Hydrontin

espèce de mammifères
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Equus hydruntinus

L'Hydrontin (Equus hydruntinus), ou âne européen, est un équidé fossile qui a récemment été rattaché à l'Hémione grâce à l'analyse génétique de l'ADN ancien[1],[2].

Historique modifier

L'hydrontin a été identifié pour la première fois en 1906 dans des assemblages fossiles d'Italie méridionale et a été décrit en 1907 par l'italien Ettore Regàlia. Il a été trouvé depuis dans des sites du Pléistocène supérieur de diverses régions européennes. L'hydrontin a été étudié par de nombreux auteurs, dont principalement Hans Georg Stehlin et Paolo Graziosi (1935)[3], F. Prat (1968)[4], et Vera Eisenmann (1980)[5],[6].

Description modifier

L'hydrontin est un équidé de petite taille aux formes graciles. Sa denture microdonte est caractéristique, avec les dents jugales qui ont conservé de nombreux caractères archaïques le rapprochant fortement d'Equus stenonis.

Ses principaux caractères sont :

  • la double boucle des dents jugales inférieures à caractère primitif, qui le rapproche des ânes et d'Equus stenonis, tandis que les hémiones et les chevaux ont une double boucle évoluée ;
  • le sillon vestibulaire profond de ces mêmes dents l'apparente à Equus stenonis, mais aussi aux zèbres actuels, alors qu'elle le différencie des hémiones et des ânes[7].

Chronologie modifier

Présent en Europe depuis probablement 300 000 ans, il a survécu jusqu'au début de l'Holocène en Europe (France, Italie, Espagne, Portugal, Allemagne et Russie) et au Moyen-Orient, où sa présence a été récemment attestée. Il n'est plus présent en France depuis environ

L'ancêtre de l'Hémione, différent d'Equus hydruntinus, est connu dans le Paléolithique chinois[8]. De véritables Asiniens sont aussi déjà connus dans le Pléistocène supérieur des États-Unis sous le nom d'Equus conversidens (en)[9],[10],[7].

Représentations préhistoriques modifier

Art pariétal modifier

L'hydrontin est très rarement représenté dans l'art pariétal[11]. Les représentations les plus connues sont :

  • Grotte de Gabillou (Sourzac, Dordogne). Gravure magdalénienne[7]. « Asinien probable » selon Philippe Novel[12], malgré quelques caractères caballins peu nets.
  • Grotte de Bernifal (Meyrals, Dordogne). Gravure magdalénienne, avec une tête fine pourvue de deux grandes oreilles et d'une queue glabre. « Asinien probable » selon Philippe Novel[13], quoique l'ensellure apparaisse bien marquée et les membres peu stylisés[7].
  • Grotte des Combarelles I (Les Eyzies, Dordogne). Gravures magdaléniennes.
    • L'Asinien n° 27 observé par Henri Breuil correspondrait à un cheval selon Novel, argüant de la croupe fortement ensellee et du fait que la plupart des chevaux des Combarelles sont gravés avec des oreilles aussi longues[7].
    • La gravure n° 95 représente à juste titre pour Philippe Novel une des plus belles figurations d'« Asinien » connu[7].
    • La gravure n° 113 est considérée par Novel comme « un Asinien probable »[7].

Art mobilier modifier

Dans l'art mobilier, on trouve :

  • Grotte de la Salpêtrière (près du pont du Gard, Remoulins, Gard)[16]. Les oreilles moyennement longues et la convexité du front sont les seuls critères qui font de cette figuration un Equus hydruntinus probable.
  • Schweizersbild (Schaffhouse, Suisse)[17]. Une gravure sur plaquette calcaire du Magdalénien supérieur, que Marcellin Boule[18] identifia comme un cheval, malgré la tête fine, ensellure peu marquée, croupe anguleuse et queue simple qui caractérisent Equus hydruntinus.
  • Grotte du Putois 2 (grottes de Montmaurin, Haute-Garonne). Pendeloque de la fin du Magdalénien moyen, l'une des six représentations certaines connues. Sa datation correspondrait avec la réapparition d'Equus Hydrontinus dans le sud-ouest de la France[11].

Notes et références modifier

  1. (en) Ariane Burke, Vera Eisenmann et Graeme K. Ambler, « The systematic position of Equus hydruntinus, an extinct species of Pleistocene equid », Quaternary Research, vol. 59, no 3,‎ , p. 459-469 (résumé)
  2. (en) Ludovic Orlando, Maryam Machkour, Mariane Burke, Christophe J. Douady, Véra Eisemann et Catherine Hänni, « Geographic distribution of an extinct equid (Equus hydruntinus: Mammalia, Equidae) revealed by morphological and genetical analyses of fossils », Molecular Ecology, vol. 15, no 8,‎ , p. 2083-2093 (DOI 10.1111/j.1365-294X.2006.02922.x, lire en ligne [sur vera-eisenmann.com])
  3. (it) Hans Georg Stehlin et Paolo Graziosi, « Ricerche sugli Asinidi fossili d'Europa », Mémoires de la Société Paléontologique Suisse, vol. 56,‎
  4. F. Prat, Recherches sur les Équidés pléistocènes en France (thèse de doctorat en Sciences naturelles), Faculté des Sciences de l'université de Bordeaux, , 662 p.
  5. Vera Eisenmann et M Patou, « La faune de la grotte de Felines-Termenès (Aude). Résultats préliminaires et étude détaillée des restes d'Equus Hydruntinus (Mammalia, Perissodactyla) », Anthropologie, vol. 84, no 4,‎ , p. 633-649 (lire en ligne [sur researchgate.net])
  6. Jean-Jacques Cleyet-Merle et Stéphane Madelaine, « La pendeloque magdalénienne gravée d'un « Equus hydruntinus » de la grotte du Putois II, commune de Montmaurin (Haute-Garonne) », Paléo, no 3,‎ , p. 119-129 (lire en ligne [sur persee]), p. 126
  7. a b c d e f g h et i Cleyet-Merle & Madelaine 1991, p. 127
  8. Marcellin Boule et Pierre Teilhard de Chardin, chap. 2e partie « Paléontologie », dans Marcellin Boule, Henri Breuil, Émile Licent & Pierre Teilhard de Chardin, Le Paléolithique de Chine, coll. « Arch. Institut de Paléontologie Humaine, no 4 », , p. 27-102
  9. (en) « Harington hippus francisci (Hay 1915) — Harington's Stilt-legged Horse », sur utep.edu (consulté le )
  10. Vera Eisenmann, Les Chevaux (Equus sensu lato) fossiles et actuels : crânes et dents jugales supérieures, Paris, Ed. du CNRS, coll. « Les Cahiers de Paléontologie », 155 p.
  11. a et b Cleyet-Merle & Madelaine 1991, p. 128
  12. a et b Philippe Novel, « Les animaux rares dans l'art pariétal aquitain », Bulletin de la Société Préhistorique Ariège-Pyrénées, t. 41,‎ , p. 63-93
  13. Philippe Novel, « Les animaux rares dans l'art pariétal aquitain (suite) », Bulletin de la Société Préhistorique Ariège-Pyrénées, t. 42,‎ , p. 83-118
  14. Henri Begouën et Henri Breuil, Les cavernes du Volp : Trois Frères, Tuc d'Audoubert, Paris, Arts et métiers graphiques, coll. « Travaux de l'Institut de paléontologie humaine », (réimpr. 1999, American rock art research association), 1re éd., 120 p., XXXII p. de planches hors-texte (OCLC 301400118)
  15. Henri Breuil et Juan Cabré Aguilo, Mémoires originaux : les peintures rupestres d'Espagne. III, Los Toricos d'Albarracin (Teruel), coll. « L'anthropologie » (no 22), (présentation en ligne)
  16. Louis Capitan, Henri Breuil et Denis Peyrony, Les Combarelles aux Eyzies (Dordogne), Paris, Masson, coll. « Archives I.P.H. », , 192 p.
  17. Charles Sarasin, « La station préhistorique du Schweizersbild », Archives des sciences physiques et naturelles, t. 4,‎ , p. 45-66 (lire en ligne [sur archive-ouverte.unige.ch])
  18. Marcellin Boule, La station quaternaire du Schweizersbild près de Schaffouse (Suisse) et les fouilles du Dr Nüesch, Paris, coll. « Nouvelles Archives des Missions scientifiques et littéraires », , 25 p.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier