Alcatel Submarine Networks

entreprise française de pose de câble sous-marins

Alcatel Submarine Networks (ASN) est une entreprise française faisant partie des trois leaders mondiaux de la fabrication et de la pose de câbles sous-marins.

Alcatel Submarine Networks
logo de Alcatel Submarine Networks
Logo d'Alcatel Submarine Networks
illustration de Alcatel Submarine Networks

Création 1858 : Création de la Submarine Telegraph Company (STC)

1891 : Ouverture de l'usine de la Société générale des téléphones à Calais
1994 : Alcatel Submarine Systems

Dates clés 1925 : La Compagnie Générale des Câbles de Lyon intègre la CGE

1991 : La Compagnie Générale des Câbles de Lyon devient Alcatel Câble
2016 : rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia[1],[2]
2024 : l'État français prend le contrôle de 80 % du capital d'ASN

Forme juridique Société par actions simplifiée
Siège social 1 avenue du Canada
91940 Les Ulis[3]
Pôle technologique Paris-Saclay
Drapeau de la France France
Direction Alain Biston, Président
Actionnaires Drapeau de la France État français : 80 %
Drapeau de la Finlande Nokia : 20 %
Activité Fabrication, déploiement, maintenance de réseaux de câbles sous-marins
Produits systèmes de câbles sous-marins
Société mère État français
Effectif 2 000[4]
SIREN 389534256Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web https://www.asn.com/

Chiffre d'affaires 540 039 200  (2018)
Résultat net -61 772 400  (2018)[5]

ASN était une filiale d'Alcatel, puis d'Alcatel-Lucent jusqu'à son rachat par le groupe finlandais Nokia en 2016. Elle appartient à Nokia France de 2016 à 2024. L'État français acquiert 80% du capital de l'entreprise en novembre 2024.

Alcatel Submarine Networks conçoit, fabrique, pose et assure la maintenance des câbles sous-marins de télécommunications et des équipements connexes, avec ses propres bateaux pour faire passer la fibre optique partout autour du globe. La pose des câbles sous-marins de télécommunications est une industrie stratégique[6],[7]. 3 entreprises, ASN, TE Subcom, NEC dominent ce marché mondial, sachant que 99% du trafic internet passe par ces câbles dont 80% du flux transite par les États-Unis quelque en soit sa destination[8]. En 2018, la part de marché d'ASN (30%) se situe devant le concurrent japonais NEC (23%) et l’Américain Subcom (20%)[9]. La pose des câbles sous-marins de télécommunications constitue aussi un nouvel axe de développement stratégique de la Chine à prendre en compte par les entreprises en tête du marché[10],[11].

En 2024, ASN dispose de 2 000 collaborateurs dont 1 370 salariés en France. L'entreprise est implantée sur plusieurs sites en France, au Royaume-Uni et en Norvège[4].

Alcatel Submarine Networks possède une flotte de sept navires câbliers et est le no 1 mondial du secteur.

En nationalisant ASN, la France et l'Europe s'assurre le contrôle d'un acteur stratégique de l'écosystème numérique dont les câbles sous-marins forment l'ossature[12].

Histoire

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En 1858, la Submarine Telegraph Company, fondée par Thomas Crampton, est créée, et devient un gestionnaire de réseaux télégraphiques internationaux. Le , la Submarine Telegraph Company pose le premier câble télégraphique entre Jersey et la France[13].

En 1925, la Compagnie générale d’électricité absorbe la Compagnie générale des câbles de Lyon.

En 1991, la Compagnie générale d'électricité prend la dénomination Alcatel Alsthom. La Compagnie Générale des Câbles de Lyon devient Alcatel Câble et rachète AEG Kabel.

En 1993, Alcatel Câble acquiert l'entreprise britannique STC Submarine Systems (anciennement la Submarine Telegraph Company) et son usine de 34 000 m2 à Greenwich, une division de Northern Telecom Europe (qui deviendra Nortel). Alcatel Câble devient leader mondial du câble détenant environ 40 % du marché mondial des câbles sous-marins de télécommunication à fibres optiques. La capacité de production atteindra 30,000 km de câble optique par an[14].

En , Alcatel regroupe ses activités de télécommunications sous-marines au sein d'une nouvelle entreprise nommée Alcatel Submarine Systems. Cette filiale est détenue à 51 % par Alcatel Câble (qui est devenu Nexans) et à 49 % par Alcatel-CIT[15].

Le , Alcatel Câble devient Nexans. Alcatel conserve Alcatel Submarine Networks et 20 % de Nexans[16](cette participation dans Nexans est revendue en 2005).

Le , l'achat de Lucent Technologies par Alcatel est effectif, sous le nom Alcatel-Lucent. Alcatel Submarine Networks devient Alcatel-Lucent Submarine Networks.

Le , les 12 sociétés suivantes ont signé un accord pour la construction et la maintenance du West Africa Cable System, un câble reliant l'Afrique du Sud au Royaume-Uni via l'océan Atlantique :

Le navire de maintenance des câbles Lodbrog à Taïwan en décembre 2013.

Le contrat de fourniture a été signé le même jour entre les membres du consortium et Alcatel-Lucent Submarine Networks[17].

En 2011, Alcatel Submarine Networks a poursuivi sa présence mondiale sur les océans par ses navires cabliers : le CS Ile de Sein a contribué à la récupération de l'enregistreur de données du Vol Air France 447 dans l'Atlantique. Cela a prouvé que l'entreprise avait la polyvalence d'utiliser le navire pour récupérer un objet du fond marin à des fins de télécommunications ou d'assistance d'urgence. Un ROV de Phoenix International Inc a également aidé le navire[18].

Le , Alcatel-Lucent Submarine Networks démarre la pose des câbles du WACS par le départ de l'Île de Bréhat de l'usine de câbles Alcatel-Lucent Submarine Networks de Calais, chargé avec près de 6 000 km de câbles sous-marins. Le câble a été posé par Île de Bréhat et son navire-jumeau Île de Sein. La pose se termine officiellement le par la pose du câble à Yzerfontein, après moins de 10 mois en mer[19].

Le câble est rendu opérationnel le par son illumination en Afrique du Sud[20].

En 2014, Alcatel-Lucent Submarine Networks rachète la société norvégienne Optoplan, une division du groupe pétrolier français CGG[21].

Le , Alcatel-Lucent annonce son rachat par le géant finlandais des télécommunications Nokia[22]. Alcatel-Lucent Submarine Networks, numéro un mondial de la construction, de la pose et de la maintenance de câbles sous-marins, intègre la division Submarine Network Solutions de Nokia en France mais a vocation à prendre son indépendance[23].

En 2017, Alcatel-Lucent Submarine Networks reprend son nom d'origine, Alcatel Submarine Networks[24].

Fin , Nokia et l'entreprise française Ekinops confirment être en discussion depuis plusieurs mois sur un possible rachat d'Alcatel Submarine Networks, l'activité de câbles sous-marins de Nokia[25],[26], mais renonce en avril 2019[27]. L'État français est toujours à la recherche d'un tour de table dont Orange Marine pourrait faire partie, pour protéger ses intérêts stratégiques[28].

Au , ASN a posé plus de 700 000 km de câbles au fond des mers, réalise la maintenance de plus de 300 000 km de câbles, et a mis en service plus de 200 systèmes de fibre optique[29].

Le 27 juin 2024, l'État français annonce avoir passé un accord avec Nokia, pour acheter 80% des actions de ASN, par l'intermédiaire de l'Agence des participations de l'État (APE). Cette décision permet ainsi que l'"entreprise stratégique" soit à nouveau contrôlée par un actionnariat français, alors que le groupe finlandais s'interrogeait sur l'avenir de cette société depuis 2 ans. L’opération est estimée à 100 millions d'euros, puisés dans le compte d’affectation spéciale des participations financières de l’État, alors que la valorisation totale de l’entreprise (trésorerie et dette incluses) est de 350 millions d'euros. Nokia conservera 20% du capital, mais l'APE pourra racheter cette part[4],[30], à des conditions non communiquées[31]. Le groupe ASN emploie actuellement 2 000 personnes dans le monde dont 1 370 en France. À l'usine de Calais, l'annonce du rachat est accueillie favorablement par les 600 salariés. C'est là que sont fabriqués et embarqués les câbles sous-marins de télécommunications. Le site peut produire jusqu'à 50 000 kilomètres de câbles par an[32]. La société détient environ un tiers de ce marché mondial, aux côtés de l'américain SubCom et du japonais NEC. Sa fibre optique parcourt désormais la Terre sur plus de 800.000 kilomètres, soit près de vingt fois sa circonférence. ASN évolue dans un marché en croissance, avec une progression attendue à près de 10 % par an au moins jusqu'en 2032 selon le cabinet Global Market Insights. L'État finalise le rachat d'ASN par la signature du contrat d'acquisition de 80% du capital le 5 novembre 2024 à Calais, dans l’usine historique de la société[31],[33],[34],[35].

Le bateau poseur de câbles Île de Bréhat près d'Yzerfontein en avril 2011.

ASN possède en 2023 une flotte de 7 navires[36]. Les bateaux Île de Bréhat, Île de Batz, Île de Sein, Île d'Aix et Île d'Yeu sont destinés à la pose des câbles sous-marins. Les navires Île d'Ouessant et Île de Molène sont eux destinés à l'entretien des câbles[37],[38].

En 2011, ASN a acheté le CS Gulmar Badaro, en le renommant CS Ile d'Aix pour poursuivre l'expansion de ses opérations. Ce navire a été construit en 1992 et disposait des technologies de réparation et de pose de câbles[39],[40]

Trois navires-jumeaux dits les "Coréens"

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Les Île de Sein, Île de Bréhat, Île de Batz, sont trois navire-jumeaux construits par l'entreprise Hyundai Mipo Dockyard (HMD) en Corée du Sud.

Alcatel CS Île de Sein, 2005.
Alcatel, CS Île de Bréhat en 2005
Alcatel CS Île de Batz à Brest en 2007
  • CS Île de Sein Construit en 2001. Longueur : 140,36 m. Travaux de câbles en 2003 des routes Açores à Madère et Madère à Porto Santo. En 2011, le Vol Air France 447, les deux boîtes noires furent retrouvées par un robot sous-marin.
  • CS Îlle de Bréhat Construit en 2002. Tracé principal de la route Nord de 4 400 km pour la route APOLLO 2003. Dégagement des routes en 2015 pour GTT Express.
  • CS Îlle de Batz Construit en 2001. APOLLO 2003 : Widemouth Bay, Bude, Angleterre à Brookhaven, EUA et Lannion, France à Manasquan, EUA, 2008 travail sur TPE (Trans Pacific Express).

L'Île d'Yeu : le plus gros câblier du monde

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L'Île d'Yeu, à l'origine Knight[41] est un câblier construit en 2001 par l'entreprise Hyundai Mipo Dockyard (HMD) en Corée du Sud, avec son navire jumeau le C/S Baron. Il est passé par plusieurs phases de conversion. À l'origine, le C/S Knight a été construit pour Dockwise afin de poser les câbles sous-marins de Tyco Submarine Systems. À la suite d'une chute du marché, il a été vendu en 2005 à GC Rieber Shipping où il a été rebaptisé Polar Queen et enregistré à Bergen, en Norvège. Il subit alors une conversion, passant de câblier à poseur de pipe : c'est alors le plus gros navire de leur flotte. Enfin, il est racheté par Subsea 7[42] sous le drapeau de la Grande-Bretagne[43],

En juin 2021, ASN annonce le rachat du Seven Mar de Subsea 7, devenu Île d'Yeu. Son baptême a eu lieu de 13 juin 2023 à La Rochelle[44],[45].

L'Île d'Yeu est en 2023 le plus gros câblier au monde, notamment grâce à la présence de trois cuves au lieu de deux. Une charrue de 35 équipera le navire, ainsi qu’un treuil de remorquage charrue électrique de 130 tonnes. L'Île d'Yeu aura un nouveau cabestan et une machine à câble linéaire avec 18 paires de roues pour la récupération et la pose de câbles[44]. L'Île d'Yeu a une capacité de 8 500 tonnes de câbles, soit environ 15 000 km.

Notes et références

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  1. « Le rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia progresse », Challenges,
  2. « Nokia annonce sa fusion avec Alcatel-Lucent », Le Figaro,
  3. « nouveau siège depuis le 1er septembre 2023 », sur societe.com
  4. a b et c Jacques Cheminat, « L'Etat rachète 80% d'Alcatel Submarine Networks - Le Monde Informatique », sur LeMondeInformatique.fr, (consulté le )
  5. « Alcatel Submarine Network », sur societe.com
  6. « Les câbles sous-marins, autoroutes vitales de l'Internet mondial », sur latribune.fr, (consulté le )
  7. « Les Câbles sous-marins : une guerre invisible... aux effets volcaniques », sur latribune.fr, (consulté le )
  8. « Le Dessous des cartes - Câbles sous-marins : la guerre invisible », sur arte.tv, (consulté le )
  9. Antoine Izambard, « Alcatel Submarine Networks, le champion français des câbles sous-marins revit grâce à Facebook et Google », sur Challenges, (consulté le )
  10. Pierre Manière, « Télécoms : pourquoi le chinois Huawei veut grandir dans les câbles sous-marins », sur latribune.fr, (consulté le )
  11. Leïla Marchand, « Dans la tourmente, Huawei cède son activité de câbles sous-marins », sur lesechos.fr, (consulté le )
  12. Justin Délépine, « Derrière la nationalisation d'ASN, la bataille des câbles sous-marins », Alternatives Économiques,‎
  13. « Une histoire du télégraphe à Jersey, La Submarine Telegraph Company », sur gfol1.snsmpirou.com (consulté le )
  14. Michel Alberganti, « Alcatel Câble devient leader mondial du câble sous-marin », sur Les Échos, (consulté le )
  15. « L’activité câble sous-marin d’Alcatel est-elle si stratégique ? », sur usinenouvelle.com, (consulté le )
  16. « Les activités Câbles et Composants d'Alcatel donnent naissance à Nexans - Nexans », sur nexans.fr (consulté le )
  17. « Alcatel-lucent : Contrat avec le consortium wacs. », sur tradingsat.com (consulté le )
  18. (en) « Phoenix Conducts Flight 447 Critical Item Recoveries », sur isasi.org (consulté le )
  19. (en) « WACS Landing in pictures », sur IT news Africa, (consulté le )
  20. (en-US) Staff Writer, « WACS launched in South Africa » (consulté le )
  21. « Alcatel-Lucent rachète Optoplan à CGG », sur investir.lesechos.fr (consulté le )
  22. « Annonce de fusion sur le site d'Alcatel-Lucent », sur alcatel-lucent.com,
  23. « La filiale de câbles sous-marins d'Alcatel-Lucent bientôt indépendante », sur alcatel-lucent.com, (consulté le )
  24. « History - ASN », sur asn.com, (consulté le )
  25. « Nokia: Ekinops confirme discuter du rachat des câbles sous-marins | », sur zonebourse.com (consulté le )
  26. Michel Cabirol, Pierre Manière, « Et si Nokia conservait finalement Alcatel Submarine Networks », sur latribune.fr,
  27. « Ekinops échoue à racheter Alcatel Submarine Networks », sur latribune.fr avec Reuters,
  28. Michel Cabirol, Pierre Manière, « Pourquoi Nokia ne veut plus lâcher Alcatel Submarine Networks », sur ssiplg.com,
  29. « Alcatel Submarine Networks (Nozay, Île-de-France) », sur UIMM (consulté le )
  30. « Câbles sous-marins: l'État va racheter 80% d'Alcatel Submarine Networks », sur lefigaro.fr avec AFP, (consulté le )
  31. a et b Olivier Pinaud, « ASN, fabricant « stratégique » de câbles télécoms sous-marins, nationalisé par l’Etat », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès limité, consulté le )
  32. Claire Chevalier, « L'Etat rachète 80 % d'Alcatel Submarine Networks, entreprise stratégique dans la production et la pose de câbles sous-marins », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le )
  33. Thomas Pontiroli, « Câbles sous-marins : l'Etat finalise le rachat du spécialiste français ASN », sur LesEchos.fr, (consulté le )
  34. Guilhem Bernes, « L’Etat enterine la nationalisation du géant des câbles sous-marins Alcatel Submarine Network pour 100 millions d'euros », sur UsineNouvelle.com, (consulté le )
  35. « ASN et ses câbles sous-marins : les contours d'un achat stratégique de l'État », sur La Tribune, 2024-11-05cet06:30:00+0100 (consulté le )
  36. « ASN - Alcatel Submarine Networks », sur web.asn.com (consulté le )
  37. Caroline Britz, « ASN : Plongée dans le monde des câbles sous-marins », sur MeretMarine.com, (consulté le )
  38. « ASN : l’Ile d’Ouessant va remplacer le Peter Faber », sur MeretMarine.com, (consulté le )
  39. (en) « GULMAR BADARO - IMO 9009310 », sur shipspotting.com (consulté le )
  40. Caroline Britz, « Le câblier Ile d'Aix augmente sa capacité de stockage de câble », sur MeretMarine.com, (consulté le )
  41. « The CS Knight - A tour of a modern cable ship », sur dieselduck.info (consulté le )
  42. (en-US) « Conversion: Seven Mar », sur Multi Maritime (consulté le )
  43. (en) BalticShipping.com, « BalticShipping.com », sur balticshipping.com (consulté le )
  44. a et b Gaël Cogné, « ASN : dernière ligne droite pour le chantier de conversion de l’Ile d’Yeu, à Remontowa », sur MeretMarine.com, (consulté le )
  45. Yves Grandmontagne, « Exclusivité DCmag – ASN inaugure Ile d’Yeu, le plus gros câblier au monde », sur DCmag, (consulté le )

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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