Doigté des instruments à pistons

technique d'instrument musical

Pour les instruments à trois pistons, en particulier les petits cuivres, comme la trompette, ou le cornet à pistons la modulation de la note s'opère à la fois par un contrôle du mode harmonique de résonance et la modification de la note fondamentale par l'allongement artificiel de la colonne d'air.

Principe du piston des cuivres : l'action sur le piston provoque une dérivation de la colonne d'air via une coulisse. Le tuyau est globalement allongé. La note obtenue est donc plus grave.

Harmoniques de la gamme naturelle

modifier
Gamme du clairon

Le jeu des instruments à cuivre repose en grande partie sur la maîtrise des modes harmoniques. Aujourd'hui encore, le clairon ou la trompe de chasse ne disposent que de ce moyen pour moduler la hauteur de note. La transition est obtenue par une variation de la tension des lèvres.

Les notes ainsi obtenues sont encore trop écartées. Le recours aux pistons permet de modifier la tonalité naturelle de l'instrument et ainsi de décaler sa série d'harmoniques.

Les trois pistons

modifier

Repérage

modifier
Trompette vue du côté droit

Lorsque l'instrument est tenu en main, la main droite s'aligne avec les pistons de telle sorte que l'index, le majeur et l'annulaire soient posés sur les pistons, et que l'auriculaire soit engagé dans l'anneau de maintien.

  • Ainsi, les pistons sont repérés par les chiffres 1,2 et 3 depuis celui au plus près de l'embouchure vers celui le plus éloigné.
Repérage des trois pistons d'un petit cuivre

L'action sur chaque piston provoque un allongement de la colonne d'air. De ce fait, la fréquence propre de l'instrument est abaissée d'une valeur qui dépend de la proportion de cet allongement. Il en résulte une note plus basse que la note naturelle de l'instrument depuis un demi-ton jusqu'à trois tons.

À partir des combinaisons des positions de pistons, soit huit doigtés, on distingue six intervalles descendants à partir de la note naturelle (sept avec l'unisson). Par exemple à partir du Do(3) (Do grave) on obtient les notes du tableau suivant. Le repérage du doigté donne le numéro des pistons sur lesquels il faut appuyer pendant la production de la note :

Trompette
intervalle exemple illustration repérage
naturelle Do 0
1/2 ton Do > Si 2
1 ton Do > Si 1
1 ton 1/2 Do > La ou 12 ou 3
2 tons Do > Sol# 23
2 tons 1/2 Do > Sol 13
3 tons Do > Fa# 123


Euphonium
intervalle exemple illustration repérage
naturelle Fa 0
1/2 ton Fa > Mi 2
1 ton Fa > Mi 1
1 ton 1/2 Fa > ou 12 ou 3
2 tons Fa > 23
2 tons 1/2 Fa > Do 13
3 tons Fa > Si 123

Modes harmoniques et doigtés combinés

modifier

À partir de chacune des notes de la gamme naturelle (pistons relâchés), on obtient en actionnant certains pistons l'ensemble des notes situées en dessous. À partir du Do(3), cela donne l'accès à toutes les notes de la gamme chromatique. Le Do(2) appelé Do pédale est complètement isolé, hormis pour les instruments à 4 pistons (voir ci-dessous). Sa fréquence basse n'autorise pas de modulation satisfaisante par les pistons.

Plus on monte vers l'aigu, et plus les fréquences propres se resserrent. Alors certains doigtés deviennent obsolètes, et donc seuls les deux premiers pistons demeurent utiles en particulier le 2e (1/2 ton) placé justement en vis-à-vis du majeur (doigt le plus agile). Dans le suraigu, il est même possible de jouer sans utiliser les pistons.

La septième harmonique (correspondant à un Si(4) ) est instable et fausse. C'est pourquoi elle n'entre pas dans le jeu usuel de l'instrument.

0 Do(2) Do(3) Sol(3) Do(4) Mi(4) Sol(4) Si(4) Do(5) Mi(6) Sol(6)
2 * Si Fa Si Fa * Si Fa
1 * Si Fa Si Fa * Si Fa
12

ou 3

* La Mi La Do (Mi) * La Do# -
23 * Sol Sol - - * Sol - -
13 * Sol - - - * - - -
123 * Fa Do - - - * - - -

La gamme recommandée

modifier
Tessiture d'un petit cuivre (écrit dans sa tonalité)

Les petits cuivres dont la partition s'écrit en clef de Sol ont une tessiture qui s'étend d'un Fa# au contre Ut. Seulement toutes ces notes ne sont pas d'égale difficulté. Les notes graves sont souvent fausses, et les aiguës difficiles à produire.

Notes basses

modifier

Sur la deuxième harmonique (soit le Do(3)) on obtient en appliquant les huit doigtés (en réalité sept) toutes les notes basses depuis le Fa# jusqu'au Do. Leur timbre guère esthétique fait que ces notes sont rarement employées.

Note doigté rep. commentaire sur le doigté ou la justesse
Fa# 123 Tirer la coulisse du 3e piston de 17mm
Sol 13 Tirer la coulisse du 3e piston de 7mm
Sol# 23 Ne pas tirer la coulisse du 3e piston
La 12 1re note vraiment accessible. Éviter le doigté 3. Tirer la première coulisse de 4mm
Si 1
Si 2
Do 0

Notes graves

modifier

Le premier pentacorde de la gamme de Do repose sur la troisième harmonique (Sol(3)). C'est cette partie de la tessiture qui justifie le nombre et la disposition des pistons. En effet l'association des trois pistons permet le recouvrement chromatique de l'intervalle Do/Sol.

Au-delà, le troisième piston n'est plus utilisé que pour le Sol#(3). D'ailleurs si, en théorie, son effet est le même que celui des deux premiers pistons cumulés (positions 12 et 3), dans la pratique on préfère la position 12 plus juste. L'usage du troisième piston étant réservé à la production des notes situées au-delà de 1 ton et 1/2 en dessous de la note de la gamme naturelle. L'action sur le troisième piston est souvent accompagnée d'un déplacement de la coulisse (avec l'auriculaire de la main gauche) apportant une correction de justesse surtout pour les notes tenues.

Note doigté rep. commentaire sur le doigté ou la justesse
Do# 123 Tirer la coulisse du 3e piston de 17mm
13 Tirer la coulisse du 3e piston de 7mm
Ré# 23 Ne pas tirer la coulisse du 3e piston
Mi 12 Doigté 3 à éviter car trop bas.
Fa 1
Fa# 2
Sol 0

Fin du registre grave

modifier

Les doigtés sont les mêmes qu'à l'octave inférieur, mais reposent sur le quatrième mode harmonique. Ils ne commencent cependant qu'à partir du Sol#, le Sol étant une note de la gamme naturelle.

Note doigté rep. commentaire sur le doigté ou la justesse
Sol# 23 Ne pas tirer la coulisse du 3e piston
La 12 Tirer la première coulisse de 4mm
Si 1
Si 2
Do 0

Registre aigu

modifier

Les notes de la gamme naturelle se rapprochant, les combinaisons utiles se raréfient. La modulation des notes repose alors plus sur la maîtrise du mode harmonique (travail des lèvres) que sur la manœuvre des pistons (travail des doigts). La souplesse de jeu requiert alors une synchronisation parfaite des deux solutions de modulation. Beaucoup de travail donc.

Note doigté rep. commentaire sur le doigté ou la justesse
Do# 12
Re 1
Re# 2
Mi 0
Fa 1
Fa# 2
Sol 0

Doigté ministériel

modifier

Historiquement, certains euphoniums et saxhorns (barytons, parfois ténors) ont été dotés d'un système de pistons dit "ministériel". Le troisième piston de ces instruments abaisse le son de 2 tons, au lieu de 1 ton et demi sur le système de pistons précédemment décrits. Ce système, qu'on trouve principalement sur d'anciens instruments français et belges, permet d'étendre le registre grave de l'instrument.

Doigtés à quatre pistons

modifier

Les gros cuivres

modifier

Cela ne concerne essentiellement que les gros cuivres, plus graves. Le quatrième piston a un effet équivalent au doigté 13 (soit 2 tons et 1/2). Il sert à couvrir partiellement l'intervalle entre le Do pédale (harmonique fondamentale) et l'harmonique suivante. Il n'intervient alors que sur très peu de notes, comme le troisième piston sur les petits cuivres. Ainsi il étend généreusement le registre du tuba ou de l'euphonium vers le grave. On le retrouve toutefois aussi sur la trompette piccolo ou le cor d'harmonie. Il permet également d'améliorer la justesse de certaines notes (ré et sol médium).

Certains tubas disposent, principalement afin d'améliorer la justesse de certaines notes, d'un cinquième piston qui remplace souvent la combinaison 2-3, voire d'un sixième piston.

Le cor d'harmonie

modifier

Le cor d'harmonie plus complexe est souvent muni d'une quatrième palette. Cette commande supplémentaire peut avoir diverses fonctions suivant les modèles :

  • Obtenir un son bouché ajusté, alors ce dispositif se nomme Stop valve,
  • Changer la tonalité (de Fa en Si b pour le cor double).

Trompette orientale

modifier

Le trompettiste Ibrahim Maalouf se produit souvent sur scène avec une trompette à 4 pistons, conçue par son père et spécialement construite pour lui par Selmer. Le quatrième piston actionné par l'index de la main gauche abaisse la note d'un quart de ton donnant accès ainsi à certaines notes des gammes orientales. Techniquement, il s'agit d'un 1er piston de cornet avec une coulisse adaptée à l'effet choisi.

Voir aussi

modifier
Les articles sur les instruments
Les articles techniques ou scientifique

Références

modifier