Adila Laïdi-Hanieh

historienne de l'art palestinienne
Adila Laïdi-Hanieh
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
عادلة العايْدي-هَنِيَّة
Nationalité
Algérienne-Palestinienne
Activité
Historienne de l’art
Autres informations
A travaillé pour
Ancienne directrice du Musée Palestinien
Distinction

Adila Laïdi-Hanieh (arabe : عادلة العايْدي-هَنِيَّة) est une historienne de l’art algéro-palestinienne et directrice de musée, qui a dirigé le Centre Culturel Khalil Sakakini (en) et le musée palestinien. Elle a reçu l’ordre national du mérite.

Biographie modifier

Jeunesse et formation modifier

Née à Alger[1] Laïdi-Hanieh est la fille d’Ahmed Laïdi, haut fonctionnaire algérien et ancien ambassadeur en Espagne, en Jordanie, au Royaume-Uni et au Mexique[2]. Sa mère est la romancière algérienne Aïcha Lemsine[3].

Adolescente en Jordanie, elle prend des cours de dessin et de peinture avec l'artiste Fahrelnissa Zeid, et participe à l'exposition « Fahrelnissa et son Institut » qui se tient en 1981 à Qasr al Thaqafa - Amman et qui présente des œuvres de Fahrelnissa Zeid et des étudiantes de son Institut. Elle a ensuite écrit une biographie sur la peintre, qui a été publiée en 2017[4],[5].

Laïdi-Hanieh a étudié à Georgetown University pour son master et à la George Mason University pour son doctorat[6],[7]. Elle a également étudié à l'Institut d'études politiques de Paris, où elle a obtenu un Certificat d'Études Politiques[8].

Carrière modifier

Nommé en 1996, Laïdi-Hanieh a été le premier directeur du Centre culturel Khalil Sakakini, qu’elle quittera ensuite en 2005[6]. En 1997, elle a initié et dirigé la transformation du centre gouvernemental, créé par le ministère palestinien de la culture dans une demeure en pierre de taille rénovée à l’architecture vernaculaire des années 1920, en une organisation non gouvernementale dotée d'un conseil d'administration et d'une assemblée générale. Laïdi-Hanieh s'est concentrée sur le développement de la scène locale des arts visuels et sur sa transition vers l'art conceptuel et contemporain en organisant des dizaines d'expositions individuelles annuelles pour de jeunes artistes, y compris de Gaza, en organisant des académies d'été pour de jeunes artistes et en promouvant leur travail par la publication de catalogues d'exposition réguliers. À ce titre, le Centre Sakakini a mené le premier programme de médiation pédagogique envers de jeunes visiteurs des villes, et des camps de refugies. Pendant son mandat, le Sakakini a été le principal lieu culturel public de Cisjordanie, accueillant un programme régulier de concerts, de conférences publiques, de publications, de projections de films et de débats, et lançant des sites web sur la culture palestinienne[9],[10]. Le poète national palestinien Mahmoud Darwish disposa d'un bureau au Sakakini pendant la même période et y organisa fréquemment des événements publics[11],[12].

Elle joua également un rôle actif sur la scène artistique arabe et devint présidente du conseil artistique de l'organisation culturelle panarabe non gouvernementale Cultural Resource (Al-Mawred) en 2003[13], membre fondateur du conseil d'administration du Fonds arabe pour les arts et la culture (en) (AFAC) en 2007, et membre du conseil consultatif de la Fondation Darat Al Funun Art (ar)[14],[15].

De 2006 à 2008, elle a enseigné l'histoire intellectuelle arabe et l'histoire de l'art à l'université de Birzeit[6]. Décrite en 2009 en tant que critique culturel dans le Jerusalem Quarterly, elle a participé à de nombreuses conférences et publié de nombreux essais sur la culture arabe et les arts visuels palestiniens, en plusiers langues[16],[7],[17],[18].

En 2006-2008, elle est conseiller artistique de la saison culturelle palestinienne dans la région belge de Wallonie « Masarat »[19],[20]. Elle a conçu et édité le livre Palestine. Rien ne nous manque ici[21],[22], la première anthologie culturelle contemporaine multidisciplinaire sur la Palestine. L'ouvrage présente des essais originaux de romanciers, poètes et universitaires palestiniens, européens, arabes et japonais, ainsi que des œuvres d'art et des photographies d'artistes palestiniens et européens tels que Mahmoud Darwish, Satoshi Ukai (ja), Francis Mertens, Mona Hatoum, Marc Trivier, Mahmoud Shqeir, Mourid Barghouti, Hany Abu Assad, Jacques Sojcher, Ahlam Shibli, John Berger, Faysal Darraj (en), Els Opsomer, etc[23],[6].

Elle a obtenu son doctorat à la George Mason University en 2015, concentrant sa thèse et sa bourse postdoctorale du Conseil Arabe pour les Sciences Sociales sur les pratiques culturelles palestiniennes contemporaines : littérature, arts visuels et cinéma. Son approche théorique a analysé le mode d'articulation du politique et de l'esthétique, dans le cadre d'une approche critique et transdisciplinaire des études culturelles englobant le troisième cinéma, les régimes esthétiques, etc[24],[7]. Historienne de l'art palestinien, elle publie des essais de référence[18],[25].

Biographie de Fahrelnissa Zeid modifier

En préparation des rétrospectives de l'artiste Fahrelnissa Zeid prévues en 2017 au Tate Modern et à la Deutsche Bank Kunst Halle (de)[26], Adila Laïdi-Hanieh a obtenu de la famille de l'artiste en 2016 l'accès à ses archives privées, pour écrire sa biographie. Publié en juin 2017 sous le titre de Fahrelnissa Zeid Painter of Inner Worlds le livre reconstitue la vie et la carrière de l'artiste, présente une nouvelle interprétation de son œuvre et démonte le mythe de son influence par les arts islamiques et byzantins. Il fournit un compte-rendu révisionniste et définitif de sa vie et de l'innovation et de la réinvention qui ont caractérisé sa carrière à Istanbul, Londres et Paris, jusqu'à ses dernières décennies de travail et d'enseignement en Jordanie. Il redéfinit Fahrelnissa Zeid comme une importante moderniste du XXe siècle en mettant l'accent sur sa connaissance de la culture européenne, sur l'évolution de son état mental et en remettant en question les interprétations orientalistes de son art[5].

Le livre a été accueilli favorablement. Harper's Bazaar Arabia a noté « l'élégance, la recherche minutieuse et la redéfinition de Zeid en tant que peintre moderniste de premier plan »[5]. New York magazine loue son rôle dans « la prise de conscience collective du travail de Zeid »[27]. Cornucopia Le magazine l'a décrit comme « complet et minutieusement documenté », suggérant qu'il s'agit d'un livre qui mérite d'être lu et relu[28]. Third Text considère qu'il s'agit d'une « contribution opportune et indispensable à l'étude des histoires de l'art féministes transnationales »[29].

Le livre fut traduit en turc en 2018[30]. Laïdi-Hanieh continue à publier régulièrement sur l'artiste et à fournir une expertise sur ses peintures[31],[32].

Travail en musée modifier

Musée palestinien

En septembre 2018, elle a été nommée directrice du Musée palestinien[6],[33]. Elle est la quatrième directrice du musée, succédant à Mahmoud Hawari (en), qui a occupé ce poste de 2016 à 2018[34].

Laïdi-Hanieh a été chargée, pour la première fois après l'ouverture du musée en 2016, d'élaborer un programme d'expositions pour les années à venir et de développer une stratégie de programmation sur cinq ans[35]. Dès sa nomination, elle a redéfini la mission principale du musée comme étant de créer des « expériences de connaissances émancipatrices »[36] pour ses visiteurs, de Palestine et du monde entier. Sous sa direction, le musée s'est vu décerner le prix Prix Aga Khan d'architecture en 2019[7]. Pendant la pandémie de Covid-19, elle lance le programme d'engagement numérique du musée[7],[37],[38].

Laïdi-Hanieh s'est concentrée sur le développement du musée palestinien en renforçant ses structures internes, en doublant les collections permanentes, en créant de nouvelles installations de gestion des collections, en encourageant les collaborations internationales, en soutenant la recherche universitaire et en lançant le premier site web muséal arabe pour les enfants en 2023, en coopération avec la France[37],[39],[40],[41],[42].

En 2022, la plateforme culturelle en ligne BlooLoop l'a reconnue comme l'un des « Power 10 » influenceurs de musées dans sa liste de 50 personnes clés dans le développement des musées d'aujourd'hui[43]. En 2023, le gouvernement français lui décerne la médaille de l'Ordre national du mérite « en reconnaissance des efforts de Laïdi-Hanieh pour promouvoir et préserver la culture palestinienne, renforcer son caractère démocratique dans des circonstances difficiles, et renforcer la coopération entre le musée palestinien et les musées français »[44]. Elle a quitté son poste de directrice en août 2023[37].

Décorations modifier

Publications modifier

  • 2006 : Le Centre Khalil-Sakakini de Ramallah, l'histoire mouvementée d'un centre culturel, Paris : Revue d'études palestiniennes no 99
  • 2008 : Palestine : Rien ne nous manque ici, Paris : Éditions Cercle d’Art & Bruxelles : Revue Ah ! /Université Libre de Belgique. (ISBN 9782702208854)
  • 2008 : Inventer un Geste, L’Art Palestinien entre Modernité et Contemporanéité. L’Art-Même, 3(40), 4-7
  • 2017 : Fahrelnissa Zeid, Painter of Inner Worlds, Art/Books (ISBN 1908970316), 9781908970312.
  • 2018 : Fahrelnissa Zeid: İç Dünyaların Ressamı, Istanbul: Dirimart & RES.) (ISBN 6055815494), 9786055815493.

Notes et références modifier

  1. « Adila Laïdi-Hanieh | Darat al Funun » [archive du ], sur daratalfunun.org (consulté le )
  2. (en) The London Diplomatic List, Great Britain Foreign and Commonwealth Office, (lire en ligne [archive du ])
  3. « Adila Laïdi Hanieh première invitée », sur DjaZairess, (consulté le )
  4. (en) « Fahrelnissa Zeid : painter of inner worlds | WorldCat.org » [archive du ], sur search.worldcat.org (consulté le )
  5. a b et c « Fahrelnissa Zeid Painter of Inner Worlds » [archive du ], sur artbookspublishing.co.uk (consulté le )
  6. a b c d et e « Dr. Adila Laïdi-Hanieh – Director General of the Palestinian Museum | The Palestinian Museum » [archive du ], sur www.palmuseum.org (consulté le )
  7. a b c d et e (en-GB) « Adila Laidi-Hanieh » [archive du ], sur Blooloop (consulté le )
  8. (en) « Adila Laidi-Hanieh | Kennedy Center » [archive du ], sur The Kennedy Center (consulté le )
  9. (en) « Arts, Identity, and Survival: Building Cultural Practices under Occupation », sur Institute for Palestine Studies (consulté le )
  10. (en) « Le Centre Khalil Sakakini de Ramallah L'histoire mouvementée d'un centre culturel », sur Institute for Palestine Studies (consulté le )
  11. (en) Rachel Shabi, « Darwish laid to rest in Ramallah », sur Al Jazeera (consulté le )
  12. « Des écrivains dans le brasier du Proche-Orient », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (en-US) rpongsajapan, « Bridging Political Engagement and the Arts », sur CCAS, (consulté le )
  14. « Arab fund for Arts and Culture 2010 Annual Report » [archive du ] (consulté le )
  15. « The Darat al Funun Advisory Board | Darat al Funun » [archive du 26 janvier2024], sur daratalfunun.org (consulté le )
  16. PhD د عادلة العايدي-هنية Adila Laïdi-Hanieh et Ph D. Adila Laïdi-Hanieh, « Liberation Art of Palestine: Palestinian Painting and Sculpture in the Second Half of the 20th Century », Journal of Palestine Studies,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  17. (en-US) Natan Sachs, « Creative Expression and Its Impact on Society in the Arab World » [archive du ], sur Brookings (consulté le )
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  19. Adila Laïdi-Hanieh, « Palestinian Landscape Photography: Dissonant Paradigm And Challenge To Visual Control » [archive du ], sur contemporarypractices.net (consulté le )
  20. G. Dt, « Portraits d'une Palestine créative » [archive du ], sur La Libre.be, (consulté le )
  21. « Palestine, Rien ne nous manque ici » [archive du ], sur Éditions Cercle d'Art (consulté le )
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  23. Adila Laïdi-Hanieh, Palestine: rien ne nous manque ici, Revue de l'Université de Bruxelles, (ISBN 978-2-7022-0885-4, lire en ligne)
  24. (en) « Alumni Spotlight: Dr. Adila Laïdi-Hanieh named Director of the Palestinian Museum », sur Cultural Studies (consulté le )
  25. « l'art même 40 » [archive du ], sur lartmeme.cfwb.be (consulté le )
  26. « Fahrelnissa Zeid: Painter of Inner Worlds | Darat al Funun », sur daratalfunun.org (consulté le )
  27. (en) Sarah Nechamkin, « Fahrelnissa Zeid’s Kaleidoscopic Wonders », sur The Cut, (consulté le )
  28. « Cornucopia Magazine The Dazzling Princess », sur www.cornucopia.net (consulté le )
  29. (en) « Third Text », sur www.thirdtext.org (consulté le )
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  31. (en) « Ischia | 20th Century Art/Middle East | 2023 », sur Sotheby's (consulté le )
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  34. « Palestinian Museum appoints Adila Laïdi-Hanieh as director after surprise departure of previous head » [archive du ], sur The Art Newspaper - International art news and events, (consulté le )
  35. « New directions for the Palestinian Museum » [archive du ], sur middleeastmonitor.com, (consulté le )
  36. « TELL THE WORLD Hanan Toukan and Adila Laïdi-Hanieh on the Palestinian Museum » [archive du ], sur artforum.com, (consulté le )
  37. a b c et d « The director of the Palestinian Museum reflects on her years in charge – Middle East Monitor » [archive du ], (consulté le )
  38. « The Palestinian Museum Launches New Specialist Facilities for the Storage and Restoration of Heritage Textiles with an accompanying Public Awareness programme » [archive du ], sur palmuseum.org, (consulté le )
  39. (en-US) « Adila Laïdi-Hanieh: “El Museo Palestino es un espacio dedicado a la historia y la cultura de Palestina, que ofrece esperanza al pueblo” | Casa Mediterráneo », (consulté le )
  40. (en-US) Valentina Di Liscia, « Museums Partner to Establish Palestine’s First Textile Conservation Studio », sur Hyperallergic, (consulté le )
  41. « The Minister of Culture inaugurates Labour of Love: Embroidering Palestinian History Exhibition », sur Qatar Living, (consulté le )
  42. (en) Jamie Prentis, « Dozens of Palestinian thobes return home after three decades in US », sur The National, (consulté le )
  43. (en-GB) « The Power 10 », sur Blooloop (consulté le )
  44. « Palestinian Museum Director General Adila Laïdi-Hanieh, PhD awarded the National Order of Merit by France | The Palestinian Museum » [archive du ], sur palmuseum.org (consulté le )
  45. « Cultural Currents: A Conversation with Dr. Adila Laïdi-Hanieh | Columbia Global Centers » [archive du ], sur globalcenters.columbia.edu (consulté le )

Liens externes modifier