Charles Blanche

architecte français

Charles Victor Blanche est un architecte français né le à Paris et mort le à Blesmes[1],[2].

Charles Blanche
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 73 ans)
Blesmes
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Blanche (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Famille
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Distinctions

Biographie

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Formation

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Il fut l'élève de Gustave Raulin à l'école des Beaux-Arts de Paris (diplômé en 1891)[2], sans doute aux côtés d'Hector Guimard, avec qui il collabora par la suite[3].

Il a réalisé plus de 130 immeubles[2] à Paris, plusieurs hôtels particuliers et a participé à la reconstitution du temple d'Angkor. Son style mêle plusieurs influences (Art nouveau, Art déco)[4].

Bow-windows

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Au début de sa carrière, vers 1895-1910, il réalise plusieurs immeubles caractérisé par la présence d'ensembles de bow-windows (ou « oriel ») supportés par des « potelets de fonte armée passant devant la fenêtre du premier étage »[5]

À partir des années 1880, l'architecture parisienne prend en effet très progressivement ses distances avec la rigueur des règles haussmanniennes. L'immeuble tend à s'individualiser par rapport à ses voisins. Charles Blanche s'inscrit dans ces évolutions d'abord timides et discrètes qui tendent à onduler de plus en plus les façades des immeubles, en les ornant de bow-windows, et ce dès ses premières réalisations. Ces grandes baies vitrées construites en saillie sont lointainement héritées des encorbellements et autres échauguettes qui étaient utilisés comme des éléments défensifs dans l'architecture gothique. Elles sont remises à l'honneur par l'architecture pittoresque anglaise et apparaissent à Paris sous le Second Empire à travers les grands hôtels aristocratiques et leurs jardins d'hiver. Sous Haussmann, la construction d'éléments en saillie est interdite, et les bow-windows font d'abord leur apparition sous la forme de structures en métal ou en bois censées pouvoir être démontées. Mais le règlement d'urbanisme de 1893 les autorise et la pierre fait ainsi son apparition[6].

Entre 1895 et 1900, Charles Blanche réalise ses premiers immeubles avec bow-windows. Malgré le nouveau règlement d'urbanisme, il continue d'utiliser le bois pour la structure des baies, ce qui garantit une surface vitrée plus grande que si celle-ci était en pierre. Dès 1895, les bow-windows du 71, boulevard Ornano prennent une forme en demi-hexagone avec des ornements en brique, qu'il réemploiera ensuite de nombreuses fois.

À partir de 1900 et de l'immeuble du 102, rue de Belleville, il remplace les consoles en pierre qui soutiennent les baies au premier étage, par des potelets en fonte qu’il semble avoir lui-même élaborés. Dans sa « Causerie », publiée dans la revue L'Architecture (1906), Louis-Charles Boileau s'en fait l'écho en évoquant deux immeubles quasiment identiques, le 109, rue de Sèvres et le 210, rue du Faubourg Saint-Denis, tous deux construits en 1901 pour le compte du même propriétaire : « Le fragment de la vue générale de l'édifice et les détails que je tiens de l'obligeance de l'architecte, M. Blanche, indiquent bien le but de l'objet. Soit une vitrerie en avancée sur un plan de demi-hexagone amorcée à l'entresol par un même motif de moindre saillie. Celui-ci comporte des montants d'angle en fer industriel agrémentés par des expressions décoratives de même nature »[7]. Louis-Charles Boileau remarque que le plan des appartements apparaît en regardant la façade, à savoir un balcon pour le salon et un « window » pour la salle à manger, et souligne « l'ingéniosité » de cette construction, qui mérite qu'il « perde volontiers quelques minutes à savourer le charme de cette œuvre d'art ».

Blanche fournit au journaliste le dessin de ces supports métalliques qui soutiennent les bow-windows, qu'il a utilisé dans la construction de plusieurs immeubles. L'usage du métal est plutôt rare sur les façades des immeubles privés et ce type de supports métalliques pour soutenir les encorbellements semblent avoir été conçus par Blanche lui-même. En effet, certes Viollet-le-Duc dans son célèbre dessin d'une "Maison de fer" avait promu l'usage du métal pour les façades des habitations privées[8], mais c'est plutôt l'architecture publique, industrielle et commerciale qui l'utilisera (Halles de Baltard, Magasin 2 de la Samaritaine par Jourdain, etc.). On peut toutefois noter l'exemple de la Cité Argentine de Sauvage (1904). En Belgique l'usage du métal, notamment pour les supports des bow-windows, est en revanche plus répandu (voir par exemple les réalisations de Victor Horta telle la Maison Horta, construite entre 1898 et 1901).

Dans l'article cité ci-dessus, le journaliste compare les bow-windows à un immeuble construit par Emmanuel Brun (1864-1948, élève de Julien Guadet) au 1, rue Rousselet, construit en 1905, dans lequel on retrouve en effet les mêmes bow-windows en demi-hexagone, avec un motif en brique et des ferronneries similaires, mais avec support en pierre. L'immeuble du 1, rue Rousselet est constitué de petits appartements et est destiné à des revenus plus modestes[9]. On retrouve la même structure au 6, rue Louis-Morard (1908), mais les supports ont été remplacés par un petit bow-window au premier étage. Né en 1864, un an après Charles Blanche, et entré à l’École des Beaux-Arts en 1883, un an après Blanche, Emmanuel Brun s'inscrit dans le courant Art nouveau et dans la filiation d'Hector Guimard, dont il a réemployé les céramiques dans ses réalisations[10].

Hôtel Nozal

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Hôtel Nozal.

En 1911, Charles Blanche construit l’hôtel Nozal, situé au 17-21, quai Louis-Blériot, commandé par l'industriel Léon Nozal, ami et mécène d'Hector Guimard, pour son frère le peintre Alexandre Nozal[11]. Il reprend certains éléments du Guimard des débuts, de l'hôtel Roszé (1891) et de l'hôtel Jassedé (1893, voir l'usage de la brique, les fenêtres éclairant l'escalier). D'inspiration néo-gothique, il s'inscrit dans ce courant « caractérisé par le goût de la maçonnerie rustique, de la polychromie résultant de l'assortiment de matériaux divers (brique, pierre, bois, poutrelles de fer), par la recherche pittoresque dans la variété morphologique des ouvertures répondant à la donnée fonctionnelle »[12]. Son originalité réside surtout dans « l'arrondi de la "proue" de l'édifice, orientée au sud-ouest, dominée par une vaste loggia en surplomb à doubles colonnettes, dont la rotonde abritait l'atelier d'Alexandre Nozal »[13].

Alexandre Nozal - Le Pont de Grenelle, vu de l'atelier de l'artiste au premier étage de l'hôtel Nozal.

L'hôtel Nozal est cité dans les Maisons les plus remarquables construites à Paris de 1905 à 1914, ouvrage dans lequel sont publiés les plans[14].

Grâce à l'installation d'un ascenseur, l'ordre classique des pièces est inversé : les chambres se trouvent au premier étage, tandis que l'atelier et les pièces de réception se trouvent au deuxième étage[15].

En 1899, déjà pour le compte de Léon Nozal, Charles Blanche avait mis en œuvre l'agrandissement des magasins Nozal du quai de Passy ; en 1911, il conçoit un projet de reconstruction du siège, jamais réalisé[3]. L'ensemble, qui était situé en contrebas du lieu choisi pour construire la Maison de la Radio, a sans doute été détruit au moment de la construction des voies sur berge.

Le temple d'Angkor

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En 1925, Charles Blanche est chargé de l'exécution du Pavillon de l'Asie française, dessiné par Auguste Delaval[16].

Pavillon de l'Asie Française, exposition internationale des Arts décoratifs, 1925.
Charles et Gabriel Blanche, architectes de la reconstitution d'Angkor Vat.

À la suite de cette première expérience il est chargé de l'ensemble de la section de l'Indochine pour l'Exposition coloniale internationale de 1931 et se fait assister par son fils. Il s'occupe de la construction de plusieurs pavillons et, surtout, de la reconstitution, à l'échelle, du temple d'Angkor Vat. Ce derner est le "clou" de l'Exposition, et "une des causes triomphales de sa réussite", comme le remarque le journaliste de La Croix[17]. Sa façade s'étend sur 114 mètres de large et 57 mètres de haut. Sur une structure en bois sont accrochés des milliers de "moulures" en staff, réalisés notamment à partir de moulages réalisés sur place, puis reproduits et patinés. L'édifice abrite derrières sa façade un musée sur plusieurs niveaux et est éclairé la nuit. Beaucoup d'articles sont consacrés à cette reconstitution, tant dans la presse professionnelle (La Construction moderne, n° 31, 46, 47, L'Architecture, n°°44.10) que dans la presse grand public (L'Illustration, 22 août 1931). Des produits dérivés (affiches, médaille, cendrier, etc.) à l'effigie du temple reconstitué sont vendus, des publicités pour des vêtements et des réfrigérateurs utilisent sa silhouette[18].

L'Exposition coloniale internationale vise certes à faire connaitre l'art et l'artisanat des colonies, mais aussi à vanter les mérites de la colonisation. Dans ce double objectif la reconstitution du temple d'Angkor occupe une place particulière puisqu'on prétend que les Français ont "sauvé" de la ruine et de la disparition le temple original par l'action des archéologues envoyés dès le 19e siècle (voir l'étude très détaillée de Michael Falser qui a retrouvé les plans et rapports de Blanche préparant l'exposition)[19].

Appartements et studios de luxe Art déco

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Entre 1935 et 1937, Charles Blanche, en collaboration avec son fils Gabriel, réalise quatre immeubles de style Art déco dont la presse spécialisée se fait l'écho[20].

Réalisations

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Bibliographie

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  • Anne Dugast et Isabelle Parizet, Dictionnaire par noms d'architectes des constructions élevées à Paris aux XIXe et XXe siècles. Première série, période 1876-1899: t. 1, notices 1 à 1340, Abadie à Cyr-Robert, Paris, Ville de Paris, Commission des Travaux historiques, .
  • Anne Dugast, Isabelle Parizet, Dictionnaire par noms d'architectes des constructions élevées à Paris aux XIXe et XXe siècles, deuxième série, période 1900-1919: t. 1 : Abault à Cyr Robert, Paris, Ville de Paris, Comité d'histoire de la ville de Paris, 2007.
  • Paul Chemetov et Bernard Marrey, Architectures à Paris, 1848-1914, Paris, Dunod, .
  • Maurice Culot, Charlotte Mus (sous la direction de), « Les Blanche, une dynastie d’architectes », Passy-Auteuil 1900-1930. Art nouveau, Art déco, AAM ÉDITIONS, 2022, pp. 119-131 (ISBN 978-2-87143-413-9).
  • Philippe Cendron, « Histoire et architecture du 8, avenue de Breteuil », Immeubles d’exception à Paris, volume 2, CoolLibri, 2024, pp. 55-83 (ISBN 979-10-426-1201-6).

Références

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  1. Registre journalier des inhumations au cimetière du Père-Lachaise, vue 30/31, avec la mention marginale « Venant de Blesme (Aisne) ».
  2. a b et c Dictionnaire des élèves architectes de l’École des beaux-arts de Paris (1800-1968), AGORHA - Bases de données de l'Institut national d'histoire de l'art, Dictionnaire des élèves architectes de l’École des beaux-arts de Paris (1800-1968) et Institut national d'histoire de l'art, Blanche, Charles, (lire en ligne).
  3. a et b Bruno Montamat et Jean-Pierre Raffin, « Les Nozal, mécènes d’Hector Guimard », Revue d’Histoire de l’art,‎ , p. XVII (lire en ligne).
  4. [1].
  5. Paul Chemetov et Bernard Marrey, Architectures à Paris, 1848-1914, Paris, Dunod, .
  6. a et b François Loyer, Paris XIXe siècle. L'immeuble et la rue, Paris, Hazan, , p. 389-395.
  7. a et b Louis-Charles Boileau, « Causeries, art et pratique », L'Architecture,‎ , p. 258-9 (lire en ligne).
  8. « Maisons à pans de fer et revêtement de faïence »
  9. « 1, rue Rousselet », L'Habitation pratique,‎
  10. Frédéric Descouturelle, « Une nouvelle localisation de céramiques architecturales d’Hector Guimard à Paris », .
  11. « Hector Guimard et la famille Nozal — Seconde partie : suite des réalisations, décès et procès », sur Le Cercle Guimard, (consulté le ).
  12. Anne Dugast et Isabelle Parizet, Dictionnaire par noms d'architectes des constructions élevées à Paris aux XIXe et XXe siècles. Première série, période 1876-1899: t. 1, notices 1 à 1340, Abadie à Cyr-Robert, Paris, Ville de Paris, Commission des Travaux historiques, .
  13. [2].
  14. Maisons les plus remarquables construites à Paris de 1905 à 1914, Paris, Albert Lévy, .
  15. Monique Eleb et Anne Debarre, Invention de l'habitation moderne : Paris, 1880-1914, Paris, Hazan, .
  16. Dictionnaire des élèves architectes de l’École des beaux-arts de Paris (1800-1968), AGORHA - Bases de données de l'Institut national d'histoire de l'art, Dictionnaire des élèves architectes de l’École des beaux-arts de Paris (1800-1968) et Institut national d'histoire de l'art, Delaval, Auguste, (lire en ligne)
  17. D. de Charnage, « L'art à l'exposition coloniale. Le temple d'Angkor Vat », La Croix,‎ (lire en ligne)
  18. « 1931: l'Angkormania, construction politique? »
  19. Michael Falser, Angkor Wat. A transcultural history of heritage. Volume 1: Angkor in France, De Gruyter,
  20. Philippe Cendron, « Histoire et architecture du 8, avenue de Breteuil », Immeubles d’exception à Paris, volume 2, CoolLibri, 2024 (ISBN 979-10-426-1201-6).
  21. « Compte-rendu de la séance du 27 novembre 2008 de la Commission du Vieux Paris »
  22. a b c d et e « Protections patrimoniales du 16e arrondissement ».
  23. « Protections patrimoniales du 10e arrondissement ».
  24. a et b Maurice Culot, Charlotte Mus (sous la direction de), Saint-Ouen-sur-Seine. Art nouveau, Art déco, Prospective, AAM ÉDITIONS, 2024 (ISBN 978-2-87143-432-0).
  25. « Petit hôtel à Paris rue de la Faisanderie », La Construction moderne, no 48, 28 août 1909.
  26. Commission du Vieux Paris, Compte-rendu de séance, séance plénière du 29/03/2022, (lire en ligne), p. 80-84
  27. Charles Clément-Grandcour, « Immeuble Avenue de Breteuil », La Construction moderne, no 15,‎ (lire en ligne)
  28. a b et c Fr. Henry, « Quelques studios et living-rooms », L’Architecture, revue mensuelle, no 9, 15 septembre 1938.
  29. Charles Clément-Grandcour, « Immeuble à Paris 60, rue de Lisbonne », La Construction moderne, no 15,‎ (lire en ligne)
  30. Ch. Clément-Grandcour, « Immeuble 11, rue d'Odessa par MM. Blanche, architectes », La Construction moderne,‎ 2 et 9 octobre 1938, p. 17-19

Liens externes

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