Denis Christel Sassou Nguesso

homme politique congolais

Denis Christel Sassou Nguesso
Illustration.
Denis Christel Sassou Nguesso en 2018.
Fonctions
Ministre de la Coopération internationale et de la promotion du partenariat public-privé
En fonction depuis le
(2 ans et 11 mois)
Président Denis Sassou-Nguesso
Premier ministre Anatole Collinet Makosso
Gouvernement Gouvernement Makosso
Prédécesseur Jean-Claude Gakosso (partiellement)
Député d'Oyo (Cuvette)
En fonction depuis le
(11 ans, 7 mois et 16 jours)
Élection 15 juillet 2012
Réélection 16 juillet 2017
Président Denis Sassou Nguesso
Prédécesseur François Ibovi
Biographie
Date de naissance (49 ans)
Lieu de naissance Brazzaville
Nationalité Congolaise
Parti politique Parti congolais du travail
Père Denis Sassou-Nguesso
Mère Lily Kaniki

Denis Christel Sassou Nguesso est un homme politique et homme d'affaires congolais né le à Brazzaville. Il est le fils de Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo. Ministre de la Coopération internationale et de la promotion du partenariat public-privé depuis le , il est également député PCT de la circonscription d'Oyo depuis le .

Biographie modifier

Famille et études modifier

Né le à Brazzaville[1],[2], Denis Christel Sassou Nguesso est le fils de Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo, et de feue Lily Kaniki, cousine de Laurent Monsengwo Pasinya, cardinal de RDC[3].

Il a étudié à l'École militaire préparatoire Général-Leclerc de Brazzaville, puis est parti étudier en France où il obtient un diplôme de clerc de notaire et une maîtrise en droit privé[4].

Secteur pétrolier modifier

Il rejoint en 2001 la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), dans le bureau londonien de la compagnie. Il rentre ensuite au Congo où il occupe le poste d'administrateur de la Cotrade (filiale de la SNPC en s'occupant de la commercialisation) de 2005 à 2009. En , il devient directeur général adjoint de l'aval pétrolier de la SNPC, ainsi que PDG de « SNPC Distribution » et administrateur général de la Congolaise de raffinage (Coraf)[4].

Son activité dans le monde du pétrole lui vaut le surnom de « Kiki le pétrolier »[5].

Politique modifier

Parallèlement à son activité dans le secteur pétrolier, Denis Christel Sassou Nguesso entame une carrière politique. En 2007, il crée le Pôle des jeunes républicains, puis rejoint en 2011 le bureau politique du Parti congolais du travail (PCT)[4]. La même année, il crée la fondation Perspectives d’Avenir, une organisation à but non lucratif dont l'objectif est de participer à la formation des jeunes cadres et employés qualifiés congolais[6].

Le , il est élu député de la circonscription d'Oyo (Cuvette) dès le premier tour des élections législatives[7], et entre en fonction le 5 septembre, succédant ainsi à François Ibovi[8],[9]. Il s'illustre notamment fin 2013 par le lancement d'une campagne de vaccinations et de dépistages gratuits du cancer du col de l'utérus, en partenariat avec l'Association Solidarité Cancer et le Ministère de la santé et de la population[10],[11]. Lors des élections législatives de 2017, il est réélu dès le premier tour avec 99 % des voix[12],[13] et devient membre de la commission des Affaires étrangères et des Congolais de l'étranger à l'Assemblée nationale[14].

En , il publie un ouvrage intitulé Ce que je crois, dans lequel il expose sa « vision du Congo de demain », ce qui amène certains observateurs, dont le magazine Jeune Afrique, à s'interroger sur ses ambitions présidentielles, la prochaine élection étant en 2021[15]. En août, il annonce cependant qu'il soutiendra la candidature de son père Denis Sassou Nguesso, qu'il estime être « le plus qualifié »[16].

Le , à la suite de la réélection de son père à un quatrième mandat consécutif, Denis Christel Sassou-Nguesso entre dans le nouveau gouvernement d'Anatole Collinet Makosso en étant nommé Ministre de la Coopération internationale et de la promotion du partenariat public-privé, un poste nouvellement créé pour l'occasion[17]. Cette nomination suscite cependant des critiques. L'avocat français William Bourdon, fondateur de l'association Sherpa, estime ainsi que cette désignation sert « d'abri judiciaire » à l'intéressé, accusation qui sera rejetée par le porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla[18]. Denis Christel Sassou Nguesso prend ses fonctions le , succédant partiellement au Ministre des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso, qui s'occupait jusqu'ici de la coopération internationale[19].

Controverses modifier

En 2007, l'ONG Global Witness, engagée contre le pillage des ressources naturelles et la corruption dans les pays en développement, accuse Denis Christel Sassou Nguesso d'avoir détourné les recettes provenant de la Société nationale des pétroles du Congo pour ses achats personnels de produits de luxe, sur la base de documents financiers privés fournis par l'entreprise Kensington International Ltd et publiés sur le site web de l'organisation. Denis Christel Sassou Nguesso porte plainte devant la Haute Cour de Londres pour tenter d'obtenir le retrait de ces documents du site, mais sans succès, le juge déclarant que les informations contenues dans les documents étaient d'un « important intérêt public »[20],[21],[22].

Puis, dans le cadre d'une enquête sur les biens mal acquis de certains chefs d’État africains en France, la justice française s'intéresse au président Denis Sassou-Nguesso et à son entourage. Fin 2013, le site web d'information français Mediapart révèle[23], après consultation d'une synthèse rédigée par des enquêteurs, qu'au moins 60 millions d'euros d'argent public congolais auraient été détournés et dépensés en France depuis 2005 par les proches du président[24]. Denis Christel Sassou-Nguesso y est cité pour avoir investi 473 796 euros dans des vêtements de luxe entre 2005 et 2011 et posséder 7 voitures de luxes à Paris[25]. Il est également propriétaire d'un appartement parisien et d'un hôtel particulier à Neuilly-sur-Seine, dans lesquels il a investi 8 millions d'euros en rénovations[24].

En , le quotidien suisse Le Matin Dimanche révèle que l'ONG La Déclaration de Berne a pris connaissance d'un contrat signé par Denis Christel Sassou Nguesso conférant à l'entreprise Philia SA, basée à Genève, « le droit exclusif d’exportation du pétrole raffiné congolais ». Aucun appel d'offres n'a cependant été effectué avant de choisir cette compagnie, alors qu'elle prélève 2 % de marge (« le double des pratiques du marché ») et qu'elle semble « inconnue dans le petit monde genevois du pétrole ». Marc Guéniat, qui est responsable des enquêtes au sein de l'ONG, estime qu'avoir choisi cette entreprise comme partenaire n'est pas un choix financièrement logique pour la Congolaise de raffinage (Coraf), et soupçonne qu'il s'agit d'une manœuvre de Denis Christel Sassou Nguesso pour « empocher une part des recettes pétrolières du Congo »[5].

En 2016, il est cité dans l'affaire des Panama Papers comme ayant des liens avec le cabinet d'avocats Mossack Fonseca - accusé d'organiser l'évasion fiscale de ses clients. Le journal français Le Monde estime que Denis Christel Sassou Nguesso fait partie d'un système permettant l'évaporation des revenus du pétrole congolais dans les paradis fiscaux, ce qui participe à la pauvreté des Congolais. Denis Christel Sassou Nguesso nie cependant toutes ces accusations[15],[26].

Fin 2019, plusieurs biens immobiliers lui appartenant - un triplex rue Fresnel et un dix-pièces rue de la Tour à Paris, dans le 16e arrondissement, ainsi qu’un hôtel particulier à Neuilly-sur-Seine - sont saisis par la justice française[27].

En , Mediapart révèle que la justice française soupçonne Denis Christel Sassou Nguesso d’avoir blanchi 19 millions d’euros en France, et que son hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine a été saisi[28],[29]. En , Le Canard enchaîné révèle que, dans le cadre de l'enquête concernant les biens mal acquis, les enquêteurs auraient découverts que Denis Christel Sassou Nguesso aurait acquis ses deux hôtels particuliers — saisis par la justice en 2020 et 2022 — grâce à des sociétés écrans. Il aurait également transmis ses demandes aux architectes et notaires via une fausse identité et une fausse adresse email[30].

Publications modifier

  • Ce que je crois, Brazzaville, Fondation Perspectives d'Avenir, , 64 p.

Références modifier

  1. Servan Ahougnon, « Denis Christel Sassou Nguesso : le destin du prince et la démocratie », sur agenceecofin.com,
  2. « Denis Christel Sassou Nguesso | Député & Acteur social », sur denischristel.cg (consulté le )
  3. Pierre Boisselet, « RDC – Le cardinal Monsengwo : Dieu, Kabila et lui », sur jeuneafrique.com,
  4. a b et c François Soudan, « Denis Christel Sassou Nguesso : "Avant d'être le fils du président, je suis un citoyen congolais" », sur jeuneafrique.com,
  5. a et b Serge Michel, « Les millions à Genève de Denis-Christel Sassou-Nguesso », sur lemonde.fr,
  6. Philippe Banz, « Fondation "Perspectives d’Avenir" : aider les bacheliers et les étudiants à choisir des filières porteuses d'emploi », sur lasemaineafricaine.net,
  7. Laude-Martial Mbon pour l'AFP, « Législatives congolaises: le parti présidentiel largement en tête », sur lapresse.ca,
  8. Cyr Armel Yabbat-Ngo, « Session inaugurale de la 13e législature de l'assemblée nationale », sur lasemaineafricaine.net,
  9. « District d'Oyo : Denis Christel Sassou Nguesso réclamé comme candidat aux législatives », sur lasemaineafricaine.net,
  10. Esperancia Mbossa-Okandze, « Dépistage gratuit du cancer du col de l'utérus : Denis Christel Sassou Nguesso lance la campagne et appelle à une forte participation », sur lasemaineafricaine.net,
  11. « Lutte contre le cancer du col de l'utérus : Denis Christel Sassou Nguesso a lancé la campagne de vaccination gratuite à Oyo », sur lasemaineafricaine.net,
  12. « Elections au Congo-Brazzaville: le PCT de Sassou Nguesso en tête au premier tour », sur rfi.fr,
  13. Dina Ngouela, « Mboulou annonce 93 élus au premier tour des législatives », sur vox.cg,
  14. Jack de Maïssa, « Oyo : Denis Christel Sassou N’Guesso rencontre ses mandants », sur lesechos-congobrazza.com,
  15. a et b Trésor Kibangula, « « Ce que je crois », de Denis Christel Sassou Nguesso : un premier pas vers la présidentielle au Congo ? », sur jeuneafrique.com,
  16. Trésor Kibangula, « Congo-Brazzaville : Denis Christel Sassou Nguesso ne sera pas candidat à la présidentielle de 2021 », sur jeuneafrique.com,
  17. « Nouveau gouvernement de 36 membres à Brazzaville dont le fils du président », sur voaafrique.com,
  18. « Congo-B: la nomination du fils du président se «justifie amplement» pour les autorités », RFI,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. Albert Savana, « Congo : Denis Christel Sassou Nguesso prend les commandes de la coopération internationale », sur financialafrik.com,
  20. « Congo: Le fils du Président serait-il en train de faire des achats extravagants avec les revenus pétroliers du pays? », sur globalwitness.org,
  21. « République du Congo », sur globalwitness.org
  22. (en)Roger Parloff, « Judge: Vulture fund leaked documents to human rights group », sur fortune.com,
  23. « Biens mal acquis: quand le clan Sassou Nguesso dépense sans compter », sur rfi.fr,
  24. a et b Violette Lazard, « Biens mal acquis, au tour du Congo », sur liberation.fr,
  25. (en)Henry Samuel, « Congo President spent £1m on clothes he never wore more than once », sur telegraph.co.uk,
  26. Joan Tilouine, « « Panama papers » : comment le pétrole congolais s’évapore dans les paradis fiscaux », sur lemonde.fr,
  27. David Bensoussan et Antoine Izambard, « Biens mal acquis : Denis Christel Sassou-Nguesso, le fils du président congolais, mis en examen », Challenges, 7 février 2020.
  28. Fabrice Arfi, « Le fils du président du Congo est soupçonné d’avoir blanchi 19 millions d’euros en France » Accès payant, sur mediapart.fr,
  29. « Denis Christel Sassou Nguesso soupçonné de blanchiment d'argent en France, selon Mediapart », sur rfi.fr,
  30. « Afrique «Biens mal acquis»: «Le Canard enchaîné» révèle de nouveaux éléments contre Denis Christel Sassou-Nguesso », sur rfi.fr,