Grotte des Trois-Frères

grotte ornée dans l'Ariège

La grotte des Trois-Frères est située sur la commune de Montesquieu-Avantès dans le terroir de Volvestre (nord du Couserans dans le piémont pyrénéen), dans le département de l'Ariège, en région Occitanie, France.

Grotte des Trois-Frères
Localisation
Coordonnées
Pays
France
Département
Massif
Vallée
Vallée du Volp
à sa source
Localité voisine
Voie d'accès
D215b
Caractéristiques
Altitude de l'entrée
465 m
Longueur connue
+800 m
Signe particulier
Cours d'eau
Occupation humaine
Magdalénien
Sépultures de l'âge du bronze
Découverte
entrée (aven) :
Sanctuaire :
Site web
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Géolocalisation sur la carte : Occitanie (région administrative)
(Voir situation sur carte : Occitanie (région administrative))
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées
(Voir situation sur carte : Pyrénées)
Géolocalisation sur la carte : Ariège
(Voir situation sur carte : Ariège)

C'est une grotte ornée, dite grotte-sanctuaire, du Magdalénien (Paléolithique supérieur), qui a livré peu de mobilier. Mais elle abrite la figure iconique du « chamane dansant », et ses plus de 1 300 gravures et peintures représentent plus de la moitié de l'art pariétal des Pyrénées ariégeoises. L'abbé Breuil (1952) la classe parmi les six géants de l'art pariétal préhistorique.

Elle fait partie du réseau karstique des grottes du Volp, un site classé incluant la grotte d'Enlène, une des plus riches grottes des Pyrénées ariégeoises en mobilier magdalénien avec notamment de nombreuses plaquettes gravées, et la grotte du Tuc d'Audoubert, qui a livré le très célèbre « groupe statuaire des bisons d'argile », nombre de peintures pariétales et d'objets décorés ou non.
Ces trois grottes font partie du réseau de grottes ornées de la chaine pyrénéo-cantabrique et ne sont pas ouvertes au public.

Toponymie

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La grotte des Trois-Frères prend son nom des trois fils du comte Henri Begouën, qui l'ont découverte.

Situation

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Les grottes du Volp sont dans le nord du Couserans, à quelque 6 km à vol d'oiseau du département de Haute-Garonne au nord, sur la commune de Montesquieu-Avantès[1].

L'entrée de la grotte des Trois-Frères est indiquée sur la carte IGN, à 465 m d'altitude, à environ 1,5 km à vol d'oiseau au nord-est du bourg[1],[2].

L'entrée de la grotte d'Enlène est à environ 70 m à l'est de celle des Trois-Frères. Celle du Tuc d'Audoubert est à environ 800 m à l'ouest de l’entrée de la grotte des Trois-Frères, au sud du hameau d'Audoubert[1],[2].

Découverte

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Le , anniversaire de la découverte des premières gravures du Tuc d'Audoubert deux ans auparavant, Henri Begouën et ses trois fils Max, Jacques et Louis célèbrent l'occasion en tentant de tracer en surface le cours souterrain du Volp. Sont de la partie le jeune cocher François Camel et l'abbé Auguste, précepteur des jeunes et qui tient la baguette de sourcier. Alors que tous scrutent le terrain entre la perte du Volp et sa résurgence[3], Rey de Pujol, un fermier voisin[4], leur indique un trou par où souffle de l'air frais, bouché intentionnellement avec des pierres pour empêcher les moutons de tomber dedans. Le trou, qui prend bientôt le nom d'« aven François », est désobstrué avec difficulté par les jeunes dans la journée du lendemain (). à 18 h 30, François Camel et Max Bégouën peuvent enfin descendre - et ressortent par Enlène[4].
Les premières explorations ont des résultats assez limités[4], jusqu'à l'époustouflante découverte de la salle du Sanctuaire le , ainsi que de la galerie des mains blanches sur fond rouge[5].

Description

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La grotte des Trois-Frères se développe dans ses grandes lignes en direction du sud-ouest, plus ou moins parallèlement à sa voisine la grotte d'Enlène. Les deux grottes communiquent par un étroit boyau qui relie entre elles leurs zones profondes respectives[6],[7] d'environ 60 à 65 m.

Son porche d'entrée s'ouvre sur une salle prolongée par la « galerie des Mains », les deux orientés sud-ouest. Au fond, une galerie de 30 m de long environ mène plein sud jusqu'à l'extrémité est de la « salle du Théâtre »[n 1] ; c'est à cette extrémité Est que débouche, venant du sud, le boyau reliant les Trois-Frères à Enlène[6].
Du côté nord-ouest de la salle du Théâtre se trouve la « chapelle de la Lionne », encadrée par l'ouverture de deux galeries :

  • l'une vers le nord-ouest, d'environ 150 m de long avec la « galerie des Points » à un peu moins de 100 m de son entrée ;
  • et l'autre plein ouest, se développant sur quelque 200 m jusqu'à son extrémité la plus éloignée au bout de la galerie de l'Hémione. Elle débute avec un boyau assez tortueux d'environ 45 m de long, qui débouche sur la « salle du Grand éboulis », puis un autre passage étroit ouvre sur la « salle du Sanctuaire », prolongée par la « salle du Faisan » puis la « salle des Gours ». À partir de la salle des Gours, la « galerie des Chouettes » s'ouvre au nord et la « salle de l'Hémione » au sud-ouest. Cette salle de l'Hémione est elle-même divisée en deux branches courtes, dont la « salle du Foyer » au nord-ouest et l'autre branche vers le sud-ouest[6].

Noter que toutes ces longueurs ne sont que des approximations destinées à donner une idée de l'ordre de grandeur de la grotte ; elles n'en sont pas le développement complet, qui doit aussi inclure les nombreuses salles et galeries annexes, petites ou moyennes, qui se greffent sur les espaces principaux, comme les ±50 m de longueur de la galerie de la Chouette ou les ±20 m de longueur de la chapelle de la Lionne.

Le relevé topographique général des grottes a été fait par François Rouzeau et plus récemment repris par Jörg Hansen afin d'y localiser les emplacements des divers vestiges archéologiques[8].

Avec le Tuc d'Audoubert, les trois grottes participent du réseau karstique des grottes du Volp et ont été creusées par cette rivière.

Occupation préhistorique, archéologie

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Présence d'un dallage et d'un foyer à l'intérieur de la grotte.

Art mobilier (têtes de chevaux stylisées).

Un pecten trouvé à l'entrée de la chapelle de la Lionne a servi de porte-lumière[9]. Ce coquillage, de grande taille mais dont il manque à peu près un tiers, était posé sur sa tranche dans une anfractuosité d'un massif stalagmitique à droite de l'entrée, à 1,30 m du sol[10].

La salle du Grand Éboulis, une trappe

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La salle du Grand Éboulis a fonctionné comme trappe, accumulant les vestiges d'animaux, puis a été scellée avant la fin du Pléistocène (avant 11 700 ans BP). Sa stratigraphie commence avec une couche contenant des restes d'ours des cavernes (Ursus spelaeus), dont un daté à 36 600–34 800 ans BP. Les couches suivantes, au-dessus, sont dominées par le bison des steppes (bison priscus), correspondant à une période de 19 400 à 17 800 ans BP[11].
C'est là, dans un endroit écarté du chemin réservé aux visiteurs, qu'ont été collectés les os[n 2] qui ont servi à décrypter en 2015 la totalité du génome mitochondrial du bison des steppes[12].

Art pariétal

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En 1952 l'abbé Breuil classe la grotte ornée magdalénienne des Trois-Frères parmi les six géants de l'art pariétal préhistorique[13]. Plus de 1 300 gravures et peintures y ont été dénombrées, représentant plus de la moitié de l'art pariétal des Pyrénées ariégeoises[14].

Les noms des salles et galeries témoignent de la variété des figures ornant les parois : galerie des Points, chapelle de la Lionne, galerie des Chouettes (signes claviformes[15]), galerie des Mains (mains négatives[15], blanches sur fond rouge[5])[16]… et illustrent la richesse de l'art pariétal de cette période du Magdalénien supérieur.

  • Art grand public, art d'initiés

Les gravures figuratives sont pour nombre d'entre elles rendues confuses par une accumulation de traits enchevêtrés, caractéristique des figures réalisées dans des endroits difficiles d'accès. Ceci est à comparer aux panneaux ornés placés dans des endroits de passages nombreux, qui sont généralement facilement lisibles, bien exposés et dont les figures sont disposées presque théâtralement - comme si, disent Archambault de Beaune et Balzeau (2009), il existait un art pour le grand public et un autre pour les initiés ; les Trois-Frères faisant partie de cette dernière catégorie[17].

  • Salle du Sanctuaire

Elle comporte plus de 500 figures animales et humaines. C'est la plus grosse concentration d’art pariétal dans la grotte[18]. On peut y voir toutes sortes d'animaux, dont un gros bouquetin, mammouth, éléphant, ours, félins, oiseau… et les deux célèbres figures de sorciers[19]. La même salle inclut un relief surligné par des lignes gravées représentant un grand phallus[20],[21].

Sorciers thérianthropiques (mi-homme mi-animal)

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La grotte est célèbre entre autres pour les représentations pariétales de deux êtres mi-homme mi-animal (thérianthropie), rare dans l'art pariétal[22].

Le chamane dansant

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L'emblématique chamane « dansant » à la coiffe de cerf[23] est la figure la plus connue de la grotte. Il se trouve « sur la paroi terminale de la salle qui fait le fond de l'étage inférieur de la caverne, à plus de 400 m de l'entrée, et dans laquelle sont réunies toutes les gravures »[24] (la salle du Sanctuaire)[n 3].
Henri Bégouën émet des doutes sur l'hypothèse d'une représentation de déguisement pour l'approche d'un gibier, car ce déguisement est disparate (un déguisement d'approche de gibier est uniforme et adapté à l’espèce visée)[25]. Les interprétations successives l'ont vu comme un sorcier pratiquant un rite magique[n 4], ou un dieu des animaux dit le « dieu cornu »[n 4], ou encore comme un chamane en transe[26].

Sa peinture noire est fabriquée à partir de feldspath potassique[27] ((K, Na) [Si3AlO8][28]), et le pigment noir est du manganèse[27].

Similarités avec des œuvres d'autres sites

Une tablette de schiste gravée provenant de Lourdes[n 5], originellement mal comprise par Piette puis réinterprétée par Breuil, présente une figure d'homme à grande barbe, longue queue et peut-être une ramure de cerf[29].
Péringuey reproduit une fresque boshimane représentant un personnage dans la même position, déguisé en animal. D'autres fresques boshimanes représentent des hommes masqués et couverts de peaux d'animaux, dont certains munis d'une queue et s'avançant dans la même position que notre chamane des Trois-Frères[29].
Barth a trouvé au nord-ouest du lac Tchad une sculpture pariétale incluant un homme portant un masque d'antilope et une queue touffue[29].

Le « petit sorcier à l'arc musical ».

Le « petit sorcier à l'arc musical »

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Situé sur le panneau gravé à droite dans la salle du Sanctuaire[22],[30], cette figure mi-homme mi-bison a été l'une des représentations les plus souvent citées pour « démontrer » la musique pendant la Préhistoire[31].

Le panneau dans lequel il est situé présente une multitude de figures d'animaux entremêlées[22]. L’animal placé immédiatement devant le regard de l'homme-bison, présente son arrière-train à ce dernier ; la jambe arrière de cet animal a une cuisse proche d'une cuisse humaine et son anus ou sa vulve est clairement dilaté/e[32].
Ce personnage humain est gravé en station apparemment debout (torse vertical) tourné vers la gauche, un genou (le gauche ?) levé comme s'il dansait[33] ; il a une tête de bison, et un instrument touchant sa bouche[19],[34]. Jusqu'à relativement récemment, cet instrument a été interprété principalement comme un arc musical ou une sorte de flûte et sa position celle d'un danseur.

Un tournant majeur a lieu en 1996 avec la réinterprétation de cette figure par Demouche et al., montrant que le « sorcier dansant et musical » se tient plus vraisemblablement à quatre pattes : la posture à l'horizontale donne beaucoup plus de logique à certains éléments de la gravure, notamment à l'orientation de la queue appartenant à la peau de bête qui le recouvre[31]. Cette interprétation signe la fin du "musicien danseur au genou levé". Le Quellec (2007) note « qu’accepter cette lecture, c’est admettre également la validité des hypothèses qui mettent une partie de l’art paléolithique en relation directe avec la chasse »[35].

Une autre hypothèse (Thackeray 2005) voit dans ce déguisement un moyen d'attirer l'attention et la curiosité des bisons, les incitant à se rapprocher du chasseur[36].

Une interprétation (D’Huy 2015) avance prudemment que la scène pourrait illustrer une version amérindienne du mythe de Polyphème[n 6] dans laquelle le héros se cache dans l'animal en y entrant par l'anus de ce dernier - ce qui expliquerait l'orifice arrière dilaté de l'animal le plus proche. L'homme-bison, qui serait alors le maître des animaux, menacerait le fugitif d'une arme[32] - mais D'Huy note aussi que l'homme et le bison échangent un regard[37],[n 7].

350 figures animales sont répertoriées ; on compte au moins 84 chevaux, 170 bisons[15], 1 rhinocéros ; et 7 anthropomorphes[38].

La faune représentée sur les parois des galeries est similaire à celle qu'on trouve dans les grottes ornées de l'aire franco-cantabrique : une dominante du cheval, du renne et bison.[réf. souhaitée] Elle se distingue par ses félins, rarement représentés dans l'art pariétal.

Félins
  • De rares images, choix des emplacements

Les représentations de lions sont rares dans l’art pariétal : en 2010 seules 150 sont connues, dont 120 en France. Les 3/4 de ce total proviennent des grottes Chauvet (75), Roucadour (22) et Lascaux (11)[39] ; la Grande grotte d'Arcy-sur-Cure (Yonne, Bourgogne) en a aussi quelques-uns (voir la section earticle.

Les lions des Trois-Frères, comme ceux de La Marche, sont notés pour le réalisme soigné de leurs représentations[40].

Des questions se posent quant au choix de leurs emplacements dans la grotte. Ils semblent « mis en scène » comme des sujets particuliers dans le parcours de la grotte (la même interrogation se pose pour les figures d'ours à Montespan[41].

  • Chapelle de la Lionne

Dans cette petite salle ornée de rares gravures de félins (voir plus bas la section « Félins »), des objets divers sont fichés dans cinq fissures pariétales distinctes[42] : silex retouchés ou non, esquilles d'os, dent d'ours, pecten fossile[43] qui se trouve ici bien loin de son lieu de vie[44].

La chapelle de la Lionne abrite deux gravures de félin[45] tracées/rehaussées en noir, sur une grosse masse de calcite en forme d’autel. La tête du lion de la gravure la plus détaillée a été martelée et reconstruite et son corps tailladé de traits et de blessures[40]. Elle est associée à des signes : flèche et main gravée. La même salle abrite aussi une autre gravure de félin (ainsi que deux gravures d'oiseaux et une d'un cheval)[46].

  • Gardien du Sanctuaire et des salles au-delà ?

Un lion impressionnant de presque deux mètres de long (selon H. Bégouën) porte sa tête vue de face, de grands yeux et une crinière abondante. « Gravé sur le mur de droite un peu en avant du défilé et de la cascade stalagmitique qui mène à la salle du Fond [c.à.d. dans la salle du Grand Éboulis à l'entrée du Sanctuaire], il semble en défendre l'accès »[47]. Il est accompagné d'une autre tête de lion également vue de face, au-dessus de sa tête[45] ; tous deux marquent l’approche du Sanctuaire des gravures[40].

Ours

Le Sanctuaire contient une gravure d'ours à quatre pattes, tourné vers la gauche, tête baissée, le corps couvert de cercles et hachuré de traits dans de multiples directions. D'autres hachures semblent sortir de sa bouche[48], comme s'il était blessé. Les représentations préhistoriques connues d'ours se trouvent principalement en France (87,4 %)[18].


Sauterelle, genre Troglophilus.
Os gravé d'une sauterelle et d'oiseaux

Un fragment d'os gravé porte une gravure très précise d'une sauterelle (genre Troglophilus), réalisée avec grande attention aux détails. Outre l'intérêt artistique, cette sauterelle indique sa présence dans les Pyrénées pendant la période glaciaire occurrant au Magdalénien à une époque où on la pensait disparue. Les représentations d'insectes sont rares dans l'art pariétal, par manque d'intérêt et/ou par rareté des insectes à cause du froid[49]. Cette pièce a finalement été attribuée à la grotte d'Enlène[6], ayant été découverte « près de l'entrée du couloir qui mène de la grotte d'Enlène à celle des Trois-Frères »[50].

Représentations d'animaux blessés ou morts

Certaines figures pourraient représenter des animaux blessés ou morts à la suite d'une chasse.

Une représentation de bison inclut sur le flanc de l'animal (endroit vulnérable au-dessus des organes vitaux) une longue ligne terminée en pointe de flèche ; le bison tire la langue et semble agonisant[51]. Ses pattes sont pliées comme s'il s'apprêtait à tomber[52].

Un renne porte deux traits droits terminés par un crochet et un autre trait en pointe de flèche. Les pattes avant sont étendues et l'animal semble mort[51].

Un bouquetin semble atteint par ce qui ressemble à des armes de jet ; cette figure complexe à huit jambes est d'une lecture malaisée[51].

Des figures animées

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Marc Azéma a introduit[n 8] depuis 1990 le concept d'animation de figures dans l'étude de l'art paléolithique. Cette nouvelle dimension[n 8] fournit une explication convaincante pour les très nombreuses représentations d'animaux à têtes et/ou appendices multiples (pattes, queues, cornes, etc.), ou celles des successions d'images où le même animal est vu dans des positions différentes. Il l'expose en films, dont sa surprenante démonstration avec le lion courant de la « frise des lions » (grotte de La Vache, Ariège) et d'autres. Aux Trois-Frères, il montre un bovidé remuant la queue[53].

Génome de bison décrypté

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Jusqu'en 2015, seuls 5 % du génome mitochondrial du bison des steppes (Bison priscus) étaient connus. Une équipe l'a entièrement décodé, à partir de quatre fragments d'os[n 2] stockés au musée de l’association Louis Bégouën à Montesquieu-Avantès[54], collectés à l'écart du cheminement des visiteurs (les échantillons prélevés sur les lieux de passage étaient contaminés avec du Bos, le bovin moderne). Son génome, qui contient 16 318 pb, diffère de celui du bison américain moderne (Bison bison) par 93 polymorphismes spécifiques[12],[55].

Protection

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Dès leur découverte les grottes du Volp ont été fermées au public - une situation tout à fait exceptionnelle pour l'époque. Depuis, les visites ont été rares (moins de 20 personnes par an, en trois ou quatre groupes par an)[56],[n 9].

En 2009, le parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises est créé, dont fait partie le territoire de Montesquieu-Avantès. Les abords des grottes bénéficient donc de la protection imposée par les règles du parc.

Le « bassin hydrogéologique du massif karstique du Volp et les paysages remarquables qui lui sont liés » est classé parmi les monuments naturels et sites du département de l'Ariège par décret du [57] sur proposition de Delphine Batho, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Le classement est publié au Journal Officiel du [58], avec le nom de « bassin hydro-géologique du Volp à Montesquieu-Avantes en Ariège ». Ce site naturel couvre 1 928 ha[58].

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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Courte vidéo de cinq animations montrant les mouvements représentés par des successions ou juxtapositions d'images : Lascaux, mouvement de tête d'un cheval galopant (15 s - 30 s) ; Les Trois Frères, bovidé remuant la queue (31 s - 42 s) ; Chauvet, bovidé courant (43 s - 53 s) ; Foz Coa, cheval encensant de la tête (53 s - 1 min 10 s) ; La Vache : lion courant de la « frise des lions » (1 min 20 s - 1 min 38 s).
  • [Bégouën (É. & M.-B.) 2013] Éric Bégouën et Marie-Brune Bégouën, « Découverte d’un grand phallus gravé magdalénien dans la grotte des Trois-Frères (Ariège) », Bulletin de la Société préhistorique française, t. 110, no 1 « Découvertes récentes »,‎ , p. 127-129 (lire en ligne, consulté le ).
  • [Bégouën (H.) 1920] Henri Bégouën (conservateur des grottes du Volp), « Un dessin relevé dans la caverne des Trois-frères, à Montesquieu-Avantès (Ariège) », bulletin de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, no 4,‎ , p. 303-310 (lire en ligne [sur persee], consulté le ).
  • [Bégouën (H. & L.) 1937] Henri et Louis Bégouën, « Deux petites statuettes magdaléniennes de la Caverne des Trois Frères. Quelques esquilles d'os du Magdalénien travaillées comme des silex », Congr. préhist. de France, XIIe session,, imp. Monnoyer,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • [Bégouën (H.) & Breuil 1958] Henri Bégouën et Henri Breuil, Les cavernes du Volp : Trois Frères, Tuc d'Audoubert, Paris, Arts et métiers graphiques, coll. « Travaux de l'Institut de paléontologie humaine », (réimpr. 1999, American rock art research association), 1re éd., 120 p., XXXII p. de planches hors-texte (OCLC 301400118).
  • [Bégouën (R.) et al. 2014] Robert Bégouën, Jean Clottes, Valérie Feruglio, Andreas Pastoors, Sébastien Lacombe (coop.), Jörg Hansen (coop.), Hubert Berke (coop.), Henry de Lumley (préface) et al., La caverne des Trois-Frères : anthologie d'un exceptionnel sanctuaire préhistorique, Association Louis Bégouën, , 248 p. (présentation en ligne, lire en ligne). (Plan annoté des trois grottes d'Enlène, des Trois-Frères et du Tuc d'Audoubert : p. 48-49. Plan plus détaillé des Trois-Frères et d'Enlène : p. 56-57.)
  • [Breuil 1930] Henri Breuil, « Un dessin de la grotte des Trois frères (Montesquieu-Avantès) Ariège », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 74, no 3,‎ , p. 261-264 (lire en ligne [sur persee], consulté le ).
  • [Marsolier-K. et al. 2015] (en) Marie-Claude Marsolier-Kergoat, Pauline Palacio, Véronique Berthonaud, Frédéric Maksud, Thomas Stafford, Robert Bégouën et Jean-Marc Elalouf, « Hunting the Extinct Steppe Bison (Bison priscus) Mitochondrial Genome in the Trois-Frères Paleolithic Painted Cave », PLOS One,‎ (lire en ligne [sur journals.plos.org], consulté le ).

Liens externes

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Cette page montre de nombreuses photos et documents, dont un relevé du panneau gravé de droite dans la salle du Sanctuaire incluant le « petit chamane à la flûte / arc musical ».
  • (en) « Cave Paintings and Sculptures », sur donsmaps.com (Resources for the study of Palaeolithic European, Russian and Australian Archaeology).
Cette page montre un ancien plan des grottes des Trois-Frères et du Tuc d'Audoubert, schématisant quelques éléments du réseau hydrographique lié (faire une recherche de page avec le mot « trois »).
Cette page contient de belles photos des grottes, de la perte et de son premier siphon, de la résurgence, etc… et un plan des trois grottes montrant une approximation du réseau hydrologique souterrain du Volp ; le plan, quoique de moins bon graphisme que le précédent indiqué ci-dessus, est celui qui comporte le plus d'annotations.

Notes et références

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  1. Plan détaillé de la salle du Théâtre : Bégouën (R.) et al. 2014, p. 89.
  2. a et b Les os ayant servi à la détermination du génome du bison des steppes sont la partie distale d'une ulna (SGE1), une côte (SGE2), un fragment d'humérus (SGE3) et une vertèbre (SGE5).Voir Marsolier-K. et al. 2015, Fig. 1.
  3. Begouën et al. 1920, p. 303 : la description par Henri Bégouën de l'endroit où se situe le sorcier dansant ne peut être tout à fait exacte. Si l'on se réfère au plan des trois grottes dans Begouën et al. 2014, p. 39-40, la « salle qui fait le fond de l'étage inférieur de la caverne » est la salle du Foyer ; mais la « salle […] dans laquelle sont réunies toutes les gravures » est la salle du Sanctuaire. ?
  4. a et b D'après les théories de H. Bégouën et H. Breuil qui ont été les premiers à étudier la grotte.
  5. La tablette de schiste gravée de Lourdes se trouve (en 1920) au musée d'archéologie nationale (MAN) de Saint-Germain-en-Laye, collection Nelli, n° 55522. Cité dans Begouën et al. 1920, p. 308.
  6. L'une des constantes du très répandu mythe de Polyphème, est celle d'une personne s'échappant d'une situation dangereuse en se cachant à l'aide d'animaux, par exemple sous une peau d'animal (D'Huy 2015, p. 55).
  7. Sur la référence ("Breuil 1930: 262") dans D'Huy 2015, p. 54 fig. n° 8a et p. 55 fig. 8b : cette référence à Breuil renvoie uniquement à l'origine des relevés de gravures dont D'Huy illustre son exposé - et serait mieux placée immédiatement après les descriptifs des relevés. En effet, Breuil place d'emblée cette figure parmi les représentations de sorciers (voir Breuil 1930, p. 264 et autres publications) et n'a jamais fait une quelconque association entre cette figure et le mythe de Polyphème ou l'idée de s'échapper. Selon toute vraisemblance, D'Huy n'a jamais par ailleurs suggéré que Breuil l’ait faite (voir entre autres D'Huy 2014 ; (en) « The evolution of myths », Scientific American,‎ , p. 62-69 (lire en ligne).
    Accessoirement, la position « à quatre pattes » du personnage n'a été établie que relativement récemment (Demouche et al. 1996). Jusqu'alors, toutes les interprétations l'ont vu debout (torse vertical) et avec un genou levé (d'où l'idée de danse), tel qu'il est positionné dans le panneau. Les auteurs de la nouvelle position ne suggèrent pas non plus la notion de s'échapper.
  8. a et b Marc Azéma n'est pas le premier à avoir émis l'idée de figures préhistoriques animées (voir l'article « Marc Azéma », section « Prédécesseurs »). Avec sa passion pour l'image en mouvement, il est toutefois le premier à avoir exploré ce concept jusqu'à le concrétiser de la façon la plus immédiate qui soit : en montrant le résultat animé dans l'action, dans des films et vidéos - un moyen technique qui, en l'occurrence, rend les mots superflus et qui bien sûr était inaccessible à ses prédécesseurs. Encore fallait-il y penser.
  9. Pour comparaison sur le taux des visites, la Grande grotte d'Arcy-sur-Cure reçoit 35 000 visiteurs par an. Voir la section « Tourisme » de l'article sur la Grande grotte, seule parmi les grottes ornées connues du Paléolithique qui soit encore ouverte au public, et la deuxième plus ancienne connue à ce jour (2019) après la grotte Chauvet.

Références

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  1. a b et c Carte interactive sur « Grottes du Volp (centré sur la grotte des Trois-Frères) » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées. Vous pouvez bouger la carte (cliquer et maintenir, bouger), zoomer (molette de souris ou échelle de l'écran), moduler la transparence, désactiver ou supprimer les couches (= cartes) avec leurs échelles d'intensité dans l'onglet de "sélection de couches" en haut à droite, et en ajouter depuis l'onglet "Cartes" en haut à gauche. Les distances et surfaces se mesurent avec les outils dans l'onglet "Accéder aux outils cartographiques" (petite clé à molette) sous l'onglet "sélection de couches".
  2. a et b « 1.4.5 Paléolithique supérieur Magdalénien Bouquetins affrontés Grotte Enlène Montesquieu Montesquieu-Avantès », sur maquetland.com (consulté le ).
    Cette page contient une carte IGN avec les entrées des trois grottes clairement fléchées : 1, Enlène ; 2; les Trois-Frères ; 3, le Tuc d'Audoubert. Le propulseur aux bouquetins, sujet de la page liée, provient de la grotte d'Enlène.
  3. Bégouën (R.) et al. 2014, p. 16. Tiré du journal de Louis pour 1914.
  4. a b et c Bégouën (R.) et al. 2014, p. 18. Tiré du journal de Louis pour 1914.
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  50. Enrico Pozzi, Les Magdaléniens : art, civilisations, modes de vie, environnements, Grenoble, éd. Jérôme Millon, coll. « L'Homme des Origines », , 385 p. (ISBN 2-84137-144-1, lire en ligne), p. 177.
    Concernant la gravure sur os de la sauterelle et des oiseaux, Marc Azéma et Laurent Brasier la font aussi provenir d'Enlène (voir Marc Azéma et L. Brasier, Le Beau Livre de la préhistoire : De Toumaï à Lascaux 4, Dunod, , 400 p. (présentation en ligne), p. 126) ; ainsi que d'autres auteurs.
  51. a b et c Pozzi 2004, p. 203. Les figures du bison (n° 378), du renne (n° 380) et du bouquetin (n° 381) blessés se trouvent p. 356.
  52. Pozzi 2004, p. 204.
  53. [vidéo] Azéma 1990, « Des cinémas durant la préhistoire ? ».
  54. Marsolier-K. et al. 2015, « Material and Methods » - « Collection of archeological samples ».
  55. « La grotte magdalénienne des Trois-Frères livre le premier génome mitochondrial d'une espèce éteinte de bison », communiqué de presse et dossiers de presse, sur mnhn.fr, (consulté le ).
  56. Robert Bégouën, « Projet d'étude globale les cavernes du Volp : Enlène, les Trois-Frères, le Tuc d'Audoubert », dans L'art pariétal paléolithique. Techniques et méthodes d'étude (textes réunis par le GRAPP - Groupe de réflexion sur l'art pariétal paléolithique), Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) et Ministère de la recherche, , 427 p. (présentation en ligne, lire en ligne), p. 161-162. Cité dans « Grotte d'Enlène », sur donsmaps.com.
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