Eugène Le Fer de La Motte

prélat catholique

Eugène-Louis-Marie Le Fer de La Motte (né à Saint-Servan, le et mort à Saint-Étienne-de-Montluc[1], le ), est un prélat français des XIXe et XXe siècles.

Eugène Le Fer de La Motte
Image illustrative de l’article Eugène Le Fer de La Motte
Biographie
Naissance
Saint-Servan
Ordination sacerdotale
Décès (à 68 ans)
Saint-Étienne-de-Montluc[1]
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale par Albert Nègre
Évêque titulaire (« in partibus ») d'Ionopolis (de)
Évêque de Nantes
Autres fonctions
Fonction religieuse
Supérieur des Cordeliers de Dinan[2] (1986-1914)

Jhesus Maria, Pour vos âmes.
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Il est évêque de Nantes de 1914 à 1935.

Biographie modifier

Descendant du maire de Saint-Malo Pierre Le Fer de La Motte, Eugène Le Fer de La Motte est le neveu de Paul Pointel. Après ses études à l'école secondaire des Cordeliers de Dinan, il est admis au séminaire de Saint-Brieuc en 1887[1]. Il part, l'année suivante, poursuivre ses études à Rome[3] où, pendant quatre ans, il suit les cours du séminaire français. Son apprentissage est couronné de succès : docteur en théologie et en philosophie à l'académie Saint-Thomas d'Aquin, bachelier en droit canonique, il obtient la reconnaissance de ses pairs et est lauréat de divers concours internationaux de sciences religieuses[1].

Le portail gothique de l'ancien couvent des Cordeliers de Dinan, où est installé le collège des Cordeliers[2].

Ordonné prêtre, le , en l'archibasilique Saint-Jean-de-Latran[4], il rentre en France où il retrouve les établissements qu'il avait fréquentés comme élève. Il enseigne d'abord la philosophie au séminaire de Saint-Brieuc (1892-1896), avant de devenir, à la rentrée de 1896, supérieur de son ancienne école des Cordeliers. Il dirige cette école pendant dix-huit ans, la développe et la défend âprement lors de la séparation des Églises et de l'État (1905)[4].

La Motte est appelé à succéder à Pierre-Émile Rouard au siège épiscopal de Nantes le [5].

« Sans ambition, il fit tout ce qu'il put pour éviter cette promotion, mais il dut s'incliner, alors qu'il eut bien préférer rester aux Cordeliers »

— Mayeur, Hilaire & Lagrée, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine

Il est tout de même sacré, le en sa cathédrale de Nantes, par son métropolitain, Albert Nègre (archevêque de Tours), assisté d'Alcime-Armand-Pierre-Henri Gouraud (évêque de Vannes) et de Jules-Laurent-Benjamin Morelle (évêque de Saint-Brieuc).

Son épiscopat entamé au moment de la Première Guerre mondiale, La Motte a d'excellents rapports avec le commandement des troupes américaines qui débarquent à Nantes[6].

Fête-Dieu à Nantes en 1926 avec Eugène de La Motte

Comme beaucoup de catholiques à cette époque, il soutient la droite aux élections législatives françaises de 1919 : il est donc accusé d'intégrisme par la gauche[6]. Comme le pape Pie X, c'est un adversaire résolu « de la politique anticléricale et l'un des derniers représentants de cet épiscopat de combat, même s'il admet la légitimité des institutions républicaines[7] ». « D'une intelligence pénétrante, de culture étendue, à la fois théologien et juriste, cet évêque au caractère ferme ne transigea jamais dès que les droits de l'Église lui semblaient menacés, aussi parut-il, à son époque et yeux de ses diocésains, comme le champion des idées ecclésiastiques[4] ». Il est par exemple l’instigateur de la manifestation du , qui réunit, d'après certaines estimations[4] 80 000 personnes. Au fait de la législation française, il va jusqu'à recourir au conseil d'État afin de rétablir les processions de la Fête-Dieu de Nantes, Saint-Nazaire et Trignac[4].

Vers 1928, La Motte décide d'interdire, dans les représentations théâtrales organisées par ses paroissiens, la présence simultanée d'acteurs de sexe opposé, contraignant les hommes à jouer le rôle des femmes[8]. Homme attaché au passé, il rencontre des difficultés lorsque l'Action française[4] est condamnée par Pie XI.

En tant qu'évêque de Nantes, il préside les congrès des syndicats chrétiens en 1924 et 1928, mais ses allocutions traduisent des réserves à l'égard de la CFTC. Réserves que nous retrouvons chez les patrons catholiques de son diocèse[9]. Le Fer de la Motte est également peu favorable aux mouvements spécialisés, style JOC, ACJF[10], … Le clergé nantais est souvent favorable à la propagation de la foi outre-mer[11], à commencer par l'évêque de Nantes, Le Fer de La Motte, ou le père Martin, qui fonde une société de missionnaires.

Inauguration de l'école du Sacré-Cœur à Montbert, 1932.
Sur le fronton : « Nous voulons Dieu dans nos écoles ».

Il développe d'autre part l'enseignement catholique dans son diocèse. Évêque bâtisseur d'écoles, il apporte tous ses soins, après avoir reconstitué ses séminaires, à l'extension de l'enseignement libre, suscitant la fondation de plus d'une centaine d'écoles primaires paroissiales, développant l'enseignement secondaire, tant à Saint-Nazaire qu'à Nantes, favorisant enfin dans ces deux villes l'essor de l'enseignement technique : institut catholique technique, écoles industrielles et ménagères. Il fait allusion, dans sa lettre d'adieu à ses diocésains à « cette grande œuvre de l'éducation par l'école chrétienne que j'ai tant aimée »[4]. En 1930, l'« Ordo » diocésain indique que sur 265 paroisses, il n'en reste plus que 31 à ne pas être dotées d'écoles chrétiennes. Par son travail, il y a plus de 80 instituteurs-vicaires dans son diocèse.

L'évêque organise aussi des pèlerinages à Lisieux. C'est à la suite de l'un de ces pèlerinages, effectué par l’abbé Larose, que Le Fer de La Motte prend la décision de placer sous le patronage de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus la nouvelle paroisse Sainte-Thérèse érigée (1935) pour faire face à l'urbanisation de ce quartier nord-ouest de la ville de Nantes.

Le Fer de la Motte démissionne le , à l'âge de 67 ans. Jean-Joseph-Léonce Villepelet lui succède.

Publications modifier

L'évêque de Nantes est l'auteur de :

  • Allocution prononcée par M. l'abbé E. Le Fer de La Motte : au mariage de Mlle Marie Pleuvier de La Pontais et de M. Albert Le Fer de La Motte, dans l'église de Notre-Dame à Rennes, le , Impr. E. Prost, , 20 p. (lire en ligne) ;
  • Lettre pastorale de Mgr l'Évêque de Nantes sur la guerre et le retour à Dieu et Mandement pour le Carême, Impr. de C. Mellinet, , 31 p. (lire en ligne) ;
  • Lettre pastorale de Mgr l'Évêque de Nantes et Mandement de Carême, Mellinet, , 29 p. (lire en ligne) ;
  • Lettre pastorale de Mgr l'Évêque de Nantes sur N.T.S.P. le Pape et Mandement pour le Carême, Impr. de Biroché, , 37 p. (lire en ligne) ;
  • Eugène Le Fer de La Motte et Gonzalve Gonzalve Vallée, Une Enfant de Notre-Dame : mère Élisabeth de la Trinité, prieure du Carmel de Nantes (1881-1919), Téqui, , 331 p. (lire en ligne) ;
  • Lettre pastorale de Mgr l'Évêque de Nantes sur Dieu, suprême législateur, et Mandement pour le Carême, Impr. de Biroché, , 54 p. (lire en ligne) ;
  • Allocution prononcée dans la cathédrale de Saint-Brieuc, Impr. R. Prud'homme, , 8 p. ;
  • Lettre pastorale de Mgr l'Évêque de Nantes après son pèlerinage à Rome et Mandement pour le Carême, Impr. C. Mellinet, Jégo et Mas, , 29 p. (lire en ligne) ;
  • Allocution prononcée par Mgr Le Fer de La Motte : au mariage de M. Pierre Héron de Villefosse et de Mlle Marguerite Le Fer de La Motte le , Impr. F. Simon, , 18 p. (lire en ligne) ;
  • Abbé Marcel Gauthier et Eugène Le Fer de La Motte, Une âme sacerdotale, : le chanoine Jean-Marie Tessier, curé d'Erbray (1843-1927), Impr. du Nouvelliste, , 64 p. (lire en ligne) ;
  • Lettre pastorale : La première des œuvres (l'enseignement chrétien), Impr. C. Mellinet, Jégo et Mas, , 27 p. (lire en ligne) ;

Lignée épiscopale modifier

Le Fer de La Motte fut consacré, le , par Albert Nègre.

Armoiries modifier

Image Armoiries

Armes de la famille Le Fer

Échiqueté d'or et de gueules, [12]

Ou
Échiqueté d'argent et d'azur.[12]
Armes de Le Fer de La Motte, telles qu'elles sont représentées dans le chœur de l'église de Montbert :

Écartelé : aux I et IV, échiqueté d'or et de gueules (Le Fer) ; au II, de gueules au vaisseau équipé d'or, habillé d'hermine, voguant sur une mer de sinople mouvante de la pointe et ondée d'argent, au chef aussi d'hermine (Nantes) ; au III, d'argent de chef de gueules.

Notes et références modifier

  1. a b c et d Mayeur, Hilaire & Lagrée 1990, p. 253.
  2. a et b Cordeliers, La Victoire, 2012.
  3. Durand & Faugeras 1985, p. 263.
  4. a b c d e f et g Mayeur, Hilaire & Lagrée 1990, p. 254.
  5. Le d'après Mayeur, Hilaire & Lagrée 1990, p.  254.
  6. a et b Fontaine 1928, p. 44 et 50.
  7. Bulletin 1978.
  8. Bulletin 1978, p. 247.
  9. Bulletin 1978, p. 275.
  10. Debès & Poulat 1986, p. 283.
  11. Missions catholiques, p. 173.
  12. a et b Rietstap 1884.

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Bibliographie modifier