Bernardo Arévalo

homme politique, diplomate, sociologue et écrivain guatémaltèque

Bernardo Arévalo
Illustration.
Bernardo Arévalo en 2024.
Fonctions
Président de la république du Guatemala
En fonction depuis le
(3 mois et 8 jours)
Élection
Vice-président Karin Herrera
Gouvernement Arévalo
Prédécesseur Alejandro Giammattei
Secrétaire général de Semilla

(1 an, 6 mois et 6 jours)
Élection
Prédécesseur Samuel Pérez Álvarez
Successeur Abelardo Pinto
Député au Congrès du Guatemala

(4 ans)
Élection 16 juin 2019
Circonscription Liste nationale
Législature IXe
Groupe politique Semilla
Vice-ministre des Affaires étrangères

(1 an)
Président Ramiro de León Carpio
Biographie
Nom de naissance César Bernardo Arévalo de León
Date de naissance (65 ans)
Lieu de naissance Montevideo (Uruguay)
Nationalité Guatémaltèque
Parti politique Semilla (depuis 2017)
Père Juan José Arévalo
Diplômé de Université hébraïque de Jérusalem
Université d'Utrecht
Profession Diplomate
Sociologue

Bernardo Arévalo
Présidents de la république du Guatemala

César Bernardo Arévalo, né le à Montevideo, est un homme d'État, diplomate, sociologue et écrivain guatémaltèque. Fils de Juan José Arévalo, il est président de la république du Guatemala depuis le .

Biographie modifier

Origines modifier

Bernardo Arévalo est le fils de Juan José Arévalo, président de la république du Guatemala de 1945 à 1951, le premier élu démocratiquement, et de sa seconde épouse, Margarita de León[1]. Ses parents sont contraints à l’exil après le coup d’État organisé par la CIA en 1954. Pour cette raison, Bernardo Arevalo est né à Montevideo, en Uruguay[2]. Il a un fils, Timoteo Arévalo Ives.

Diplomate modifier

Il est vice-ministre des Affaires étrangères de 1994 à 1995 et ambassadeur du Guatemala en Espagne de 1995 à 1996[3].

Député au Congrès modifier

À partir de 2020, il est député au Congrès de la république du Guatemala[4].

Élection présidentielle de 2023 modifier

Candidat à l'élection présidentielle de 2023 pour le Mouvement Semilla, Bernardo Arévalo accède au second tour avec l'ancienne Première dame Sandra Torres (UNE)[5]. Sa qualification, alors qu'il était jusqu'alors très bas dans les sondages, est perçue comme une surprise et comme un vote de rejet de la classe politique[6],[7].

Sa naissance en Uruguay, et non au Guatemala, lui vaut de nombreuses attaques lors de la campagne[2].

Dans les jours qui suivent, neuf partis généralement classés à droite, dont celui de Torres et celui du président sortant, Vamos, réclament un nouveau scrutin sur la base d'allégations d'irrégularités en faveur de Bernardo Arévalo[8]. La Cour constitutionnelle ordonne alors au Tribunal suprême électoral de suspendre l'officialisation des résultats jusqu'à leur vérification[9]. Cette décision est notamment dénoncée par la Mission d'observation électorale au Guatemala, les États-Unis, l'Union européenne, l'Organisation des Nations unies et l'Organisation des États américains[9],[10],[11],[12]. Après deux semaines d'incertitude, la Cour suprême de justice rejette la demande des partis de candidats perdants[13].

Faisant fi d'une loi empêchant la suspension d'un parti durant le processus électoral, un tribunal pénal suspend ensuite la personnalité juridique de Semilla en invoquant des irrégularités dans la collecte de parrainages en mai 2022[14]. Face à la possible absence d'Arévalo au second tour, les partis d'opposition et des organisations de défense des droits de l'homme dénoncent un régime corrompu, dont le système de cooptation des candidats par l'oligarchie aurait été mis à mal par la candidature d'Arévalo[15]. À ces critiques s'ajoutent rapidement celles de l’Église catholique, des universités et des communautés autochtones. L'adversaire d'Arévalo, Sandra Torres, se joint elle-même aux critiques. Finalement, la Cour constitutionnelle permet la tenue du second tour[16],[17].

Le 20 août 2023, Bernardo Arevalo est élu président avec 60,9 % des suffrages exprimés. Il prendra ses fonctions le , avec Karin Herrera comme vice-présidente[18]. Son parti, Semilla, ne détient que 23 des 160 sièges au Parlement, ce qui nécessitera des négociations avec les partis traditionnels pour faire adopter des réformes. Alors qu'il ne peut par ailleurs s'appuyer sur un large mouvement social, plusieurs observateurs s'attendent à ce que sa présidence ne conduise qu'à des changements modérés[19].

Sa victoire, selon un quotidien guatémaltèque cité par Courrier international, fait « vaciller l’establishment hégémonique des réseaux politico-criminels » dans un pays considéré comme l’un des plus corrompus d’Amérique latine et gouverné durant des décennies par des conservateurs liés à de richissimes élites économiques[20].

Il est visé par deux projets d'assassinat, ce qu'ont confirmé plusieurs sources officielles. L’un d’eux, surnommé « plan Colosio », aurait été commandité par des agents de l’État qui ambitionnaient de l’éliminer avant le second tour. L'autre le visait ainsi que sa vice-présidente élue Karin Herrera : ils devaient être assassinés par les membres d’un gang criminel. La Commission interaméricaine des droits de l’homme a exigé du gouvernement guatémaltèque d’assurer la protection du duo élu. Dans ce contexte, Arévalo s’est abstenu d’apparaître en public et a annulé les célébrations prévues à la suite de son élection[21].

Il annonce à la mi-septembre son retrait du processus de transition pour protester contre la saisie d'urnes par des agents du ministère public. Ce dernier, qui a multiplié les tentatives d'entraves au processus électoral, prétend enquêter sur de possibles fraudes. « Il n’y a pas de transition possible lorsque nous devons passer dix-huit heures par jour à nous défendre des embuscades que nous tend l'appareil d'État. Lorsque les conditions seront réunies et qu’il y aura un message politique et judiciaire fort, nous reprendrons le dialogue » déclare Juan Guerrero, directeur juridique dans l'équipe de transition de Bernardo Arevalo, qui va jusqu'à dénoncer un « coup d'État en cours »[22].

Président de la République modifier

Prestation de serment de Bernardo Arévalo le 15 janvier 2024.

Le , le nouveau Congrès, issu des élections législatives du , doit tenir sa propre séance d'installation, mais une partie des députés sortants retardent intentionnellement celle-ci et par ricochet l'investiture du nouveau président qui devait commencer à 15 h[23]. Ces évènements ont pour effet de provoquer des manifestations de ses partisans aux abords du siège du Congrès à Guatemala[24]. Enfin, après une journée mouvementée, la séance d'investiture peut commencer peu avant minuit puis Bernardo Arévalo et Karin Herrera prêtent serment respectivement comme président et vice-présidente du Guatemala devant Samuel Pérez Álvarez, président du Congrès, dans le théâtre national Miguel Ángel Asturias le peu après minuit[25],[26].

Prises de position modifier

Bernardo Arévalo se définit comme social-démocrate. Il est opposé au mariage homosexuel et à l'avortement[27]. S'il est habituellement classé au centre gauche de l'échiquier politique, le magazine Marianne le décrit comme « un libéral modéré de centre droit attaché à réhabiliter l'état de droit »[28]. Il promet en particulier de lutter contre la corruption endémique au Guatemala.

Références modifier

  1. « Actas del Encuentro: Juan José Arévalo », Rafael Landívar University,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a et b « Au Guatemala, Bernardo Arevalo met fin à douze ans de domination de la droite », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « Bernardo Arevalo de León », International Peacebuilding Advisory Team,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « César Bernardo Arévalo De León », Congrès de la République du Guatemala,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Quiénes son Sandra Torres y Bernardo Arévalo, la eterna candidata y el aspirante sorpresa que se disputarán la presidencia de Guatemala », sur BBC News Mundo, (consulté le ).
  6. (es) « Quiénes son Sandra Torres y Bernardo Arévalo, la eterna candidata y el aspirante sorpresa que se disputarán la presidencia de Guatemala », sur BBC News Mundo, (consulté le ).
  7. (sv) « Arévalo Breaks into Presidential Runoff for Center-Left Surprise in Guatemala », sur elfaro.net (consulté le ).
  8. (es) Roger Zuzunaga Ruiz, « Por qué la Corte de Constitucionalidad de Guatemala ordenó no oficializar los resultados de las elecciones », El Comercio,‎ (ISSN 1605-3052, lire en ligne, consulté le )
  9. a et b (en) Sonia Pérez D., « Guatemala's high court steps into election, suspends release of official results », sur AP News, (consulté le )
  10. « Au Guatemala, le tribunal électoral suspend les résultats du premier tour de la présidentielle à la demande de la Cour constitutionnelle », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  11. (en) Deutsche Welle, « Guatemala election: Court orders probe after surprise result », sur dw.com, (consulté le )
  12. (es) Swiss Info, « Secretario General de la ONU sigue "con preocupación" la situación electoral en Guatemala », sur swissinfo.ch, (consulté le )
  13. (es) Miguel Barrientos Castañeda, « CSJ resuelve que TSE cumplió con lo ordenado por CC y podría darse la oficialización de resultados electorales », sur prensalibre.com, (consulté le )
  14. (es) Oscar García, « Juzgado ordena la suspensión de la personalidad jurídica del Movimiento Semilla », sur prensalibre.com, (consulté le )
  15. « Guatemala : la justice sème la confusion à un mois du second tour présidentiel », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  16. « Au Guatemala, les interférences du « pacte des corrompus » dans l’élection présidentielle », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. (en) Sofia Menchu, « Guatemala top court reverses ban on anti-graft presidential candidate », sur Reuters, (consulté le ).
  18. « Au Guatemala, Bernardo Arevalo, le candidat surprise de centre gauche, est élu président », sur Le Monde, (consulté le ).
  19. Samuel Ravier-Regnat, « Elections au Guatemala : un candidat de centre gauche crée la surprise sur fond de rejet de la corruption », sur Libération (consulté le )
  20. « Politique. Bernardo Arévalo investi président du Guatemala malgré bien des persécutions judiciaires », sur Courrier international, (consulté le )
  21. « Guatemala: le président élu Bernardo Arévalo visé par plusieurs projets d'attentats », sur RFI, (consulté le )
  22. « Au Guatemala, le président élu Bernardo Arevalo dénonce un « coup d’Etat en cours » pour l’empêcher d’accéder au pouvoir », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. (es) « Congreso retrasa investidura de Bernardo Arévalo de León – DW – 15/01/2024 », sur dw.com (consulté le ).
  24. « Au Guatemala, l’investiture du président élu Bernardo Arévalo retardée », sur France 24, (consulté le ).
  25. APN, « Bernardo Arévalo sworn in as Guatemala’s president despite months of efforts to derail inauguration », .
  26. « Au Guatemala, le progressiste Bernardo Arevalo investi président au terme d’une journée pleine de tensions », Le Monde, .
  27. « Présidentielle au Guatemala : deux sociaux-démocrates s'affronteront au second tour », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  28. Mikaël Faujour, « Élections au Guatemala : après la voyoucratie et l'extrême droite, l'espoir ou le narco-État ? », sur marianne.net, (consulté le ).

Liens externes modifier

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