L'aspivenin est un appareil d'aspiration (dispositif médical de classe I) revendiqué comme geste de premier secours dont la fonction est d'aspirer le venin injecté par un animal ou une plante. C'est un appareil qui a été breveté ainsi qu'une marque protégée et déposée en France et à l’international.

Une pompe à venin et ses différents embouts.

Aspivenin a une efficacité avérée pour certaines indications, et controversée pour d'autres.

Pour une morsure de serpent, l'aspiration est fortement déconseillée par la direction générale de la Sécurité civile en France[1].

Nouvel Aspivenin.

Histoire modifier

Le concept de l'Aspivenin est une invention du vingtième siècle imaginée par le français André Emerit et son fils. Ils présentent leur premier modèle au concours Lépine des inventions où l'Aspivenin est récompensé en 1983.

Description modifier

L'Aspivenin est un appareil composé d'une pompe à vide et de ventouses de dimensions et formes différentes. Le brevet décrit le mécanisme permettant de créer le vide en poussant le piston, rendant l’utilisation à une main possible.

La présentation habituelle est dans une boite contenant la pompe en forme de seringue, deux ventouses rondes de 10 et 22 mm de diamètre et une ventouse ovale.

Utilisation modifier

L'Aspivenin est utilisé en cas de piqures de guêpes, frelons, abeilles ou autres insectes.

Pour les piqûres de scorpions ainsi que pour aspirer les venins de poissons, de méduses ou de plantes urticantes, tout comme l'utilisation contre les morsures de serpent, l'Aspivenin n'a pas démontré d'efficacité et est même déconseillé. Il augmenterait la vascularisation localement et de fait la circulation du venin dans le sang. Or, c'est le pic plasmatique du venin qui est le danger, il ne dispense donc pas de la conduite à tenir habituellement en cas de morsure de serpent[pas clair].

Mode d'emploi modifier

Choisir une ventouse qui recouvre totalement la piqure, morsure ou autre blessure envenimée et la placer sur la pompe dont on tire le piston.

Poser sur la peau et repousser le piston, laisser aspirer durant 1 à 3 minutes.

Efficacité modifier

Selon le type d’animal, elle est variable.

L'efficacité de l'Aspivenin a été revendiquée par plusieurs auteurs, principalement au travers de travaux réalisés dans les années 80 et d'avis d'experts, [2][source insuffisante],[3],[4],[5],[6],[7] pour :

  • les morsures d’araignées ;
  • les morsures ou piqûres d’insectes ;
  • l’extraction des larves sous-cutanées des Œstres.

Toutefois, des travaux plus récents remettent en question l'efficacité objectivée dans la plupart des études ayant conclu à un effet bénéfique des pompes à venin[8].

Il n'existe par exemple pas de preuve à ce jour d'une utilité sur les morsures de serpent, plusieurs études ayant obtenu des résultats contradictoires sur des morsures simulées de crotale[9],[10],[11],[12],[13].

D'autre part, le principe physique d'aspiration du venin avancé par les fabricants et qui se baserait sur la formation d'un gradient de pression à la surface de la peau fait lui aussi l'objet d'une controverse. Lors d'une étude réalisée en 2004, lors de laquelle un venin factice marqué par un traceur radioactif est injecté chez des volontaires sains, l'utilisation de la pompe d'aspiration n'aurait pas permis d'aspirer le venin injecté. Le liquide observé refluant dans la pompe serait en réalité un mélange de liquide interstitiel et de sang[14].

Pour ces raisons, les techniques d'aspiration (p.ex. Aspivenin) sont fortement déconseillées par la direction générale de la sécurité civile en France ainsi que par la plupart des sociétés savantes en matière de premiers secours[1],[15],[16],[17].

Notes et références modifier

  1. a et b Le référentiel technique Premiers secours en équipe niveau 1 et niveau 2, édition de septembre 2014 p 181 indique : « Ne jamais pratiquer de techniques d’aspiration, qu’elles soient buccales ou à l’aide d’un appareil ».
  2. Étude menée par Dr J-P Dandeu en 1985 dans l'unité d'imuno-allergologie de l'institut pasteur, Paris, dirigée par Dr Bernard David
  3. Mode d'emploi de l'Aspivenin
  4. (en) Bronstein AC, Russell FE, Sullivan JB, Egen NB, Rumach. « Negative pressure suction in field treatment of rattlesnake bite » Vet Hum Toxicol. 1985;28:297.
  5. (en) Bronstein AC, Russell FE, Sullivan JB. « Negative pressure suction in the field treatment of rattlesnake bite victims » Vet Hum Toxicol. 1986;28:485.
  6. (en) JK West, « Simple and effective field extraction of human botfly, Dermatobia hominis, using a venom extractor », Wilderness Environ Med, vol. 24, no 1,‎ , p. 17-22. (PMID 23246347, DOI 10.1016/j.wem.2012.09.007) modifier
  7. rapport de mission de Pharmaciens sans frontière en Amazonie "témoignage sur l'utilisation de la pompe Aspivenin" menée entre novembre 1992 et février 1995.
  8. « "La pompe à venin, de la poudre aux yeux!" Article de vulgarisation offrant un bref résumé de la littérature sur le sujet. », (consulté le )
  9. (en) Bush SP, Hegewald KG, Green SM, Cardwell MD, Hayes WK, « Effects of a negative pressure venom extraction device (Extractor) on local tissue injury after artificial rattlesnake envenomation in a porcine model », Wilderness Environ Med, vol. 11, no 3,‎ , p. 180-8. (PMID 11055564) modifier
  10. protocole « morsure de serpent » sur www.protocoles-urgences.fr, 9 septembre 2008, consulté le 15 avril 2015.
  11. (en) Grayson RR. « A technic for using suction in cases of snake bite » Mo Med. 1953;50:763–764.
  12. (en) 1985 AACT/AAPCC/ABMT/CAPCC Annual Scientific meeting Kansas city Hyatt Regency Hotel (August 4-9 1985): « Negative pressure suction in field of treatment of rattlesnake bite »
  13. (en) Alberts MB, Shalit M, LoGalbo F, « Suction for venomous snakebite: a study of "mock venom" extraction in a human model », Ann Emerg Med, vol. 43, no 2,‎ , p. 181-6. (PMID 14747805) modifier
  14. Michael B. Alberts, Marc Shalit et Fred LoGalbo, « Suction for venomous snakebite: a study of "mock venom" extraction in a human model », Annals of Emergency Medicine, vol. 43, no 2,‎ , p. 181–186 (ISSN 1097-6760, PMID 14747805, DOI 10.1016/S0196064403008138, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Prof David Warrell, Guidelines for the management of snakebites, 2nd edition, OMS, , 144 p. (ISBN 978-92-9022-530-0, lire en ligne)
  16. (en) Jennifer Parker-Cote et William Meggs, « First Aid and Pre-Hospital Management of Venomous Snakebites », Tropical Medicine and Infectious Disease, vol. 3, no 2,‎ , p. 45 (ISSN 2414-6366, PMID 30274441, PMCID PMC6073535, DOI 10.3390/tropicalmed3020045, lire en ligne, consulté le )
  17. « Les morsures de vipère », sur Centre Antipoisons Belge (consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier