Belinda Cannone

romancière, essayiste et universitaire française

Belinda Cannone, née en Tunisie le , est une romancière et essayiste française.

Belinda Cannone
Rencontre lors de la nuit de la lecture 2020, autour de son livre "S'émerveiller", à la Médiathèque Olympe de Gouges à Strasbourg.
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (66 ans)
TunisieVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Autres informations
A travaillé pour
Directeur de thèse
Francis Claudon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique
Distinctions

En tant que maîtresse de conférences, elle a enseigné la littérature comparée à l'université Caen-Normandie de 1998 à 2020[1],[2].

Biographie

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Formation

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Belinda Cannone est docteure en littérature comparée de l'université de Bourgogne avec une thèse intitulée « Les hommes de lettres et la musique en France dans la seconde moitié du XVIIIe siècle[3],[4] », qu'elle reprend en partie pour la publication de Musique et littérature au XVIIIe siècle, dans la collection « Que sais-je ? » en 1998.

Carrière universitaire

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Maîtresse de conférences, elle enseigne neuf ans à l’université de Corse-Pascal-Paoli à Corte, et, de 1998 à 2020, à l’université Caen-Normandie.

Elle a publié plusieurs ouvrages sur les liens de la littérature avec la musique ainsi que des études littéraires, notamment sur le roman L'Œuvre d'Émile Zola.

Écriture

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En revues

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À partir des années 1990, elle écrit régulièrement des articles pour diverses revues, notamment Quai Voltaire Revue littéraire, Verso – Arts et lettres, L’Atelier du roman et Le Magazine littéraire.

Sa production romanesque s'amorce en 1990 avec Dernières promenades à Petrópolis, roman inaugural dans lequel elle pose, à partir du problématique suicide de l'écrivain autrichien Stefan Zweig, la question de « l’humanité en nous »[5] : « Nous ne sommes pas bornés à n’être que nous-mêmes au sens le plus étroit, car nous vivons à équidistance de nous-mêmes et des autres, et notre bonheur peut être compromis par le malheur du monde. »

En 1992, L'Île au nadir s’inspire lointainement de l’affaire Seznec pour s’interroger sur l’héritage et la transmission de l’opprobre.

Trois nuits d’un personnage, en 1994, met en scène le désir à travers un personnage de roman qui accède pour trois nuits à l’existence, désir de vivre et désir amoureux, comme énergie vitale et possibilité de la joie. Ce roman marque le début d’une utilisation accrue des moyens de la fable afin de restituer le monde contemporain dans ses réalités les plus directes. En 1998, Lent Delta, en imaginant le dernier jour d’une dame de 104 ans dans un univers d’anticipation, explore ce qu’il advient du désir de vivre à la fin de l’existence, dans ce moment du « passage » vers le delta de la vie.

En 2006, L'Homme qui jeûne, variation sur le désir dans la négativité, met en scène un homme qui dit non à la vie en se privant du minimum vital. En 2009, Entre les bruits explore, à partir de deux personnages hyperacousiques de naissance, notre situation dans un monde cacophonique, où les informations et la rumeur du monde nous assaillent[6].

À partir de l’année 2000, elle commence à écrire des essais. Dans L’Écriture du désir, l'auteure interroge à la fois le désir en général et son lien avec la pratique littéraire. Le Sentiment d’imposture est la première exploration d’un sentiment jusqu’alors non identifié bien que très partagé : le fantasme de n’être pas légitime à la place qu’on occupe[5].

Si La bêtise s’améliore, publié en 2007, explore les conformismes de la pensée contemporaine[7] et lance un appel à la réflexion comme moteur de la responsabilité intellectuelle. La Tentation de Pénélope, en 2010, lance plusieurs propositions pour renouveler le féminisme et sortir de la guerre des sexes, tout en s’interrogeant sur la féminité. Dans cet essai, elle témoigne d'un féminisme revisité, revendiquant l'héritage du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. Elle discute en particulier la notion de différence des sexes, soutient que, dans de nombreuses situations, le genre (homme/femme) est en suspens[8]. Elle affirme par ailleurs lors d'une matinale sur France Culture[réf. nécessaire] que l'avortement reste un droit fondamental des femmes.

En 2011, elle inaugure la collection « Pabloïd », chez Alma éditeur, avec Le Baiser peut-être, où elle décrit le baiser, qu'elle qualifie de « plus beau geste du désir », comme une célébration de l'altérité et la manifestation de l'inventivité amoureuse[9].

Tribune

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Écrivant depuis une vingtaine d'années sur le désir, elle est contactée en par Sarah Chiche pour signer la tribune sur la « liberté d'importuner », ce qu'elle refuse, ne souhaitant pas être associée aux discours de Catherine Millet et Catherine Robbe-Grillet[8]. Elle publie le même jour une autre tribune intitulée « Le jour où les femmes se sentiront autorisées à exprimer leur désir, elles ne seront plus des proies »[10]. Elle est proche des thèses défendues par Élisabeth Badinter et de la philosophie universaliste[8].

Décoration

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Commentaire

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Dans un entretien de [12], elle synthétise ainsi le fil rouge de son œuvre :

« ... nous ne sommes pas que des individus, chacun isolé dans son "moi", séparés. Nous vivons aussi à mi-distance entre "moi" et les autres, "moi" et le cosmos, de sorte que nous sommes constamment pris dans une relation avec eux. [...] Chaque fois, j’interroge notre nature d’êtres en relation. »

— Belinda Cannone

Œuvres

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Récits, poèmes, nouvelles

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Collaboration avec des plasticiens

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Esthétique et critique littéraire

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  • Philosophies de la musique, 1752-1789, Klincksieck, 1990 (ISBN 2-87841-050-5)
  • La Réception des opéras de Mozart, 1793-1829, Klincksieck, 1991 (ISBN 2-252-02800-9)
  • Musique et littérature au XVIIIe siècle, PUF, coll. « Que sais-je ? » no 3336, 1998 (ISBN 2-13-048884-6)
  • Narrations de la vie intérieure, PUF, coll. « Perspectives littéraires », 2001 (ISBN 2-13-052264-5)
  • "L'Œuvre" de Zola (étude critique), Gallimard, coll. « Foliothèque » no 104, 2002 (ISBN 2-07-041409-4)

Direction d'ouvrages

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Avec Christian Doumet :

  • Dictionnaire des mots manquants, éd. Thierry Marchaisse, 2016 (ISBN 978-2-36280-094-8)
  • Dictionnaire des mots en trop, éd. Thierry Marchaisse, 2017 (ISBN 978-2-36280-193-8)
  • Dictionnaire des mots parfaits, éd. Thierry Marchaisse, 2019

Références

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  1. Page personnelle de Belinda Cannone.
  2. « Conférence "Quel féminisme pour aujourd'hui ?" », sur Université de Caen-Normandie (consulté le ).
  3. (en) « Thèse en Histoire musicale : 18e siècle », sur diffusiontheses.fr.
  4. [http://www.sudoc.abes.fr/DB=2.1/SET=1/TTL=1/CMD?ACT=SRCHM&ACT0=SRCH&MATCFILTER=Y&MATCSET=Y&NOSCAN=Y&PARSE_MNEMONICS=N&PARSE_OPWORDS=N&PARSE_OLDSETS=N&IMPLAND=Y&IKT0=1004&TRM0=Belinda+Cannone&ACT1=*&IKT1=4&TRM1=&ACT2=*&IKT2=1016&TRM2=&ACT3=*&IKT3=1016&TRM3=&SRT=RLV&ADI_TAA=&ADI_LND=&ADI_JVU=&ADI_MAT=Y&ILN_DEP_BIB=DEP&NOT_USED_ADI_BIB=+&screen_mode=Recherche Thèse de Belinda Cannone sur le catalogue du Sudoc.
  5. a et b Catherine Vincent, « L’écrivaine Belinda Cannone, un bel appétit d’égalité », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  6. Raphaëlle Rérolle, « Belinda Cannone : "On entend trop" », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  7. Buata B. Malela, « De la bêtise et du conformisme comme forme de stéréotype dans la littérature de Belinda Cannone », dans d’Aleksandra Komandera, Andrzej Rabsztyn et Magdalena Zdrada-Cok (dir.), Stéréotypes, idées reçues et lieux communs dans les littératures d’expression française, Romanica Silesiana, no 2 (16), 2019, p. 262-272.
  8. a b et c Eve Beauvallet, « Belinda Cannone, précieuse pas ridicule », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. Cf. sur Alma éditeur.
  10. « Le jour où les femmes se sentiront autorisées à exprimer leur désir, elles ne seront plus des proies », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  11. « Portrait de la semaine : Belinda Canonne reçoit la Légion d'honneur ».
  12. « L’amour est bouleversé par la nouvelle place du désir dans nos existences », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. « Le Prix Psychologies-Fnac », Psychologies Magazine, no 336,‎ , p. 33.

Annexes

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Bibliographie

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Entretien

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  • Belinda Cannone dans la Revue critique de fixxion française contemporaine.

Liens externes

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