Et si la France avait continué la guerre

Et si la France avait continué la guerre est un essai[1],[2] publié en 2013 en France par un collectif de chercheurs sous la direction de Jacques Sapir, Frank Stora et Loïc Mahé.

Et si la France avait continué la guerre
Auteur Collectif
Pays Drapeau de la France France
Genre Roman / Essai
Science-fiction
Version originale
Langue Français
Titre Et si la France avait continué la guerre
Éditeur Éditions Tallandier
Collection Texto
Lieu de parution États-Unis
Date de parution 2013
Version française
Éditeur Éditions Tallandier
Collection Texto
Lieu de parution Paris
Date de parution 2013
Type de média Livre papier
Nombre de pages 352

Cet essai[3] (mais qui peut aussi être considéré comme une uchronie réaliste [cité dans le guide de l'uchronie chez ActuSF[4]]) décrit une histoire alternative de la Seconde Guerre mondiale dans laquelle la France a continué le combat durant l'été 1940, avec tout ce qui découle de cette décision.

À partir d'un point de divergence, placé le , ce récit décrit les événements tels qu'ils auraient pu se produire dans ce cas et les conséquences sur le déroulement de la guerre jusqu'à sa fin.

Il comprend, pour le moment, deux tomes « 1940 » et « 1941/1942 »[5],[6]. Le récit des années 1943 et 1944 est en cours de rédaction et pourrait faire l'objet de la publication d'un troisième tome.

Rédaction

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Cet ensemble de livres (deux tomes en 2019) est la transcription littéraire[7] du consensus d'histoire alternative[8] qui a résulté des discussions, dans un blog puis sur un site dédié[9], d'un ensemble de passionnés (professionnels et amateurs) d'histoire de la Seconde guerre mondiale.

Il a été lauréat du prix La plume et l'épée du Ministère de la Défense en 2013[10] .

Cet ensemble de livres a été créé par un collectif de chercheurs, d'historiens, de militaires en activité et à la retraite et d'autres spécialistes tant français qu'anglais, russes, américains et japonais en s'appuyant sur tout élément permettant de construire une alternative réaliste à la 2e guerre mondiale telle qu'elle s'est déroulée[11].

Les grandes étapes du second conflit mondial (batailles d'Angleterre, Pearl Harbor, Barbarossa...) sont, bien sûr présentes, et leur déroulement est proche de celui que nous connaissons, adapté au contexte d'un monde où la France, au travers de son empire colonial, poursuit le combat ; la fin de la guerre est également celle que nous connaissons.

Pour conforter la trame choisie ont été utilisées les mémoires de personnages historiques (Winston Churchill, Adolf Galland, Vassili Grossman...), leurs réactions connues, leurs idées et préjugés (Hitler, Mussolini, Laval...).

De même ont été prises en compte les caractéristiques des matériels militaires utilisés mais aussi des projets français encore non aboutis en et leurs valeurs en comparaison de leurs adversaires, la composition des forces en présence à un moment donné et les résultats et conséquences historiques de combats et décisions réelles.

Les nombreuses œuvres de spécialistes (voir la très longue bibliographie à la fin du tome 1) de la Seconde Guerre mondiale (Robert Paxton, Ian Kershaw...) ont également été exploitées pour valider la trame alternative.

Les solutions retenues ont été validées par des jeux de guerre à l'École Militaire[11].

Étapes

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Point de divergence

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Hélène de Portes, maîtresse du président du Conseil, Paul Reynaud, décède dans un accident de voiture le (historiquement, elle décédera le ). En l'absence de son influence poussant à l'armistice et soutenu par le camp de ceux qui veulent poursuivre le combat (Georges Mandel, Charles de Gaulle, ...) Reynaud s'oppose au vice-président du Conseil, Philippe Pétain (qui, furieux de cette décision, aura une attaque cardiaque et décédera peu après[12]) et choisit de poursuivre le combat. On décide de transférer le gouvernement en Afrique du Nord (après un repli de Paris à Toulouse) et de poursuivre les combats retardateurs en France aussi longtemps que possible pendant que l'on évacue les matériels militaires modernes, les spécialistes, les matériaux, plans et machines-outils ainsi que tout ce qui pourra aider à la poursuite du combat (structure et personnel de l'agence Havas, de la Banque de France, de la Radiodiffusion nationale, de l'institut Pierre et Marie Curie...)[13]

Résultats et conséquences (1940)

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  • La campagne de France, dont l'issue reste inéluctable, immobilise les troupes allemandes bien plus longtemps que dans la réalité, ce qui les empêche de venir au secours de l'Italie en Afrique. Par ailleurs, la bataille d'Angleterre débute environ 6 semaines plus tard, avec une météo bien moins favorable pour la Luftwaffe, face à une RAF qui a eu le temps de se renforcer. L'échec allemand en est d'autant plus inévitable.
  • L'Italie, entrée en guerre contre la France au moment où celle-ci faiblissait, ne progresse pas plus que dans la réalité dans les Alpes et sur la côte d'Azur mais elle est, par contre, attaquée en Afrique septentrionale italienne (Libye) par la France d'un côté (Tunisie) et par l'Angleterre de l'autre (Égypte), elle perd donc assez rapidement ses possessions. L'Afrique orientale italienne résistera un peu plus longtemps mais, de par l'union des forces françaises (troupes amenées du Levant, Djibouti), belges (Congo) et anglaises (Égypte, Kenya), cette résistance durera moins que dans la réalité et l’Éthiopie retrouvera plus vite son indépendance.
  • La France restant l'alliée combattante de l'Angleterre, il n'y a pas d'attaque à Mers-el-Kébir et la Royal Navy bénéficie de l'apport important de la Marine nationale dans ses activités en Méditerranée et dans l'Atlantique nord (d’où une meilleure protection des convois).
  • L'empire français reste soudé derrière le gouvernement, ce qui apporte des hommes, des matériels et élimine les points de friction qui ont historiquement existé entre la France et l'Angleterre (Bataille de Dakar, Levant, Antilles, Madagascar, ...).
  • La Corse, toujours libre fin 1940, est une épine dans le flanc de l'Italie et sera le tremplin de la prise de la Sardaigne.
  • L'Italie perd assez rapidement ses possessions africaines ; la guerre du désert se terminant en 1940, il n'y a pas d'Afrika Korps, et la Méditerranée devient rapidement une zone où les flottes franco-anglaises ont la quasi-maîtrise des flots et peuvent faire passer des convois dans de bonnes conditions (non sans pertes néanmoins).
  • La résistance des Français amène les États-Unis à les aider de manière plus prononcée qu'historiquement mais tel que ceux-ci l'avaient initialement prévu avant l'armistice.
  • Un gouvernement de collaboration, avec Pierre Laval à sa tête, est mis en place par les Allemands à Paris ; composé de figures réelles de la collaboration (Doriot, Déat, Darnand), il prend des mesures qui ont, historiquement, été celles du gouvernement de Vichy et d'autres, qui n'ont existé que dans les discours des leaders collaborationnistes. La collaboration est ainsi plus radicale qu'en réalité.

Analyse (1940)

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À partir d'un point de divergence choisi à un instant critique, les auteurs partent de faits historiques réels dont ils extrapolent les résultats et conséquences et qu'ils adaptent de manière alternative[14]  :

  • la crédibilité du déroulement de la campagne de France, très proche du point de divergence, est réaliste si on accepte l'idée d'une bonne résistance des troupes dont le moral a remonté grâce à des ordres clairs et des chefs pugnaces aux ordres d'un gouvernement combatif. Historiquement, le discours de Pétain (« C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat ») a littéralement achevé de briser la volonté de se battre qui perdurait même au mois de juin dans l'armée française.
  • les événements en Libye et en Méditerranée, qui découlent de la présence combattante de la France en Tunisie et au Levant et du maintien au combat de la flotte française, sont une extrapolation plausible (dans la réalité, face aux seuls Anglais, l'Italie aura besoin de l'aide allemande pour se maintenir (un temps) en Libye).
  • la prise de la Sardaigne est une décision des alliés rationnelle dans le contexte et dont l'issue est plausible au vu de ce que l'on connaît des moyens militaires italiens de l'époque et de la doctrine de la Regia Marina.
  • comme dans la réalité les différents leaders des partis collaborationnistes sont plus occupés à se combattre et se dénigrer entre eux qu'à toute autre activité, excepté la surenchère antisémite et anticommuniste pour se faire bien voir des Allemands, la différence étant qu'ils sont tous ministres d'un gouvernement fantoche.

Résultats et conséquences (1941)

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La faiblesse de l'Italie et ses défaites en Afrique et en Sardaigne amènent les Grecs à lui déclarer la guerre et, comme dans la réalité, les Italiens sont acculés en Albanie, ce qui oblige Hitler à intervenir.

  • comme dans la réalité, le refus de la Yougoslavie de laisser passer les troupes allemandes par son territoire amène à l'invasion de celle-ci par les Allemands.
  • en Grèce, par contre, la présence des troupes françaises au côté des Anglais génère une bien plus grande résistance sur ce front, et, le résultat est identique à la réalité, mais le calendrier est différent. Les opérations terrestres se terminent début juillet. Toutefois, une grande partie des îles grecques ,ainsi que la Crète, demeurent entre les mains des Alliés. La mer Égée devient ainsi une zone très disputée, avec d'intenses combats aériens jusqu'au mois d'août.

La présence des alliés en Corse et en Sardaigne oblige Hitler, pour sécuriser le flanc sud du IIIe Reich, à les conquérir avant tout autre action : il déclenche pour cela l'opération "Merkur" (qui a eu lieu, dans la réalité en Crète) avec un effet identique à la réalité en ce qui concernent les troupes parachutistes allemandes (le 'tombeau des parachutistes') et les pertes en appareils de transport (JU 52).

La campagne de France, l'opération Merkur et les campagnes de Yougoslavie et de Grèce ont saigné la Wehrmacht, ce qui oblige Hitler à reporter à l'année suivante l'invasion de l'URSS pour avoir le temps de reconstituer les unités et de recompléter les dotations de matériels nécessaires aux unités.

Analyse (1941)

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L'importance de la Méditerranée dans la trame du récit[15],[16] est due à la perte rapide de la Libye par l'Italie et à la présence de combattants et matériels français qui donnent une ampleur plus importante à ce qui n'a été qu'un front relativement secondaire jusqu'au débarquement américain en Afrique du Nord (opération Torch).

Le report de Barbarossa, même s'il est logique dans la trame temporelle de l’œuvre, a dû beaucoup coûter à Hitler qui a, dans la réalité, pris le risque de lancer l'opération en 1941, mais en retard et avec les conséquences que l'on connaît, tellement la conquête du Lebensraum était importante dans sa vision du monde.

Les légères distorsions, tout en préservant un résultat identique (Irak, combat du Bismarck[17]...) créent un clin d'œil romanesque bienvenu dans un récit qui est presque 'réel', tellement il est cohérent.

Le site

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Le site[9] complète les livres en proposant, outre des débats, des options, un forum, des récits détaillés d'opérations, des destins individuels, des cartes qui auraient considérablement gonflé les ouvrages édités s'ils en avaient fait partie.

Adaptation BD

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Le scénariste Jean-Pierre Pécau, le dessinateur Jovan Ukropina et la coloriste Tanja Cinna ont réalisé une adaptation en bandes dessinées.

Trois tomes ont été publiés entre 2015 et 2017 chez Soleil Productions :

  1. Le Grand Déménagement, parue en 2015
  2. Le Sursaut, parue en 2016
  3. La Riposte, parue en 2017

Notes et références

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  1. Jacques Sapir, « Et si la France avait continué la guerre », sur Babelio (consulté le )
  2. Sylvain Bonnet, « 1940 Et si la France avait continué la guerre - Tome 3 : la riposte », sur ActuSF, Science-fiction, (consulté le )
  3. Guillaume Desmorat, « Juin 1940 : continuer la guerre », sur Nonfiction, (consulté le )
  4. gobled-campeis, « Le guide de l'uchronie », sur ActuSF, (consulté le )
  5. Jacques Sapir, Frank Stora, Loïc Mahé, 1940. Et si la France avait continué la guerre, Paris, Tallandier, , 588 p. (ISBN 979-10-210-0428-3)
  6. jacques Sapir, Frank Stora, LoïcMahé, 1941-1942 Et si la france avait continué la guerre ..., Paris, Tallandier, , 720 p. (ISBN 979-10-210-0657-7)
  7. « 1940 : Et si la France avait continué la guerre… », sur Aérion24news (consulté le )
  8. « 1940, et si la France avait continué la guerre », sur Libération, Quotidien national, (consulté le )
  9. a et b « Fantasque Time Line | 1940 - La France continue la guerre », sur Fantasque Time Line (consulté le )
  10. Ministère de la Défense, « La plume et l'épée - 5ème édition », sur La plume et l'épée (ministère de la défense), (consulté le )
  11. a et b Ministère de la Défense, « 1940 Et si la France avait continué la guerre », sur La plume et l'épée (Ministère de la Défense), (consulté le )
  12. Jean-dominique Merchet, « Si Pétain était mort en 1940 », sur Libération, Quotidien national, (consulté le )
  13. « "1940. Et si la France avait continué la guerre..." », sur lexpress.fr,
  14. « 1940 : Et si la France avait continué la guerre… », sur coindeweb.net (consulté le )
  15. « 1941-1942 : Et si la France avait continué la guerre… », sur coindeweb.net (consulté le )
  16. non signé, « 1941-1942 et si la france avait continué la guerre », sur Inflexions, revue de l'Armée de terre (consulté le )
  17. dans cet essai, lors de sa tentative de franchissement du détroit de Danemark, le cuirassé Bismarck accompagné du croiseur Prinz Eugen se heurtent aux cuirassés Hood (RN) et Richelieu (MN) alors que, dans la réalité, leurs adversaires étaient le Hood et le croiseur Prince of Wales mais le résultat est identique : le Hood et le Bismarck sont coulés (celui-ci 3 jours plus tôt que dans la réalité)