Astérix et le Griffon

album de bande dessinée

Astérix et le Griffon
39e album de la série Astérix
Logo de l'album.
Logo de l'album.

Scénario Jean-Yves Ferri
Dessin Didier Conrad
Couleurs Oui

Personnages principaux Astérix, Obélix
Lieu de l’action Chez les Sarmates
Époque de l’action Antiquité

Première publication
ISBN 978-2864973492
Nombre de pages 48
Albums de la série

Astérix et le Griffon est le trente-neuvième album de la bande dessinée Astérix, publié le , scénarisé par Jean-Yves Ferri et dessiné par Didier Conrad.

Résumé modifier

Les provinces romaines (en rose) et le territoire Barbaricum (en vert).
Un griffon.

À Rome, Jules César reçoit son géographe Terrinconus, qui lui parle du griffon, un animal mythique qui aurait été vu jadis par l'explorateur grec Trodéxès de Collagène dans le Barbaricum, territoire de l'est de l'Europe non occupé par les Romains. Pour appuyer ses dires, Terrinconus fait venir une prisonnière sarmate, amazone nommée Kalachnikovna, qui dit pouvoir les conduire au griffon. Tenté d'exhiber un tel animal dans le cirque de Rome afin d'accroître sa popularité, César envoie une expédition menée par Terrinconus.

Or quelques mois plus tard, Astérix, Obélix, Idéfix et Panoramix voyagent en traîneau dans la steppe enneigée, quelque part au pays des Sarmates. Se croyant perdus, mais finalement guidés par le loup Wolverine, ils arrivent chez Cékankondine, chaman sarmate et ami de Panoramix. Le chaman a appelé le druide gaulois par l'intermédiaire de rêves : il a eu la vision que les Romains approchaient en grand nombre pour s'emparer du griffon, animal sacré des Sarmates. Au même moment, l'expédition romaine arrive dans les steppes, menée par Terrinconus, le centurion Dansonjus et le venator Jolicursus, et deux Scythes servant de guides touristiques.

Les Gaulois visitent le village de Cékankondine, où vit une société matriarcale dont les femmes sont des guerrières amazones, tandis que les hommes restent à la maison et s'occupent des enfants. Idéfix disparaît pour aller courir avec une meute de loups, tandis que les femmes, menées par Maminovna, épouse de Cékankondine, reviennent au village en annonçant l'arrivée imminente des Romains en compagnie de leur prisonnière Kalachnikovna, qui s'avère être la nièce de Cékankondine. Astérix, Obélix et les guerrières décident de suivre les Romains, qui installent leur camp. Astérix s'aperçoit que sa potion magique a gelé dans sa gourde. Les deux Gaulois parlementent avec les Romains pour faire libérer Kalachnikovna, mais les Romains, qui apprennent par une gaffe d'Obélix que seul le chaman connaît le lieu où se trouve le griffon, exigent qu'on leur livre celui-ci en échange de l'amazone.

De retour au village, Cékankondine demande conseil aux esprits pendant la nuit grâce à son tambour, pendant que Panoramix essaie de refaire de la potion magique. Mais le lendemain, Cékankondine est allé se livrer aux Romains qui l'emmènent à la recherche du griffon, pendant que Kalachnikovna reste au camp sous surveillance, non sans provoquer des bagarres chez les légionnaires tous sous son charme.

Astérix, Obélix et les amazones suivent l'expédition romaine : ils tendent une embuscade aux Romains dans une cascade, puis surveillent leur camp et assomment la patrouille de nuit. Le lendemain, l'expédition repart, se perd dans un brouillard, la mer de nuages, où les amazones les assomment. Or la troupe romaine s'est scindée en deux : une partie de l'expédition est partie en avant, guidée par Cékankondine prisonnier, et elle arrive devant un relief glacé : le mur de glace, derrière lequel se trouve un territoire sacré, où aucun Sarmate ne peut pénétrer s'il n'est chaman. Seuls Astérix et Obélix peuvent donc continuer de poursuivre les Romains.

Ces derniers, ayant franchi le mur de glace, se retrouvent devant un lac gelé. Cékankondine mène prudemment les Romains au milieu du lac sur la glace, où ils découvrent enfin, sous leurs pieds, le griffon – qui s'avère être en réalité le corps d'un énorme dinosaure congelé au fond du lac. Le centurion Dansonjus, constatant que l'animal ne ressemble pas à un griffon, s'énerve et la glace se brise sous leurs pieds. Au même moment, Astérix et Obélix arrivent au lac, mais sont trop lourds pour la glace à présent fragilisée. Alors survient Idéfix avec sa meute de loups, qui mettent en fuite les Romains, tandis que le petit chien sauve Cékankondine. Le chaman explique à Astérix, qui découvre le dinosaure, qu'il y a longtemps un explorateur grec – Trodéxès de Collagène – était venu à cet endroit, avait appelé la créature « griffon », et avait rapporté aussi d'autres observations sur le mode de vie des Sarmates ; comme cela risquait de mettre en danger leur peuple, les chamans avaient décidé d'utiliser la peur du griffon pour décourager les intrus : ils ont construit le mythe du griffon à partir de cette créature congelée.

Cékankondine retrouve ensuite son épouse Maminovna et les amazones, et tous vont délivrer Kalachnikovna au camp romain : or celle-ci s'est déjà échappée en rendant fous les légionnaires amoureux d'elle. Tous reviennent au village sarmate, où un banquet est donné. Les Gaulois repartent chez eux, Obélix faisant ses adieux à Krakatovna, dont il semble être amoureux.

À Rome, César, qui n'a plus de nouvelles de l'expédition, ordonne de présenter au cirque une girafe.

De retour dans leur village, les Gaulois fêtent leur victoire autour d'un banquet, au cours duquel Idéfix hurle comme un loup, tandis qu'un hibou pleure.

Personnages principaux modifier

Analyse modifier

Contexte modifier

Albert Uderzo (1927-2020), créateur et dessinateur des 34 premiers albums d'Astérix.

Il s'agit du premier album publié après la mort d'Albert Uderzo en mars 2020. En guise de clin d'œil, les auteurs ont dessiné, dans la dernière case de l'album, un hibou qui part en pleurant. Albert Uderzo avait fait de même lors du décès de René Goscinny à la fin de l'album Astérix chez les Belges, où il avait dessiné un petit lapin qui partait en pleurant.

Selon la fille d'Uderzo, Sylvie, Uderzo avait examiné le scénario initial du livre et certains de ses premiers croquis, avant sa mort en mars 2020.

Personnages et clins d'œil modifier

Terrinconus, présenté comme le géographe de César, a les traits de l'écrivain français Michel Houellebecq[1], auteur notamment de La Carte et le Territoire dont le sujet est en lien avec la profession du personnage.

Les traits du centurion Dansonjus rappellent ceux de l'acteur américain Brian Dennehy[2] et ceux de l'avocat et homme politique Éric Dupond-Moretti. Le chasseur Jolicursus rappelle le politicien Christophe Castaner. Ferri explique qu'il s'agit d'un hasard. En réalité, Dansonjus est basé sur l'acteur américain Burt Young, qui joue Paulie Pennino dans la saga cinématographique Rocky[3].

On voit brièvement (planche 46) l'équipage des pirates : si pour une fois Baba n'y figure pas, on retrouve le pirate sans nom caricaturant Charles Aznavour, déjà vu dans le précédent album La Fille de Vercingétorix. Exceptionnellement les pirates ne sont pas attaqués par les Gaulois et jouissent d'une rare tranquillité.

Dans une planche non reprise dans l'album, Panoramix rêve de son ami chaman qui l'appelle à l'aide[4]. C'est un clin d'œil à l'album d'Hergé Tintin au Tibet, dans lequel Tintin fait un cauchemar dans lequel son ami Tchang, enseveli dans la neige, implore son aide.

Chez les Sarmates, les hommes ont des noms finissant en « -ine » (Cékankondine, Gasturbine, Kastachopine, Garozépine, Kolonarine, Barovolmatine, Klorokine, ainsi que le loup Wolferine), à l'instar de noms russes tels que Lénine, Staline, Poutine, Eltsine, Pouchkine, Raspoutine, etc. (ce qui fait rire Obélix qui considère qu'ils ont des « noms de filles », car chez les Gaulois, les noms en « -ine » sont féminins : Bonemine, Iélosubmarine, etc.) . Les femmes portent des noms finissant en « -ovna » (Kalachnikovna, Maminovna, Krakatovna, Lobotovna, Tripatovna), terminaison féminine typique de nombreux patronymes russes signifiant « fille de ». Astérix et Obélix ont déjà croisé deux Sarmates dans Astérix et la Transitalique, mais leurs noms se terminaient en « -ov » : Oliounidislov et Ogouguimov.

Les Sarmates s'expriment en écorchant les -e ; leurs phylactères comportant des Ǝ à la place de E, pour évoquer l'alphabet cyrillique.

Le nom du loup Wolferine rappelle le personnage Wolverine, super-héros de l'univers Marvel évoluant dans la saga X-Men . Bien que wolf se traduise par « loup » mammifère de la famille des canidés, un wolverine est un gulo gulo (glouton ou carcajou au canada) de la famille des mustélidés.

Lorsque les Gaulois visitent le village, ils croisent deux habitants semblant être les sosies sarmates d'Astérix et Obélix (planche 7) : un petit blond et moustachu, et un gros nommé Barovomaltine habillé presque comme Obélix, livreur de rondins. « Marrant ! Le petit, là, il me rappelle quelqu'un ! », se dit même Obélix sans pourtant réaliser.

Le nom du légionnaire Fakenius est une référence au phénomène des fake news (infox) et des théories du complot contemporaines : les allusions pessimistes qu'il fait se répandent « viralement » parmi les soldats, de sorte qu'ils se tournent vers le culte de Diane.

La statue taillée dans la glace par un légionnaire (planche 34) s'inspire de la Diane de Versailles.

Les Scythes s'expriment comme des guides touristiques, et leur nom est prétexte à des jeux de mots avec l'homophone "site" dans le sens de « site [Internet] » : « scythe bloqué », « je ne suis qu'un Scythe de rencontre », « restez bien en ligne ».

C'est la première fois que la potion magique n'est pas utilisée dans un album d'Astérix.

On ne voit les autres habitants du village gaulois que lors du banquet, dans la case finale.

La pandémie actuelle de COVID-19 au moment de la publication est évoquée à plusieurs reprises par les termes "(dé)confinement", "immunité", "distance".

Références culturelles modifier

Les Sarmates modifier

Carte de la Scythie en 100 av. J.-C.

Les Sarmates[5] sont un ancien peuple cavalier scythique de nomades de la steppe pontique, une vaste région naturelle qui avait pour limites : au nord des terres couvertes de forêts inconnues des Anciens, à l'ouest la Vistule qui cependant ne traçait pas une limite certaine entre les populations sarmates et germaniques (dont quelques-unes s'étendaient assez loin à l'est de ce fleuve), au sud le Pont-Euxin (la mer Noire, où ils étaient en contact avec les Grecs), et à l'est une limite variable fluctuant entre les fleuves Rá (Ρά, ancien nom de la Volga, ou Lycus selon certains auteurs antiques) et Daïkos (Δάικος, ancien nom de l'Oural)[6]. Leur territoire correspond donc à l'actuelle Ukraine et au sud-ouest de la Russie.

Les Sarmates appartiennent sur le plan ethno-linguistique au rameau iranien septentrional du grand ensemble indo-européen.

Dès Hérodote, les Sarmates sont associés à la légende des Amazones. Dans ses Histoires[7], il raconte que les Sarmates descendent d'Amazones qui se seraient accouplées avec des Scythes, peuple voisin[8]; cette légende s'inspire peut-être de la place des femmes sarmates de rang princier dans leur société : les fouilles de leurs tombes, richement décorées et dotées d'armes, corroborent cette idée pour les VIe et Ve siècles av. J.-C.[9].

Contrairement à la plupart des autres aventures de voyage d'Astérix et Obélix, cet album ne caricature pas les préjugés contre les hôtes : du fait qu'il y a peu de connaissances historiques sur les Sarmates, Jean-Yves Ferri a expliqué : «Cela m'a permis d'inventer un peu le peuple et le pays. J'ai pu le concevoir librement »[10].

Animaux légendaires, mythes, infox modifier

Astérix et le Griffon parodie et dénonce à la fois les superstitions, les légendes, les mythes et les infox (fake news). On le voit d'une part au travers des êtres mythologiques et autres divinités (sont ainsi cités griffon, hydre, chimère, harpie, sphinx, licorne, cyclope, calamar géant, sirène, géant Atlas, Méduse, Pégase, Diane). D'une autre part, on le remarque à propos des « légendes urbaines » (rebord d'une Terre plate, pays sombre où le jour ne dure qu'un instant, etc.), ou bien celles inventées de toutes pièces, comme celle du griffon, délibérément créée par les Sarmates pour protéger l'animal congelé dans le lac qu'ils vénèrent, à la suite de l'exploration du voyageur grec Trodéxès de Collagène qui est allé rapporter ses observations au monde occidental.

Au début de l'histoire, César déclare à Terrinconus que c'est sur la foi de ses dires qu'il explique dans sa Guerre des Gaules qu'il existe des licornes en Germanie, allusion à un passage du livre VI, où il décrit la faune de la forêt hercynienne (qu'il situe en Germanie)[11] :

« On y rencontre un bœuf, ayant la forme d'un cerf et portant au milieu du front, entre les oreilles, une seule corne, plus élevée et plus droite que les cornes qui nous sont connues. À son sommet, elle se partage en rameaux très tendus, semblables à des palmes. La femelle est de même nature que le mâle ; la forme et la grandeur de ses cornes sont les mêmes. »

Le dinosaure modifier

Le griffon de l'album est en réalité un styracosaure.

Le dinosaure congelé au fond du lac est un styracosaure (Styracosaurus albertensis), un cératopsien herbivore datant du Crétacé supérieur (Campanien) ; il est toutefois curieux de le trouver en Europe de l'Est chez les Sarmates, car les styracosaures vivaient habituellement en Amérique du Nord.

Chanson modifier

  • Viens voir les Phéniciens, voir les Égyptiens…, chanté par un pirate, parodiant la chanson Les Comédiens de Charles Aznavour.

Citations latines modifier

Accueil modifier

Accueil critique modifier

Astérix et le Griffon reçoit un accueil tantôt bon, tantôt mitigé. Dans Le Figaro, Olivier Delcroix qualifie le livre de décevant et d'ennuyeux, car « même la potion magique et la douce ironie de Goscinny et Uderzo sont figées » [12].

La critique de Marianne Myriam Perfetti se plaint qu'Astérix lui-même s'est effacé de l'action au profit de personnages secondaires : dans l'agitation, Astérix semble un peu délaissé, alors qu'Obélix se voit accorder plus d'espace pour se développer. Elle dit que le livre est « entièrement chanté sur l'air politiquement correct de l'époque » et est une « sorte de Tintin au Tibet sans yéti, et le minimum de combats » [13].

Le critique de la revue culturelle française en ligne Diakritik, Dominique Bry, se montre plus positif, louant l'album pour ses jeux de mots et ses commentaires sur l'actualité : infox, théories du complot, médias superficiels et condition des femmes. « Conrad et Ferri prouvent à juste titre que même sans potion magique et contre toute attente, le voyage continue », écrit Bry[14].

The Indian Express se plaint de l'omission « déroutante » de la page d'accroche, affirmant qu'une partie de l'histoire commence « plutôt brusquement, sans contexte réel », laissant les lecteurs perplexes[15], ce que Frédéric Potet du Monde qualifie au contraire élogieusement d'une des « audaces narratives » de la bande dessinée dans une critique qui juge que ce nouvel opus « contient tout ce qu'il faut d'action, d'humour et de clins d'œil », et donne un coup de chapeau au dessinateur Didier Conrad[16].

Ventes modifier

Cinq millions d'exemplaires (en 17 langues) de l'album ont été tirés par les Éditions Albert René[17], comme les deux précédents Astérix, La Fille de Vercingétorix (2019) et Astérix et la Transitalique (2017).

Notes et références modifier

  1. Louise Wessbecher, « Dans "Astérix et le Griffon", Michel Houellebecq a "inspiré" un personnage », sur HuffPost, (consulté le )
  2. Mutige Gallier und starke Frauen in „Asterix und der Greif“ www.wienerzeitung.at, 21. Oktober 2021
  3. Jérôme Lachasse, « "Astérix et le Griffon", une 39e aventure "plus réaliste et plus poétique" avec un twist », BFM TV,‎ (lire en ligne)
  4. « « Astérix et le Griffon » : 1,2 million d’exemplaires vendus pour le 39e album d’Astérix et Obélix en 2021 », Bulles de culture,‎ (lire en ligne)
  5. Félix Ansart, professeur d'histoire au Collège Royal de Saint-Louis, Essai de Géographie Historique ancienne, Paris, Mme Ve Maire-Nyon, quai Conti N° 15, , p. 427
  6. Claude Ptolémée, Géographie, livre 6, chap. 14, ed. Karl Friedrich August Nobbe et Karl Tauchnitz, Leipzig 1843, vol. 2, p. 122 [1] et John Watson McCrindle, Ancient India as Described by Ptolemy, ed. Thacker Spink, Bombay 1885, page 290 [2].
  7. Livre IV, à partir du chapitre CX (110) (lire en ligne)
  8. Pellegrin 2014, p. 1719.
  9. Véronique Schiltz, « Les Sarmates entre Rome et la Chine. Nouvelles perspectives », Comptes-rendus des séances de l'année... - Académie des inscriptions et belles-lettres, vol. 146, no 3,‎ , p. 845–887 (DOI 10.3406/crai.2002.22481, lire en ligne, consulté le )
  10. (de) dpa, « Keilerei in der Taiga: Asterix und Obelix schützen den Greif », Frankfurter Allgemeine Zeitung, (consulté le )
  11. Livre VI, chapitre XXVI (26) (lire en ligne)
  12. Olivier Delcroix, « Astérix et le Griffon, voyage au bout de l'ennui », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Myriam Perfetti, « Astérix et le griffon : ils sont mous, ces Gaulois ! », Marianne,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Dominique Bry, « Ferri et Conrad (Astérix et le Griffon) : Astérix et périples », Diacritik,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Nismish Dubey, « Asterix and the Griffin review: Pun-fun and great imagery add up to classic Asterix! », The Indian Express,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « Astérix sans potion magique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. « Astérix est de retour, et tout ne se passe pas comme prévu », sur lefigaro.fr, (consulté le )

Voir aussi modifier

Liens externes modifier

Articles connexes modifier