Le Boston Naming Test (BNT) mis au point en 1983 par Edith Kaplan, Harold Goodglass et Sandra Weintraub sert à mesurer la récupération de mot chez les personnes atteintes de troubles du langage et notamment d'aphasies[1],[2]. Au départ le Boston Naming Test est un subtest du Boston Diagnostic Aphasia Examination (BDAE), cette épreuve fut érigée en test neuropsychologique en 1983[1] lorsque les auteurs du BDAE se sont aperçus de sa validité, de son efficacité, et de sa fiabilité interne.

Le Boston Naming Test est utilisé à travers le monde, il en existe une version hispanophone[3],[4],lusophone[5], française[6], flamande[7], suédoise[8], coréenne[9], et japonaise[10].

Passation modifier

On présente au patient 60 images. Celui-ci a pour consignes de donner le nom de chaque image. Il faut environ 20 secondes pour répondre à chaque item.
La difficulté des images à dénommer est progressive. Moins un objet est fréquent et plus l'item à dénommer est difficile.

À moins que le patient soit en détresse ou refuse de continuer, il doit nommer les 60 items du Boston Naming Test.

Si le patient ne parvient pas à donner la bonne réponse, l'examinateur peut donner au patient une information phonologique, à savoir le son initial du mot cible.

Les réponses sont ensuite notées, permettant ainsi une évaluation[11].

Aspects neurologiques modifier

Dénommer une image demande la mise en place de multiples processus cognitifs. Dans un premier temps, il faut une perception visuelle de l'image, puis la reconnaitre implique le lexique sémantique ensuite dénommer une image nécessite un acte moteur qui est la prononciation du mot qui convient[12].

L'habilité à retrouver le nom associé à l'objet nécessite l'activation des zones postéro-latérales du lobe temporal gauche ainsi que la partie antérieure du cortex temporal[13]. La performance au Boston Naming Test est associée à l'activation du réseau neuronal de l'hémisphère gauche et plus particulièrement celle du gyrus temporal moyen, du gyrus temporal supérieur et sa substance blanche ; l'activation se diffuserait ensuite vers la partie inférieure gauche du cortex pariétal[13].

D'autres études impliquant une imagerie cérébrale plus récente notamment l'imagerie de tenseur de diffusion montrent une corrélation négative forte avec la substance blanche de la partie inférieure du lobe temporal gauche et droit[14].

Ainsi les personnes âgées conservent de bonnes capacités de dénomination des images en utilisant les régions du la zone périsilvienne du cortex de l'hémisphère droit et les régions du milieu du cortex frontal droit en lien avec les régions du l’hémisphère gauche qui leur sont respectivement associées[14].

Par ailleurs, en fonction du type de mot à dénommer les zones du cerveau impliquées diffèrent. Des chercheurs ont remarqué, à l'aide des images données par une IRM, que des lésions du pole temporal gauche du cortex entravaient la dénomination des visages. De même, une lésion dans le cortex temporal antéro-inférieur empêche la dénomination des animaux. Une destruction du cortex temporo-occipito-pariétal gêne les capacités à dénommer les outils[15].

Notes et références modifier

  1. a et b (en) E. Kaplan, H. Goodglass et S. Weintraub, Boston Naming Test, Lea & Febiger,
  2. (en) C. M. del Toro, L.P. Bisclick, M. Comer, C. Velozo, S. Romero, L.J. Gonzalez Rothi et D.L. Kendall, « Development of a Short Form of the Boston Naming Test for Individuals with Aphasia », Journal of Speech, Language, and Hearing Research, vol. 54, no 4,‎ , p. 1089–100.
  3. (en) D. Jahn, C. Mauer, C. Menon, M. Edwards, J. Dressel et S. O’Bryant, « A brief Spanish―English equivalent version of the Boston Naming Test: A Project FRONTIER Study », Journal Of Clinical And Experimental Neuropsychology, vol. 35, no 8,‎ , p. 835-845
  4. (en) F. Aranciva, M. Casals-Coll, G. Sanchez-Benavides, M. Quintana, R. Manero, T. Rognoni et J. Pena-Casanova, « Spanish normative studies in a young adult population (NEURONORMA young adults Project): norms for the Boston Naming Test and the Token Test. Neurología », Neurologia, vol. 27, no 7,‎ , p. 394-399
  5. (en) E. Miotto, J. Sato, M. Lucia, C. Camargo et M. Scaff, « Development of an adapted version of the Boston Naming Test for Portuguese speakers », Revista Brasileira De Psiquiatria, vol. 32, no 3,‎ , p. 279-282
  6. F. Thuillard Colombo et G. Assal, « Adaptation française du test de dénomination de Boston. Versions abrégées », European Review Of Applied Psychology, vol. 42, no 1,‎ , p. 67-73
  7. (en) G. Storms, J. Saerens et P. De Deyen, « Normative data for the Boston Naming Test in native Dutch-speaking Belgian children and the relation with intelligence », Brain And Language, vol. 91, no 3,‎ , p. 274-281
  8. (en) I. Tallberg, « The Boston Naming Test in Swedish: Normative data », Brain And Language, vol. 94, no 1,‎ , p. 19-31
  9. (en) H. Kim et D. Na, « Normative data on the Korean version of the Boston Naming Test », Journal Of Clinical And Experimental Neuropsychology, vol. 21, no 1,‎ , p. 127-133
  10. (ja) N. Tatsuta, K. Nakai, K. Suzuki, N. Kurokawa, T. Hosokawa et H. Satoh, « Normative study of the Boston naming test in 7-year-old Japanese children », Nihon Eiseigaku Zasshi, vol. 68, no 3,‎ , p. 189-196
  11. (en) Linda E. Nicholas, Robert H. Brookshire, Donald L. Maclennan, James G. Schumacher et Shirley A. Porrazzo, « The Boston Naming Test: Revised Administration and Scoring Procedures and Normative Information for Non-Brain-Damaged Adults », Aphasiology, vol. 3, no 6,‎ , p. 569-580
  12. Benson F. Neurologic correlates of anomia. In: Whitaker H, Whitaker HA, editors. Studies in Neurolinguistics. Academic Press; 1979.
  13. a et b (en) Juliana V. Baldo, Anali Arévalo, Janet P. Patterson et Nina F; Dronkers, « Grey and white matter correlates of picture naming: Evidence from a voxel-based lesion analysis of the Boston Naming Test. », Cortex, vol. 49, no 3,‎ , p. 658-667 (lire en ligne)
  14. a et b (en) L. K. Obler, E. Rykhleskaia, D. Schnyer, M. R. Clark-Cotton, A. Spiro, J. Hyun et M. L. Albert, « Bilateral Brain Regions Associated with Naming in Older Adults. », Brain And Language, vol. 113, no 3,‎ , p. 113-123
  15. (en) A. E. Hillis, J. T. Kleinman, M. Newhart, J. Heidler-Gary, R. Gottesman, P. B. Barker et all., « Restoring cerebral blood flow reveals neural regions critical for naming », Journal of Neuroscience, vol. 26, no 31,‎ , p. 8069–8073 (lire en ligne).