Classement X

films les plus fortement déconseillés ou interdits aux personnes les plus jeunes

Le classement X désigne dans plusieurs pays les films les plus fortement déconseillés ou interdits aux personnes les plus jeunes.

En droit français, X désigne le classement attribué aux films interdits aux moins de dix-huit ans en France, considérés comme pornographiques ou bien mettant en scène des violences ou portant atteinte à la dignité humaine. Ce classement est à différencier de la simple interdiction aux moins de 18 ans, qui n'est pas assortie des mêmes contraintes légales[1]. Environ un millier de films ont été classés X au total[2].

Aux États-Unis modifier

En anglais, « classer X » se dit to X-rate, « classement X », X-rating, « classé X », X-rated.

La mention X a existé mais n'était ni une marque déposée, ni une mention dont l'usage était fixé par une loi. Elle pouvait être posée sur les films par les producteurs eux-mêmes. La Motion Picture Association of America avait repris cette appellation. Certains producteurs de films pornographiques allaient jusqu'à placer un double voire un triple « X » pour indiquer que leur film avait un contenu sexuel bien plus important que le stade à partir duquel le film est interdit aux moins de 18 ans.

En conséquence, la MPAA renonce en 1990 à utiliser cette appellation et la remplace par la mention « NC-17 » (interdit aux enfants de 17 ans ou moins), la mention la plus restrictive de leur nouvelle classification. Elle la dépose comme marque, ce qui a l'avantage de clairement recouvrir à la fois la violence et la pornographie, alors que son usage par les pornographes avait donné l'impression que le classement X se référait exclusivement à la pornographie.

En France modifier

Histoire du classement X modifier

Le relâchement de la censure cinématographique qui accompagne l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République voit le déferlement d'une vague de cinéma pornographique et érotique profitant de l'absence de législation : en 1974, année de sortie d’Emmanuelle, sur 520 films distribués en France, 128 s'affichent comme érotiques, voire carrément pornographiques[3] (par exemple, Exhibition de Jean-François Davy). Le gouvernement du Premier ministre Jacques Chirac, jusque-là attentiste, se range à l'idée d'une taxation, plutôt que d'une censure.

La loi modifier

Liste de films pornographiques ou d'incitation à la violence publiée au Journal officiel le .

Ce classement a été introduit par le décret du [4] puis par les articles 11 et 12 de la loi du (loi de finances pour 1976). Lors des débats à l'Assemblée nationale, le député UDR du Val-de-Marne Robert-André Vivien fait à cette occasion un lapsus : « M. le ministre, durcissez votre sexe ! Euh pardon, votre texte ! »[5].

Cette loi, abrogée par l'article 9 de l'ordonnance no 2009-901 du [6], taxait plus lourdement ces films que les autres (TVA majorée, prélèvement de 20 % sur les bénéfices pour soutenir les films « de qualité »), et les exclut, ainsi que le réseau de salles spécialisées qui les diffusent, de toute subvention publique. Mais elle ne précise pas ce qu'est un film pornographique ou incitant à la violence. Le classement X est attribué par une « commission du classement des œuvres cinématographiques » du CNC, dont la composition est détaillée dans un décret du [7]. Cette ghettoïsation du cinéma pornographique a pour conséquence la baisse de leur diffusion dans le réseau de salles spécialisées dont le nombre passe de 200 en 1975 à 136 en 1976 et 72 en 1981[8].

Les premiers films classés X datent de la fin de l'année 1975[9]. Le premier classement X pour cause d'incitation à la violence date du [10] pour La Chasse sanglante de Peter Collinson[11],[12]. Le dernier classement X confirmé (pour cause de pornographie) date de 1996 pour Elle ruisselle sous la caresse d'Alain Payet[1],[13].

Après 1996, deux films ont encore fait l'objet d'un classement X : Baise-moi de Virginie Despentes (en 2000) et Histoires de sexe(s) d'Ovidie et Jack Tyler (en 2009). Cependant, le classement X de Baise moi a été commué en interdiction au moins de 18 ans en 2001 et celui d'Histoires de sexe(s) n'a jamais été confirmé par le ministère de la Culture[14].

Selon Ovidie, coréalisatrice d'Histoires de sexe(s) (2009), dernier film en date pour lequel la commission de classement propose la classification X[14],[15],[16], la loi a pour effet de ranger le cinéma pornographique dans une catégorie séparée, où la rentabilité est difficile à obtenir, et n'incitant pas à une grande créativité.

L'article L311-2[17] du Code du cinéma et de l'image animée issu de l'ordonnance no 2009-901 du est venu remplacer ces anciens articles. Désormais, les films à caractère pornographique ou d'incitation à la violence, ne pourront recevoir d'aide sélective, de plus, les établissements spécialisés dans la diffusion de films à caractère pornographique ne pourront recevoir d'aide automatique ou sélective.

Notes et références modifier

  1. a et b Rapport d'activité mars 2004 / mars 2005 de la Commission de Classification (disponible en ligne)
  2. Agnès Giard, « Le sexe au cinéma ? No pasara ! », sur sexes.blogs.liberation.fr, (consulté le ).
  3. Daniel Borrillo, Le droit des sexualités, Presses universitaires de France, , p. 150
  4. « Fac-similé JO du 04/11/1975, page 11333 | Legifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  5. Adrien Gombeaud, « Merci qui ? Merci Davy », Vanity Fair n°46, mai 2017, pages 116-123.
  6. Ordonnance n° 2009-901 du 24 juillet 2009 relative à la partie législative du code du cinéma et de l'image animée : Article 9 (lire en ligne)
  7. Décret n°90-174 du 23 février 1990 pris pour l'application des articles 19 à 22 du code de l'industrie cinématographique et relatif à la classification des oeuvres cinématographiques, (lire en ligne)
  8. Philippe Chassaigne, Les années 1970 : Fin d'un monde et origine de notre modernité, Armand Colin, , p. 67
  9. « Liste des films à caractère pornographique », Journal officiel de la République française,‎ , p. 13231 (lire en ligne)
  10. Bernard Joubert, Jean-Baptiste Guégan, Alan Deprez et Albert Montagne, Darkness, censure et cinéma (1. Gore & violence), LettMotif, , 340 p. (ISBN 978-2-36716-089-4, lire en ligne), p. 284
  11. Le classement X est abrogé le 12 octobre 1981 pour une interdiction aux mineurs de moins de 16 ans.
  12. Bernard Joubert, Jean-Baptiste Guégan, Alan Deprez et Albert Montagne, Darkness, censure et cinéma (1. Gore & violence), LettMotif, , 340 p. (ISBN 978-2-36716-089-4, lire en ligne)
  13. « Arrêté du 31 juillet 1996 portant classement des oeuvres cinématographiques pornographiques ou d'incitation à la violence » (consulté le ).
  14. a et b La Commission a proposé une classification dans la catégorie des films à caractère pornographique, mais le film n'a jamais été formellement classé X par le ministre, puisque le distributeur a retiré sa demande de visa après discussion avec le ministère de la Culture.
  15. darkness-fanzine.over-blog.com, « Le coup de gueule d'Ovidie avec quelques précisions juridiques censurées par metronews.fr ! », sur DARKNESS, CENSURE ET CINEMA (consulté le )
  16. « Le blog d'Ovidie » Blog Archive » Histoires de Sexe(s), le premier film classé X depuis 1996 ! », sur blog-ovidie.frenchlover.tv, (version du sur Internet Archive)
  17. Code du cinéma et de l'image animée : Article L311-2 (lire en ligne)

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Christophe Bier, Censure-moi. Histoire du classement X en France, Esprit frappeur, , 200 p. (ISBN 978-2-84405-136-3)
  • Nathalie Nicolic, "Érosisme versus pornographie : l'évolution institutionnelle d'une frontière surveillée par le système juridique", Cités, 2003/3, no 15, p. 69-77.

Article connexe modifier

Lien externe modifier