Destruction du patrimoine religieux

La destruction du patrimoine religieux réfère aux gestes de destruction ou de dégradation du patrimoine religieux de manière délibérée. De la sorte, d'innombrables œuvres d'art ont été perdues.

Causes modifier

Les causes de ces destructions sont multiples :

  • Évolution des idées religieuses, par exemple, schisme des Albigeois ou des Huguenots qui remettent en question l'iconographie religieuse.
  • Rejet de l'Église, par exemple, à l'époque de la Révolution française qui jugeait le clergé trop associé au pouvoir royal.
  • Toujours à l'époque de la Révolution française, saisie totale ou partielle suivie de vente en totalité ou en partie des édifices religieux au titre de la législation sur le concept de Bien national ou domaines nationaux.
  • Conflits armés ou religieux, par exemple, les attentats sur la mosquée al-Askari.
  • Fanatisme religieux, comme la destruction par les talibans des Bouddhas de Bâmiyân.
  • Réformes du clergé, comme la démolition des jubés au XVIIe siècle qui séparaient les fidèles du chœur, entraînant avec elle la destruction de reliefs et de sculptures.
  • Désuétude ou spéculation : des édifices religieux trop dégradés pour être rénovés ou convoités pour des projets immobiliers peuvent faire l'objet de démolitions, comme les églises Saint-Jacques d'Abbeville, Saint-Blaise au Breuil et Saint-Pie X à Béziers en France.
  • Actes criminels : œuvres et lieux saints vandalisés ou détruits par un acte criminel.

Destructions notoires modifier

En Europe modifier

En France et en Belgique modifier

Le calvinisme, doctrine protestante qui émergea au XVIe siècle sous l'impulsion de Jean Calvin, tenait l'idolâtrie en horreur et donna lieu à la destruction de nombreuses œuvres d'art, mais également d'édifices religieux, ainsi la cathédrale d'Orléans a été pratiquement entièrement détruite par les huguenots en 1568[1].

La plupart des jubés ont été détruits à partir du XVIe siècle, en effet le concile de Trente prit la décision que le chœur devait désormais être visible pour les fidèles au lieu d'être caché par les jubés, qui furent donc pratiquement tous détruits, sauf en Bretagne, durant les siècles suivants. Il subsiste quelques vestiges de ces jubés, conservés au musée du Louvre, comme L'entrée du Christ à Jérusalem du jubé d'Amiens ou Saint Matthieu avec l'ange du jubé de Chartres.

La Révolution française a, dès ses débuts, affronté le clergé, qui constituait alors un ordre privilégié. Durant la Grande Peur, plusieurs expéditions collectives ont mené à la destruction d'abbayes, bien que les symboles des privilèges seigneuriaux étaient plus particulièrement visés. Lorsque l'évêque Talleyrand propose de mettre les biens du clergé à disposition de la nation (ce qui sera fait le 2 novembre 1789), ce n'est d'ailleurs pas par conviction antireligieuse, car la conviction que les biens de l'Eglise sont mal employés était alors répandue[2]. Un grand nombre d'édifices religieux sont alors vendus à des entrepreneurs pour être transformés en carrière de pierre. Parmi les pertes les plus importantes, il convient de mentionner :

  • l'abbaye de Cluny : en 1791, l'abbaye est soumise au pillage et à la dilapidation des biens. Une grande partie des bâtiments est détruite. Les archives sont brûlées. En 1810, d'autres parties furent détruites par des explosions. Il ne reste presque plus rien aujourd'hui des bâtiments originaux ;
  • la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège : construite au Moyen Âge, la cathédrale de Liège a été détruite en 1794 ;
  • les établissements religieux de la ville Dole dans le Jura sont vendus comme biens nationaux après la Révolution. La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours est détruite ;
  • la cathédrale Notre-Dame de Paris : la cathédrale fut l'objet de nombreux actes de vandalisme : décapitation des rois de Juda de la galerie des Rois de la façade, destruction d'une grande partie des statues des portails, des autels, du mobilier, des tableaux et des statues de l'intérieur, pillage du trésor, etc. La cathédrale est ensuite abandonnée et subit de tels dommages que sa démolition est envisagée. Auparavant, en 1771, le portail principal a été gravement altéré, à la demande du clergé, avec la destruction du trumeau qui a cependant été remis en place au siècle suivant par Viollet-le-Duc, lui-même responsable des travaux de restauration de la cathédrale jusqu'en 1864 ;

Europe du Nord modifier

Le calvinisme s'est notamment étendu en Ecosse et aux Pays-Bas. Dans ce dernier pays, le mobilier, les statues, peintures, vitraux qu'abritaient les églises ont été systématiquement détruits à partir de 1506[3].

Europe de l'Est modifier

Sous la période communiste, de nombreuses églises et autres édifices religieux ont été détruits, notamment en Russie durant l'époque stalinienne. Ainsi, la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou a été détruite en 1931, pour être finalement reconstruite peu après la chute du régime communiste, entre 1995 et 2000.

En Asie modifier

Les conflits religieux ont donné lieu à la destruction de nombreux sites et œuvres majeurs.

En Inde, les tensions très vives entre hindous et musulmans ont entraîné la destruction de la mosquée Babri Masjid à Ayodhya : centre d'un conflit inter-communautaire entre musulmans et hindous, la mosquée, construite en 1527, est rasée par les hindous en 1992, ce qui provoque de violentes émeutes où 2 000 personnes trouvent la mort.

L'islamisme a été ces dernières années l'idéologie ayant entrainé le plus de destructions d'édifices et d'œuvres religieuses, ainsi :

Des actes criminels divers ont également entrainé la destruction d'œuvres religieuses, ainsi :

Galerie modifier

Déclaration de l'UNESCO modifier

La Déclaration de l’UNESCO concernant la destruction intentionnelle du patrimoine culturel a été adoptée par la Conférence générale de l'UNESCO lors de sa 32e session à Paris en 2003. La déclaration appelle les États à se conformer aux principes et objectifs contenus dans un certain nombre de recommandations et d'accords internationaux sur la protection du patrimoine culturel[8]

Références modifier

Liens connexes modifier

Source modifier

  • Gabrielle Bartz et Eberhard König, Le Musée du Louvre, éditions Place des Victoires, Paris, 2005, (ISBN 3-8331-2089-4).

Lien externe modifier

Observatoire du patrimoine religieux (consulté le 14 août 2013).