879), 328 p. [détail de l’édition] (ISBN 2844980805 et 9782844980809, OCLC 469481008)
- Jean-François Cerquand, Légendes et récits populaires du Pays Basque : Recueillis dans les provinces de Soule et de Basse-Navarre, Bordeaux, Aubéron, (1re éd. 1876), 338 p. [détail de l’édition] (ISBN 2844980937 et 9782844980939, OCLC 68706678, lire en ligne)