Arthur Ranc

journaliste, homme politique français

Arthur Ranc, né le à Poitiers et mort le à Paris 3e[1], est un journaliste et essayiste politique, républicain anti-clérical franc-maçon et révolutionnaire français.

Arthur Ranc
Illustration.
Fonctions
Sénateur français

(5 ans, 1 mois et 26 jours)
Circonscription Corse

(9 ans et 23 jours)
Circonscription Seine
Député français

(4 ans et 12 jours)
Élection 4 septembre 1881
Circonscription Seine
Législature IIIe (Troisième République)
Groupe politique Union républicaine

(1 an, 6 mois et 28 jours)
Élection 11 mai 1873
Circonscription Rhône
Groupe politique Union républicaine

(23 jours)
Élection 8 février 1871
Circonscription Seine
Groupe politique Union républicaine
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Poitiers
Date de décès (à 76 ans)
Lieu de décès 3e arrondissement de Paris
Sépulture Cimetière du Père-Lachaise
Profession Homme politique, journaliste
Résidence Seine

Signature de Arthur Ranc

Élu, lors des élections municipales à Paris en juillet 1871 au conseil municipal de Paris avec son ami Clemenceau, il participa brièvement à la Commune de Paris avant de s'en éloigner. Il dut néanmoins s'exiler en Belgique après une condamnation, en 1873, par le Conseil de guerre. Amnistié en 1880, il est ensuite élu député puis sénateur, fondant notamment la société des droits de l'homme et du citoyen. Il est connu pour son engagement dans l'affaire Dreyfus[2].

Biographie

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Caricature d'Arthur Ranc parue dans Le Trombinoscope de Touchatout en 1873.

Il fait ses études de droit à Paris. En décembre 1851, il combat sur les barricades pour s'opposer au coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte. Il sert d'intermédiaire entre Auguste Blanqui et Giuseppe Mazzini, ce qui lui vaut d'être condamné à un an de prison pour appartenance à une société secrète. Impliqué dans un complot et enfermé à Mazas avec Jules Vallès, il est condamné à la déportation à Lambessa en Algérie en 1854. Il réussit à s'évader et à rejoindre l'Italie, puis la Suisse en 1856. Il rentre à Paris, après l'amnistie de 1859, et collabore au journal républicain Le Réveil de Charles Delescluze, puis à La Rue de Vallès. Il est condamné à de multiples amendes et peines de prison pour « incitation à la guerre civile ».

Après la proclamation de la République le 4 septembre 1870, il est nommé maire du 9e arrondissement de Paris. Pendant le siège de la capitale, il rejoint en ballon monté Léon Gambetta qui anime une délégation du gouvernement de la Défense nationale à Tours. À la même époque, il est nommé directeur de la Sûreté générale par ce dernier jusqu'au . Le 8 février, il est élu député de l'Assemblée nationale, mais en démissionne le 2 mars pour protester contre la signature des préliminaires de paix avec les Allemands. Lors des élections municipales à Paris du 26 mars 1871, il est élu au conseil de la Commune par le 9e arrondissement. Le 6 avril, il démissionne, pour protester contre le décret sur les otages que vient de prendre la Commune.

Membre de la Ligue d'union républicaine des droits de Paris (avec son ami Clemenceau), il tente de concilier le gouvernement d'Adolphe Thiers et la Commune. Après la Semaine sanglante, il est élu fin juillet 1871 lors des élections municipales de Paris, mais la presse de droite l'attaque et il doit rejoindre l’exil des communards en Belgique. En octobre 1873, le conseil de guerre le condamne à mort par contumace.

Après l'amnistie de 1880, il revient en France et, l’année suivante, il est élu député de gauche de la Seine lors des élections législatives de 1881. En 1888, face au danger du boulangisme, avec Clemenceau et Joffrin, il crée la Société des Droits de l'Homme et du Citoyen contre le césarisme et le plébiscite du général Boulanger :

« À ces diverses manifestations de l'indignation républicaine provoquée par les débuts du boulangisme, il fallait une conclusion pratique. De tous côtés, on le comprit. D'abord, la jeunesse républicaine s'organisa en Ligue antiplébiscitaire, à laquelle firent aussitôt adhésion tous les républicains du Parlement et de la presse. Une autre Société se fonda bientôt, au milieu d'un profond mouvement d'enthousiasme, entre les nuances les plus diverses et jusqu'alors les plus divisées de l'opinion républicaines. Sur l'appel de MM. Clemenceau, Joffrin et Ranc, la Société des Droits de l'Homme et du Citoyen s'organisait[3]. »

En 1891, il est élu sénateur de la Seine. Il participe à la fondation du groupe de la Gauche démocratique dont il devient le premier président.

Avec Bernard Lazare et Joseph Reinach, il figure parmi les tout premiers à croire en l'innocence d'Alfred Dreyfus. Le , il défend avec passion et autorité Émile Zola au cours de son procès, à la suite de son J'accuse...!. Lui-même excellent escrimeur, il est le témoin de Georges Clemenceau dans son duel contre Paul Deschanel et celui de Marie-Georges Picquart contre le commandant Hubert-Joseph Henry[4].

Battu au renouvellement sénatorial de 1900, il retrouve un poste de sénateur de la Corse en 1903. Il poursuit en parallèle son activité d'écrivain et de journaliste. De 1905 à 1908, il remplace Clemenceau à la direction du Journal l'Aurore.

Lors de ses obsèques précédant son inhumation au cimetière du Père-Lachaise[note 1],[5], Marie-Georges Picquart (alors ministre de la guerre), Joseph Reinach, Jean Dupuy et Paul Strauss étaient présents.

Publications

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  • Le Roman d'une conspiration, Paris, (lire en ligne sur Gallica).
  • avec Jules-Antoine Castagnary, Paschal Grousset et et Francisque Sarcey, Le Bilan de l'année 1868, politique, littéraire, dramatique, artistique et scientifique, Paris, (lire en ligne sur Gallica).
  • Sous l'Empire : roman de mœurs politiques et sociales, 1872.
  • Une évasion de Lambèse : souvenirs d’un excursionniste malgré lui, Paris, (lire en ligne sur Gallica).
  • Sous l'Empire, mémoires d'un républicain’’, 1878.
  • Souvenirs, correspondance : 1831-1908, Paris, (lire en ligne sur Gallica).
  • De Bordeaux à Versailles : L’Assemblée de 1871 et la République, Paris, s. d. (lire en ligne sur Gallica).
  • Bagnes d'Afrique : trois transportés en Algérie après le coup d'État du 2 décembre 1851, textes de Pauline Roland, Arthur Ranc, Gaspard Rouffet établis, annotés et présentés par Fernand Rude, F. Maspero, Paris, 1981.

Odonymie

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Il existe depuis 1928 une rue Arthur-Ranc dans le 18e arrondissement de Paris, voie ouverte sur l’emplacement du bastion 38 de l’enceinte de Thiers. Il existe aussi des « rue Arthur-Ranc » :

Notes et références

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  1. 36e division.

Références

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  1. « Arthur Ranc », Le Radical,‎ (lire en ligne).
  2. Christian Vigouroux, Georges Picquart, dreyfusard, proscrit, ministre : La Justice par l'exactitude, Paris, Dalloz, , vii-529 (ISBN 978-2-247-08025-0, présentation en ligne). Réédité par Dalloz en 2019 sous le titre : Georges Picquart, la biographie, (ISBN 978-2-24719-816-0), récompensé par le prix Seligmann contre le racisme.
  3. Dans Prosper Lissagaray, Le Bilan de Boulanger, p. 15.
  4. Christian Vigouroux, Georges Picquart, dreyfusard, proscrit, ministre : La Justice par l'exactitude, Paris, Dalloz, , vii-529 (ISBN 978-2-247-08025-0, présentation en ligne), p. 391-396. Réédité par Dalloz en 2019 sous le titre : Georges Picquart, la biographie, (ISBN 978-2-24719-816-0), récompensé par le prix Seligmann contre le racisme.
  5. « Répertoire annuel d'inhumation », sur Archives de Paris, 12 août 1908-08-12 (consulté le ), p. 2.

Voir aussi

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Bibliographie

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Liens externes

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