Élections municipales maliennes de 2009

Les élections communales ont eu lieu au Mali le . la campagne électorale était ouverte le vendredi 10 avril 2009 à zéro heure et close le vendredi 24 avril 2009 à minuit[1].

Dans un mémorandum sur quelques problèmes brûlants du Mali, le Parti pour la renaissance nationale (PARENA), présidé par Tiébilé Dramé, avait préconisé un report des élections communales et une prolongation de six mois des conseils communaux actuels afin de refonder le fichier électoral pour le rendre fiable et crédible[2].

Le premier tour de l'élection législative partielle a eu lieu le même jour à Bougouni.

Organisation du scrutin

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Les conseillers communaux sont élus pour cinq ans au scrutin de liste à la représentation proportionnelle. La répartition des sièges se fait selon la règle de la plus forte moyenne entre les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés. Les sièges sont attribués selon l'ordre de présentation sur la liste.

Chaque liste doit comporter le nombre exact de candidats correspondant aux sièges à pourvoir. L'électeur n'a pas le droit de panacher ni d'exprimer un vote préférentiel[3]. Sont éligibles les électeurs âgés de 21 ans.

Candidatures

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La clôture des dépôts de candidature a eu lieu le . Plus de 4 000 listes ont été déposées, un chiffre dépassant largement celui des précédentes élections communales de 2004 (3 623 listes et 1999 (plus de 2 000 listes. Environ 15 % des listes sont présentées par des indépendants. Seul l'Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma/Pasj) et l’Union pour la république et la démocratie (URD) ont présenté des listes dans les 703 communes du Mali. Le Rassemblement pour le Mali (RPM), le Parti pour la renaissance nationale (Paréna), le Congrès national d’initiative démocratique (Cnid) et le Convergence pour le développement du Mali (Codem) ont présenté des listes dans respectivement 600, 462 et 400 communes[4].

Déroulement du scrutin

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Le scrutin s’est déroulé dans le calme à l’exception de quelques localités dans le nord du pays, comme à Ber où trois électeurs ont été blessés à l’arme blanche au cours d’une bagarre à Sobori[5]

Cependant, de nombreux observateurs relatent des cas de fraudes, notamment vols de cartes d’électeurs et achats de votes. Des urnes ont également disparu dans le Cercle de Bourem[6]

Le Réseau ONG d’Appui au processus électoral au Mali (APEM) a déployé 341 observateurs dans les huit régions du Mali et le district de Bamako. Ils ont visité 2 519 bureaux de vote sur les 18 918 que compte le territoire, soit 13,31 %. Ils ont observé différents points comme les heures d’ouverture et de fermeture des bureaux de vote, le respect des dispositions électorales prévues par la loi, la présence du matériel électoral, le secret du vote et la représentation des candidats, les actes de fraude, de corruption ou d’intimidation. Les observateurs n’ont pas observé d’irrégularité dans 76,26 % des bureaux de vote observés et des irrégularités mineures, qui ne sont pas de nature à affecter la sincérité du scrutin, dans les autres bureaux observés. À Kidal cependant, des irrégularités ont été constatées dans beaucoup de bureaux de vote. Le réseau considère que le scrutin s’est déroulé dans un climat serein mais note un taux de participation extrêmement faible[7].

Résultats

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Résultats provisoires[8],[9].

Parti politique Nombres d’élus en 2009 % Nombres d’élus en 2004
Adéma-Pasj 3 185 29,54 3 336
Urd 1935 17,94 1 623
Rpm 773 7,17 1 590
Cnid 476 4,41
Paréna 429 3,98
Codem 405 3,76
Mpr 357 3,35
Sadi 248 2,30
Udd 156 1,45
Us-Rda 124 1,15
PSP 120 1,11
Autres partis[10]. 717 6,65
Groupement de partis 1 046 9,70
Indépendants 812 7,53

Résultats dans quelques grandes villes

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Parti Commune I Commune II Commune III Commune IV[12] Commune V Commune VI Total District
Adéma-Pasj 11 14 14 6 12 16 73
Urd 6 7 7 4 14 7 45
Rpm 7 3 5 11 5 5 35
Mpr 4 4 0 3 7 9 27
Cnid 0 4 3 0 7 4 18
Codem 6 3 0 0 0 0 9
Udd 0 2 0 4 0 0 6
Pdr 4 0 0 0 0 0 4
Listes indépendantes 8[13] 0 8[14] 17[15] 0 0 33
Total 45 37 37 45 45 41 250

Le scrutin a été annulé en commune IV par le tribunal administratif le [16].

Parti politique Nombres d’élus
Adéma-Pasj 8
Cnid 6
Rpm 6
Urd 4
Indépendant (Benkan) 3
Indépendant (Ema Néma) 2
Codem 2
Udd 2
Total 33
Parti politique Nombres d’élus
Adéma-Pasj 16
Codem 9
Urd 6
Mouvement citoyen 4
Indépendant Danaya Môgô 4
Rpm 2
Total 41
Parti politique Nombres d’élus
Adéma-Pasj 13
Us-Rda 4
Rpm 3
Urd 3
Total 23
Parti politique Nombres d’élus
Adéma-Pasj 10
Indépendant Sadou Diallo 7
Indépendant Idrissa Tièye 5
Pcr 3
Rpm 2
Urd 2
Total 29
Parti politique Nombres d’élus
Paréna 10
Adéma-Pasj 8
Urd 6
Adm 3
Rpm 2
Total 29

Élection des maires

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Ce sont les conseillers communaux qui élisent les maires et les adjoints. À Bamako, ils élisent également les conseillers qui siègent au district de Bamako, qui regroupe les 6 communes de la capitale.

À Bamako, les élections ont eu lieu dans les six communes le [22] :

  • commune I : Konté Fatoumata Doumbia (Adéma-Pasj) ;
  • commune II : Youssouf Coulibali (Adéma-Pasj) ;
  • commune III : Abdel Kader Sidibé (Adéma-Pasj) ;
  • commune IV : Moussa Mara (Indépendant) a été élu mais le scrutin a été annulé (voir ci-dessous) ;
  • commune V : Boubacar Bah (Adéma-Pasj) ;
  • commune VI : Souleymane Dagnon (Adéma-Pasj).

À Koutiala, Dramane Sountoura (Sadi)a été élu maire le [23].

Annulation du scrutin dans certaines communes

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Le scrutin a été annulé dans plusieurs communes: communes IV de Bamako[16], Moribabougou[24] et Kalabancoro. La Cour suprême sera amenée à se prononcer en dernier ressort[25].

La Section administrative de la Cour suprême a annulé le le jugement rendu le Tribunal administratif de Bamako, le pour vice de forme mais a confirmé l’annulation de l’élection de l’indépendant Moussa Mara à la mairie de la commune IV de Bamako. Une délégation spéciale va être mise en place en attendant de nouvelles élections[26]

Le conseil des ministres a adopté le trois projets de décret portant nomination des membres des délégations spéciales chargées d’administrer les communes de Toya (cercle de Yélimané), Bourem et la commune IV de Bamako à la suite de l’annulation des élections dans ces communes[27].

Des élections partielles ont été organisées le dimanche dans quatre communes du Mali: Toya, Sandaré, Bourem et de la commune IV de Bamako[28],[29].

Les principaux partis politiques

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Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-Pasj)

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À l’issue du scrutin, l’Adema-Pasj demeure la première formation politique du pays avec 3 185 conseillers élus le 26 avril[8]. Bien qu’en léger recul, cette prééminence place ce parti en position favorable pour l’élection présidentielle de 2012[30].

L’adéma-Pasj réussit notamment dans le district de Bamako où elle arrive en tête dans quatre des six communes et obtient 73 conseillers sur 250[31],[32]. Les élections des maires par les conseils communaux confirment la victoire de l’Adéma-Pasj. À Bamako, 5 des 6 maires de communes élus appartiennent à ce parti[22].

Dans l’ensemble des régions, l’Adéma-Pasj obtient de bons résultats[33].

Union pour la république et la démocratie (URD)

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L’Urd, parti créé par Soumaïla Cisséprofite de ces élections pour progresser en termes d’élus (135 conseillers) et se positionner en deuxième force politique, derrière sa rivale l’Adéma-Pasj mais loin devant les autres formations[8].

En dehors de la région de Kidal, l’Urd est la deuxième formation dans toutes les régions[33].

Elle arrive en tête dans les cercles de Bankass, Youwarou et Djenné dans la région de Mopti[34], dans le cercle de Barouéli[35], dans le cercle de Yélimané (région de Kayes)[36]

Rassemblement pour le Mali (RPM)

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Le RPM, parti de l’ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta perd presque la moitié de ses conseillers élus en 2004 : il avait alors obtenu 1 590 conseillers. Cette année, 773 conseillers ont été élus. Il reste cependant la troisième force politique du pays[8].

Congrès national d’initiative démocratique (Cnid)

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Avec 476 conseillers élus, le Cnid arrive en quatrième position. Il progresse légèrement (+ 0,56 %)[8] mais connaît des revers dans certains de ces fiefs électoraux comme à Ségou où il est arrivé en troisième position[37].

Parti pour la renaissance nationale (Paréna)

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Le Paréna, parti de Tiébilé Dramé obtient 426 élus, en recul par rapport à 2004[8]. Il arrive en tête dans la commune de Kati, où le maire sortant appartient à ce parti[38]

Convergence pour le développement du Mali (Codem)

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Le Codem, parti récemment créé, présentait des listes pour la première fois et a réussi à se faire sa place. Avec 405 élus, il arrive en 6e position[8]. Il arrive en tête dans plusieurs communes comme à Aciarmatane (Cercle de Goundam), à Bandiagara[38]

Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (Sadi)

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Le Sadi, parti clairement ancré à gauche, progresse localement et obtient 248 conseillers[8]. Dans le cercle de Koutiala, il arrive en tête à égalité avec l’Adéma-pasj[39]. Il est en tête également dans le cercle de Niono[40].

Quinze conseils communaux ont élu des maires Sadi, contre cinq en 2004. Le Cercle de Koutiala, avec 103 élus communaux Sadi, est le bastion de ce parti[41]. Outre Koutiala où Dramane Sountoura a été élu maire le , le Sadi contrôle quatre communes rurales dans le cercle de Koutiala : N’Gantjila, Zébala, Woula et N'Golonianasso[23]

Notes et références

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  1. Communique du conseil des ministres, 6 février 2009
  2. Chahana TAKIOU, Communales 2009 : Le PARENA préconise un report de six mois, L'Indépendant, 29 janvier 2009
  3. Birama Fall, Communales 2016 : Voici les règles du jeu, Le Républicain, .
  4. Birama Fall, Communales 2009 : Plus de 4000 listes de candidatures déposées • 15 % de candidatures indépendantes, Le Républicain, .
  5. Mali: élections municipales, incidents dans le nord, AFP, .
  6. B. Daou, Communales du  : Corruption et fraude massives, Le Républicain, [1].
  7. Ibrahima Labass Keïta, Observation électorale des communales et du 1er tour des législatives partielles de Bougouni : Le constat du Réseau APEM, Le Scorpion, .
  8. a b c d e f g et h Résultats provisoires cité par A. Lam, Résultats officiels provisoires des communales : le trio de tête se maintient, l’Essor, 14 mai 2009 [2]. Les chiffres cités ne concernent que les listes constituées d’un seul parti. Les listes regroupant plusieurs partis ont obtenu sur l’ensemble du territoire 1046 conseillers.
  9. Voir également Résultats en nombre de sièges par partis et par région, document pdf sur le site du ministère de l'Administration territoriale et des Collectivités locales [3] consulté le 4 juin 2009.
  10. Treize partis ont obtenu entre 10 et 100 sièges, quatorze moins de 10.
  11. Résultats provisoires cité par :Chahana Takiou, « Les résultats des communales du 26 avril proclamés hier par le gouvernorat », L'indépendant,‎ (lire en ligne) et A. Diakité, Communales du 26 avril : Voici les résultats provisoires du District. L'indicateur Renouveau, 29 avril 2009.
  12. scrutin annulé par la Cour Suprême le . Cité dans : La Cour suprême a tranché hier le contentieux électoral en Commune IV L'élection de Moussa Mara annulée, L'Indépendant, 27 novembre 2009 [4].
  13. Indépendant Kafo Djigui : 5 ; Indépendant Siguida Folo : 3.
  14. Génération citoyenne : 3 ; Allah Ka Tignè Dèmè : 3 ; ACP Siguida Nyeta : 2.
  15. Moussa Mara : 14 ; Kaoural : 3.
  16. a et b Markatié Daou, Annulation des résultats des municipales en commune IV : Chronique d’un règlement de comptes politiques, L'indicateur Renouveau, 3 août 2009 [5].
  17. Résultats provisoires cités par Issa Fakaba Sissoko, Communale à Ségou : La guerre des chefs affaiblit le CNID, L'indicateur Renouveau, 29 avril [6].
  18. résultats provisoires cité par Zhao Ahmed Bamba, Communales du 26 avril à Sikasso : L’ADEMA avec 16 conseillers à la reconquête de la mairie, L’Indépendant, 29 avril 2009.
  19. Résultats provisoires cité par M Sayah, Tombouctou : l’ADEMA domine dans la capitale régionale, les indépendants cartonnent à Goundam, L'Essor, 28 avril 2009 [7].
  20. Résultats provisoires cité par M.B. Cissé, Gao : l'Adéma pointe en tête, L'Essor, 28 avril 2009 [8].
  21. Résultats du scrutin du 26 avril dans les régions, Le Débat, 1er mai 2009 [9].
  22. a et b Moustapha Diawara, Mise en place des bureaux communaux à Bamako : Trois nouveaux, trois anciens, Le quotidien de Bamako, .
  23. a et b Sidiki Diabaté, SADI/URD/UDD/RPM/MPR/LJS, pour s’adjuger la mairie. C’est chose faite depuis mardi 19 mai dernier, Mali demain, .
  24. B. Daou, Annulation des élections dans la commune de Moribabougou : Les 13 formations restent mobilisées, Le Républicain, 3 août 2009 [10].
  25. S. Doumbia, élections communales 2009 : le tribunal administratif annule les résultats en commune IV, a Kalabancoro et Moribabougou, L'Essor, 4 août 2009.
  26. La Cour suprême a tranché hier le contentieux électoral en Commune IV L'élection de Moussa Mara annulée, L'Indépendant, 27 novembre 2009 [11].
  27. Communiqué du Conseil des ministres du , L’Essor, .
  28. Allaye Lam, « Communales partielles 2011 : les résultats de Toya, Sandaré et Bourem », L’Essor,‎ (lire en ligne).
  29. Souleymane Doumbia, « Commune IV : la liste Mara fait mieux que confirmer », L’Essor,‎ (lire en ligne).
  30. Bokari Dicko, Leçons des municipales du 26 avril dernier, Mali Demain, .
  31. Résultats provisoires cité par Chaana Takiou, Les résultats des communales du 26 avril proclamés hier par le gouvernorat, L’Indépendant, .
  32. A. Diakité, Communales du 26 avril : Voici les résultats provisoires du District !, L'indicateur Renouveau, .
  33. a et b A. Keïta, Les scores des communales 2009 : Quand le Mouvement Citoyen entache la légitimité d’ATT, Aurore, .
  34. D. Coulibaly, Région de Mopti : l'Adéma enlève le tiers de la mise, l'Essor, .
  35. Barouéli : L’Urd dans le fauteuil de leader, l'Essor, .
  36. N. Kontaga, Cercle de Yélimané, l’Urd pointe en tête, L’Essor, .
  37. Abdoulaye Diakité, Communales du 26 avril : Grosse désillusion pour Me Mountaga Tall à Ségou et Me Demba Traoré en Commune VI, L’indicateur renouveau du .
  38. a et b Résultats du scrutin du 26 avril dans les régions, Le Débat, .
  39. O. Dembélé, Koutiala : un mano à mano Sadi-Adéma, L’Essor, .
  40. C.O Diallo, Niono : Sadi mène la danse, L’Essor, .
  41. Assane Koné, Communes maliennes : SADI engage ses conseillers pour une gestion participative et transparente, Le Républicain, .

Voir aussi

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Lien externe

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  • Résultat des élections communales du 26/04/2009, document pdf sur le site du Ministère de l'Administration territoriale et des collectivités locales [12], consulté le 4 juin 2009: résultats communes par communes (résultats provisoires devant être validé par la Cour constitutionnelle).