Discussion:Controverse Fischer
Titre
modifierNe pourrait-on pas renommer cet article en Les Buts de guerre de l'Allemagne impériale ? Je n’aurais jamais songé à chercher un article sous le titre « Thèse de Fischer ». Nous avons peu de bons articles sur des livres d’histoire, celui-ci en fait partie, il devrait pouvoir être catégorisé et lié comme tel. keriluamox reloaded (d · c) 9 novembre 2007 à 00:08 (CET)
- Pas d'objection en ce qui me concerne. Mon prof de terminale parlait de la "thèse de Fischer" comme d'un truc à connaître, mais je crois que la mode est passée depuis la Réunification allemande...--Verbex 9 novembre 2007 à 00:15 (CET)
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- Fait. keriluamox reloaded (d · c) 12 novembre 2007 à 11:24 (CET)
Et pour la Russie ?
modifierJe viens d'ouvrir un article sur le Front de l'Est (Première Guerre mondiale) et selon David Fromkin, c'est la peur de la Russie qui à poussé l'Allemagne dans cette aventure. L'amateur d'aéroplanes (d) 13 novembre 2008 à 10:04 (CET)
- La Russie était une des peurs traditionnelles des Allemands depuis Frédéric II : voyez la réaction de Kurt Eisner à la déclaration de guerre en 1914. Mais le présent article est consacré à un livre de Fischer.--Verbex (d) 13 novembre 2008 à 18:37 (CET)
Problèmes dans l'article « Controverse Fischer »
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Principaux aspects de l'analyse de Fischer
Les travaux de Fischer se fondent, d'une part sur l'analyse de nouvelles sources[Lesquelles ?], d'autre part sur le réexamen des sources traditionnelles[Lesquelles ?], tout en se bornant à considérer les décisions des gouvernements des puissances alliées[Quoi ?]. Au moment de leur publication (1961), les conclusions radicales[non neutre] de Fischer divergent clairement du consensus en vigueur dans l'Université allemande[Lequel ?], déclenchant pour une vingtaine d'années (de 1962 au milieu des années 1980) une polémique acerbe[non neutre], qui a trouvé un large écho international[réf. nécessaire].[réf. nécessaire]
Les buts de guerre de l'Allemagne impériale
Dès 1959, Fischer s'attaqua à un inventaire systématique des dossiers et procès verbaux stockés dans les archives fédérales de l'Allemagne de l’Ouest afin d'éclairer les motivations des puissances de la Triple Alliance. L'originalité de son travail tient aussi au fait qu'il fut le premier historien allemand[réf. nécessaire] à avoir accès aux archives de la Chancellerie et des Affaires Étrangères du Reich tenues jusqu'alors pour information classifiée par les armées alliées. En outre, il obtint l'autorisation des autorités Est-allemandes d'accéder aux archives centrales de Potsdam[réf. nécessaire].
Il publia les premiers résultats de ses recherches en 1959 dans un article du Historische Zeitschrift (HZ) intitulé « Les buts de guerre de l'Allemagne, la Révolution et la paix séparée sur le front de l'Est, 1914-1918 » (Deutsche Kriegsziele. Revolutionierung und Separatfrieden im Osten 1914-1918). Il publia l'ensemble en 1961 dans un livre intitulé Les buts de guerre de l'Allemagne impériale source :Griff nach der Weltmacht. Die Kriegszielpolitik des kaiserlichen Deutschland 1914/18 (1961, rééd. 1967 puis 2000), éd. Droste (ISBN 3-77000-902-9).
À Potsdam, Fischer mit la main sur un rapport du Chancelier impérial Theobald von Bethmann Hollweg intitulé « Septemberprogramm » daté de 1914. Hollweg escomptait une victoire rapide sur le front Ouest et envisageait sur cette base, outre l'annexion du Luxembourg et de vastes régions de France et de Belgique, une prise de possession de plusieurs colonies en Afrique centrale. Fischer insistait sur l'importance des deux aspects de ce document. source : Fritz Fischer, « Griff nach der Weltmacht... », rééd. de 1967, p. 95
« Ce programme n'est pas la simple expression des ambitions du seul chancelier du Reich, mais reflète des idées partagées par la classe dirigeante, économique, politique et militaire. D'autre part, les directives (...) énoncées dans le programme révèlent les motivations profondes de toute la politique allemande de guerre totale observée jusqu'à la fin du conflit, même si des modifications de détails ont pu intervenir au gré de la conjoncture. »
Fischer interprétait ces motivations de guerre comme la conséquence logique de « la politique impérialiste allemande » d'avant 1914 : l'empire Allemand aurait ainsi visé à l'hégémonie en Europe plusieurs années avant la guerre ; dernier venu sur la scène coloniale, il aurait aspiré à la domination mondiale par une victoire totale sur les autres puissances européennes.[réf. nécessaire]
La crise de juillet 1914
Fischer considère que le gouvernement allemand est responsable du déclenchement du conflit, non seulement par sa politique d'expansion, mais aussi au regard de son comportement au cours de la crise de l'été 1914. Il voit dans l'abstention bienveillante du chancelier Bethman-Hollweg lors des menaces proférées le 5 juillet par le gouvernement autrichien contre la Serbie une véritable carte blanche pour l'agression, et le prouve documents et citations à l'appui : l'attentat de Sarajevo du 28 juin 1914 aurait finalement fourni un prétexte aux dirigeants allemands pour accomplir leur stratégie d'hégémonie armée ; Berlin aurait ainsi poussé Vienne à déclarer sans ambages la guerre à la Serbie et (nonobstant les protestations officielles) se serait systématiquement opposé, si ce n'est au règlement pacifique de l'incident, du moins à toute tentative de conciliation, à un moment où l'empire allemand était, de toutes les puissances européennes, le plus à même de permettre une détente effective.[réf. nécessaire]
De son analyse détaillée de l'escalade des déclarations gouvernementales, Fischer conclut source : Op. cit., p. 82
« Dans la mesure où l'Allemagne a voulu, désiré et même favorisé une guerre austro-serbe, et dans la mesure où, confiante dans la suprématie de ses armes, elle l'a laissé éclater en juillet 1914 en pleine conscience d'un risque d'embrasement avec la Russie et la France, les autorités allemandes portent une part de responsabilité décisive devant l'Histoire du déclenchement d'une guerre généralisée. »
Il remettait par là explicitement en cause le consensus qui s'était établi au sein de l'Université allemande, selon lequel l'Empire allemand n'aurait fait qu'adopter au mois de juillet 1914 une attitude défensive, et aurait cherché à éviter la guerre source : Cf. notamment le Manifeste des 93 .
Une guerre décidée dès 1911
Poussé par les critiques de ses collègues historiens (d'où les attaques personnelles n'étaient pas toujours absentes[non neutre]), Fischer réaffirma ses deux thèses principales, la tentation hégémonique longuement mûrie de l'Empire allemand et la marche voulue vers la guerre, et même il en accentua les aspects polémiques. Dans un second ouvrage de 800 pages intitulé Krieg der Illusionen. Die deutsche Politik von 1911 bis 1914 (1969), il publia de nouvelles pièces d'archives témoignant de la politique extérieure agressive de l'Allemagne avant 1914 source : Traduit en anglais sous le titre War of illusions : German Policies from 1911 to 1914 (1975), Norton, Londres (ISBN 0-393-05480-2). Cette édition est l'une des sources de l'ouvrage de Paul Kennedy, Naissance et déclin des grandes puissances (1989), éd. Payot.
Elles lui servirent à illustrer une nouvelle théorie, selon laquelle Guillaume II et son état-major, lors d'un conseil de guerre secret, auraient arrêté, au plus tard vers décembre 1912, une stratégie de guerre généralisée jusqu'à l'été 1914, pour exploiter au mieux la supériorité militaire temporaire de l'Allemagne en Europe. Les deux années suivantes, de 1912 à 1914, n'auraient servi qu'à préparer psychologiquement l'opinion publique allemande à l'idée de guerre. Ce serait aussi vraisemblablement la raison pour laquelle le gouvernement allemand s'est opposé à la tenue de la Troisième conférence de paix de La Haye qui, prévue en 1915, serait intervenue au beau milieu de la phase de mobilisation, et aurait permis le règlement diplomatique des tensions émergentes par l'intercession d'une cour internationale votant à la majorité qualifiée.[réf. nécessaire]
À partir de 1970, Fischer ne publia plus que de courts articles pour défendre ses idées sur le déroulement de la guerre, la paranoïa du gouvernement impérial et ses renoncements successifs. Il était également impliqué dans la polémique sur l'authenticité d'une de ses sources, le journal intime d'un certain Kurt Riezler, secrétaire particulier du chancelier Bethmann Hollweg, qui avait été tenu au cours du mois de juillet 1914. Mais avant tout il se consacra à une question plus large, celle de la politique allemande au xxe siècle. Fischer adhéra de plus en plus à la théorie de Hans-Ulrich Wehler d'un impérialisme social (Sozialimperialismus) reposant finalement sur des motifs de politique intérieure : selon cette théorie, les gouvernements allemands successifs se seraient servi de la guerre pour contenir les tensions sociales et museler les forces d'opposition. Son dernier essai, intitulé Juillet 1914 (Juli 1914, publié en 1983), résume l'ensemble de sa thèse.[réf. nécessaire]
Un débat d'historiens...
Si les deux premiers livres de Fischer ont été salués par la plupart des critiques, notamment pour la qualité du travail d'archive effectué, c'est principalement l'interprétation proposée des événements de juillet 1914 qui suscita les premières polémiques. Cette interprétation choqua l'Allemagne de l'Ouest, dans la mesure où un historien isolé, travaillant à partir de documents bien connus des chercheurs, se permettait de briser un tabou, et remettait en cause le consensus selon lequel tous les belligérants portaient une part de responsabilité dans le premier conflit mondial, aucun d'entre eux n'ayant véritablement voulu la guerre. À l'étranger, au contraire, la thèse de Fischer fut plutôt approuvée.[réf. nécessaire]
Le premier adversaire des thèses de Fischer, et leur critique le plus acerbe, aura été l'historien Gerhard Ritter, spécialiste de l'Entre-deux-guerres et porte-parole de la Société Historique allemande (Historikerverband). Il soutient notamment la thèse traditionnelle d'une politique fondamentalement défensive du gouvernement allemand pendant les mois de juillet et d'août 1914.[réf. nécessaire]
Débateurs plus subtils[non neutre], les historiens Egmont Zechlin, Karl Dietrich Erdmann et Andreas Hillgruber admettent eux aussi, mais dans une moindre mesure, une part d'initiative et de responsabilité allemande dans la marche vers la guerre. Mais ils estiment que le gouvernement de Bethmann Hollweg, loin de vouloir la guerre, en était venu à une offensive diplomatique (et, uniquement en dernier ressort, militaire) par suite du constat qu'une stratégie purement défensive n'était plus tenable pour l'Allemagne.[réf. nécessaire]
Hillgruber voit dans l'attitude du gouvernement en juillet 1914 une stratégie de risque calculé visant à susciter, au travers de crises internationales, une modification graduelle des rapports de force entre grandes puissances source : A. Hillgruber, « Deutsche Großmacht- und Weltpolitik im 19. und 20. Jahrhundert » (1977), Düsseldorf, p. 92..
... qui devient un débat de société
L'historien Konrad H. Jarausch rappelle dans ces termes l'émotion suscitée à l'époque source : « Ein Buch wie ein Sprengsatz - Der Historiker Konrad H. Jarusch über den Streit um Fritz Fischers Forschungen im Gespräch mit Karen Andresen» (Der Spiegel) in Stephan Burgdorf und Klaus Wiegrefe: « Der 1. Weltkrieg - Die Urkatastrophe des 20. Jahrhunderts », Deutsche Verlagsanstalt, Munich, 2004, (ISBN 3-421-05778-8), pp. 256 et 259
« Les thèses de Fischer furent un choc. À Jérusalem, Adolf Eichmann comparaissait devant ses juges, et à Francfort c'était le début des procès d'Auschwitz. Tous les Allemands découvraient les horreurs du Troisième Reich. Et à présent, voilà qu'ils étaient aussi responsables du déclenchement de la Première Guerre mondiale. [...] La polémique se trouvait encore durcie par la guerre froide. Les jugements sévères portés par des chercheurs est-allemands sur la politique impérialiste épaississaient encore un peu plus le tabou entourant les responsabilités de la Grande Guerre chez les historiens allemands. »
Conséquences
L'affaire Fischer est considérée comme un des débats historiques les plus importants de l'histoire ouest-allemande d'après-guerre : la thèse traditionnelle selon laquelle l'Allemagne serait entrée dans la Grande guerre avec des intentions défensives y a perdu beaucoup de son crédit. Depuis 1985, la polémique est retombée et a cédé le pas à une sobre analyse des événements. Les questions soulevées par Fischer ont été reprises et élargies a posteriori à l'histoire sociale de l'Allemagne impériale, aux réactions de l'opinion tout au long de la guerre et à la façon dont les élites ont relayé les frustrations et les aspirations de l'Allemagne au cours des deux guerres mondiales. Ce travail d'introspection a amené d'autres historiens européens à remettre en cause l'attitude de leurs propres pays dans le déclenchement du premier conflit mondial.[réf. nécessaire]
Un spécialiste d'histoire contemporaine, Klaus Große-Kracht, porte le jugement suivant source : (de) Klaus Grosze-Kracht, « Historiographische Nachwirkungen des Ersten Weltkriegs » [archive], Kriegsschuldfrage und zeithistorische Forschung in Deutschland. Consulté le 15 août 2007, p. 17f
« Malgré l'attitude lénifiante de presque tous les historiens réputés de RFA et, il faut le dire, les interférences du politique, les thèses exprimées par Fischer dans Griff nach der Weltmacht firent inexorablement leur chemin tout au long des années soixante auprès d'une jeune génération qui n'avait pas d'expérience vécue de la Première Guerre mondiale. La signification profonde de l'affaire Fischer, qu'on peut raisonnablement considérer comme un débat-clef de l'histoire contemporaine ouest-allemande ne tient pas tant à la révision des idées reçues sur la « responsabilité de guerre », qu'à l'hypothèse d'une continuité politique, et d'une postérité de l'impérialisme au-delà de l'année 1917. Ce point de vue, qui chez Fischer se limitait aux aspects politiques de par ses références aux vieux travaux d'Eckhart Kehr, a connu des prolongements à l'histoire sociale, essentiellement à l'initiative de jeunes historiens de la fin des années soixante comme Wolfgang J. Mommsen et Hans-Ulrich Wehler, lesquels ont ainsi renouvelé l'étude de la transition allemande de l'Empire au Troisième Reich. »
Dans sa rétrospective sur les grands débats historiques, Konrad H. Jarausch qualifiait cette polémique et ses arrières-pensées sur la Deuxième Guerre mondiale, de « querelle de chiffonniers ». Il y va de la continuité de la conscience historique allemande et de la légitimité d'une politique nationaliste (p. 34). L'enjeu de ce « débat-clef » pour l'histoire contemporaine et la conscience historique allemande résiderait « moins dans l'aveu d'une responsabilité de guerre allemande que dans l'autocritique systématique de l'histoire nationale en tant que nécessaire discipline de l'histoire contemporaine source : (de) Sabine Moller, « critique du livre Zeitgeschichte als Streitgeschichte (éd. Martin Sabrow, Ralph Jessen, Klaus Große Kracht; C.H. Beck, Munich 2003, (ISBN 3-406-49473-0)) » [archive], HSozkult, 20 mars 2004. Consulté le 15 août 2007. » (p. 36).
Heinrich August Winkler, au regard des études les plus récentes, juge favorablement la thèse centrale de Fischer source : Der Spiegel, 17 février 2007, p. 56
« L'objectif présenté aux élites pendant la Première Guerre mondiale n'était rien d'autre que l'hégémonie en Europe et l'ascension vers la puissance mondiale. En fin de compte, ce fut un armistice, ressenti par les Allemands comme une injustice criante, bien qu'il préservât le Reich et qu'il lui ménageât la possibilité de reprendre la course pour la compétition mondiale. Il n'y eut alors ni débat ni autocritique sur les causes de la guerre, malgré la publication en avril 1919 d'un recueil de décisions gouvernementales, dont le contenu ne laissait planer aucun doute sur le fait qu'en juillet 1914 les autorités avaient tout fait pour attiser la crise. En réaction contre le point de vue des vainqueurs qui reportait sur l'Allemagne et ses alliés la totale responsabilité du déclenchement du conflit, naquit la légende de la « stratégie défensive », qui fit sur l'opinion un tort comparable à celui suscité par sa sœur jumelle, la légende du coup de poignard dans le dos... »