Déodat de Séverac

compositeur français
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Déodat de Séverac, né à Saint-Félix-Lauragais (Haute-Garonne) le et mort à Céret (Pyrénées-Orientales) le , est un compositeur français.

Déodat de Séverac
portrait de Déodat de Séverac par by Jean Diffre, 1913.
Biographie
Naissance
Décès
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CéretVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Marie-Joseph-Alexandre Déodat de SéveracVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Père
Autres informations
Mouvement
Instrument
Orgue (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Maîtres
Genres artistiques
Distinction
Archives conservées par
signature de Déodat de Séverac
Signature
Vue de la sépulture.

Biographie

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Marie-Joseph-Alexandre Déodat de Séverac naît le à Saint-Félix-Lauragais[2].

Issu d'une famille de la noblesse, fils du peintre Gilbert de Séverac, Déodat de Séverac fait ses études à Sorèze, Toulouse, puis à la Schola Cantorum de Paris, où il devient l'élève de Vincent d'Indy et d'Albéric Magnard. Il y prend des leçons d'orgue avec Alexandre Guilmant et devient l'assistant d'Isaac Albéniz. Très attaché à ses origines, il se fixe à Céret (Pyrénées-Orientales) à partir de 1910, région qui attire par la suite un certain nombre d'artistes tels que Gustave Violet, un de ses meilleurs amis, et Manolo Hugué, qu'il avait rencontré auparavant à Paris. Séverac fut aussi en relation avec certaines individualités du milieu occultiste français[3].

En 1900, il écrit des poèmes symphoniques sur les saisons. Il met en mélodies des poésies de Baudelaire et de Verlaine ainsi que des vers occitans et compose sa musique chorale avec des arrangements de textes en catalan. Il écrit deux opéras, Le Cœur du moulin, créé à l'Opéra-Comique de Paris le 8 décembre 1909, et Héliogabale, créé aux Arènes de Béziers en 1910 avec l'introduction de la cobla catalane, groupe d'instruments jouant, en particulier, des tibles et des tenoras (hautbois traditionnels catalans de différentes tailles). Sa musique pour piano, au style très personnel, est souvent imagée et colorée, comme dans Le Chant de la Terre, qui décrit une idylle rustique, ou les morceaux En Languedoc et Baigneuses au soleil. La suite Cerdaña, son chef-d'œuvre, illustre son amour pour le terroir catalan.

Déodat de Séverac fut le chantre d'une musique régionale. En rupture avec le parisianisme, il soutint, en 1907, une thèse de fin d’études à la Schola Cantorum sur La Centralisation et les petites chapelles. Dans cet écrit d'une centaine de pages, Séverac se livre à une description et une analyse du fonctionnement du milieu musical de son époque, prenant appui sur son vécu personnel mais aussi sur des observations et des faits méthodiquement relevés. Il s'attache avec soin à montrer que la référence régionale disparaît progressivement dans la musique française et l’explique par l’effet de la centralisation sur la profession musicale :

1) Partant, d'une part, du constat que tout musicien qui voulait réussir sa carrière professionnelle devait passer par Paris, capitale d’une France centralisée dont l’enseignement musical était organisé de façon pyramidale, avec le conservatoire de Paris à son sommet. Les jeunes musiciens les plus talentueux venant depuis leur province natale menaient donc à Paris, aux yeux de Séverac, une vie de « déracinés » ;

2) La conséquence de cette centralisation était que les musiciens se partageaient en deux groupes que Séverac dénomma les « officiels » et les « indépendants ». Les premiers étaient ceux qui fréquentaient les antichambres ministérielles de l’État pour, notamment, pouvoir bénéficier des commandes publiques, contrairement aux seconds, que Séverac subdivisa encore en deux sous-groupes, selon les cercles et salons parisiens qu’ils fréquentaient, en « D’Indystes » et « Debussistes »[4].

À travers cette critique argumentée de la structuration des milieux musicaux français à son époque, Séverac veut donner une explication des choix esthétiques que sont amenés à faire les créateurs et les compositeurs. Pour lui, l’œuvre d’art est aussi l'expression d’un soubassement institutionnel, qu'il épingle dans son mémoire. Il en conclut que la centralisation parisienne est la cause de la perte de la « sève profonde de la nature » et surtout de « l'attache régionale » dans la musique française[4]. Il est vrai qu'avec de telles conclusions, l’auteur de En Languedoc, connu pour ses opinions royalistes, rejoignait les thèses régionalistes que défendait alors ce mouvement. On retiendra surtout qu’en régionaliste convaincu, il tira pour lui-même les conséquences de son analyse et qu’après avoir déposé sa thèse de fin d’études à la Schola Cantorum, il quitta Paris, exactement le lendemain, pour s'installer d'abord dans sa province natale à Saint-Félix-Lauragais puis en Roussillon à Céret[4].

L'admirateur de Mistral [...] apparaît ainsi à la postérité comme le « musicien paysan » qu'il voulut être, célébrant « la rusticité agreste et les géorgiques du folklore languedocien »[5]. Claude Debussy dira que « sa musique sent bon »[6]. Ses recherches de sonorités, les effets de lointain (notamment dans Le Cœur du Moulin mais aussi dans le cortège des muletiers ou dans les Fêtes) font dire à Vladimir Jankélévitch que :

« Déodat de Cerdagne prolonge à cet égard l'heureuse humeur de l'impressionnisme français. »

Parlant du pianisme de Séverac, V. Jankélévitch souligne encore que :

« C'est pour leur moelleuse sonorité que Séverac recherche les neuvièmes de dominante ; il a cette prédilection en commun avec Chausson, Debussy et Satie ; et nous montrions combien les Stances à Madame de Pompadour sont apparentées sous ce rapport aux Sarabandes du maître d'Arcueil[7] »

Décédé à Céret en 1921, il est inhumé dans son village natal à Saint-Félix-Lauragais. Le 14 septembre 1924 un buste en bronze, fait par son ami Joseph Lamasson, a été inauguré au pied des remparts.

Liste des œuvres complètes

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Principales œuvres

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Fichier audio
En vacances, Où l'on entend une vieille boîte à musique
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Musique sacrée
  • Tantum Ergo
Œuvres pour piano
Œuvres pour orgue
Orgue de St-Pierre de Céret, ou joua Déodat de Séverac.
Au clavier de cet orgue, Déodat de Séverac improvisait pour les fidèles.
  • Suite en mi (Prélude, Choral, Fantaisie-Pastorale, Final) ;
  • Petite suite scholastique ;
  • Cinq versets d'orgue
Musique pour le théâtre
Mélodies
  • Plusieurs recueils, dont À l'aube dans la montagne (1906) et Flors d'Occitania (1912)
Chants

Séverac et l'enregistrement sonore

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Déodat de Séverac sera, de son vivant, très mal servi par ce nouveau vecteur de notoriété que fut le disque à partir de 1901. À sa mort, en 1921, aucune de ses œuvres n'avait encore été enregistrée. Il faut attendre pour cela 1925, l'enregistrement de Ma poupée chérie par Jean-Émile Vanni-Marcoux chez Gramophone (La Voix de son Maître). La chanson pour le petit cheval, interprétée par Charles Panzéra, est enregistrée l'année suivante. Quant aux enregistrements de Blanche Selva, ils ne seront réalisés par Columbia qu’entre 1928 et 1930[8].

Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs enregistrements des œuvres pour piano sont publiés (notamment en 1957, celui d'Hélène Boschi par Le Chant du monde). Il faut attendre 1974 pour une intégrale des œuvres pour piano par Aldo Ciccolini. Jordi Masó réalisant une intégrale chez Naxos, puis en 2014, pour une troisième intégrale, par François-Michel Rignol aux Disques du Solstice [DL 2015].

Le Cœur du moulin est enregistré en 2009 par l'Opéra de Tours chez Timpani[9].

Postérité

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A l'occasion du 100e anniversaire de sa mort, la bibliothèque d'étude et du patrimoine de Toulouse, qui a acquis une partie des archives personnelles de l'artiste auprès de ses descendants en 2016, organise une exposition, Midi-Rhapsodie, présentée du 25 juin au 2 octobre 2021[10].

Notes et références

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  1. « ark:/36937/s005b097448c6e06 », sous le nom DEODAT DE SEVERAC (consulté le )
  2. Mairie de Saint-Félix-Lauragais, « Acte de naissance n°87 du 20/07/1872 photo 151/292 2 E 3673 », sur AD Haute-Garonne (consulté le ) : « Marie Joseph Alexandre Déodat de Séverac né ce jourd'hui à 4h du matin fils de Me Gilbert Alexandre de Séverac 37 a et Marie Alexandrine Aglaée Guiraud 26 a »
  3. Suzy Lévy, Journal inédit de Ricardo Viñes (thèse de Doctorat), Paris, Aux amateurs de livres, 1987. Voir également Déodat de Séverac la musique et les lettres, correspondance rassemblée et annotée par Pierre Guillot, éditions Mardaga, 2000. En particulier dans cette dernière référence p. 30 et 210.
  4. a b et c d'Angelo 2013, p. 116.
  5. Cahours d'Aspry 2001.
  6. Larousse de la Musique, tome II, 1957, p. 350
  7. Jankélévitch 1983, p. 140-141.
  8. d'Angelo 2013, p. 140.
  9. Marcel Quillévéré, « A déguster comme un vin du terroir », sur Forumopera.com,
  10. Bibliothèque municipale de Toulouse, « Livret d'exposition : Déodat de Séverac, Midi-Rhapsodie », sur calameo.com, (consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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