Discussion:Mondialisation économique/version de travail
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Mondialisation : un nouveau mot
modifierSelon le sociologue Pierre Bourdieu la « mondialisation » est un mythe entretenu par les médias et le pouvoir politique depuis le début des années 1970 et dont l’objectif est de faire avaliser par l’opinion la nécessité, ou plutôt l'inévitabilité d’un recul de la régulation étatique de l’économie et le succès des idées néo-libérales. La référence à la contrainte de la « globalisation » serait devenu l’arme ultime contre la survivance des acquis de l’État-providence, l’argument décisif en faveur de la « flexibilité ». Derrière la référence à la mondialisation se cache en fait souvent la justification du retour au capitalisme sauvage et la négation des acquis sociaux soit disant devenus incompatible avec le nouveau contexte mondial[1].
Le monde aujourd’hui
modifierLa mondialisation consiste en une explosion des flux, qu’ils soient commerciaux, humains, monétaires et informationnels. Le terme d’explosion a le mérite de souligner l’aspect subjectif du concept de mondialisation. Pour comprendre la jeunesse du mot mondialisation, il convient peut-être de s’arrêter un moment sur l’importance qu’ont pris à notre époque les flux économiques internationaux.
Les flux de biens et de services
modifierLes statistiques présentées dans cette partie sont issues de données calculées par l'Organisation mondiale du commerce.
En 2004, les flux internationaux de marchandises ont atteint une valeur courante de 9250 millions de dollars (valeurs des importations). Plus de 75% de ses échanges se sont fait entre les pays de la Triade. Les produits manufacturés représentaient les trois quarts de la valeur des exportations, contre environ 15% pour les échanges de matières premières extractibles et énergétiques, et 9% pour les produits agricoles.
Les mouvements humains
modifierUn des caractères majeurs du monde contemporain est la raréfaction rapide des terres inhabitées ou inexploités. Les hommes qui migrent ne le font plus vers des terres vierges est inconnu, le monde n’est plus à découvrir, il est clos et partagé.
Pour autant, les hommes n’ont jamais autant voyagé. La réduction des distances grâce aux techniques modernes de transports a comme effet de rendre voisins des espaces économiques totalement différents. À quelques heures d’avion des pays riches à la population vieillissante, vivent dans les pays pauvres des jeunes sans emplois, fascinés et agacés par l’arrogance occidentale. Le rapprochement de ces deux mondes créé des tensions et des rêves d’un nouveau genre, tout en alimentant les craintes des pays d’accueil[2]. En 2005, il y avait dans le monde près de 200 millions de migrants, soit 2,9% de la population mondiale[3].
Les flux humains ne se limitent pas aux migrations mais comprennent aussi les déplacements professionnels et touristiques. Selon l’organisation mondiale du tourisme, le tourisme international (comprenant les déplacements d’affaires) représentant 592 millions de déplacement en 1996, et atteindra plus d’un milliard en 2010[4]. Pour ces voyageurs, la présence de modes de vies connus, grâce à des standards hôtelier occidentaux à travers le monde ou à des médias globaux, dont l’exemple type est CNN, est une des dimensions de la mondialisation culturelle qui favorise les flux économiques[5].
Les flux monétaires et financiers
modifierLes flux monétaires atteignent quotidiennement des sommes insoupçonnés. Leur importance dans le processus de la mondialisation est telle que la traduction anglaise de mondialisation, globalization, fait l’objet d’une quasi association en français avec la sphère financière. On parle de « globalisation financière ».
Aujourd’hui, les flux financiers sont 40 à 50 fois supérieurs aux flux de biens et de services[6]. Il se concentrent, pour plus de 80% d’entre eux, entre les pays de Triade.
Des idées qui bougent
modifierLa régulation économique du monde
modifierApproche géographique
modifierÉvolution historique
modifierLes « économies-monde » méditerranéennes
modifierPour des historiens comme Fernand Braudel ou Immanuel Wallerstein, la structure économique du monde moderne existe déjà à partir du XVe siècle, et même dans l’Antiquité.
« […] le capitalisme a toujours été monopoliste, et marchandises et capitaux n’ont pas cessé de voyager simultanément, les capitaux et le crédit ayant toujours été le plus sûr moyen d’atteindre et de forcer un marché extérieur. Bien avant le XXe siècle, l’exportation des capitaux a été une réalité quotidienne, pour Florence dès le XIIIe siècle, pour Augsbourg, Anvers et Gênes au XVIe. Au XVIIIe siècle, les capitaux courent l’Europe et le monde[7] »
Un monde au sens de Braudel désigne une entité économique autonome. L'économie-monde est un espace géographique délimité ; il ne s’agit donc pas nécessairement de la terre dans sa totalité, mais d’une région plus ou moins étendue selon l’époque et le lieu. Au centre de cet espace géographique rayonne une ville dominante qui joue le rôle de capitale économique. Autour d'elle se structure un espace organique en zones successives. On y trouve un cœur économique et politique constitué par les plus proches alentours de la capitale économique, puis en s’éloignant viennent des zones intermédiaires, et enfin la périphérie[8]. Au centre de l’économie monde se concentre la richesse des marchands, c’est là que convergent les revenus et les produits de luxe, c’est en ce point que se développent les arts, la science et les libertés. Les pays de la zone intermédiaire sont marqués par une industrie moins avancée, un système financier plus incertain et les libertés se font plus rares. Les pays en périphérie de ce monde se dédient aux productions les moins avancées dans un système économique bien souvent esclavagiste[9].
Pour Immanuel Wallerstein, le capitalisme se fonde dans cet espace géographique inégalitaire et le commerce inéquitable qui lie ses différentes composantes. Il y profite de l’existence des systèmes féodalistes et esclavagistes qui l’entourent. Certes le centre capitaliste est dépendant de la périphérie pour son approvisionnement, mais sa supériorité lui permet d’y imposer sa loi. Ce serait dans cet optique que l’Europe, passée du féodalisme au capitalisme, serait allé réinventer l’esclavage dans le nouveau monde. Mais cette analyse ne suffit pas, selon Braudel, a expliquer l’émergence du grand capitalisme, qui se fonde, grâce aux grandes découvertes, dans un commerce lointain avec d’autres grandes économies-monde comme celles d’Asie (la Chine, la Péninsule indochinoise…) et non pas seulement dans l’exploitation de sa propre périphérie. Ces relations, a priori superficielles et de peu d’importance dans les flux globaux, sont pourtant celles auxquelles se dédie le grand capital européens à partir du XVIe et du XVIIe[10]. La raison de l’importance primordiale de ses flux, a priori mineurs, est que seul le commerce de denrées produites dans des contrées lointaine permet de constituer des situations d’oligopoles, voir de monopoles favorables à l’enrichissement des marchands.
Historiquement, le XIVe siècle est marqué en Europe par la domination des cités italiennes, en particulier Venise et Gênes, centres d’un monde qui s’étend à travers la méditerranée. À partir de la fin du XVIe siècle, l’hégémonie italienne décline et les produits contrefaits par les hollandais envahissent peu à peu la Méditerranée, ruinant par la force le commerce italien. Pour un temps, Anvers et Amsterdam deviennent les centres d’une nouvelle économie-monde.
Naissance du mercantilisme
modifierHistoriquement, le commerce international a été le principal objet de réflexion des premiers économistes, les mercantilistes. Mais leur mode de raisonnement conduisait à une limitation importante des flux de marchandises entre les nations. Dans la pensée mercantiliste, toute sortie de marchandise est assimilé à une rentrée d’or, du fait de la vente d’un produit à des marchands étrangers. Au contraire toute importations constitue, symétriquement, une sortie d’or. Or l’or est à la base du fonctionnement de l’armée, et donc de la puissance des princes. Il convient donc à tout prix d’exporter autant que possible et d’empêcher les importations. Si une telle logique a été favorable à une certaine forme de mondialisation impérialiste.
La hollande vers les Indes orientales
modifierL’avènement de la domination économique des Provinces-Unies marque un tournant dans l’histoire de la mondialisation. Avec la création de la première Compagnie des Indes par les Hollandais en 1602, le capitalisme accélère le long processus de l’internationalisation des échanges. L’apparition du courant mercantiliste, traduction économique des écrits de Machiavel dans un contexte d’émergence du concept d’État-nation pousse les pays d’Europe dans une course à l’expansion territoriale à des fins économiques. Déjà le commerce bullioniste des puissances de la péninsule ibérique avait mener à la mise en place d’un commerce régulier entre l’Amérique du Sud et l’Europe.
La compagnie néerlandaise des Indes orientales est conçue comme un monopole de droit remis aux propriétaires d’une entreprise capitaliste, mais sous un contrôle étroit de l’État. Il s’agit historiquement de la première grandes société émettrice d’actions et d’obligations Elle est révélatrice de l’enracinement du capitalisme moderne dans un monopole commerciale vers les terres lointaines, tel que décrit par Fernand Braudel.
Cette compagnie capitaliste est plus qu’une simple entreprise. Elle possède des flottes de guerre, de véritables armées terrestres qui livrent des guerres à des rois étrangers.
Loin d'Amsterdam, la compagnie se livre même à un commerce d'Inde en Inde entre ses différents comptoirs, gérant un commerce lucratif qui n'a pas pour destination ultime sa métropole. En 1670, 107 navires de la seule compagnie hollandaise vont de comptoirs en comptoirs en Inde[11]. Au XVIIe et au XVIIIe près d'un million de personnes ont été transportés par les navires de la compagnie[12].
Vers l’Amérique en passant par l’Afrique
modifierÀ partir du XVIe siècle, un important commerce régulier est structuré se met en place à travers l’Atlantique. Les Portugais importent de leur colonie américaine, le bois brésil[13] et l’indigo qui servent à faire des teintures, tandis que les galions espagnols, attaqués par les pirates anglais et hollandais, rapportent l’or des mines américaines. À l’aube du XVIIe siècle le commerce portugais est davantage concentré sur le transport du sucre, qui atteint déjà à l’époque 14 000 tonnes, pour l’or le commerce annuel dépasse les 10 000 tonnes au début du XVIIIe siècle[14]. Les Français ont un commerce quasi-nul avec le Canada, qu’ils perdent sans grands regrets en 1763 au profit de la couronne britannique. L’essentiel du commerce français se fait avec les Antilles qui produisent le sucre et les épices. Pour permettre ses nombreuses importations vers les métropoles d’Europe, les grandes puissance mettent en place un fructueux commerce impliquant l’Afrique.
Le commerce triangulaire se fonde sur le troc de marchandises européennes[15] en Afrique contre des esclaves noirs revendus aux propriétaires de plantations des Antilles, du Sud des futurs États-Unis et sont aussi utilisé pour alimenter les mines portugaises du Brésil. Avant 1650, ce commerce inhumain concernent en moyenne 10 000 personnes, mais le développement des colonies de plantations des Antilles et de l’agriculture cotonnière américaine suscite de nouveau besoin qui accroissent les flux démographiques forcés. Les flux d'esclaves en provenance de l'Afrique noire vers les colonies concerne 900 000 personnes au XVIe siècle, pour passer à 7 à 8 millions au XVIIIe siècle[16]. À partir du XIXe cette époque les traites négrières sont interdites par les grandes puissance (la France révolutionnaire, le Europe en 1815, les États-Unis) sous l’influence de la pensée philosophique des Lumières et de la pensée économique des classiques.
L’année 1776 marque la fin de la domination des penseurs mercantilistes, grâce à la parution du texte fondateur d’Adam Smith qui pose les grands principes du libéralisme, mais aussi la première contestation de l’impérialisme britannique en la Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique. En marge d’une guerre continentale entre américains et anglais, les puissances européennes se déchirent dans une guerre commerciale qui a déjà une dimension mondiale. La flotte française et les navires espagnols et hollandais combattent dans l’Atlantique Ouest non pour soutenir les rêves américains mais pour s’assurer le contrôle des Antilles, parmi les territoires les plus riches du monde. À l’autre bout du monde, France et Angleterre se battent aussi depuis le milieu du XVIIIe siècle pour le contrôle des comptoirs de l’Inde.
Naissance du libre-échange
modifierLa parution des thèses d'Adam Smith en 1776 n’avait pas manqué d’attirer la curiosité des gouvernants, et dès 1786 la France et l’Angleterre avaient signé un premier traité, dit « traité Eden-Rayneval » , en vue de limiter les entraves au commerce entre les deux pays. Toutefois les troubles de la révolution française et des guerres napoléoniennes retardent pour un temps l’essor du libre-échange.
En fait, les gouvernants restent pour la plupart dans une optique mercantiliste dont la politique se fonde sur la crainte du commerce étranger. Aux États-Unis, Alexander Hamilton, secrétaire au Trésor, préconise en 1791 la protection des industries du territoire contre la menace de l’industrie britannique. Si le marché américain est envahi par les produits d’une économie britannique de très loin dominatrice, jamais aucune industrie américaine naissante ne pourra survivre[17]. En Grande-Bretagne, les Corn Laws, qui protègent l’agriculture britannique contre les importations étrangères sont revotées et défendues par les propriétaires terriens, malgré les attaques des économistes classiques. Enfin les états allemands se réunissent dans une union douanière en 1834, le Zollverein, mais suivent les recommandations de Friedrich List consistant à adopter un « protectionnisme éducateur » pour protéger les industries dans l’enfance[18].
La lutte pour le libre-échange n’est virulente qu’en Angleterre. Il ne s’agit pas d’un conflit entre deux pays, mais d’une opposition interne entre deux groupes sociaux différents : les propriétaires fonciers d’un côté, les industriels de l’autre. Ses derniers accusent les lois protectionnistes de provoquer une hausse du prix du pain, qui se traduit par une hausse des salaires des travailleurs, et au final une réduction des profits. Cette analyse avait été développée par David Ricardo dès 1817. Il expliquait que la hausse du prix du grain profitait aux rentiers, et nuisaient aux industriels qui devaient augmenter les salaires nominaux pour assurer à leurs ouvriers le minimum vital. À terme cette dynamique devait, selon Ricardo, mener l’économie vers une croissance nulle[19].Réunis par Richard Cobden au sein d’un lobby industriel, l’Anti-Corn Laws League, les capitalistes de Manchester agitent le prolétariat pour obtenir du « pain bon marché ». Alors qu’une terrible famine vient de toucher l’Irlande, ils obtiennent du gouvernement de Robert Peel l’abrogation de Corn Laws en 1846 à la suite d’une bataille parlementaire incertaine[20]. Rompant avec la logique mercantiliste, le Royaume-Uni, première puissance du monde, retire une entrave au commerce étranger sans exiger la moindre compensation commerciale de la part des puissances adverses.
L’ouverture, sans conditions, du marché britannique aux autres grandes puissances de l’époque ne suffit pas à imposer une dynamique de libéralisation du commerce international. Le Royaume-Uni est alors de très loin la plus grande puissance économique du monde et cette hégémonie inquiète les industriels étrangers si bien que le discours libre-échangiste peine à convaincre à l’étranger. En France cependant, Napoléon III est sensible aux idées des classiques français (Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastiat) et du saint-simonien Michel Chevalier. Ce dernier obtient de l’empereur de négocier avec Richard Cobden un traité visant à resserrer les liens commerciaux entre la France et le Royaume-Uni. Malgré la farouche opposition des industriels français un accord de libre-échange est signé en 1860[21].
L'atelier du monde
modifierC’est donc selon la logique de la spécialisation que l’Angleterre va négliger son agriculture, pourtant la plus productive du monde à l’époque, au profit de son industrie. Mais cette décision s’inscrit dans une logique mondiale qui ne sera pas sans conséquences pour les colonies de son immense empire. L’Inde, exportateur net de produit textile au début du XIXe siècle, voit la plus grande partie de son industrie détruite par les importations de cotonnades britanniques et doit se spécialiser dans une production agricole. Or, au cours de la première moitié du XIXe les Britanniques commerce le blé et les autres grandes ressources vivrières avec les États-Unis, et décide de dédiée les terres de l’Inde aux cultures tropicales comme le coton ou l’indigo. Conséquence de cette spécialisation, la production vivrière indienne rentre dans une phase de déclin. L’Inde dépend alors du prix de vente de ses exportations pour assurer son alimentation via l’importation, subissant des famines lorsque la conjoncture lui est défavorable[22]..
La révolution industrielle permet donc au britannique de mettre en place une économie-monde dont les manufactures de Grande-Bretagne sont le centre, et dont la puissance militaire et navale de l’empire contraint les colonies à des spécialisations diverses. Proche de l’Inde, l’île de Ceylan se consacre tout entière à la production de thé tandis que les britanniques finissent par découvrir une nouvelle ressource en Inde : la culture du pavot. Le principal débouché pour cette production lucrative ne se trouve pas loin, en Chine, mais l’Empire chinois craint les conséquences de la consommation de l’opium sur la bonne santé de son pays et en interdit l’importation. Les Britanniques livrent donc une guerre maritime à la Chine, dite « guerre de l'opium » pour obtenir en 1842 la levée complète de toutes les restrictions au commerce de cette drogue[23].
La « première mondialisation »
modifierCertains historiens ou économistes, à l'image de Suzanne Berger, qualifient de « première mondialisation » la période d’expansion du commerce et d’intensification des échanges de capitaux qui se manifeste entre le milieu du XIXe siècle et le début de la Première Guerre mondiale.
Les flux de marchandises
modifierLa Révolution industrielle a fourni à quelques pays comme le Royaume-Uni, la France, puis les États-Unis et l’Allemagne le quasi monopole des productions manufacturières, ce qui se traduit par la mise en place d’une division internationale du travail : les pays riches échangent des biens manufacturés aux pays pauvres contre des denrées alimentaires et des matières premières. À la veille de la Première Guerre mondiale, le commerce de ces produits primaires représente plus de la moitié du commerce mondial en valeur[24].
L’expansion du commerce international est soutenue par les innovations dans le domaine des transports, en particulier des transports maritimes. Il s’agit du développement des chemins de fer, mais surtout de l’abaissement des coûts de transport maritime : d’après Paul Bairoch, le coût moyen de transport (assurance et frais annexes compris) en pourcentage de la valeur des importations (CAF) passe d’entre 17 à 20% en 1830 à environ 8% en 1910[25]. Cette tendance est permise par le développement progressif de la marine à vapeur (le tonnage de la flotte à vapeur du Royaume-Uni ne dépasse celui des navires à voile qu’en 1883[26]) et la réalisation de grands canaux : le canal de Suez, inauguré en 1869, réduit de 40% la distance entre Londres et Bombay. Dans le transport maritime, la baisse des coûts atteindrait 70% entre 1840 et 1910[27].
Cette tendance s’ajoute à la signature de traités de libre-échange bilatéraux (qui se révèlent multilatéraux du fait de la clause de la nation la plus favorisée) qui suivent en Europe le traité franco-britannique de 1860. Seuls les Etats-Unis, suite à la victoire du Nord dans la Guerre de Sécession, renforcent leur politique protectionniste.
Finalement les échanges croissent beaucoup plus vite que la production, et atteignent, relativement au niveau de la production, des niveaux qui ne seront pas égalés avant longtemps. Ainsi, alors qu’il était d’environ 7,5% vers 1850, le taux d'ouverture à l’exportation (i.e. le ratio exportations/PIB) de la France passe à 15,3% en 1913[28]. Il s’agit d’un taux similaire à celui constaté à la veille des années 1980[29].
Les flux financiers
modifierLes dernières décennies du XIXe siècle sont aussi marquées par une intensification de l’intégration financière internationale. Le Royaume-Uni, en particulier, finance des projets sur la plupart des continents.
Entre 1880 et 1913, les capitaux passent les frontières relativement librement. Londres est la capitale de cette première globalisation financière, grâce aux surplus d’épargne qu’a permis de dégager la Révolution industrielle anglaise. La France est le second grand investisseur mondial.
Certaines années, la Grande Bretagne exporte en capitaux l’équivalent de 9% de son PIB, suivi de près par d’autres pays européens[30]. Les exportations net de capitaux français entre 1887 et 1913, par exemple, ont représenté 3,5% du produit national, une proportion supérieure au pourcentage actuel[30]. De nombreux pays en développement bénéficient de ces mouvements de capitaux comme les colonies britanniques, la Russie (par le biais des fameux emprunts russes). Les capitalistes français procèdent aux premières délocalisations vers la Pologne, la Russie ou encore la Turquie [30] . D’après M. Obstfeld et M. Taylor, le niveau d’intégration financière qu’atteint le monde à cette période est semblable à celui du milieu des années 1990[31]. Les pays d'Amérique profitent quant à eux des capitaux britanniques : l'Argentine atteint des soldes courants équivalents à près de 19% de son PIB[32].
À cette époque, la finance mondiale se concentre essentiellement sur des projets de développement, c’est-à-dire la construction de grandes infrastructures (usines, chemins de fer, canaux …)[33].
Les premières crises mondiales
modifierUne crise économique mondiale
modifierLe nouvel ordre mondial
modifierLes firmes transnationales
modifierLa globalisation financière
modifierDes dollars devenus européens
modifierEn 1971, le président américain Richard Nixon décide de supprimer la convertibilité du dollar en or, tuant de facto le système monétaire international qui reposait sur cette convertibilité. On trouve dans les origines de cette crise du dollar des prémices d’une globalisation financière, l’existence de dollars dont le gouvernement américain avait perdu le contrôle.
Selon le cas, on les appelait les eurodollars ou les pétrodollars. Il s’agissait de devises américaines détenues par les banques des pays d’Europe ou des pays producteurs de pétrole. À partir des années 1960, le dollar est soumis à une dangereuse inflation, notamment liée au financement de la guerre du Vietnam. Lorsque, pour garantir le maintien de la convertibilité de leur monnaie les États-Unis ont mise en place des mesures drastiques, comme l’interdiction de sorties de capitaux, l’économie mondial s’est trouvé privé de sa monnaie de référence. Les entreprises et les financiers ont alors découvert que l’existence de dépôt en dollar dans les banques européennes permettaient à celle-ci de créer ex nihilo des dollars par le jeu du multiplicateur de crédit[34], faisant perdre au banque centrales tout contrôle sur l’émission de cette monnaie de référence. Les États-Unis ayant décidé de restreindre l’émission monétaire, le monde s’approvisionnait en dollar dans les banques offshore[35].
Des eurodollars à l’endettement du Tiers-monde
modifierLa suppression de la convertibilité du dollar, symbolique de la fin du système économique de Bretton Woods fut aussi la raison du choc pétrolier de 1973 qui acheva de conclure le demi quart de haute croissance qu’avaient connu les pays développés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Face à la perte de valeur du dollars, et dans un contexte de guerre au Moyen-Orient, les pays producteurs de pétrole de cette région organise une forte hausse du prix de l’or noir, connu depuis sous le nom de choc pétrolier. Ce choc économique eu comme effet de freiner considérablement le volume des investissements dans les pays développés. Les Banques d’affaires détentrices d’eurodollar, pour nombre d’entre elles établies dans la City de Londres, durent trouver de nouveaux débouchés pour faire fructifier leur argent, celui-ci servant alors à octroyer des crédits importants aux États des pays en voie de développement, suivant l’idée qu’un État offre une certitude de remboursement. Ces prêts massifs et peu contrôlés menèrent des 1982 le Mexique à se déclarer dans une situation d’insolvabilité, première manifestation de ce qui devait devenir la crise de l’endettement du Tiers Monde[36]
La déréglementation des marchés financiers
modifierApproche conceptuelle et théorique
modifierL’internationalisation des échanges
modifierLes nations dans la mondialisation
modifierLa logique de la pensée classique fonde le commerce international sur la spécialisation de chaque état participant.
En 1776, Adam Smith démontre, dans sa Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, que la division du travail est le facteur essentiel de l’accroissement des richesses. Le principal obstacle à l’approfondissement de la division du travail est la taille du marché, À l’échelle de monde, si chaque nation se spécialise dans la production où elle est la meilleure, où elle dispose d’un « avantage absolu », alors la production globale est accrue, ainsi que la richesse de chacun des participants. Un problème n’est pas résolu, que doit faire un pays n’ayant aucun « avantage absolu » ?
Le problème est résolu par David Ricardo en 1817 dans son livre Des principes de l'économie politique et de l'impôt. Prenant l’hypothèse de deux biens produits, le vin et la laine, dans deux pays différents, l'Angleterre et le Portugal, et que le Portugal possède un avantage absolu dans les deux productions, mais que cet avantage est moins prononcé pour la laine, Ricardo démontre mathématiquement que si l’Angleterre ne produit que de la laine, et le Portugal que du vin, puis que les deux nations commercent selon leurs besoin, alors la richesse des deux états sera accrue. Ainsi, le problème de la compétitivité ne se pose plus : même la nation la plus compétitive trouve intérêt à s’insérer dans le commerce international[37].
Dans la première moitié du XXe trois économistes néo-classiques - Eli Heckscher, Bertil Ohlin, et Paul Samuelson - ont associé leurs noms à l’élaboration d’une théorie du commerce international dit « Théorème H.O.S. ». Selon ce théorème, dans le cadre du libre-échange les nations ont tendance à se spécialiser dans le secteur qui requiert les facteurs de production les plus abondants sur leur territoire. Ainsi, les nations fortement dotées en main-d’œuvre se spécialiseront dans les industries de main-d’œuvre, inversement les pays fortement dotés en capital se spécialiseront dans les secteurs qui requièrent une importante concentration capitalistique. On peut bien sur effectuer des distinctions plus subtiles : entre travailleurs qualifiés et travailleurs peu qualifiés par exemple.
Obsolescence de la nation
modifierAujourd’hui la référence à la nation qui préside aux réflexions de la pensées classiques, sans être devenue absurde, a toutefois perdu de sa pertinence. Les grandes entreprises sont contrôlés par des actionnaires aux nationalités diverses, mais surtout leur production et leur consommation sont dispersées à la surface du globe.
Si on en croit la thèse radicale de Robert Reich, « Les firmes et les investisseurs parcourent désormais le monde à la recherche des meilleures opportunités de profit. Ils se sont déconnectés de leur propre nation. Les discussions conventionnelles sur l’économie portent sur le produit national brut, la croissance économique nationale, la compétitivité de la nation. Elles sont à côté de la plaque, de même que la gamme des pronostics concernant l’avenir de l’économie. »
Des échanges plus complexes
modifierAujourd’hui, la théorie classique semble essentiellement expliquer les échanges Nord-Sud et Sud-Sud, c’est-à-dire ceux qui font intervenir des pays pauvres. Ceux-ci exportent les productions gourmandes en travail (textile, jouets …) ou propres à leurs ressources naturelles (matières premières et produits agricoles), et importent les produits manufacturés et/ou les matières premières qu’ils sont incapables de produire.
Mais les flux impliquant les pays pauvres sont relativement minoritaires et l’essentiel du commerce mondial s’effectue entre les pays de la Triade (Amérique du Nord, Japon, Europe occidentale). Or ces pays ont des économies relativement semblables : ils s’échangent des produits que chacun d’entre eux produit pourtant. L’Allemagne exporte des voitures en France, et inversement. La logique de la spécialisation ne permet pas d’expliquer un tel commerce. L’explication de ce phénomène d'échanges intrabranches est fournie par la théorie de la concurrence monopolistique.
Selon cette théorie, la concurrence entre les entreprises ne se fait pas seulement sur les prix, mais aussi sur les produits. Chaque entreprise dispose d’un monopole sur un produit qui n’est pas strictement identique à ceux des entreprises concurrentes. Appliqué au cadre de la mondialisation, on remarque que l'effet de l'agrandissement du marché permet de multiplier la variété des biens, ce qui profite aux choix des consommateurs.
L’emploi et les salaires
modifierQuelle conséquence pour les pays s’ouvrant au commerce international ? Les pays du Sud se spécialiseront évidemment dans les productions manufacturières les plus triviales demandant un nombre important de travailleurs faiblement rémunérés. Inversement les pays riches concentreront les activités qui exigent de lourds investissement ou de la main-d’œuvre qualifiée. De fait, l’activité mondiale tend par exemple à voir les activités de conceptions s’effectuer au Nord et celle de production au Sud
En 1941, Paul Samuelson et Wolfgang Stolper déduisirent que cette dynamique de spécialisation conduirait à une uniformisation des rémunérations des facteurs de productions similaires. En effet, si on considère deux facteurs distincts A et B, si A est très abondant sur le sol national comparativement à B, il s’en suivra naturellement que la loi de l’offre et de la demande favorisera injustement le facteur rare A au détriment du facteur B. Par contre si le pays commerce avec une autre nation ayant une situation inverse, l’inégalité tendra à disparaître sous l’effet de la spécialisation. Autre effet logique, la rémunération d’un facteur tendra, à long terme, à devenir similaire dans les deux pays : pour une même qualification, le salaire de l’ouvrier chinois sera comparable à celui de l’américain. Après tout, n’est-ce pas juste ? La mondialisation serait donc ainsi marquée par une convergence des salaires, vers le haut ou vers le bas selon la localisation géographique et le type d’emploi étudié[38].
Empiriquement, on constate que les pays qui se sont ouverts au commerce international ont connu une relative prospérité. L’exemple le plus souvent cité est celui des dragons asiatiques dont les revenus par habitant ont atteint des niveaux semblables à ceux des pays développés. Aujourd’hui Singapour a par exemple un PIB par habitant supérieur à celui du Royaume-Uni, pays duquel elle dépendait il y a à peine plus d’un demi siècle. De grands pays en développement avaient choisi des stratégies alternatives, comme celle de la substitution d’importation, sans grand succès. Aujourd’hui les pays les plus pauvres restent les pays en marge de la mondialisation.
Dans les pays riches, la croissance économique des pays plus pauvres inquiète. Suivant la règle proposée par le théorème HOS, on craint que l’uniformisation des salaires pour un même emploi consiste en un nivellement par le bas, grâce à la mise en concurrence des travailleurs. L’idée est qu’aux États-Unis la baisse des revenus réels des travailleurs de l’industrie manufacturière est liée à l’essor de pays concurrents disposant d’une main d’œuvre bon marché. En Europe, les salaires étant rigides à la baisse, cette dynamique provoquerait une hausse du chômage.
Dans le prolongement de cette pensée, des auteurs comme le démocrate américain Robert Reich[39] ont vu dans la mondialisation un processus aggravant les inégalités à l’échelle nationale. Les travailleurs les moins qualifiés sont mis en concurrence avec ceux du monde entier et sont donc de moins en moins rémunérés. Au contraire, ceux qu’il appelle les « manipulateurs de symboles », les créateurs d’idées, sont à l’origine d’une production qui peut être répliquée indéfiniment à un coût quasi nul. Le seul obstacle à leurs profits est la taille du marché, qui dans une optique de mondialisation est de plusieurs milliards de consommateurs. Entre les deux groupes, le producteurs de services souffrent moins que les ouvriers, car ils subissent beaucoup moins la concurrence des pays émergents[40].
Les plus éminents représentant de la théorie contemporaine du commerce international se sont opposés à ce genre d’exposés. Paul Krugman y a vu un « théorie pop du commerce international » dangereuse, en ce sens qu’elle répand la sémantique de la guerre économique. Selon les statistiques avancées par Krugman, la cause du recul des salaires de l’industrie manufacturière n’est pas à cherché dans le libre-échange mais dans la structure économique interne des États-Unis. D’abord l’essor des nouvelles technologies a considérablement limité le besoin de main d’œuvre peu qualifiée dans l’industrie, le déclin de la productivité du travail depuis les années 1970 a ralenti l’augmentation des salaires, tandis que la part de la demande intérieure consacrée aux biens manufacturés a reculé. En 1990, le volume des importations des pays avancés en provenance de pays en voie d’industrialisation représentait seulement 1,2% de leur PIB[41].
En France, Daniel Cohen, a estimé que la part de la population active mise en concurrence avec des pays à faible niveaux de salaire n’était que de 2 ou 3%[42]. Reprenant des idées proches de Krugman pour expliquer la crise contemporaine il conclut que le renvoie systématique à la mondialisation est devenu pour les gouvernants le meilleur moyen de cacher les transformations internes des économies nationales.
« L'erreur de raisonnement qui consiste à partir de la mondialisation pour comprendre la crise actuelle porte aussi manifestement le risque, en fait le plus grave, d'alimenter la montée d'un nouveau protectionnisme qui briserait les attentes des pays pauvres. Pour ces pays, le commerce mondial n'est pas une figure de rhétorique : c'est la promesse que soit annulé ce qui apparaîtra peut-être comme une parenthèse de l'histoire de l'humanité: deux siècles au cours desquels les nations du monde ont laissé se creuses des écarts de prospérité et de puissance sans aucun précédent dans l'histoire du monde[43] »
Les flux d’investissement
modifierUn autre aspect majeur de la mondialisation économique réside dans multinationalisation des entreprises.
Les flux financiers
modifierInteractions des dimensions de la mondialisation
modifierMondialisation et régionalisation
modifierVoir aussi
modifierLiens internes
modifierLiens externes
modifierBibliographie
modifierOuvrages généraux :
- Charles-Albert Michalet, Qu’est-ce que la mondialisation ?, La Découverte/Poche, 2004
- Philippe Moreau Defarges, La Mondialisation, puf, coll. « Que sais-je ? », 2005
Un aperçu des différences d’appréciation sur la mondialisation peut être fourni par la lecture de deux livres antagonistes :
- Viviane Forester, L’Horreur économique, Fayard, Paris, 1996
- Alain Minc, La Mondialisation heureuse, Plon, Paris, 1997
Pour une analyse d’historiens sur l’« économie monde » :
- Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, t. 3, Le Temps du monde, Armand Colin, Paris, 1979
- (en)Immanuel Wallerstein, The Capitalist World-Economy, Cambridge University Press, 1979
- Fernand Braudel, La Dynamique du capitalisme, Champs Flammarion, 1985
Références et notes
modifier- Pierre Bourdieu, « Le mythe de la "mondialisation" et l'État social européen »,in « Contre-Feux », 1998 (Athènes, 1996)
- Philippe Moreau Defarges, La Mondialisation, puf, coll. « Que sais-je ? », 6e édition, 2005, p.28-29
- « Year in Review 2005 Social Protection. » in Encyclopædia Britannica, 2006
- cité par Gabriel Wackermann, « Tourisme », in Encyclopædia Universalis, 2005
- « Globalization », in Encyclopædia Britannica, Chicago, 2006
- Philippe Moreau Defarges, op. cit., p.36
- Fernand Braudel, La dynamique du capitalisme, Champs Flammarion, 1988 (1985), p. 118
- Fernand Braudel, op.cit. p. 85-86
- Fernand Braudel, op. cit. , p. 94-96
- Fernand Braudel, op. cit. , p. 97-98
- d'après F.S. Gaastra cité par Fernand Braudel, Civilisation matérielle..., p.263
- Fernand Braudel, Civilisation matérielle..., p.263
- le bois donnera son nom au pays : le Brésil
- Jacques Godechot, « Atlantique (Histoire de l') », Encyclopædia Universalis, 2005
- étoffes, ustensiles de cuivre ou d'étain, couteaux, chapeaux, verroterie, faux cristaux, poudre et pistolets, eau de vie ...
d'après Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, Armand Colin, Le Livre de Poche, Paris, 1979, p.548 - Fernand Braudel, Civilisation matérielle p.549
- voir Alexander Hamilton, Rapport sur les manufactures
- voir Friedrich List, Système national d'économie politique, 1841
- David Ricardo, Des principes de l'économie politique et de l'impôt, GF-Flammarion, 1993 (1817-1821) chap. VII (Des profits) et chap. XXII (Primes à l'exportation et prohibition des importations)
- « Corn Law », Encyclopædia Britannica, Chicago, 2006
- Charles Albert-Michalet, Qu'est-ce que la mondialisation, La Découverte/Poche, Paris, 2004 p.45-46
- Daniel Cohen, Richesse du monde, pauvretés des nations, Champs-Flammarion, 1998 (1997) p52-53
- Daniel Cohen, op. cit. p53-54
- Emmanuel Combe,Précis d'économie, 8e édition, Major, puf, 2005, p. 365
- Paul Bairoch, Victoires et déboires, Gallimard, 1997 cité par Bertrand Blancheton, Histoire des faits économiques, Dunod, p.17
- Bertrand Blancheton, Histoire des faits économiques, Dunod, p.15
- K. O'Rourke et J. Williamson, Globalization and History, MIT Press, 1999 cité par Bertrand Blancheton, Histoire des faits économiques, Dunod, p.17
- Emmanuel Combe, op. cit., p. 365
- E. Combe, op. cit., p. 368
- Suzanne Berger, The First Globalization, 2003 p.6
- M. Obstfeld et M. Taylor, Global Capital Markets. Integration, Crisis and Growth, Cambridge University Press, 2004
- Bertrand Blancheton, op. cit., p33
- Bertrand Blancheton, op. cit., p33
- Contrairement à une idée répandue, dans les systèmes capitalistes modernes la monnaie n’est pas émise uniquement par la banque centrale. Les banques créent de la monnaie ex nihilo lorsqu’elles octroient des crédits. Elles s’autorisent par exemple à prêter 80% (taux choisis arbitrairement) et de conserver 20% pour les nécessités de fonctionnement. Une fois les 80% prêtés, ils sont crédités sur le compte de l’emprunteur et peuvent donc de nouveau être prêtés à hauteur de 64% (80% de 80%) de sorte qu’au final la banque prêtera 5 (5 étant le résultat d’une série géométrique de raison 0,8) fois le montant de sa réserve initiale. La banque centrale ne contrôle qu’indirectement l’émission monétaire, notamment grâce aux taux directeurs.
- Charles Albert Michalet, Qu’est-ce que la mondialisation ?, La Découverte/Poche, Paris, 2004, p.89-90
- Charles-Albert Michalet, op. cit., p.91.
- David Ricardo, op. cit., p.155-159
- Paul Samuelson et Wolfgang Stolper, « Protection and real wages », 1941
- Robert Reich, L’Économie mondialisée , Dunod, 1993 (The work of nations, 1991)
- D’après les chiffres avancés par Robert Reich, entre 1977 et 1990 aux États-Unis, le revenu moyen du cinquième le plus pauvre de la population américaine s’est réduit de 5%, celui du cinquième le plus riche s’est accru de 9%.
- Paul Krugman, La mondialisation n’est pas coupable, La Découverte/Poche, Paris, 2000 (1996) p.59-60
- Daniel Cohen, Richesse du monde, pauvreté des nations, Champs-Flammarion, Paris, 1998 (1997) p.64
- Daniel Cohen, op. cit., p.142-143