Adomerus

genre d'insectes hémiptères Cydnidae

Adomerus est un genre d'insectes du sous-ordre des hétéroptères (punaises), de la famille des Cydnidae, de la sous-famille des Sehirinae.

Description modifier

Il s'agit de punaises ovales, noires ou brun-noir et brillantes. Il n'y a pas de soies sur les bords de la tête, du pronotum et des cories (voir Cydninae). Le métasternum n'a pas de carène médiane[2]. Le rostre ne dépasse pas les pattes postérieures, et la membrane ne dépasse pas la corie. Le clypeus n'est pas enclos par les jugas. La membrane n'a pas les nervures réticulées. La zone évaporatoire de la glande odoriférante est très grande[3]. Toutefois, la distinction précise avec les genres proches, notamment Canthophorus et Sehirus, se fait à l'aide des genitalia[4].

Répartition modifier

Ce genre a une répartition strictement paléarctique.

A. biguttatus est présent dans tout l'Ouest du Paléarctique, du Portugal au Kazakhstan. A. fuscipennis est présent uniquement dans l'Ouest de l'Europe. A maculipes est répandu tout autour de la Méditerranée. A. congener n'est présent que dans le Caucase et le Proche-Orient. A. notatus, A. rotundus, A. triguttulus et A. variegatus se rencontrent dans l'extrême Est du Paléarctique[5].

En France se rencontrent les espèces A. biguttatus, A. fuscipennis et A. maculipes[6].

Biologie modifier

Alimentation modifier

Ce genre est phytophage. Les Adomerus se nourrissent des parties supérieures des plantes. Ils ne présentent pas les adaptations typiques aux genres qui creusent le sol. Elles se nourrissent sur un petit nombre des plantes déterminées : A. biguttatus sur Épiaire officinale (Lamiaceae) et Mélampyre des prés (Scrophulariaceae)[2]. A. fuscipennis et A. maculipes se nourrissent sur Centranthe rouge (Caprifoliaceae)[2]. A. rotundus se nourrit sur Lamium amplexicaule (Lamiaceae)[7], une espèce myrmécochore[8] (c'est-à-dire dont les graines sont dispersées par des fourmis), et A. triguttulus sur Lamier également[9].

Les Adomerus semblent pouvoir pondre plusieurs fois dans la saison.

Reproduction et soins parentaux modifier

Chez quelques espèces, dont A. rotundus[7], A. triguttulus[10],[9] et A. variegatus[11], les femelles procurent des soins maternels à leur progéniture, caractéristiques d'une subsocialité complexe. D'une part, elles pondent des œufs trophiques non viables, servant à nourrir les jeunes, une caractéristique propre à un petit nombre de genre au sein des Sehirinae, et donc probablement apparue une seule fois chez un ancêtre commun[7]. Les femelles protègent également la ponte, qui forme une masse arrondie, en la maintenant avec les pattes sous son abdomen, pour éviter la prédation[7]. Enfin, peu de temps après l'éclosion, la mère amène aux juvéniles une graine de grande taille pour qu'ils puissent se nourrir[11].

Systématique modifier

Ce genre a d'abord été établi comme un sous-genre du genre Canthophorus par Étienne Mulsant et Claudius Rey en 1866[12] pour séparer l'espèce A. biguttatus des autres Canthophorus. Ils ne le définissent que par la tache blanche sur les mésocories, caractéristique de cette espèce. Adomerus est ensuite élevé au rang de genre par Victor A. Signoret en 1881[3]. Ce statut est repris par Jerzy Lis en 1999 dans son catalogue des Cydnidae de l'Ancien monde[13]. Toutefois, certes sites ne le reconnaissent toujours pas, tels que IRMNG (qui le considère comme de statut incertain)[14] ou ITIS.

Il est compris dans la sous famille des Sehirinae, et pour ceux qui reconnaissent un niveau inférieur, dans la tribu des Sehirini.

La liste des espèces contenues dans le genre a subi de nombreux changements et fait l'objet de difficultés et de confusions[15]. Aucune n'a été décrite directement dans son genre. Il faut recourir à l'analyse notamment des spermathèques pour faire le tri entre des genres très proches. Signoret a, lors de la définition du genre, décrit une nouvelle espèce comme Adomerus expansa[3], qu'il transfère dans le genre Lalervis trois ans plus tard. A l'inverse, toutes les autres espèces actuelles du genre ont d'abord été décrites dans d'autres genres avant d'y être transférée, souvent très tardivement : en 1866, Sehirus triguttulus, transférée dans Adomerus en 1985; en 1879, Sehirus congener, transférée en 1964; en 1882, Gnathoconus notatus, transférée en 1972; en 1884, Canthophorus variegatus, transféré en 1988, en même temps que Legnotus rotundus, décrite en 1977[13]. Pour d'autres espèces, l'historique est encore plus compliqué. Mulsant et Rey décrivent en 1852 Cydnus maculipes (du Sud de la France), qu'ils transfèrent en 1866 dans le genre Canthophorus, mais dont les types sont perdus. En 1899, Horváth décrit Sehirus fuscipennis de Bourgogne. En 1972, elle est placée également dans le genre Canthophorus. L'espèce Sehirus aeneus, décrite de Madère, est synonymisée avec Canthophorus fuscipennis en 2016. En 2018, Canthophorus maculipes et C. fuscipennis sont transférée dans Adomerus, sous les noms respectifs d'Adomerus maculipes et Adomerus aeneus[16], portant le nombre d'espèces du genre à huit. Mais en 2021, Aukema et al. constatent que l'espèce de Madère n'est pas conspécifique à celle décrite par Horváth, mais peut être assimilée à Adomerus maculipes, pour lequel un nouveau type est défini, tandis qu'Adomerus fuscipennis est rétabli[17].

L'espèce type du genre est Adomerus biguttatus, qui avait été décrite initialement par Linné en 1758 dans le genre Cimex, dans lequel il comprenait toutes les punaises terrestres décrite alors.

Liste d'espèces modifier

Selon BioLib (3 novembre 2023)[18], complété à partir d'Aukema, Gapon et Heijerman (2021)[17] :

Galerie modifier

Notes et références modifier

  1. BioLib, consulté le 03 novembre 2023
  2. a b et c Roland Lupoli et François Dusoulier, Les punaises Pentatomoidea de France, Fontenay-sous-Bois, Éditions Ancyrosoma, , 429 p. (ISBN 978-2-9536661-1-3), p. 77-94
  3. a b et c Victor Signoret, « Revue des Cydnides contenus dans la Collection du Musée Civique d'Histoire naturelle de Gênes », Annali del Museo civico di storia naturale di Genova, vol. 16,‎ , p. 621-657 (656) (lire en ligne [PDF], consulté le )
  4. (en) Dominique Pluot-Sigwalt et Jerzy A. Lis, « Morphology of the spermatheca in the Cydnidae (Hemiptera: Heteroptera): Bearing of its diversity on classification and phylogeny », EJE, vol. 105, no 2,‎ , p. 279–312 (ISSN 1210-5759 et 1802-8829, DOI 10.14411/eje.2008.038, lire en ligne, consulté le )
  5. « Catalogue of Palaearctic Heteroptera: Genus Adomerus Mulsant & Rey, 1866 », sur catpalhet.linnaeus.naturalis.nl (consulté le )
  6. Zicrona, « Liste des Hétéroptères de France : Pentatomomorpha », sur Zicrona, (consulté le )
  7. a b c et d (en) Kouichi Inadomi, Maiko Wakiyama, Mantaro Hironaka et Hiromi Mukai, « Postovipositional maternal care in the burrower bug, Adomerus rotundus (Hemiptera: Cydnidae) », The Canadian Entomologist, vol. 146, no 2,‎ , p. 211–218 (ISSN 0008-347X et 1918-3240, DOI 10.4039/tce.2013.69, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Koki Tanaka, Kanako Ogata, Hiromi Mukai et Akira Yamawo, « Adaptive Advantage of Myrmecochory in the Ant-Dispersed Herb Lamium amplexicaule (Lamiaceae): Predation Avoidance through the Deterrence of Post-Dispersal Seed Predators », PLOS ONE, vol. 10, no 7,‎ , e0133677 (ISSN 1932-6203, PMID 26197397, PMCID PMC4510857, DOI 10.1371/journal.pone.0133677, lire en ligne, consulté le )
  9. a et b (en) Taichi Nakahira et Shin-ichi Kudo, « Maternal Care in the Burrower Bug Adomerus triguttulus: Defensive Behavior », Journal of Insect Behavior, vol. 21, no 4,‎ , p. 306–316 (ISSN 0892-7553 et 1572-8889, DOI 10.1007/s10905-008-9129-0, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Shin-ichi Kudo, Taichi Nakahira et Yutaka Saito, « Morphology of trophic eggs and ovarian dynamics in the subsocial bug Adomerus triguttulus (Heteroptera: Cydnidae) », Canadian Journal of Zoology, vol. 84, no 5,‎ , p. 723–728 (ISSN 0008-4301 et 1480-3283, DOI 10.1139/z06-050, lire en ligne, consulté le )
  11. a et b (en) Hiromi Mukai, Mantaro Hironaka, Narumi Baba et Takao Yanagi, « Maternal-care behaviour in Adomerus variegatus (Hemiptera: Cydnidae) », The Canadian Entomologist, vol. 142, no 1,‎ , p. 52–56 (ISSN 1918-3240 et 0008-347X, DOI 10.4039/n09-045, lire en ligne, consulté le )
  12. E. Mulsant et C. Rey, Histoire naturelle des punaises de France, t. 2, Paris, Savy & Deyrolle, , 372 p. (lire en ligne), p. 66
  13. a et b (en) Jerzy A. Lis, « Burrower bugs of the Old World - a catalogue (Hemiptera: Heteroptera: Cydnidae) », Genus. International Journal of Invertebrate Taxonomy, vol. 10, no 2,‎ , p. 165-249 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  14. « IRMNG - Adomerus Mulsant & Rey, 1866 », sur www.irmng.org (consulté le )
  15. Berend Aukema, Dmitry Gapon et Theodoor Heijerman, « To the nomenclature of two species of the genus Adomerus (Heteroptera: Cydnidae) », Zootaxa, vol. 4969, no 2,‎ (ISSN 1175-5334 et 1175-5326, DOI 10.11646/zootaxa.4969.2.10, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Dmitry A. Gapon, « Morphology of male and female terminalia and taxonomic revision of the burrower bugs genus Canthophorus (Heteroptera: Cydnidae) », Annales de la Société entomologique de France (N.S.), vol. 54, no 3,‎ , p. 183–228 (ISSN 0037-9271 et 2168-6351, DOI 10.1080/00379271.2018.1467788, lire en ligne, consulté le )
  17. a et b Berend Aukema, Dmitry Gapon et Theodoor Heijerman, « To the nomenclature of two species of the genus Adomerus (Heteroptera: Cydnidae) », Zootaxa, vol. 4969, no 2,‎ (ISSN 1175-5334 et 1175-5326, DOI 10.11646/zootaxa.4969.2.10, lire en ligne, consulté le )
  18. BioLib, consulté le 3 novembre 2023
  19. (en) V.V. Derzhansky, I.M. Kerzhner et L.P. Danilovich, « Holotypes and lectotypes of Palaearctic Pentatomoidea in the collection of the Zoological Institute, St. Petersburg (Heteroptera) », Zoosystematica Rossica, vol. 10, no 2,‎ , p. 361–371 (ISSN 2410-0226 et 0320-9180, DOI 10.31610/zsr/2001.10.2.361, lire en ligne, consulté le )

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