Déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens

Le déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens fut progressivement accompli au début du XIXe siècle. La découverte en 1799 de la pierre de Rosette, comportant une inscription en trois écritures différentes, fut déterminante pour réussir le déchiffrement. Le secret des hiéroglyphes fut percé par Jean-François Champollion, s'appuyant sur les travaux d'autres chercheurs.[réf. souhaitée] Ce déchiffrement fructueux avait été précédé par une longue période durant laquelle les hiéroglyphes étaient faussement perçus en Europe comme étant de purs idéogrammes.

Écriture en égyptien démotique sur une réplique de la pierre de Rosette.

Premières tentatives modifier

Identification des signes modifier

La pierre de Rosette, découverte en 1799 par des membres de la campagne de Napoléon Bonaparte en Égypte, portait un texte parallèle en hiéroglyphes, démotique et grec. On espérait pouvoir déchiffrer le texte égyptien grâce à sa traduction grecque, surtout en combinaison avec les éléments de la langue copte, dernier stade de la langue égyptienne. Cela s'est avéré difficile, malgré les progrès constants réalisés par Antoine-Isaac Silvestre de Sacy et Johan David Åkerblad. Thomas Young, s'appuyant sur leurs travaux, a observé que les caractères démotiques étaient dérivés des hiéroglyphes et a identifié plusieurs des signes phonétiques du démotique. Il a également identifié la signification de nombreux hiéroglyphes, y compris les glyphes phonétiques d'un cartouche contenant le nom d'un roi égyptien d'origine étrangère, Ptolémée V. Il était cependant convaincu que les hiéroglyphes phonétiques n'étaient utilisés que pour écrire des mots non égyptiens.

Analyse du cartouche de Ptolémée par Young[1]
p
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wAl
M
iis
Hiéroglyphe
p
t
wA
l
M
ii
s
Young lit P T non essentiel LO ou OLE MA ou M I OSH ou OS

Au début des années 1820, Champollion a comparé le cartouche de Ptolémée avec d'autres et a réalisé que l'écriture hiéroglyphique était un mélange d'éléments phonétiques et idéographiques. Ses affirmations sont d'abord accueillies avec scepticisme et accusées d'avoir repris les idées de Young sans lui en donner le crédit, mais elles sont progressivement acceptées. Champollion a ensuite identifié la signification de la plupart des hiéroglyphes phonétiques et établi une grande partie de la grammaire et du vocabulaire de l'Égypte ancienne.

Analyse du cartouche de Ptolémée par Champollion[2]
p
t
wAl
M
iis
Hiéroglyphe
p
t
wA
l
M
ii
s
Champollion lit P T O L M E S
Analyse du cartouche de Cléopâtre par Champollion[3],[4]
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Hiéroglyphe
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H8
Champollion lit K L E O P A T R A féminin

Lire les textes modifier

Les efforts de déchiffrement ont langui après la mort de Young en 1829 et de Champollion en 1832, mais en 1837, Karl Richard Lepsius fit remarquer que de nombreux hiéroglyphes représentaient des combinaisons de deux ou trois sons plutôt qu'un seul, corrigeant ainsi l'une des fautes les plus fondamentales du travail de Champollion. D'autres savants, comme Emmanuel de Rougé, ont suffisamment affiné la compréhension de l'égyptien pour qu'il soit possible, dans les années 1850, de traduire intégralement les textes égyptiens anciens. Combinés au déchiffrement du cunéiforme à peu près à la même époque, leurs travaux ont permis d'ouvrir les textes autrefois inaccessibles des premières étapes de l'histoire humaine.

Notes et références modifier

  1. Robinson 2006, p. 159–161.
  2. Adkins et Adkins 2000, p. 173.
  3. Robinson 2012, p. 136–137, 144.
  4. Allen 2014, p. 10.

Bibliographie modifier

  • Lesley Adkins et Roy Adkins, The Keys of Egypt: The Obsession to Decipher Egyptian Hieroglyphs, HarperCollins, (ISBN 978-0-06-019439-0, lire en ligne Inscription nécessaire)
  • James P. Allen, Middle Egyptian: An Introduction to the Language and Culture of Hieroglyphs, Third Edition, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-107-05364-9, lire en ligne)
  • Jean-François Champollion, Précis du système hiéroglyphique des anciens égyptiens, Treuttel et Würtz, (lire en ligne)
  • Andrew Robinson, The Last Man Who Knew Everything: Thomas Young, the Anonymous Polymath Who Proved Newton Wrong, Explained How We See, Cured the Sick, and Deciphered the Rosetta Stone, among Other Feats of Genius, Pi Press, (ISBN 978-0-13-134304-7, lire en ligne Inscription nécessaire)
  • Andrew Robinson, Cracking the Egyptian Code: The Revolutionary Life of Jean-François Champollion, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-991499-9, lire en ligne Inscription nécessaire)

Liens externes modifier