La cénesthésie, ou cœnesthésie[1], est un sentiment vague que nous avons de notre être – voire notre corps – indépendamment du concours des sens comme la fatigue ou le bien-être ; ou un même sentiment que nous avons de notre existence grâce à la sensibilité organique vague et faiblement consciente à l’état normal, qui dérive de tous nos organes et tissus, y compris les organes des sens comme la faim et l’excitation sexuelle (Deny, Camus, Dupré)[2],[3].

Troubles et symptomatologie modifier

La cénesthésie peut être troublée par des illusions maladives comme l'hypocondrie, ou bien au cours de la dépression ou par des hallucinations comme dans certains états de stress post-traumatique, de schizophrénie, etc. Dans les états de stress post-traumatique, on parle par exemple « d'hallucinations cénésthésiques » pour désigner le sentiment ou la sensation qu'ont certains patients ayant été victimes de maltraitances physiques plus jeunes de subir de nouveau une agression physique sur leur peau ou dans leur corps bien qu'étant parfaitement en sécurité au moment de la sensation.

Ces tableaux d’origine psychique sont parfois compliqués par la personnalité.

Les troubles cénesthésique doivent être distingués de la dysesthésie qui est causée par des troubles physiques ou organiques plus simples[4].

Histoire modifier

Ces troubles ont été d’abord décrits par Deny et Camus en 1905. Ces auteurs ont dénommé ces troubles par le terme de cénestopathie. Ernest Dupré (1862-1921) et Paul Camus (1877-?) en 1907 parle de cénestopathie en expliquant ces troubles de la sensibilité interne ou commune par analogie aux hallucinations sensorielles. Pierre Bonnier (1861-1918) a proposé le terme d’aschématie en 1905 pour la cénestopathie[2]. En France les vitalistes ont contribué à la propagation du terme de cénesthésie. Dupré, dans ses conférences de Polyclinique psychiatrie de l'Infirmerie spéciale[5], puis, en août 1907, au congrès de Genève–Lausanne, avec Paul Camus[6],[7], propose de désigner sous le terme de cénestopathies certains troubles de la sensibilité[8]. Dans les années 1910, d'autres cas semblables ont été publiés à la Société de Psychiatrie, par Blondel et P. Camus[9], par P. Camus[10], par Dupré avec Mme Long-Landry[11], Gaston Maillard[12] reprenant, dans son rapport, la question des douleurs psychopathiques, distingue celui-ci en pithiatiqus, paranoïaques, hallucinatoires et cénestopathiques[8].

En France les vitalistes ont contribué à la propagation du terme de cénesthésie.

Notes et références modifier

  1. Du grec ancien ϰοινὴ αἴσθησις (koinê aisthêsis), « sensibilité commune ».
  2. a et b Garnier, Marcel: Dictionnaire des Termes techniques de Médecine. Lib. Maloine, Paris, 18e éd. revue 1965, mots vedette (a) „cénesthesie“: page 171; (b) „cénesthésiopathie“ et „cénestopathie“: page 172
  3. Peters, Uwe Henrik: Wörterbuch der Psychiatrie und medizinischen Psychologie. Urban & Schwarzenberg, München 31984; mots vedettes „Zönästhesie“: page 626; „Vitale Leibempfindungen“, „Vitalgefühle“: page 606
  4. Gruhle, Hans Walter: Verstehende Psychologie. Erlebnislehre. Georg Thieme, Stuttgart 21956; mot vedette „Gemeinempfindungen“: pages 39, 42 f., 208, 211
  5. Dupré E., « Les Psychoses hallucinatoires chroniques », Bulletin Médical,‎
  6. E. Dupré et P. Camus, « Les cénestopathies », Bulletin Médical,‎ , p. 713–714
  7. E. Dupré et P. Camus, « Les cénestopathies », L'Encéphale,‎ , p. 616–631
  8. a et b Dupré E., Pathologie de l'imagination et de l'émotivité, Paris, , 503 p. (OCLC 459305905, lire en ligne), chap. IV (« Les Cénestopathies »), p. 291
  9. Blondel Ch. et Camus P., « Cénestopathie encéphalique », Société de Psychiâtrie,‎
  10. Camus P., « Cénestopathie et Psychose périodique », Société de Psychiâtrie,‎
  11. Dupré E. et Long-Landry, « Cénestopathies », Société de Psychiâtrie,‎
  12. Maillard G., « Des différentes espèces de douleurs psychopathiques (leur signification, leur rôle) », Corigrès des Aliénistes, Paris,‎ (lire en ligne)

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier