Coup d'État de 1987 au Burkina Faso

Coup d'État qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir
Coup d'État de 1987 au Burkina Faso

Informations générales
Date
Lieu Ouagadougou, Burkina Faso
Issue Le coup d'État réussit.
* Thomas Sankara est renversé et assassiné.
* Blaise Compaoré est installé comme nouveau président.
Belligérants
Drapeau du Burkina Faso Comités de défense de la révolution Drapeau du Burkina Faso Faction militaire
Drapeau du Libéria NPFL
Soutenu par :
Drapeau de la Libye Libye
Drapeau de la France France
Drapeau de la Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire
Drapeau du Mali Mali
Commandants
Drapeau du Burkina Faso Thomas Sankara Drapeau du Burkina Faso Blaise Compaoré
Drapeau du Burkina Faso Jean-Baptiste Boukary Lingani
Drapeau du Burkina Faso Henri Zongo
Drapeau du Libéria Charles Taylor
Pertes

Nombreuses victimes

Coordonnées 12° 21′ 26″ nord, 1° 32′ 07″ ouest

Le coup d'État de 1987 au Burkina Faso ou assassinat de Thomas Sankara, est un coup d'État militaire sanglant au Burkina Faso, survenu le 15 octobre 1987. Le coup d'État a été organisée par le capitaine Blaise Compaoré contre le président historique socialiste Thomas Sankara, son ancien ami et associé pendant la tentative de coup d'État de 1983.

Événements modifier

Sankara a été tué par un groupe armé avec douze autres responsables, lors d'une fusillade au Conseil de l'entente à Ouagadougou. Sankara est assassiné lorsqu'il est au sommet de son pouvoir et de sa popularité, et seulement quatre ans après qu'il a accédé au pouvoir[1],[2]. Durant la nuit suivant la fusillade, les corps de Sankara et ses associés sont enterrés dans le cimetière de Dagnoen, situé à l'est de Ouagadougou, par des prisonniers réquisitionnés quelques heures auparavant[3]. Le même soir, un militaire annonce à la radio la démission du président Sankara et déclare la dissolution du Conseil National de la Révolution (CNR), sans toutefois mentionner le décès du président[3]. À la suite de cette annonce, le militaire ajoute que désormais, le CNR est remplacé par le Front populaire nouvellement créé et dirigé par Blaise Compaoré[3]. Immédiatement, Blaise Compaoré a pris la présidence ; il a cité la détérioration des relations avec les pays voisins comme l'une des raisons du coup d'État, et a déclaré que Sankara a compromis les relations étrangères avec l'ancienne puissance coloniale française et la Côte d'Ivoire voisine. Maintenant au pouvoir, Compaoré profite de sa gloire pour ternir l'image de son ancien ami, Thomas Sankara, en le qualifiant entre autres de « traître » et de « mégalomane »[3]. C'est quelques mois suivant la fusillade au palais présidentiel qu'on annonce la mort de Sankara et des douze autres membres de son cabinet, ce qui cause une vague de choc à travers la nation africaine[1].

Conséquences modifier

À la suite du coup d'État et bien que Sankara soit connu pour être mort, certains CDR (formés par Sankara, inspirés des CDR de Cuba) montent une résistance armée aux militaires pendant plusieurs jours.

Compaoré a qualifié le meurtre de Sankara d'accident, mais les circonstances n'ont jamais fait l'objet d'une enquête approfondie. Le corps de Sankara a été démembré et il a été enterré dans une tombe anonyme pendant que sa veuve Mariam et ses deux enfants ont fui la nation burkinabè. L'autopsie de 2015 avait révélé que le corps de Sankara était « criblé » de « plus d'une douzaine » de balles, comme l'a rapporté l'un des avocats représentant Mariam Sankara.

Compaoré qui a introduit une politique de « rectification », a immédiatement inversé les nationalisations. Il a renversé presque toutes les politiques de gauche et tiers-mondistes de Sankara et a rejoint le Fonds monétaire international et la Banque mondiale pour apporter des fonds « désespérément nécessaires » pour restaurer l'économie « brisée ».

Initialement au pouvoir dans un triumvirat sous le Front populaire (en) avec le major Jean-Baptiste Boukary Lingani et le capitaine Henri Zongo, en septembre 1989 Compaoré les fit arrêter, accusés de complot visant à renverser le gouvernement. Ils ont été sommairement jugés et exécutés. Blaise Compaoré a continué à diriger le pays jusqu'à ce qu'il soit évincé lors du soulèvement burkinabé de 2014.

Implication libérienne modifier

Prince Johnson, un ancien chef de guerre libérien allié à Charles Taylor également connu pour superviser l'assassinat du président Samuel Doe, a déclaré à la Commission vérité et réconciliation (en) libérienne que le coup d'État avait été organisé par Taylor.

Procès modifier

En 1997, Mariam Sankara dépose une plainte auprès de la justice burkinabé à propos de l'assassinat de son époux[4], mais ce n'est qu'en que la Cour suprême juge que l'instruction de l'affaire peut être poursuivie[5]. Avec l'ouverture progressive du régime de ce pays, elle est finalement en mesure de retourner au Burkina Faso en 2007, pour assister aux commémorations organisées en l'honneur de l'anniversaire des 20 ans de la mort de son mari[6]. De grandes foules l'accueillent à son arrivée à la capitale Ouagadougou[7].

Fin d', un soulèvement éclate au Burkina Faso en vue de protester contre le président Blaise Compaoré, qui tente de prolonger ses 27 ans de présidence. À cause de ces protestations, Blaise Compaoré est contraint de démissionner et de quitter le pays. En réponse à ce soulèvement, Mariam Sankara publie une déclaration félicitant le peuple burkinabé de sa victoire, et appelant à poursuivre Blaise Compaoré pour ses crimes[8]. Elle revient à nouveau dans son pays en 2015[9],[10],[11]. Elle continue un combat pour que la justice burkinabé fasse la lumière sur la mort de son mari. Elle fait également en France une demande de levée du secret défense sur les documents liés à cet événement et une demande d’enquête parlementaire auprès de l’Assemblée nationale française[11],[12].

Le 6 avril 2022, le tribunal militaire de Ouagadougou condamne, par contumace, Blaise Compaoré, successeur et ancien ami de Thomas Sankara, désormais exilé en Côte d’Ivoire, à la prison à perpétuité pour « complicité d’assassinats » et « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Mariam Sankara assiste à l'aboutissement de la plainte qu'elle avait déposée[4].

Notes et références modifier

  1. a et b (en) Brian J. Peterson, Thomas Sankara: A Revolutionary in Cold War Africa, Indiana University Press, (ISBN 978-0-253-05377-0, lire en ligne)
  2. Sabine Diao-Klaeger et Rosalie Zongo, « BLAISE DÉGAGE ! Graffiti et pancartes autour de la révolution burkinabè de 2014 », Langues, cultures et sociétés, vol. 3, no 1,‎ , p. 70–88 (ISSN 2550-651X, DOI 10.48384/IMIST.PRSM/lcs-v3i1.9645, lire en ligne, consulté le )
  3. a b c et d « Thomas Sankara et Blaise Compaoré, à la vie à la mort », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a et b Sophie Douce, « Trente-quatre ans après l’assassinat de Thomas Sankara, la fin d’un procès historique au Burkina Faso », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. (en) Jean-Matthew Tamba, « French MP demands trial of Thomas Sankara assassins », Africa Review,‎ (lire en ligne)
  6. Christophe Boisbouvier, « Confidences de… Mariam Sankara », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  7. (en) « Burkina commemorates slain leader », BBC News, Londres,‎ (lire en ligne)
  8. « Démission de Blaise Compaoré : Mariam Sankara exulte », Ouaga.com, Ouagadougou,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Yaya Boudani, « La veuve de Sankara accueillie au Burkina Faso par une foule en liesse », Radio France internationale,‎ (lire en ligne)
  10. « Mariam Sankara sur les ruines de l'ancienne Assemblée du Burkina », Radio France internationale,‎ (lire en ligne)
  11. a et b Sabine Cessou, « Mariam Sankara, une veuve entre ombres et lumières », Radio France internationale,‎ (lire en ligne)
  12. « Mariam Sankara, la veuve de l'ex-président burkinabé Thomas Sankara », France Culture,‎ (lire en ligne)