Antoine-François Desrues
Antoine-François Desrues, né en 1744 à Chartres et roué le à Paris, est un empoisonneur français.
Biographie
modifierMarchand épicier à Paris, Desrues s’enrichit par des escroqueries et des crimes et sut, par son hypocrisie, se faire une telle réputation de vertu que pendant longtemps on ne put le soupçonner. Ayant acheté à M. de La Motte, écuyer du roi, la terre de Buisson-Soëf près de Villeneuve-sur-Yonne, qu’il devait payer 130 000 livres, il résolut de faire mourir toute la famille de son créancier afin de s’emparer du bien sans rien débourser : il avait déjà empoisonné la femme et le fils, lorsque son crime fut découvert[1]. Il fut roué vif le en place de Grève à Paris, son corps fut brûlé et ses cendres dispersées[2].
Ce fut Charles-Henri Sanson, futur bourreau du roi Louis XVI, qui procéda au supplice.
Soutenu par le petit peuple qui voyait en lui un simple martyr, victime de l’arbitraire royal ne lui ayant même pas épargné le bûcher, ce fils de petit boutiquier eut ses cendres filtrées par une foule étant allée jusqu’à se battre pour en récupérer le moindre bout d’os, reliques auxquelles elle attribuait des vertus magiques (enrichissement) et qui furent ensuite l’objet d’un commerce.
Sa veuve, Marie Louise Nicolas, est condamnée à être fouettée et marquée sur les deux épaules de la lettre V, puis enfermée à la Salpêtrière. Elle est assassinée par les émeutiers lors des massacres de Septembre, en 1792[3].
Après sa condamnation, sa famille obtient par des lettres patentes de décembre 1777 le droit de changer de patronyme, de Desrues en Orée. C'est ainsi que Pierre Desrues devint en 1777 Pierre Orée (son fils Louis Noël Marin, né à Chartres en 1778[4], demeurant à Orléans, se fera appeler Orée d'Aideville) et en 1813 une autre branche devint Dorée.
Notes et références
modifier- G. Le Notre, « Madame Veuve Derues », Le Temps, (lire en ligne)
- Duprat 2004, p. 123.
- Alphonse Esquiros, Histoire des Montagnards, 1846-1847, p.211.
- Archives départementales d'Eure-et-Loir, E 2/45, registre paroissial de Saint-Saturnin de Chartres 1767-1772, vue 70/225, 25 décembre 1778, baptême de Louis Noël Marin Desrues (avec dans la marge, acte de réformation du nom).
Bibliographie
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Hélène Duccini, « Les images de la justice dans l'estampe, de 1750 à 1789 », Le Temps des médias, no 15 « Justice(s) », , p. 38-56 (lire en ligne).
- Annie Duprat, « L'affaire Desrues ou le premier tombeau de l'Ancien Régime », Sociétés & Représentations, no 18 « La Justice en images », , p. 123-134 (lire en ligne).
- Bernard Hautecloque, Épices et Poisons : La vie d'Antoine-François Desrues, l'empoisonneur du XVIIIe siècle, Paris, Éditions des Équateurs, , 205 p. (ISBN 978-2-84990-119-9, BNF 42178133).
Liens externes
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