LGBT en Syrie

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Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) en République arabe syrienne sont confrontées à des défis juridiques que ne connaissent pas les résidents non-LGBT. L'article 520 du code pénal de 1949, interdit "les relations charnelles contre l'ordre de la nature", et prévoit jusqu'à trois ans d'emprisonnement[1],[2].

Dans les territoires contrôlés par l'organisation armée rebelle Hayat Tahrir al-Cham — qui contrôle environ 7 % de la Syrie — les Syriens LGBT sont arrêtés, battus et exécutés[3],[4].

Mahmoud Hassino, un militant gay de l'opposition syrienne et journaliste qui a lancé le magazine en ligne Mawaleh, note qu'indépendamment de l'issue de la guerre civile, un travail doit être fait dans le domaine des droits civils au nom de tous les Syriens, et pas seulement de la communauté LGBT. Miral Bioredda, dirigeante laïque des Comités locaux de coordination de Syrie, a déclaré : « Personnellement, je considère l'homosexualité comme une affaire privée. Mais la société syrienne dirait "pas question" si les homosexuels se levaient pour revendiquer leurs droits. Développer une société civile prendra du temps ». Nasradeen Ahme, membre de l'Armée syrienne libre qui s'emploie à renverser le gouvernement de Bachar al-Assad, a déclaré : « Si j'étais aux commandes, j'appliquerais des lois plus strictes contre les homosexuels. Si quelqu'un disait que les homosexuels devraient être lapidés à mort comme en Iran et en Arabie Saoudite, je ne m'y opposerais pas »[5].

Histoire LGBT en Syrie modifier

2003 : les droits LGBT reconnus pour la première fois par l'ONU modifier

En 2003 la Syrie, à la Commission des droits de l'homme des Nations unies, a voté le report d'un projet de résolution des Nations unies sur les droits de l'homme et l'orientation sexuelle. Le vote était de 24 contre 17. Le projet de résolution était d'amener la Commission à exprimer sa profonde préoccupation face à la survenance de violations des droits de l'homme dans le monde contre des personnes en raison de leur orientation sexuelle ; souligner que les droits de l'homme et les libertés fondamentales sont le droit de naissance de tous les êtres humains et que le caractère universel de ces droits et libertés est indiscutable ; et demander à tous les États de promouvoir et de protéger les droits fondamentaux de toutes les personnes, quelle que soit leur orientation sexuelle.

2004 : Législation des droits des transgenres modifier

La chirurgie de changement de sexe est légale en Syrie. En 2004, une femme syrienne nommée Hiba s'est présentée comme une femme transgenre qui avait reçu l'autorisation de subir une opération de changement de sexe[6].

2010 : Ingérence politique modifier

En 2010, la police syrienne a lancé une opération de répression qui a conduit à l'arrestation de plus de 25 hommes. Ces derniers ont été accusés de divers crimes allant d'actes homosexuels et de consommation de drogues illégales à l'incitation à un comportement homosexuel et à l'organisation de fêtes dites obscènes[7].

2011 : Mouvements sociaux et organisation virtuelle modifier

Après 2011, la communauté LGBT en Syrie a commencé à exiger des droits plus ouvertement, et des campagnes en dehors de la Syrie ont démarrés pour sensibiliser aux droits des LGBT.

Le nombre croissant d'immigrants et de réfugiés syriens a contribué à ce changement. En effet ils sont nombreux à avoir trouvé plus d'occasions de s'exprimer. Beaucoup de réfugiés syriens LGBT ont notamment participé à des défilés de la Gay Pride à travers le monde[8],[9].

2015 : Préoccupations internationales modifier

En août 2015, le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni lors d'une session sur les droits des LGBT coparrainée par les États-Unis et le Chili. Le conseil a entendu des témoignages de réfugiés fuyant la Syrie et l'Irak. Dans les zones contrôlées par l'État islamique, les réfugiés ont signalé une augmentation de la violence contre les femmes et les membres de la communauté LGBT. Ils rapportaient que l'Etat islamique avait affirmé avoir exécuté au moins 30 personnes pour « sodomie »[10]/ C'était la première fois en 70 ans d'histoire que le Conseil de sécurité de l'ONU discutait des préoccupations des LGBT[11].

La vie LGBT en Syrie modifier

Culture modifier

En 1971, le poète syrien Nizar Kabbani a écrit "The Evil Poem", dans lequel il décrit une relation sexuelle entre deux femmes[12].

Avant 2011, une tournée gay était organisée par Bertho. C'était la première et la seule tournée gay au Moyen-Orient, choisissant Damas et Alep comme leurs principales destinations au Moyen-Orient. "Et c'était la meilleure destination de tous les temps", dit-il. "On faisait des visites des hammams à Alep, et à Damas c'était le paradis des gays. Nous n'avons jamais eu de problèmes, jamais jamais"[13].

Leur tournée est passée par le Liban, la Syrie et la Jordanie. Depuis le début de la guerre civile, la tournée a cessé ses activités en Syrie en raison de l'augmentation du terrorisme causé par les extrémistes islamistes[14].

De plus, les zones de Damas qui étaient auparavant des centres souterrains où les LGBT se rencontraient et étaient pratiquement les seuls endroits en Syrie où une scène LGBT souterraine pouvait exister, ont été éradiquées depuis le début de la guerre civile et la plupart des activités culturelles se sont arrêtées[15].

Films et séries LGBT

Le 19 octobre 2017, est sorti M. Gay Syria, un film écrit et réalisé par Ayse Toprak, qui suit deux réfugiés syriens homosexuels qui tentent de reconstruire leur vie[16].

A Lesbian Tale, un court métrage, a été tourné en Syrie et publié par Maxim Diab le 16 janvier 2014[17].

Social modifier

Avec la modernisation de la civilisation, la tolérance envers les personnes LGBT diminuait progressivement dans la société syrienne, jusqu'au déclenchement de la guerre civile en 2011. En raison de l'émergence de la guerre, la société est devenue plus tolérante, notamment envers les personnes LGBT.

Problèmes liés au VIH/SIDA modifier

Les premiers cas signalés d'infection par le VIH remontent à 1987[18].

En 2005, le sous-ministre des Dotations religieuses a déclaré publiquement que le VIH / SIDA était une punition divine pour les personnes qui se livraient à la fornication et à l'homosexualité. Cette même année, le ministère de la Santé a déclaré que seules 369 personnes en Syrie étaient infectées par le VIH et que le gouvernement offrait à ces personnes "des médicaments à jour pour lutter librement contre cette maladie"[19]. Les organisations non gouvernementales estiment qu'il y en a en réalité au moins cinq fois plus, et les Nations unies ont réprimandé le gouvernement pour ses méthodes de prévention inefficaces[20],[21].

En plus de tolérer le travail de certaines ONG, le gouvernement a mis en place des cliniques bénévoles qui peuvent tester le VIH/SIDA et distribuer des brochures éducatives, mais une éducation publique complète, en particulier pour les personnes LGBT, n'existe pas aujourd'hui[22].

Au lieu de cela, le gouvernement a lancé un programme éducatif limité sur le VIH/SIDA pour les jeunes du secondaire[23].

Soutien politique modifier

Dans le cadre du programme des droits en exil, l'International Refugee Rights Initiative a compilé une page de ressources pour les citoyens LGBT de la République arabe syrienne[2].

L'histoire d'Abdulrahman Akkad modifier

En juillet 2017, un jeune Syrien résidant en Allemagne nommé Abdulrahman Akkad a publié une vidéo en direct sur Facebook, dans laquelle il annonçait son orientation sexuelle et que sa famille faisait pression sur lui pour qu'il se marie contre son gré[24],[25].

En juillet 2020, Abdulrahman Akkad a publié une photo de lui se réunissant avec sa famille et a officiellement annoncé qu'ils acceptaient son orientation sexuelle et que sa famille l'aimait inconditionnellement, la famille d'Akkad est la première famille syrienne à accepter ouvertement leur fils gay. Son histoire a été couvert par de nombreux médias arabes et allemands[26], et l'histoire d'Akkad a été mentionnée lors de la session sur les droits de l'homme au Parlement allemand en 2020[27] par le philosophe allemand David Berger[28],[29].

"One of you" (2020) modifier

"One of you", ou en arabe "واحد منكن" (pron : wahed menkon), est un mouvement de médias sociaux qui a d'abord commencé sur Facebook en 2020, puis s'est déplacé vers la plateforme Twitter. Il a été lancé vers le mois de mars en Syrie, puis suivi par toute la communauté arabe[30]. Il a continué pendant plus d'un mois, mais en raison des événements de l'époque, principalement liés à la pandémie de Covid-19, la tendance s'est éteinte.

Cela a commencé avec des étudiants universitaires peignant les couleurs du drapeau LGBT sur leurs doigts, avec le hashtag #oneofyou sur leur main, prenant une photo avec un bâtiment de faculté tout en levant la main et la postant à partir de divers comptes. La plupart des personnes ayant lancé la tendance n'ont pas posté à partir de leurs comptes personnels de médias sociaux par peur d'être reconnues ; ils ont envoyé la photo à diverses pages à partir de faux comptes pour être publiés anonymement.

Les réactions extrêmes ont été variées.

Heureusement, aucun incident ne s'est produit pendant que la tendance se poursuivait. Certaines discussions en ligne ont dégénérées en disputes animées, mais rien ne s'est passé alors que la tendance s'est éteinte.

Articles connexes modifier

Références modifier

  1. « Syrian Arabic Republic », Equal Rights Trust
  2. a et b « Syrian Arab Republic LGBTI Resources | Rights in Exile Programme », www.refugeelegalaidinformation.org (consulté le )
  3. « Al-Qa`ida Uncoupling: Jabhat al-Nusra’s Rebranding as Jabhat Fateh al-Sham », Combating Terrorism Center at West Point,
  4. « [Letter from Damascus] | We Don't Have Rights, But We Are Alive, by James Harkin | Harper's Magazine - Part 3 », Harper's Magazine,
  5. « Gays join the Syrian uprising | DW | 07.09.2012 », DW.COM
  6. « Syria: Cleric saves transsexual » [archive du ], Gaymiddleeast.com (consulté le )
  7. Brocklebank, Christopher, « Syrian authorities crack down on gay men », Pink News, (consulté le )
  8. « Syrian refugee marches beside Justin Trudeau in Canadian pride parade », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  9. Brekke, « After Years of Repression in Syria, This Gay Refugee Just Celebrated His First Pride Parade », Huff Post,
  10. Westcott, « Gay Refugees Addresses U.N. Security Council in Historic Meeting on LGBT Rights », Newsweek,
  11. « UN Security Council holds first meeting on LGBT rights », Al Jazeera,
  12. « Fetishization for the Sake of Representation: Poetry and Cis-Power », mykalimag.com,
  13. « Meet 'the First and Only Gay Tour Guide in the Arab Middle East' », Vice,
  14. (en) « Meet 'the First and Only Gay Tour Guide in the Arab Middle East' », www.vice.com (consulté le )
  15. « LGBT community finds Damascus more open », Al-Monitor,
  16. « Mr Gay Syria - Crowdfunding teaser - YouTube », www.youtube.com
  17. « A Lesbian Tale | حكاية مثلية "Short Film" - YouTube », www.youtube.com
  18. « Syrian Arab Republic », unaids.org, , p. 2
  19. « 369 infected with AIDS in Syria » [archive du ], Arabicnews.com (consulté le )
  20. « gaymiddleeast.blogspot.com », gaymiddleeast.blogspot.com, (consulté le )
  21. « EGYPT-SYRIA: Governments criticised for approach against HIV/AIDS », Irinnews.org, (consulté le )
  22. « un.org.sy » [archive du ], United Nations .sy (consulté le )
  23. « asylumlaw.org » [archive du ] (consulté le )
  24. « الحبّ انتصر!... شاب سوري مثليّ الجنس يُعلن تصالح والديه معه », رصيف 22,‎ (consulté le )
  25. (ar) « في فلك الممنوع - مـجتـمع الـميم/عين.. مــيــم تصرخ أنا مثلــكــم وعــيــن تعـجـب من عنفكم! », فرانس 24 / France 24,‎ (consulté le )
  26. (de) « Flüchtlinge: Angst vor anderen Flüchtlingen, weil sie sich für Frauen oder Schwule einsetzen », bild.de, (consulté le )
  27. (de) « Deutscher Bundestag - 14. Bericht der Bundesregierung über ihre Menschenrechtspolitik... », Deutscher Bundestag (consulté le )
  28. (de) PP-Redaktion, « Abdulrahman Akkad: Er floh aus Syrien, kritisierte den Islam und wird nun in Deutschland zensiert », Philosophia Perennis, (consulté le )
  29. (de) Berger, « Islamophob? Instagram löscht Profil von atheistischem, homosexuellen Islamkritiker », Philosophia Perennis, (consulté le )
  30. (en-US) « At home and abroad, LGBT Syrians fight to have their voices heard », Syria Direct, (consulté le )