Chamil Bassaïev
Chamil Salmanovitch Bassaïev (en russe : Шамиль Салманович Басаев), né le près de Vedeno (en), en Tchétchénie, et mort le près d'Ekajevo (en), en Ingouchie, était le commandant d'un groupe d'indépendantistes tchétchènes, se disant moudjahid. Son groupe armé agissait en Russie, généralement dans le nord du Caucase, principalement en Tchétchénie et a revendiqué de nombreuses actions terroristes.
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Chamil Salmanovitch Bassaïev |
Surnom |
Аbdallah Chamil Abou-Idris |
Nationalité | |
Allégeance | |
Formation |
State University of Land Use Planning (en) (- |
Activités |
Militaire, seigneur de guerre |
Période d'activité |
À partir de |
Famille |
Chirvani Bassaïev (ru) (frère) |
Fratrie |
Shirvani Basayev (d) |
Religion | |
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Parti politique | |
Idéologie | |
Arme |
Forces aériennes soviétiques (1983-1985) Forces armées de la république tchétchène d'Itchkérie (1991-2006) Forces terrestres d'Abkhazie (1992-1993) |
Conflit | |
Équipe | |
Grade |
Général de brigade (promu généralissime à titre posthume) |
Distinction |
Biographie
modifierRenvoyé d'une université technique de Moscou en 1988 pour résultats insuffisants en mathématiques (ou absentéisme selon une autre version), Chamil Bassaïev avait profité de la perestroïka pour se lancer dans la vente d'ordinateurs avant de se consacrer à l'étude des sciences religieuses à l'Institut islamique d'Istanbul.
Au début de 1991, il rejoint les forces de la Confédération des peuples des montagnes du Nord-Caucase. Lors du putsch de Moscou, il prend partie pour la RSFS de Russie, défendant le siège de son gouvernement, car il pense qu'une victoire du Comité d'État sur l'état d'urgence risquerait de compromettre les chances de la Tchétchénie d'accéder à l'indépendance. En , il annonce sa candidature à l'élection présidentielle tchétchène (ru). Le , pour protester contre la tentative du gouvernement fédéral d'introduire l'état d'urgence en Tchétchénie-Ingouchie, il détourne un Tu-154 de la compagnie Aeroflot vers la Turquie. Une fois arrivé à Ankara, il fait une conférence de presse dans l'avion avant de libérer les 178 otages présents à bord et de se rendre aux autorités turques avec ses deux complices (Saïd-Ali Satouïev et Lom-Ali Tchatchaïev). Les trois hommes sont par la suite expulsés vers la Tchétchénie.
En 1992, Chamil Bassaïev est nommé au poste de commandant des troupes de la Confédération des peuples du Caucase. À partir d'août 1992, il participe activement aux hostilités en Géorgie, aux côtés des séparatistes abkhazes pro-russes en participant entre autres à la bataille de Gagra. Il devient un vice-ministre de la défense d'Abkhazie, exerçant les fonctions de commandant du front de Gagra et de vice-ministre abkhaze de la Défense. Il commande également un détachement de volontaires dénommé par la suite Bataillon abkhaze[1].
Il se radicalise progressivement après la première guerre russo-tchétchène (1994-96). Selon ses dires, lui et ses hommes ont fait trois stages en Afghanistan.
Il organise et revendique les prises d'otages sanglantes de civils à Boudionnovsk (, 150 morts) et à Beslan en Ossétie du Nord (), Chamil Bassaïev fut considéré par les autorités russes comme le « terroriste numéro un »[1] dans le pays. Il est aussi accusé par ces dernières d'avoir orchestré des attentats à Moscou et à Volgodonsk en [2]. À l'élection présidentielle tchétchène de janvier 1997 (en), il obtient 23 % des voix face au modéré Aslan Maskhadov, qui les remporte avec plus de 59 % des voix[3]. Bassaïev a reconnu avoir reçu de l'argent venant des milieux d'affaires de Moscou, en particulier de l'oligarque Boris Berezovski, financier proche de Boris Eltsine[4],[5]. Avec son allié, le Saoudien Khattab, il fait une intrusion armée dans le Daghestan voisin de la Tchétchénie à partir du en vue d'y instaurer un État islamique[6]. Sa tête est alors mise à prix par le Kremlin.
Le , la chaîne britannique Channel 4 diffuse un entretien avec Bassaïev, que les autorités russes tentent de faire interdire. Un nouvel entretien avec le journaliste Andreï Babitski est diffusé sur la chaîne américaine ABC en , suscitant la colère de Moscou[7]. Bassaïev aurait apparemment été convaincu, peu de temps avant sa mort, par le « président de l'Itchkérie », Abdoul-Khalim Saïdoullaïev, le successeur d'Aslan Maskhadov, de renoncer aux actes contre les civils[8].
Bassaïev a été tué dans l'explosion d'un camion piégé avec d'autres camarades en Ingouchie, dans le Caucase russe, dans la nuit du au . Sa tête avait été mise à prix à 10 millions de dollars par les autorités russes[9]. Les indépendantistes ont confirmé sa mort, tout en affirmant qu'elle avait été provoquée par une explosion accidentelle, et non par une opération spéciale du FSB selon la version officielle russe[10]. Avec Dokou Oumarov, « président de l'Itchkérie » depuis la mort d'Abdoul-Khalim Saïdoullaïev, Chamil Bassaïev était le dernier chef de guerre à combattre depuis la première guerre russo-tchétchène[11]. Contrairement aux autres chefs séparatistes tués (Saïdoullaïev, Maskhadov etc.), son cadavre n'a pas été montré à la télévision d'État russe, pratique pourtant en vigueur depuis la disparition de Djokhar Doudaïev, l'ex-général de l'armée soviétique qui avait proclamé l'indépendance tchétchène en 1991.
Notes et références
modifier- « Chamil Bassaïev: biographie d'un chef terroriste », sur RIA Novosti, (consulté le ).
- (en) « Chechen 'claims Beslan attack' », CNN, .
- "Tchétchénie, Maskhadov a été tué", L'Humanité du 9 mars 2005
- « "Rencontre avec Mayerberk Vatchaguaïev, représentant officiel de la Tchétchénie à Moscou" », L'Humanité, .
- « "Pourquoi Moscou relance la guerre de Tchétchénie" », Le Monde diplomatique, .
- « "La Russie s'enlise en Tchétchénie" », Le Monde diplomatique, .
- "Une interview de Chamil Bassaïev provoque l'ire de Moscou", Le Monde du 29 juillet 2005
- « "Le chef de la rébellion indépendantiste tchétchène tué" », Le Figaro, .
- « "Moscou annonce la mort de Bassaïev" », RFI,
- « "Le chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev a été tué" », sur Caucase.com.
- Laurent Vinatier de l'Institut d'études politiques de Paris, « "Dokou Oumarov, portrait d’une succession tchétchène sans enjeu" », sur Caucase.com, .