Al-Isfarāyīnī

théologien sunnite

Abu Ishaq al-Isfara'ini ou Ibrāhīm ibn Muḥammad Al-Isfarāyīnī était un théologien perse sunnite asharite et un juriste chaféite[1]. On ne connaît pas sa date de naissance. Il était originaire de Esfarayen, dans la région du Khorasan. Il est mort vers 1027[2].

Abû Ishâq Al-isfarâyînî
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
أبو إسحاق الإسفرايينيVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Maître
Al-Bahili (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
L'ancienne ville d'Isfarayen
L'ancienne ville d'Isfarayen, d'où al-Isfara'inī tient sa nisba.

Il a étudié la théologie acharite à la même époque que Ibn Furak et al-Baqillanî, auprès d'al-Bahili (ar). Il fait ainsi partie de la deuxième génération des disciples d'al-Achari. Il a contribué à la diffusion de la doctrine du fondateur de l'école[3]. R.M. Frank le considère comme l'un des théologiens asharites les plus importants de sa génération[4]. On le surnommait Rukn al-dîn[5] (soutien ou pilier de la religion).

Il a étudié à Bagdad puis enseigné à Nichapur[6] où il a eu pour disciples al-Baghdadi[5],[7] et Abû l-Qâsim al-Iskâf al-Isfarâ'inî - qui aura pour élève al-Juwayni[5],[8]. Il a donc joué un rôle important dans la diffusion de la doctrine acharite[3].

Théologie

modifier

Al-Isfara'ini est un disciple du théologien al-Achari. Il fait partie de la génération des « anciens » selon la distinction appliquée par al-Khaldun à l'évolution du dogme acharite.

Cependant, il diverge déjà par rapport au fondateur de l'école sur la question des attributs anthropomorphiques. Alors qu'al-Achari se refuse à interpréter les versets qui font référence à la Face ou aux Mains de Dieu, al-Isfara'ini affirme la nécessité d'une interprétation allégorique, afin d'éviter tout anthropomorphisme, qui serait en contradiction avec le dogme de l'unicité de Dieu - au sens où Dieu n'est pas semblable à ses créatures[9].

On sait qu'au sujet de la Parole de Dieu, il considérait qu'elle ne pouvait pas s'adresser directement aux hommes. Les seules exceptions qu'il concède sont Moïse et le Prophète Mahomet - selon lui, la parole d'Allah ne peut être entendue par les hommes que par un intermédiaire. Al-Juwayni suivra cette position[10].

Postérité

modifier

La plupart de ses œuvres sont perdues. Mais ses livres sont souvent cités par ses successeurs, signe de sa popularité[3].

Seule une partie de ses écrits a été conservée[7],[3].

Nūr al-ʿayn fī mašhad al-Ḥusayn[11]

'Aqida (un bref essai dépourvu de titre, sorte de catéchisme qui présente les dogmes essentiels de l'islam, édité par Richard M. Frank)[4].

On sait, par le biais de citations par des auteurs postérieurs, qu'il avait écrit aussi :

al-Jāmiʿ fī uṣūl al-dīn wa-l-radd ʿalā l-mulḥidīn (« Un compendium des principes de la religion et de la réfutation des athées »)[12],

Kitāb al-Asmāʾ wa-l-ṣifāt (« Livre des Noms et des Attributs »), et

Mukhtaṣar fī l-radd ʿalā ahl al-iʿtizāl wa-l-qadar (« Brève réfutation des mutazilites et des partisans du libre arbitre »).

Références

modifier
  1. (en) Makdisi George Makdisi, Rise of Humanism in Classical Islam and the Christian West, Edinburgh University Press, (ISBN 978-1-4744-7065-0, lire en ligne), p. 10
  2. (en) Makdisi George Makdisi, Rise of Humanism in Classical Islam and the Christian West, Edinburgh University Press, (ISBN 978-1-4744-7065-0, lire en ligne), p. 9
  3. a b c et d Jan Thiele. « Between Cordoba and Nīsābūr: The Emergence and Consolidation of Ashʿarism » in The Oxford Handbook of Islamic Theology, dir. Sabine Scmidtke.
  4. a et b (en) Mustafa Shah, « Classical Islamic Theology: The Ashʿarites. Texts and Studies on the Development and History of Kalām. Vol. III. By Richard M. Frank. Ashgate, 2008. p. 104 », Journal of Qur'anic Studies, vol. 13, no 1,‎ , p. 100–107 (ISSN 1465-3591 et 1755-1730, DOI 10.3366/jqs.2011.0006, lire en ligne, consulté le )
  5. a b et c Mohyddin Yahiya, La pensée classique arabe. 5, L'asharisme après al-Ashari. 1, La "voie des anciens" (lire en ligne)
  6. Madelung, W., « al-Isfarāyīnī », sur Encyclopédie de l’Islam (consulté le )
  7. a et b (en) The Oxford Handbook Of Islamic Theology : introduction, Sabine Schmidtke (lire en ligne), p. 22
  8. Mohammad M. A. Saflo, dans Al-Juwayni's Thought and Methodology, p. 12, indique 1027 comme date de décès d'al-Iskaf, le maître de Juwayni. Mais il s'agit sans doute d'une confusion avec Abu Ishaq, puisque Juwayni n'a vu le jour qu'en 1028.
  9. Mohyddin Yahiya, La pensée classique arable. 4, L'ash'arisme après al-Ash'ari, (lire en ligne), p. 18
  10. Mohyddin Yahiya, La pensée classique arabe. 4, L'ash'arisme après al-Ash'ari (lire en ligne), p. 10 et 19
  11. « Ibrāhīm ibn Muḥammad al- Isfarāyīnī (09..-1027) », sur data.bnf.fr (consulté le )
  12. Cité par al-Juwaynī, Le livre du Tawhīd, p. 299.