Bagadates Ier (de l'iranien ancien Baga-dāta, « donné par [le] dieu »)[3], aussi Bagdates ou Baydad, était un frataraka ou "Gardien du feu" , un gouverneur ou un sous-dynaste des Séleucides, régnant, après les conquêtes d'Alexandre, comme roi-prêtre à Istakhr autrefois le cœur fortifié des achéménides, sur le territoire du Fars. Il fut le premier satrape perse indigène à être nommé — ou tout au moins toléré — par les Séleucides[4], qui a occupé des postes administratifs de rang supérieur très proche du cercle gréco-macédonien qui était dirigé par les «Compagnons» et leurs héritiers[5]. Sur le revers de ses monnaies, Bagadatès est représenté debout devant un autel de feu zoroastrien, ou assis en majesté tenant un bâton d'autorité avec éventuellement une grenade dans sa main gauche (illustration ci-dessous).

Bagadates Ier (monnaie frappée vers 290-280 avant notre ère) porte la coiffe des satrapes, le kyrbasia[1], avec oreillettes fixes et un couvre-nuque[2].
Une autre monnaie de Bagadatès.

Bagadatès semble avoir affirmé son indépendance aux alentours de 280 avant notre ère, exploitant la tourmente qui a suivi la mort de Séleucos Ier Nicator. Pour Otto Mørkholm, « Il n'est guère surprenant que cette première réaction orientale à la domination macédonienne soit issue de Perse, la patrie des Achéménides[6]. » Le soulèvement contre le contrôle des Séleucides a été poursuivie par Oborzos, le fils de Bagadates[7], qui a insisté sur la continuité en reproduisant le type de monnaie créé par son père. Cependant, au cours du IIIe siècle av. J.-C. les Séleucides ont mis fin à la pseudo-indépendance des Perses du Fars; dans les années 220 avant notre ère, le satrape de l'endroit porte le nom grec d'Alexander et est un frère de Molon. Les Perses du Fars se sont finalement extrait du contrôle séleucide après la bataille de Magnésie en 190 avant notre ère.

Dans une inscription retrouvée à Amyzon en Carie, un autre Bagadates a été nommé neokoros du Temple d'Artémis de l'endroit en 321. Il est supposé que sa famille avait été des propriétaires terriens puissants dans la région avant les conquêtes d'Alexandre[8]. Le fils de ce Bagadates, Ariaramnēs[9], lui a succédé comme neokoros à Amyzon.

Notes et références

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  1. Otto Mørkholm, Early Hellenistic Coinage: From the Accession of Alexander to the Peace of Apamea, (Cambridge University Press), 1991, p. 73s.
  2. John Curtis, Nigel Tallis and Béatrice André-Salvini, Forgotten Empire: The World of Ancient Persia, 2005, fig. 454, p. 258-259 ; Tétradrachme en argent de Bagadates.
  3. Puisque l'équivalent grec serait Théodore, il est facile de comprendre qu'il y avait de nombreuses personnes qui portaient ce nom, le nom de celui qui apparaît brièvement dans la Guerre des Juifs de Flavius Josèphe est discuté par Tal Ilan et Jonathan J. Price, "Seven Onomastic Problems in Josephus' 'Bellum Judaicum'", The Jewish Quarterly Review New Series 84.2/3 (October 1993: 189-2), p. 196s.
  4. (en) (History of Iran) Jens Jacobson, "Seleucid Empire" 2004
  5. F. W. Walbank, The Hellenistic World (Harvard University Press) 1981: "The Seleucids and the East", passim.
  6. Otto Mørkholm, 1991, p. 74.
  7. L'historien Polyaenus rapporte un stratagème d'Oborzos contre les colons hellènes du Fars, relevé par Mørkholm, op.cit..
  8. Par exemple, dans Susan Sherwin-White et Amélie Kuhrt, From Samarkand to Sardis: A New Approach to the Seleucid Empire (London: Duckworth) 1993; voir aussi P. Briant, Les iraniens de l'Asie Mineure après la chute de l'empire achéménide, Dialogues de l'histoire ancienne,11, 1985, p. 195.
  9. Son nom rappelle Ariaramnès de Perse, oncle de Cyrus le Grand.