4e armée (Empire ottoman)

4e armée
Image illustrative de l’article 4e armée (Empire ottoman)
Infanterie ottomane en Palestine lors des préparatifs de l'offensive contre le canal de Suez, janvier 1915

Création
Dissolution
Pays Empire ottoman
Allégeance Drapeau de l'Empire ottoman Empire ottoman
Type Armée
Guerres Première Guerre mondiale
Batailles Guerre russo-turque de 1877-1878
Campagne du Sinaï et de la Palestine
Révolte arabe de 1916-1918
Commandant historique Zeki Pacha (en) (7 septembre – 18 novembre 1914)
Djemal Pacha (18 novembre 1914 – février 1918)
Mehmed Djemal Pacha (février – octobre 1918)

La 4e armée ottomane (turc : 4. Ordu) est une unité militaire de l'armée ottomane créée au XIXe siècle, recréée en 1908 puis en 1914, ayant combattu durant la Première Guerre mondiale sur le front du Moyen-Orient. Elle est dissoute à l'automne 1918.

Origines modifier

Ordre de bataille en 1877 modifier

La 4e Armée est établie en Anatolie. Elle comprend les unités suivantes :

Ordre de bataille en 1908 modifier

Après la révolution des Jeunes-Turcs en , l'armée ottomane est réorganisée. La 4e armée est établie à la frontière du Caucase russe. Elle comprend les unités suivantes :

  • 7e division d'infanterie
  • 8e division d'infanterie
  • 19e division d'infanterie
  • 4e division d'artillerie
  • Régiment d'artillerie de forteresse d'Erzurum[2]
La forteresse d'Erzurum vers 1910

En outre, la 4e armée sert d'inspection générale de 4 divisions de réserve (redif) :

  • 13e division d'infanterie de réserve à Erzincan
  • 14e division d'infanterie de réserve à Trabzon
  • 15e division d'infanterie de réserve à Diyarbakır
  • 16e division d'infanterie de réserve à Sivas[3]

Ordre de bataille en 1911 modifier

En 1911, la 4e armée est transférée en Mésopotamie, dans les vilayets de Bagdad et de Bassora, et remplacée à la frontière du Caucase par la 3e armée. Elle a son quartier général à Bagdad.

  • XIIe corps (Mossoul)
    • 35e division d'infanterie (Mossoul)
    • 36e division d'infanterie (Kirkouk)
  • XIIIe corps (Bagdad)
    • 37e division d'infanterie (Bagdad)
    • 38e division d'infanterie (Bassorah)[4]

Première Guerre mondiale modifier

Les divisions de la 4e armée sont recrutés essentiellement dans la population arabe locale. Leur niveau d'encadrement est faible (il n'y a pas d'école militaire dans les provinces arabes) de même que leur équipement : chaque division dispose, en moyenne, de deux fois moins de colonnes de transport, de munitions et d'hôpitaux de campagne que celles de Turquie d'Europe et du Caucase et moitié moins que celles d'Anatolie[5]. Pendant la phase de mobilisation qui prélude à l'entrée de l'Empire ottoman dans la Première Guerre mondiale, la 4e armée est reconstituée au Levant à partir du sous le commandement de Zeki Pacha (en), qui est remplacé le par Djemal Pacha, ministre de la Marine, un des membres du triumvirat des Trois Pachas. Celui-ci flatte la population arabe et s'efforce d'obtenir son concours pour le djihad contre les Britanniques : il réunit 60 000 hommes pour une offensive contre le canal de Suez. Ses moyens de transport sont insuffisants car le chemin de fer ne va pas plus loin que Gaza et la tentative de franchissement du canal de Suez est un échec complet (2-)[6],[7].

Ordre de bataille en novembre 1914 modifier

À la fin de 1914, la zone d'opérations de la 4e armée est divisé en 4 secteurs :

Le XIIIe corps, qui se trouvait en Mésopotamie, est détaché à la 3e armée pour les futures offensives de la campagne du Caucase. Le VIIIe corps (Mehmed Djemal Pacha surnommé Küçük Djemal, « Djemal le petit », pour le distinguer du triumvir) est gardé en réserve en Syrie centrale pour de futures opérations offensives. Les Ottomans évitent de mettre des garnisons importantes dans les villes côtières qui sont bombardées à plusieurs reprises par la Royal Navy. Le Hedjaz est tenu par la 22e division d'infanterie (Vehip Bey) qui, en décembre, doit faire face à un bref débarquement britannique à Aqaba[8].

Djemal Pacha (assis, à g.) et son chef d'état-major Fouad Bey dans le sud de la Palestine, avril 1917
  • VIIIe corps
    • 23e division d'infanterie
    • 25e division d'infanterie
    • 27e division d'infanterie
  • XIIe corps
    • 35e division d'infanterie
    • 36e division d'infanterie[9]

Ordre de bataille en avril 1915 modifier

  • VIIIe corps
    • 8e division d'infanterie
    • 10e division d'infanterie
    • 23e division d'infanterie
    • 25e division d'infanterie
    • 27e division d'infanterie
  • XIIe corps
    • 35e division d'infanterie
    • 36e division d'infanterie[10]

Ordre de bataille entre septembre 1915 et janvier 1916 modifier

En , la répression menée par Djemal Pacha contre les nationalistes arabes s'accompagne d'une purge des officiers arabes de la 4e armée dont plusieurs sont mutés sur d'autres fronts[11].

L'ordre de bataille de l'armée s'établit comme suit :

  • VIIIe corps
    • 23e division d'infanterie
    • 24e division d'infanterie
    • 27e division d'infanterie
  • XIIe corps
    • 41e division d'infanterie
    • 42e division d'infanterie
    • 46e division d'infanterie[12]

Ordre de bataille entre août et décembre 1916 modifier

Corps chamelier arabe sous commandement ottoman, 1916

Une seconde tentative pour marcher sur le canal de Suez aboutit à une défaite à la bataille de Romani (3-). En même temps, à partir de l'été 1916, les Ottomans sont confrontés à la révolte arabe du Hedjaz qui immobilise une partie de leurs forces le long du chemin de fer de Médine.

  • VIIIe corps
    • 3e division d'infanterie
    • 23e division d'infanterie
    • 24e division d'infanterie
    • 27e division d'infanterie
  • XIIe corps
    • 41e division d'infanterie
    • 42e division d'infanterie
    • 42e division d'infanterie
    • 46e division d'infanterie[13]

Après la prise de Bagdad par les Britanniques, en , le commandement germano-ottoman met sur pied une nouvelle grande unité, le groupe d'armées Yildirim (en) (7e et 8e armées ottomanes, commandé par le maréchal allemand Erich von Falkenhayn, pour reconquérir l'Irak. Cependant, la menace britannique sur le Levant se précise avec la construction d'un chemin de fer traversant le Sinaï (en) qui atteint Rafah en , ce qui amène les Germano-Ottomans à décider le renforcement de la 4e armée avec des unités ramenées des fronts européens[14].

Ordre de bataille en août 1917 modifier

Cavaliers ottomans au sud de Jérusalem, avril 1917
  • 4e division de cavalerie
  • VIIIe corps
    • 48e division d'infanterie
  • XIIe corps
    • 23e division d'infanterie
    • 44e division d'infanterie
    • 27e division d'infanterie
  • XVe corps
    • 43e division d'infanterie
  • XXe corps
    • 16e division d'infanterie
    • 54e division d'infanterie
  • XXIIe corps
    • 3e division d'infanterie
    • 7e division d'infanterie
    • 53e division d'infanterie[15]

Au milieu de , Enver Pacha, se ralliant à l'avis de Falkenhayn, renonce à engager le groupe d'armées Yildirim en Irak et l'envoie sur le front de Palestine, devenu prioritaire. Pour éviter de renforcer le pouvoir personnel de son rival Djemal Pacha, le , il lui retire le commandement du front principal et divise son secteur : la 4e armée, avec son quartier général à Damas, conserve la Syrie du nord et du centre ainsi que l'ouest de l'Arabie tandis que le groupe Yildirim, commandé par Falkenhayn, s'établit en Palestine[16].

La 4e armée est relativement épargnée pendant la bataille de Jérusalem (novembre-) où, au contraire, les 7e et 8e armées sont lourdement éprouvées. En , les notables arabes obtiennent le rappel de Djemal Pacha, rendu impopulaire par sa brutalité, et son remplacement par Mehmed Djemal, « Djemal le petit ». Celui-ci passe pour « bien disposé envers les Arabes » et bénéficie du regain de loyauté pro-ottomane causé dans l'opinion arabe par la publication des accords Sykes-Picot qui prévoyaient un partage du Proche-Orient entre Français et Britanniques. Il combat les rebelles arabes, avec un certain succès, dans les régions de la mer Morte, du Jourdain et du nord de la Palestine[17].

Ordre de bataille entre janvier et juin 1918 modifier

Mehmed Djemal Pacha et son état-major à cheval, n.d.
  • VIIIe corps (Ali Fouad Bey)
    • 43e division d'infanterie
    • 43e division d'infanterie
  • XIIe corps (Fahreddin Pacha (en) à partir du )
    • 23e division d'infanterie
    • 41e division d'infanterie
    • 44e division d'infanterie
  • Corps du Hedjaz (en) (Muhiddin Pacha (en))
    • 58e division d'infanterie
    • 3 divisions d'infanterie provisoires[18]

Ordre de bataille en septembre 1918 modifier

Après la défaite de Megiddo (19-), le groupe Yildirim, disloqué, se replie vers le nord lors de la retraite de Syrie (en). La 4e armée est elle aussi défaite lors de la bataille d'Amman () : elle est alors dissoute le  : ses unités fusionnent avec les restes du Groupe Yildirim. Lors de la bataille de Damas, elles évacuent sans combat la capitale syrienne le . Elles sont de nouveau battues à la bataille d'Alep (20-) et doivent évacuer le Proche-Orient en application de l'armistice de Moudros ().

Notes et références modifier

  1. Ian Drury, The Russo-Turkish War 1877, Men-at-Arms 277, Ospray, rééd. 1999, p. 35.
  2. Edward J. Erickson 2003, p. 17.
  3. Edward J. Erickson 2003, p. 19.
  4. a et b Edward J Erickson 2001, p. 382-383.
  5. Edward J. Erickson, Ottoman Army Effectiveness in World War I: A Comparative Study, Routledge, 2007, p. 63-64.
  6. Yves Ternon, Guerres et génocides au XXe siècle, Odile Jacob, 2007, p. 135.
  7. Eliezer Tauber, The Arab Movements in World War I, Frank Cass, 1993, chap.2.
  8. Edward J. Erickson 2016, p. 16-19.
  9. Edward J Erickson 2001, p. 43.
  10. Edward J Erickson 2001, p. 86.
  11. Ali A. Allawi, Faisal I of Iraq, Yale University, 2014, p. 58.
  12. Edward J Erickson 2001, p. 109 et 126.
  13. Edward J Erickson 2001, p. 134 et 154.
  14. (en) Mesut Uyar et Edward J. Erickson, A military history of the Ottomans : from Osman to Atatürk, Westport, CT, Praeger Security International, , 379 p. (ISBN 978-0-275-98876-0, OCLC 912632603, lire en ligne), p. 264-265.
  15. Edward J Erickson 2001, p. 170.
  16. Edward J Erickson 2001, p. 171.
  17. Salīm Tamārī 2017, p. 23-24.
  18. Edward J Erickson 2001, p. 181 et 188.

Bibliographie modifier