Affaire Victor Roussel

victime de violences policières

Victor Roussel, né Victor Cazier le à Broyes et mort le à Toulouse, est un garçon de café blessé mortellement à coups de crosse de mousqueton à la suite d'une manifestation antifasciste.

Victor Roussel
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 55 ans)
ToulouseVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Victor Alexandre Cazier
Statut
Manifestation contre la venue de Pierre Taittinger et Georges Scapini le à Toulouse.

Biographie

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Famille et jeunesse

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Victor Alexandre Cazier naît à Broyes, dans la Marne, en 1878, fils naturel de Virginie Laurence[Note 1] Cazier, domestique[1]. Vers la fin de l'année 1881, sa mère se marie avec un Ariégeois, Jeannou Roussel, domestique à Sézanne[2], dont le petit garçon portera désormais le patronyme. La famille s'installe ensuite à Lavelanet[3].

En 1898, Victor Roussel, devenu garçon de café, réside à Ax-les-Thermes[4]. À partir de 1905, il vit à Paris, puis à Compiègne et Amiens en 1908[4]. En 1909, il travaille au café-concert Kursaal à Reims[5]. Pendant la Première Guerre mondiale, il participe à plusieurs campagnes[3]. Combattant en première ligne, il est blessé à trois reprises. Sa dernière blessure à la jambe le laisse infirme, ce qui l'oblige à changer de métier. Démobilisé en , il se marie peu après à Lavelanet avec la veuve Maria Pauly, tisseuse[6],[1]. Il exerce alors la profession de tisserand de draps.

Victor Roussel travaille de nouveau comme garçon de café à Paris au milieu des années 1920[7]. Après une période de chômage, il s'installe à Toulouse, le , et redevient garçon de café[3]. Il réside 4, rue des Pénitents-Blancs[8].

Le , la Section française de l'Internationale ouvrière et l'Union des syndicats confédérés appellent à contre-manifester pour empêcher la tenue d'une réunion le soir-même de Pierre Taittinger, chef de la ligue des Jeunesses Patriotes, et du député Georges Scapini, à Toulouse[9],[10].

La manifestation dégénère en affrontements violents entre manifestants et gardes mobiles que la municipalité de Toulouse met en cause pour leur brutalité[11],[12]. Les heurts font plus de deux cents blessés et Victor Roussel est violemment blessé à coups de crosse et de canon de fusil à proximité de son domicile[13],[14],[15]. Il décède des suites de ses blessures le après une « agonie atroce » selon L'Humanité[16],[17]. Il avait 55 ans[Note 2]. Sa mort suscite l'émoi et l'indignation car le garçon de café était un « ancien combattant de la Grande Guerre, trois fois blessé » et qu'il fut agressé alors qu'il rentrait chez lui[12].

Obsèques de Victor Roussel le à Toulouse.

Les obsèques sont célébrées le et suivies par plusieurs milliers de personnes avec drapeaux et banderoles. Le maire Étienne Billières dénonce la « soldatesque déchaînée » qui a traité les Toulousains « comme les sujets d’une colonie conquise auxquels on voudrait inculquer à coups de crosse la notion de la liberté selon la conception fasciste »[12].

La mort de Victor Roussel intervient au même moment que le procès de Saint-Omer où sont jugés les Camelots du roi Eugène Fritsch et Jean Théry, inculpés pour le meurtre de l'ouvrier Joseph Fontaine décédé le .

Archives

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Les Archives municipales de Toulouse conservent des photographies numérisées sous les cotes 85Fi1367 à 85Fi1370 des obsèques de Victor Roussel et de la manifestation contre la réunion de Pierre Taittinger.

Notes et références

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  1. Aussi prénommée Virginie Alexandrine ou Eugénie Laurence, selon les actes d'état civil.
  2. Et non 57 ou 58 ans, comme l'indiquent plusieurs sources d'époque.

Références

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  1. a et b Acte de naissance no 16, , Broyes (avec mentions marginales de reconnaissance et de mariage), Archives départementales de la Marne [lire en ligne] (vue 120/210)
  2. Bans de mariage no 90, , Sézanne, Archives départementales de la Marne
  3. a b et c Masquère, « Dix mille travailleurs ont accompagné à sa dernière demeure l'ouvrier Victor Roussel lâchement assassiné par les gardes mobiles », sur Gallica, Le Populaire, (consulté le )
  4. a et b Feuillet matricule no 813, 1898, recrutement militaire de l'Ariège, Archives départementales de l'Ariège [lire en ligne]
  5. Roussel Victor, recensement de population, Reims (1, impasse Saint-Jacques), , Archives départementales de la Marne
  6. Publication de mariage no 12, , Lavelanet, Archives départementales de l'Ariège [lire en ligne] (vue 303/750)
  7. Recensement de population, Paris 6e, quartier de la Monnaie (32, rue Serpente), , Archives de Paris
  8. « L'émeute de Toulouse. Mort d'un manifestant », sur Gallica, Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, (consulté le ), p. 3
  9. « Le Midi socialiste : quotidien régional », sur Gallica, (consulté le )
  10. Le Petit Journal, (lire en ligne)
  11. Le Petit Journal, (lire en ligne)
  12. a b et c Gilles Vergnon, Un enfant est lynché. L'affaire Gignoux, 1937, Paris, Presses universitaires de France, (lire en ligne), chap. 4 (« Une politisation par l’affrontement ? »), p. 181-244
  13. Le Petit Journal, (lire en ligne)
  14. « Le Midi socialiste : quotidien régional », sur Gallica, (consulté le )
  15. « Le Midi socialiste : quotidien régional », sur Gallica, (consulté le )
  16. L’Humanité, (lire en ligne)
  17. Danielle Tartakowsky, « Chapitre 12. Dans la crainte ou l’espoir d’une répétition. 13 février - 11 novembre 1934 », dans Les manifestations de rue en France : 1918-1968, Éditions de la Sorbonne, coll. « Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles », (ISBN 979-10-351-0491-7, lire en ligne), p. 307–332