Binche, en Belgique, est une ville-étape inédite, mais elle est connue dans le monde du cyclisme pour la course Binche-Tournai-Binche créée en 1911[1].
Partant de Binche, les coureurs prennent la direction du Sud. Le peloton entre en France par la ville de Jeumont. Le parcours devient accidenté dans le final, en empruntant des routes menant à des villages situés en haut des coteaux du vignoble champenois : Nanteuil-la-Forêt, Hautvillers, Champillon et Mutigny avec une pente moyenne de 6 à 12 %. Puis il passe par le Mont Bernon avant d'arriver à Épernay après l'Avenue de Champagne en remontant à nouveau vers Bernon par la Rue des Coteaux[2], avec une portion finale à 15 %[3].
La Marne, département où se termine cette étape, n'est pas le territoire le plus souvent parcouru par le Tour de France : 22 passages du Tour en 106 éditions, de 1903 à 2019, moins que l'Aisne et les Ardennes par exemple qui ont été traversés dès les premières éditions, lorsque cette épreuve sportive épousait mieux les contours du pays[4],[5].
Eddy Merckx est présent pour assister au départ de cette étape, dans la ville de Binche.
Quelques minutes après le départ, le Belge Tim Wellens, et quatre Francais,Stéphane Rossetto, Paul Ourselin, Anthony Delaplace et Yoann Offredo, lancent une attaque et s'extraient du peloton.
L'allure est rapide. Pour autant, l'échappée compte jusqu'à 5 minutes 30 d'avance. Paul Ourselin remporte un sprint intermédiaire à Dizy-le-Gros. Le peloton passe ensuite à proximité de la cathédrale de Reims. Les premiers reliefs de la montagne de Reims, et du Vignoble de Champagne, apparaissent. L'écart entre l'échappée et le peloton s'amenuise progressivement. Tim Wellens part seul en tête dans la côte de Nanteuil-la-Forêt, et passe en tête au sommet de cette première difficulté du jour, au kilomètre 173. La fin de parcours est plus accidentée, avec plusieurs côtes classées en 3e catégorie. Tim Wellens passe en tête et isolé, à nouveau, au sommet de la Côte d'Hautvillers. Les quatre Français de l'échappée sont repris par le peloton au pied de cette même côte d'Hautvillers. Tim Wellens est toujours seul en tête au sommet de la Côte de Champillon. Juste avant le sommet de la côte de Mutigny, Julian Alaphilippe sort du peloton. Après une échappée de 200 km, Wellens passe en tête au sommet de cette dernière côte, mais Alaphilippe le dépasse juste après, à 16 km de l'arrivée[1]. Le coureur français fonce alors dans la descente[6], sur une portion de parcours qu'il était venu spécialement reconnaître, mais il est parti pour gagner à une distance importante de la ligne d'arrivée : « je ne pensais pas m'isoler si loin de l'arrivée mais finalement, une fois devant, j'ai tout mis ... et je ne regrette pas », dira-t-il ensuite[7].
Julian Alaphilippe s'impose finalement à Épernay, après avoir mené à bien une course en solitaire de 16 km. C'est la première victoire française du Tour 2019. Devançant ses poursuivants de 26 secondes, le vainqueur du jour fait coup double en s'emparant du maillot jaune. C'est une performance qu'il visait depuis le contre la montre par équipes de la veille, la 2e étape, où son équipe, les Deceuninck-Quick Step, a terminé presque dans le même temps que les Ineos. Le détenteur précédent du maillot jaune, Mike Teunissen, a été lâché dans la côte de Mutigny[1],[8].
Bora-Hansgrohe est distinguée comme la meilleure équipe de cette étape, et, très logiquement, Tim Wellens se voit décerner le prix de la combativité de cette journée. Il s'empare aussi du maillot à pois qui récompense le meilleur grimpeur, pour les côtes de troisième catégorie franchies en tête, et il gardera ce maillot jusqu'à la 18e étape. Peter Sagan remporte le maillot vert (qu'il portera donc de plein droit, et non par procuration, dès l'étape suivante), pour la première place provisoire du classement par points, grâce à sa bonne place au sprint intermédiaire et final[1].