Eight Line Poem
Informations générales
Auteur
David Bowie
Compositeur
David Bowie
Interprète
David Bowie
Pays
Angleterre
Date de création
juillet 1971
Date de sortie
17 décembre 1971
Album
Genre
Durée
2:53
Label
Producteur
Ken Scott, David Bowie
Précédé par
Suivi par

Eight Line Poem est une chanson écrite par l'auteur-compositeur-interprète anglais David Bowie et parue le dans son album Hunky Dory. Comme son titre peu éclairant l'indique, ses paroles forment un huitain. Pièce mineure de l'album, le morceau dégage pourtant un charme mystérieux.

Musique modifier

Enregistrée dans la première quinzaine de aux studios Trident à Londres[1], cette ballade est un morceau court, d'à peine quarante mesures : quinze d'introduction à la guitare, seize pour la partie chantée, et neuf de finale[1].

Elle est conçue comme une continuité musicale de Oh! You Pretty Things, même si ils n'ont pas été enregistrés ensemble[2]. Il n'y a pas d'élan rythmique[3]. Le piano de Bowie, au son vacillant[2], dialogue avec la guitare Les Paul[1] de Mick Ronson, légèrement country[2], branchée directement sur l'ampli[4]. Quand il ne chante pas, Bowie abandonne à Ronson la ligne mélodique[1] au charme désuet, jugée fade par certains[3].

Bowie arbore un style vocal différent pour chaque vers, se glissant successivement dans la peau d'un crooner, d'un cowboy, etc.[5]

Paroles modifier

Le titre, peu éclairant sur la signification de la chanson, indique qu'ici le texte va primer sur la composition musicale : le poème est en effet truffé de métaphores surréalistes complexes[6] et d'assonances (tactful cactus, etc.)[1].

Les quatre premières lignes[1] sont tournées vers l'intérieur d'un appartement, où se déroule une scène banale[6] : un personnage, Clara — peut-être un animal, vraisemblablement féminin — semble prostré[6]. Un cactus observe la scène de la fenêtre[6]. Les quatre autres vers s'évadent à l'extérieur, le cactus semblant assurer la jonction entre les deux parties[1]. Le narrateur (le cactus ? Bowie ?) soulève une question sur l'avenir des cactus, puis conclut par une certitude : c'est dans le soleil qu'est la clef pour comprendre la ville[6].

Les lectures possibles sont nombreuses[6] ; on a pu l’interpréter comme une rupture amoureuse, symbolisée par ce cactus qui se détourne vers le large, laissant Clara à son chagrin[6]. L'arbre dont les branches montent au ciel, qui clôt le poème peut être celui que Bowie et Hermione Farthingale voyaient de leur chambre sur Clareville Grove[4] : Hermione évoque en effet en 2020 « [leur] chambre que les rayons de soleil ne pénétraient qu'après avoir été filtrés par les branches d'un pommier »[7].

Une note manuscrite de Bowie datée de à New-York commente[8] :

« The city is a kind of high-life wart at the backside of the prairie »

« La ville est une sorte de verrue vivante à l'arrière de la prairie »

Accueil modifier

William Burroughs, dans un entretien avec l'auteur, voit dans le poème une réminiscence de The Waste Land de T. S. Eliot — que Bowie pourtant dit ne pas avoir lu[9].

Son biographe Nicholas Pegg estime qu'Eight Line Poem est la chanson de l'album la plus négligée[10].

Autres versions modifier

Le morceau a peu été chanté en public[5], cependant :

  • on trouve une version différente de Eight Line Poem sur le single qui précède la sortie de Hunky Dory[11]
  • le , la BBC enregistre Bowie et Ronson interprétant la chanson dans l'émission Sound of the 70s de Bob Harris. Radiodiffusée le , elle reparaitra en 2000 sur l'album Bowie at the Beeb[8].

Crédits modifier

Références modifier

  1. a b c d e f et g (en) Chris O'Leary, Rebel Rebel: All the Songs of David Bowie From '64 to '76, John Hunt Publishing, (ISBN 978-1-78099-713-1, lire en ligne), Eight Line Poem
  2. a b et c (en) Peter Doggett, The Man Who Sold The World: David Bowie And The 1970s, Random House, (ISBN 978-1-4090-4139-9, lire en ligne), p. 126-127
  3. a et b Matthieu Thibault, David Bowie, l'avant-garde pop, Le Mot et le reste, 446 p. (ISBN 9782360542604, lire en ligne)
  4. a et b Jérôme Soligny, David Bowie, Rainbow Man - 1967-1980, Éditions Gallimard, , 568 p. (ISBN 9782072696428), p. 247
  5. a et b (en) « Eight Line Poem », sur Pushing Ahead of the Dame, (consulté le )
  6. a b c d e f et g (en) María Luisa Carrió-Pastor, Teaching Language and Teaching Literature in Virtual Environments, Springer, (ISBN 978-981-13-1358-5, lire en ligne), p. 267-268
  7. Jérôme Soligny, David Bowie, Rainbow Man - 1983-2016, Gallimard, , 1217 p. (ISBN 978-2-07-289301-8), p. 1197
  8. a et b (en) Roger Griffin, David Bowie: The Golden Years, Omnibus Press, (ISBN 978-0-85712-875-1, lire en ligne)
  9. (en) Holly George-Warren, The Rolling Stone Book of the Beats: The Beat Generation and American Culture, Hyperion, (ISBN 978-0-7868-8542-8, lire en ligne)
  10. (en) Nicholas Pegg, The Complete David Bowie, Londres, Titan Books, (ISBN 978-1-78565-365-0, lire en ligne), p. 81-82
  11. (en) Kevin Cann, Any Day Now – David Bowie: The London Years: 1947–1974, Croyden, Surrey, Adelita, (ISBN 978-0-95520-177-6), p. 224-225