Alezan
Alezan ⓘ est une couleur de robe de base du cheval dans le domaine de l'hippologie. Très fréquente, elle est caractérisée par un pelage composé de poils roux à brun plus ou moins foncés, les crins et les extrémités étant de la même couleur ou d'une nuance plus claire que la robe, mais jamais plus foncés que celle-ci, contrairement à la robe baie. On distingue plusieurs types de robes alezanes, d'alezan clair à alezan brûlé, proche de la couleur du café torréfié.
Notation | ee |
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Robe de base | Alezan |
Corps | Roux à brun plus ou moins foncé |
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Crins | Roux à brun plus ou moins foncé |
Porteur(s) | Tous types de chevaux |
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Représentant(s) | Eclipse, Secretariat, Ourasi, Don. |
La robe alezane est caractéristique de quelques races telles que le trait de la Forêt-Noire, toujours alezan brûlé aux crins lavés, et le Suffolk Punch. Elle est fréquente chez le Breton.
Étymologie
modifierIl est fréquent de croire que le mot « alezan » serait directement originaire de l'arabe[1], issu du mot al-hisân (« le cheval » en français) ou encore al-hasan (« le beau » en français). Toutefois, le nom français provient plus vraisemblablement de l'espagnol alazán ⓘ (connu depuis 1280), lui-même provenant de l'arabe[2].
Identification
modifierLa robe alezane est la seconde par ordre de fréquence chez le cheval[3]. Le corps est entièrement recouvert d'un pelage et de crins dont le ton va de noisette clair à chocolat, en passant par toutes les nuances du roux et du brun. La peau est foncée, sauf sous les marques blanches du cheval (balzanes et marques en tête), où elle est rose. Si ces marques blanches atteignent les yeux, un ou deux yeux bleus sont également possibles.
Un cheval alezan n'a normalement aucun poil noir, en particulier dans ses crins et en bas des membres. Si c'est le cas, il s'agit d'un cheval bai et non d'un alezan. Il peut avoir les crins plus clairs, mais jamais plus foncés que sa robe. Lorsque les crins et le bas des membres sont plus clairs que la robe, le cheval est dit « alezan crins lavés ».
Apparition de la robe alezane
modifierL'alezan résulte d'une Mutation faux sens sur le gène qui stimule le récepteur des mélanocytes (MCIR)[4].
La domestication du cheval a énormément accru la variété de ses robes, mais l'alezan est l'une des trois qui soient présentes chez les premières populations d'animaux sauvages, avec le bai et le noir, afin de fournir un camouflage contre les prédateurs. Parmi ces robes de base, le bai est dominant sur le noir et les deux sont épistatiques avec l'alezan[5].
Les différents types de robes alezanes
modifierParmi les chevaux alezans, on distingue :
- alezan « de base » : les poils et les crins sont dans les tons marron-roux. Le pelage et la crinière sont de la même teinte ;
- alezan clair : les poils et les crins sont marron clair. Le pelage et la crinière sont de la même teinte ;
- alezan doré : poils et crins tirant sur le doré, de la même teinte ;
- alezan fauve ou alezan cuivré : poils et crins dans des tons roux tirant sur le rouge-cuivré ;
- alezan foncé ou alezan brûlé : alezan tirant sur le brun « café ».
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Alezan clair.
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Alezan doré.
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Alezan fauve ou alezan cuivré.
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Alezan foncé ou alezan brûlé.
Génétique
modifierD'après les recherches génétiques, la robe alezane est l'une des robes de base du cheval, avec le noir et le bai (dont bai-brun).
La robe de base est définie par la pigmentation. Il existe deux pigments de base : la mélanine (noir) et la phaeomélanine (roux/alezan), le blanc correspondant à une dépigmentation. La détermination de la pigmentation se fait sur le gène Extension. La pigmentation est notée : « E » lorsque le pigment noir est présent (mélanine). C'est un allèle dominant. La pigmentation est notée « e » lorsque le pigment noir est absent, auquel cas c'est le pigment roux qui le remplace (phaeomélanine). Cet allèle est récessif, l'alezan est donc une robe récessive.
Pour que le cheval ait une robe de base noire, il faut au moins un E dans son génotype. Un cheval alezan est donc obligatoirement homozygote, et sa formule est obligatoirement « ee ». Cette particularité rend la robe alezane très simple à sélectionner puisque deux parents alezans ne donnent naissance qu'à des poulains alezans.
Les gènes agissant sur la robe alezane de base
modifierLe gène flaxen est un gène qui éclaircit les crins et change un cheval alezan en alezan crins lavés. Dun ou « sauvage » donne des marques dites primitives comme la raie de mulet et les zébrures sur les membres sur une robe de base alezane. Le gène « Sooty » rend la robe alezane plus foncée, et la change en alezan brûlé.
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Alezan crins lavés, animal porteur du gène flaxen qui éclaircit les crins et les fanons de la robe alezane.
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Alezan porteur du gène « dun », qui donne des marques sauvages, comme la raie de mulet, sur une robe de base alezane.
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Alezan brûlé.
Plusieurs gènes peuvent également modifier le patron de robe alezan. L'animal est alors décrit comme étant d'une autre couleur.
- Champagne rend la peau rose et transforme une robe de base alezane en champagne or.
- Crème est un gène dominant qui transforme les chevaux alezans en palominos s'il est présent en un seul exemplaire, et en crèmes s'il est présent en double exemplaire.
- Gris est un gène très fréquent, responsable du grisonnement, qui emprisonne la mélanine responsable de la couleur de la robe dans la peau du cheval et finit par le rendre presque blanc.
- Rouan est un gène qui dissémine des poils blancs sur une robe plus foncée. Les chevaux alezans porteurs du gène rouan sont nommés aubères ou alezans rouannés en France.
- Les différentes formes de pie, et les gènes de robes tachetées (complexe Léopard), agissent aussi sur l'alezan.
Races de chevaux alezans
modifierClassification
modifierEn France, la robe alezane est restée longtemps rattachée au groupe des robes de base (robe de couleur simple), avec le noir et le blanc. Depuis 1999, elle appartient à la famille de robes alezanes, avec l'alezan brûlé, le palomino et le « café au lait ».
Robe alezane dans la culture
modifier
Théodore Géricault, vers 1814
Université Stanford[6]
En raison de sa couleur, la robe alezane a mauvaise réputation en Europe au Moyen Âge, puisque le roux est associé symboliquement à la traîtrise et à la tromperie[7].
Fiction
modifier- Flicka, pouliche du roman Mon amie Flicka.
- Flamme, étalon de la série de romans L'Étalon noir.
- Epona, la jument (alezane crins lavés) de Link dans The Legend of Zelda.
- Corr, le cheval des mers de Sean dans le livre Sous le signe du Scorpion de Maggie Stiefvater.
Chevaux célèbres
modifierLa robe étant fréquente, de nombreux chevaux connus l'arborent, parmi lesquels :
- Baloubet du Rouet, étalon de saut d'obstacles ;
- Eclipse, étalon de course ;
- Secretariat, étalon de course ;
- Ourasi, trotteur français surnommé le roi fainéant ;
- Peintre Célèbre, cheval de course.
Notes et références
modifier- ↑ « Définition de Alezan » (consulté le ).
- ↑ Informations lexicographiques et étymologiques de « Alezan » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
- ↑ Tsaag Valren et Népoux 2019, p. 10.
- ↑ Marklund et al. 1996.
- ↑ Thiruvenkadan, Kandasamya et Panneerselvama 2008, p. résumé.
- ↑ Tableau de Géricault
- ↑ Tsaag Valren et Népoux 2019, p. 8.
Annexes
modifierArticle connexe
modifierBibliographie
modifier- [Chowdhary 2013] (en) Bhanu P. Chowdhary, Equine Genomics, John Wiley & Sons, , 336 p. (ISBN 978-1-118-52212-7 et 1-118-52212-5, lire en ligne)
- [Sponenberg 2003] (en) Dan Phillip Sponenberg, Equine Color Genetics, Wiley-Blackwell, , 2e éd..
- [Sponenberg 2009] (en) Dan Phillip Sponenberg, Equine Color Genetics, Wiley, , 3e éd., 296 p. (ISBN 0-8138-1364-6).
- [Sponenberg et Bellone 2017] (en) Dan Phillip Sponenberg et Rebecca Bellone, Equine Color Genetics, Wiley, , 4e éd., 352 p. (ISBN 1-119-13060-3, OCLC 971462711).
- [Tsaag Valren et Népoux 2019] Amélie Tsaag Valren et Dr. Virginie Népoux, Beauté des chevaux, le mystère de leurs robes, Éditions France Agricole, , 256 p. (ISBN 979-10-90213-98-2).
Publications scientifiques
modifier- [Thiruvenkadan, Kandasamya et Panneerselvama 2008] (en) A.K. Thiruvenkadan, N. Kandasamya et S. Panneerselvama, « Coat colour inheritance in horses », Livestock Science, vol. 117, , p. 109-129 (DOI 10.1016/j.livsci.2008.05.008).
- [Marklund et al. 1996] (en) L. Marklund, M. Johansson Moller, K. Sandberg et L. Andersson, « A missense mutation in the gene for melanocyte-stimulating hormone receptor (MCIR) is associated with the chestnut coat color in horses », Mammalian Genome, vol. 7, no 12, , p. 895–899 (ISSN 1432-1777, DOI 10.1007/s003359900264, lire en ligne, consulté le )