Louise-Bénédicte de Bourbon

noble française

Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon, dite Mademoiselle de Charolais, est née à l'hôtel de Condé[1] le 8 novembre 1676 et est morte le à l'hôtel de Biron[2]. Fille d'Henri-Jules de Bourbon-Condé et de son épouse Anne de Bavière, elle fut duchesse du Maine puis princesse de Dombes par son mariage avec Louis-Auguste de Bourbon, fils légitimé de Louis XIV.

Louise-Bénédicte de Bourbon
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait d'Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé, duchesse du Maine par François de Troy, 1694.

Titre

Princesse de Dombes


(43 ans, 1 mois et 9 jours)

Prédécesseur Anne-Marie-Louise d'Orléans
Successeur Aucun
Biographie
Titulature Princesse du sang
Duchesse du Maine
Princesse de Dombes
Dynastie Maison de Condé
Distinctions Ordre de la Mouche à miel
Nom de naissance Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé
Surnom Mademoiselle de Charolais
Naissance
Hôtel de Condé (France)
Décès (à 76 ans)
Hôtel de Biron (France)
Sépulture Église Saint-Jean-Baptiste de Sceaux
Père Henri-Jules de Bourbon-Condé
Mère Anne de Bavière
Conjoint Louis-Auguste de Bourbon
Enfants Louis-Auguste de Bourbon
Louis-Charles de Bourbon
Louise-Françoise de Bourbon
Religion Catholicisme

Signature

Signature de Louise-Bénédicte de Bourbon

Description de cette image, également commentée ci-après

Biographie

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Famille

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Louise-Bénédicte de Bourbon est la troisième enfant issue de l'union d'Henri-Jules de Bourbon-Condé et de son épouse Anne de Bavière. De ce fait, elle est la petite-fille de Louis II de Bourbon-Condé, dit le « Grand Condé ». De très petite taille, comme les membres de sa famille, elle ainsi surnommée « poupée du sang » par sa belle-sœur Mademoiselle de Nantes, alors jalouse de sa naissance. Elle grandit dans un climat de peur et d'hystérie au château de Chantilly, son père, le prince de Condé étant atteint de lycanthropie et reconnu comme très brutal et cruel.

Mariage

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Elle épousa en la chapelle du château de Versailles, le 19 mars 1692, Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine, bâtard légitimé du roi Louis XIV et de Madame de Montespan. Violente, puisqu'elle venait d'une famille marquée par la folie, elle menaçait son pieux mari de devenir folle s'il n'était pas conciliant auprès d'elle. Elle n'hésitait pas à l'accabler de remarques blessantes et cinglantes sur le fait qu'il boitait. L'union ne fut pas heureuse et les époux furent très mal assortis.

Politique

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Blessée dans son orgueil d'avoir dû épousé le duc du Maine, elle ne cesse de pousser son époux, homme intelligent mais faible, et enfant préféré du roi, à rechercher un rang qu'il ne pouvait alors soutenir : entrée au parlement à 20 ans au lieu de 25 puis aptitude à succéder au trône avant les princes héritiers et rédaction d'un testament par Louis XIV. Elle rechercha également à jouer un rôle sous la Régence, pour venger l'affront fait à son mari par le Régent. Celui-ci avait fait casser le testament du roi, qui donnait au bâtards la présence sur les princes du sang.

Le Régent avait fait écarter le duc du Maine des conseils de régence. Ce fut elle qui engagea son mari à entrer dans la conspiration de Cellamare en 1718, en vue de faire attribuer la régence au roi d'Espagne, fils du Grand Dauphin. Lorsque le complot fut éventé, le duc du Maine fût arrêté à Sceaux, le 29 décembre 1718, et incarcéré à la forteresse de Doullens. La princesse fut arrêtée le même jour à Paris et fut incarcérée à Dijon en 1719. Elle put finalement regagner Sceaux l'année qui suivit, et ne s'occupa plus que de tenir sa cour, chose qui l'intéressait beaucoup.

Ordre de la Mouche à miel

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L'ordre de la Mouche à miel est une parodie d'orde de chevalerie créée à Sceaux par la princesse de Dombes. Cet ordre se composait de trente-neuf membres qui avaient leurs habits et serments. L'abeille était leur symbole qui fut accompagné par cette devise : « Piccola si, ma fa pur gravi le ferite » (« Elle est petite, mais fait de graves blessures »)[3]. Beaucoup de célèbres philosophes et écrivains faisaient partis de cet ordre : Fontenelle, Montesquieu, Rousseau ou Voltaire.

Princesse du Grand Siècle

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La princesse était bonne danseuse dans sa jeunesse, elle jouait du clavecin, de la flûte et savait chanter. En son château de Sceaux, elle tenait une cour appelée « la petite cour de Sceaux ». On y donnait des fêtes de nuits costumées et accueillait des écrivains et des artistes, parmi lesquels il y eut certains des plus grands esprits de France du temps. Souffrant alors de terribles insomnies, elle obligeait ses proches à s'occuper d'elle pendant ces longs moments. Elle fut l'inspiratrice ainsi que l'actrice et la dédicataire de tout ces divertissements nocturnes fort appréciés.

Portrait de la duchesse du Maine par François de Troy, XVIIe siècle.

C'est à partir de 1699 que débutent les fêtes de ChâtenayNicolas de Malézieux possède alors une propriété puis à Versailles, au château de Clagny et au château de Sceaux. Les fêtes durent à Châtenay jusqu'en 1705. Les divertissements de Clagny verront plusieurs représentations au cours de 1705 et 1706, ainsi qu'à Sceaux où la princesse donne des bals pendant la même période pour Mardi-Gras. Les Grandes Nuits de Sceaux eurent lieu entre avril 1714 et mai 1715. L'opéra Les Amours de Ragonde de Jean-Joseph Mouret est créé par ailleurs en décembre 1714 au château de Sceaux.

Nicolas Bernier crée également des cantates, alors intitulées Les Nuits de Sceaux. D'autres musiciens, comme François Colin de Blamont ou Thomas-Louis Bourgeois y participent. Les fêtes reprendront doucement en mai 1722, avec des vers de Malézieux mis en musique par Pierre Nicolas Marchand, des illuminations au Pavillon de l'Aurore, puis, plus grandioses entre 1729 et 1731, des illuminations, feux d'artifices et pièces de théâtre. Veuve en 1736, elle fait jouer La Prude à Sceaux en 1748. Voltaire, à la suite d'une brouille, ne reviendra à Sceaux que durant l'année 1750 pour la représentation de La Rome sauvée. Le château resplendit alors.

Bibliothèque

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Initiée très jeune au goût de la science par Jean de La Bruyère, elle comptera dans son salon des personnages comme Fontenelle. Elle avait un penchant pour les sciences et sa bibliothèque, dont l'inventaire fut dressé par le libraire parisien Louis Étienne Ganeau, perle de dénombrer plus de trois-mille ouvrages, ainsi que cinquante-huit volumes dépareillés du Journal de Trévoux, tente roman brochés, des paquets de brochures et d'œuvres mises en musique. On trouvait des manuscrits de prière sur vélin. Elle fut estimée à quatre-mille-sept livres.

Veuvage

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L'hôtel Biron à Paris par Jean-Pierre Dalbéra, 2021.

Veuve en 1736, ne pouvant plus faire face aux dépenses excessives de l'entretien du château de Montrond, elle l'abandonna au habitants de Saint-Amand-Montrond, qui en firent une carrière de pierre. Elle loua ensuite l'hôtel, de nos jours « hôtel Biron », à la veuve du financier Abraham Peyrenc de Moras, rue de Varenne. Elle y fit alors exécuter le magnifique décor de boiseries, dans un goût rocaille des plus délicat. C'est ainsi ici qu'elle mourut en 1753. Elle fut inhumée en l'église Saint-Jean-Baptiste de Sceaux. Lors de la Révolution française, sa tombe est profanée et ses restes furent jetées dans une fosse commune[4], comme pour beaucoup d'aristocrates.

Descendance

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Louise-Bénédicte de Bourbon et Louis-Auguste de Bourbon eurent sept enfants, tous sans postérité :

  1. N… dite « Mademoiselle de Dombes » ( - ) ;
  2. Louis Constantin de Bourbon, prince de Dombes ( - ) ;
  3. N… dite « Mademoiselle d'Aumale » ( - ) ;
  4. Louis-Auguste de Bourbon, prince souverain de Dombes ( - ) ;
  5. Louis-Charles de Bourbon, comte d'Eu, prince souverain de Dombes ( - ) ;
  6. Charles de Bourbon, duc d'Aumale ( - ) ;
  7. Louise-Françoise de Bourbon dite « Mademoiselle du Maine » ( - ).

Postérité

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Ascendance

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Notes et références

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  1. Voir Adolphe Julien, La comédie à la Cour, s.d., p. 15-137. Et Dinaux, Sociétés badines, 1867, t. II, p. 77-87.
  2. tombes-sepultures.com
  3. Catherine Maumi, « M. Darin (2009) La comédie urbaine. Voir la ville autrement », Urban Morphology, vol. 15, no 1,‎ , p. 87–88 (ISSN 1027-4278, DOI 10.51347/jum.v15i1.4910, lire en ligne, consulté le )
  4. Tombes, John (1603?–1676), Oxford University Press, coll. « Oxford Dictionary of National Biography », (lire en ligne)
  5. Les Aventures du jeune Voltaire, AlloCine Consulté le .

Bibliographie

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  • Jean-Luc Gourdin, La duchesse du Maine : Louise-Bénédicte de Bourbon, princesse de Condé, Paris, Pygmalion, , 403 p. (ISBN 2-85704-578-6)
  • La duchesse du Maine : une mécène à la croisée des arts et des siècles, Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, coll. « Études sur le XVIIIe siècle, 31 », , 287 p. (ISBN 2-8004-1326-3)
  • Élisabeth Charlotte de Bavière, dite princesse Palatine, Lettres, des premières années du XVIIIe siècle.
  • Collectif, sous la direction de Cécile Dupont-Logié, Une journée à la cour de la duchesse du Maine, [catalogue d'exposition], Éd. Musée de l'Île-de-France, Sceaux, 2004, 104 p.
  • Adolphe Jullien, Les Grandes Nuits de Sceaux, [le théâtre de la duchesse du Maine], réédition, (ISBN 9781160172776)
  • Catherine Cessac, Les Grandes Nuits de Sceaux, 1714-1715, théâtre des folies de la duchesse du Maine, Éd. M. B. Dufourcet, Mazouer, Surgers, Université M. de Montaigne, Bordeaux, , Tübingen, 2011, p. 249-264.
  • Catherine Cessac, La duchesse du Maine (1676-1753). Entre rêve politique et réalité poétique, Paris, Classiques Garnier, « L’Europe des Lumières », 2016
  • La Duchesse du Maine (1676-1753), une mécène à la croisée des arts et des siècles, co-direction, Catherine Cessac, Manuel Couvreur et Fabrice Preyat, Études sur le 18e siècle, Éditions de l'Université de Bruxelles, 31, 2003
  • Charles Lacretelle, Histoire de France pendant le XVIIIe siècle, vol. 1, Éd. F. Buisson, 10 rue Gilles-Cœur à Paris, 1808, p. 97.
  • Les fêtes de Malabry, vol.[réf. incomplète]
  • Divertissements de Sceaux, vol., 1725[réf. incomplète]
  • Léonce de Piépape, "Une petite-fille du Grand Condé : la duchesse du Maine : reine de Sceaux et conspiratrice (1676-1753)", Plon, Paris, 1910.

Articles connexes

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Liens externes

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