Felipe Navarro y Ceballos-Escalera
Felipe Navarro y Ceballos-Escalera (Madrid 1862 - Paracuellos de Jarama, 1936) est un militaire espagnol, connu pour avoir été l’un des principaux protagonistes de la débâcle d’Anoual, survenue en dans le Maroc espagnol.
y Ceballos-Escalera
Maire (alcalde), président du Conseil fiscal (Junta de Arbitrios) de Melilla Membre de l’Assemblée nationale consultative (1927-1930) |
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Baron Chevalier de l'ordre de Calatrava |
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Naissance | |
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Décès |
(à 74 ans) Paracuellos de Jarama |
Sépulture |
Cimetière des Martyrs de Paracuellos de Jarama (d) |
Nom de naissance |
Felipe Navarro y Ceballos-Escalera |
Surnom |
Baron de Casa Davalillo |
Nationalité | |
Allégeance | |
Activités |
Militaire (- |
Enfant |
José Navarro Morenes (en) |
Membre de |
Husares de Pavía (d) |
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Conflits | |
Grade |
capitaine-général |
Distinctions |
Grande-croix de l'ordre de Saint-Herménégilde () Grand-croix du Mérite militaire avec la distinction rouge () Royal and Military Order of Maria Christina (d) () |
Issu d’une famille de tradition militaire (par son père) et aristocratique (par sa mère), Navarro se diplôma à l’académie de cavalerie en 1880 et fit ses débuts en Espagne métropolitaine dans des régiments de hussards et de lanciers, ainsi qu’au ministère de la Guerre. À partir de 1893, il suivit une formation d’officier d’état-major, mais interrompit plusieurs fois son cursus en se portant volontaire pour combattre au Maroc en 1893, à Cuba contre les indépendantistes en 1895, puis aux Philippines contre les insurgés en 1897. Retourné en métropole, il dirigea des unités de cavalerie, accomplit des missions d’enseignement, travailla au sein du ministère de la Guerre, et fut désigné aide de camp du roi Alphonse XIII et gentilhomme de la chambre de la maison royale espagnole.
En 1909, il participa — d’abord comme attaché au quartier-général, puis comme chef des unités de cavalerie — aux opérations militaires dans la zone orientale du protectorat marocain (chef-lieu Melilla). À partir de 1919, il fut actif dans la zone occidentale, comme commandant en chef à Ceuta, puis de nouveau dans la zone de Melilla, comme commandant en second sous les ordres du commandant général de cette zone, Fernández Silvestre. À ce dernier titre, il prit part aux opérations éclair menées en 1920 par son supérieur à l’ouest du fleuve Kert et qui visaient à mettre à bref délai la totalité du Rif sous autorité espagnole. Silvestre, grisé par ses succès, s’enhardit à l’été 1921 à effectuer une percée plus à l’ouest encore, opération téméraire qui allait provoquer en , sous les assauts des troupes d’Abdelkrim, un effondrement de la ligne de front espagnole et une retraite en débandade après le suicide de Silvestre. Navarro accomplit le principal fait d’armes de sa carrière lorsqu’il lui incomba de prendre en mains la colonne de repli, désorganisée et démoralisée, qu’il se proposait de diriger par étapes successives jusqu’à la place de Melilla. Cependant, lui et sa colonne durent se retrancher à mi-chemin dans le fort de Mont-Aroui, et y soutenir un siège implacable par les milices rebelles locales. Désespérant de voir arriver des renforts de Melilla, il finit par capituler, mais la quasi-totalité de ses effectifs fut perfidement massacrée, et lui-même fait prisonnier et emmené dans le fief d’Abdelkrim, sur la baie d’Al Hoceïma, où il passera un an et demi en captivité. Rentré à Madrid en , il dut faire face à des graves accusations devant un conseil de guerre, mais fut blanchi de toute faute et rétabli dans ses statuts.
Après avoir occupé l’office de commandant général de Ceuta de 1924 à 1925, Navarro rentra définitivement en métropole, où il remplit de hautes fonctions militaires, tout en siégeant d’office, de 1927 à 1930, à l’Assemblée consultative instituée par le dictateur Primo de Rivera. Au début de la guerre civile, alors qu’il était retraité et n’avait pas pris part au coup d’État de juillet 1936, il fut arrêté à son domicile madrilène par des milices du Front populaire et écroué dans la prison Modèle, avant d’être exécuté extrajudiciairement, en même temps que son fils cadet, lors des massacres de Paracuellos de .
Ascendances
modifierFelipe Navarro avait pour père le général Carlos Navarro y Padilla, sénateur, membre du Conseil d'État et procureur au Conseil suprême de justice militaire, qui exerçait, à la date de naissance de son fils Felipe, la fonction bureaucratique de Jefe del Detall (acronyme de Departamento Estadístico de Trámite Administrativo de Libros y Listados, soit le service du personnel) à l’École spéciale d’état-major, et pour mère Francisca de Ceballos-Escalera y González de la Pezuela, sœur de Joaquín de Ceballos-Escalera, premier marquis de Miranda de Ebro, général de division, député aux Cortes et Benemérito de la Patria[1]. Il avait une sœur aînée, Carmen.
Il était le petit-fils de Rafael de Ceballos-Escalera y Ocón, capitaine-général assassiné à Miranda de Ebro par des soldats mutinés lors de la Première guerre carliste, et de son épouse María del Carmen González de la Pezuela y Ceballos, Dame de l’ordre de la Reine Marie-Louise et fille de l’avant-dernier vice-roi du Pérou, Joaquín de la Pezuela.
Carrière militaire
modifierDébuts
modifierEn , à l’âge de quinze ans, Felipe Navarro fut inscrit comme cadet à l’Académie de cavalerie de Valladolid, d’où il sortit diplômé et major de sa promotion avec le grade d’enseigne en , à l’âge de 18 ans. Il reçut sa première affectation dans le régiment de hussards cuirassés Pavía, où il servit jusqu’à sa nomination en au poste d’aide de camp du ministre de la Guerre, le général Arsenio Martínez-Campos. Après que son supérieur eut quitté en le ministère de la Guerre pour aller remplir l’office de capitaine-général de l’armée, il emmena avec lui Navarro, le plaçant d’abord sous ses ordres directs, avant de le nommer ensuite comme son aide de camp en [1],[2].
Le , il épousa à La Nou, dans la province de Tarragone, María Cristina Morenés y García Alessón, VIe baronne de la maison Davalillo, née à Madrid en 1862, fille de Carlos Morenés y de Tord, baron de las Cuatro Torres et gentilhomme de la chambre, et de María Fernanda García-Alessón y Pardo de Rivadeneyra, comtesse del Asalto, marquise de Borghetto et baronne de la maison Davalillo. Par cette alliance, Felipe Navarro devint le VIe baron de la lignée[3].
En , il se mit en disponibilité (de reemplazo, sans délai précis de réaffectation, mais avec option en cas de vacance de poste), et fut versé en septembre dans le Régiment de lanciers de la reine, où il poursuivit sa carrière après sa promotion en novembre au rang de lieutenant (à 26 ans). En , il réintégra le régiment Pavía, et occupa ensuite la charge d’aide de camp des généraux de division Federico Ochando et Bernardo Echaluce[3].
En , il fut à nouveau destiné au régiment de la Reine, auquel il allait continuer d’appartenir, même après qu’il eut en été retenu comme élève à l’École d’état-major de l’École supérieure de guerre à Madrid, en vue d’obtenir la qualification d’officier d’état-major.
Première guerre du Rif
modifierCependant, deux mois après le début de son cursus à l’école d’état-major, Felipe Navarro interrompit ses études après que se fut produite à Melilla la série de déboires militaires espagnols à l’origine de la Première guerre du Rif (appelée aussi en Espagne Guerra de Margallo), et se présenta comme volontaire dans l’Armée des opérations d’Afrique, dont le commandement avait été confié à Martínez-Campos, de qui Navarro fut à nouveau nommé aide de camp en [3].
Il participa aux opérations jusqu’au terme de la campagne militaire en , et en fut récompensé par une croix du Mérite militaire, avec insigne distinctif blanc de 1re classe. À la fin du même mois, il regagna l’École supérieure de guerre, en même temps qu’il servait successivement dans le régiment de la Reine et dans le régiment de dragons Santiago[3].
Guerre de Cuba
modifierEn , à l’éclatement de la guerre d’indépendance de Cuba, Felipe Navarro interrompit une nouvelle fois ses études pour rejoindre à titre volontaire l’armée espagnole de Cuba, en tant qu’aide de camp de son général en chef, c’est-à-dire derechef, et pour la quatrième fois, Martínez-Campos. À son arrivée, il prit part aux opérations militaires contre les insurgés indépendantistes et allait se voir décerner la croix du Mérite militaire avec insigne distinctif rouge de 1re classe pour son comportement lors des opérations sur Mayarí Arriba et dans le combat du à Seboruco. Il tomba malade en juillet et dut retourner en métropole, mais rejoignit dès septembre son affectation cubaine et les opérations de campagne. Le , il participa au combat qui eut lieu dans la plantation de canne à sucre San Dimas, ce qui lui valut de se voir attribuer la croix de Marie-Christine (troisième décoration espagnole par ordre d’importance) de 1re classe[1],[3].
Ce même mois de , Martínez-Campos fut remplacé par Valeriano Weyler au poste de gouverneur de Cuba, de sorte qu’à la fin du mois, Navarro retourna lui aussi en métropole, où il fut désigné aide de camp de son oncle, le général de division Joaquín Ceballos-Escalera de la Pezuela, tout en reprenant le fil de ses études à l’École supérieure de guerre. En , il monta au grade de capitaine (à 33 ans) et en septembre acheva enfin son cursus d’état-major. Le mois suivant, dans le but d’accomplir les stages pratiques réglementaires au sein du corps d’état-major, il fut versé dans le IVe corps d’armée, avant d’être nommé en , pour la cinquième et dernière fois, aide de camp de Martínez-Campos, lequel devait décéder en 1900[1],[3].
Guerre des Philippines (1897) et retour en métropole
modifierEn , Felipe Navarro s’embarqua comme volontaire pour les Philippines, où l’insurrection indépendantiste avait éclaté quelques mois plus tôt[3]. Durant son séjour dans l’archipel, il sut se distinguer par plusieurs faits d’armes et obtint plusieurs récompenses : croix du Mérite militaire avec insigne distinctif rouge de 1re classe (avec gratification) pour les combats des 3 et 4 mai dans le ravin Limbong et pour l’assaut et la prise du village d’Indang ; ascension (à l’âge de 34 ans, après avoir été capitaine depuis un an à peine) au grade de commandant pour mérites de guerre après la prise de Maragondon le 11 mai ; croix du Mérite militaire avec insigne distinctif rouge de 2de classe (avec gratification) pour son action menée le à Talisay de Batangas, lors de laquelle il fut blessé et en récompense de laquelle il se vit décerner également la médaille de Sufrimientos por la Patria (Souffrances pour la Patrie) ; et la croix de Marie-Christine de 2de classe pour le combat survenu à Minuján le [1].
Bien que le général Fernando Primo de Rivera ait signé le avec les insurgés le pacte de Biak-na-Bato, qui mettait fin aux hostilités, Navarro demeura encore dans l’archipel jusqu’en , chargé de différents services et apportant son concours à l’acte de soumission et à la remise d’armes par les diverses factions rebelles. Ses activités furent reconnues par une citation honorifique (Mención Honorífica Militar).
De retour en métropole, il put enfin prendre réception de son diplôme d’état-major, et après une période de mise en disponibilité fut versé en mai dans le régiment de cavalerie de réserve de Madrid no 39, puis en septembre dans le régiment de cavalerie Lusitania, où il resta en service jusqu’en , date à laquelle il passa professeur et chef du Detall (service du personnel) à l’École militaire d’équitation. En 1905, il faisait partie du jury du concours hippique international de Bruxelles, où il lui fut décerné par les autorités belges la croix de l’ordre de Léopold en reconnaissance de ses efforts dans l’accomplissement de cette mission. Le , il fut nommé par le roi Alfonso XIII gentilhomme de la chambre avec exercice. En , il rejoignit pour la troisième fois le régiment Pavía, sa première affectation, et la même année, lors des festivités organisées à la Cour à l’occasion du mariage d’Alphonse XIII, il passa sous les ordres directs des princes Gennaro, Rénier et Philippe de Bourbon-Siciles (tous trois fils d’Alphonse de Bourbon-Siciles, prétendant au trône du royaume des Deux-Siciles et chef de sa Maison royale)[1].
En , il se vit confier la fonction d’aide de camp du roi d’Espagne et fut à ce titre placé en 1908 sous les ordres directs du grand duc Boris de Russie (petit-fils du tsar Alexandre II et cousin du tsar Nicolas II) pour la durée de son séjour en Espagne. En juillet de la même année, à l’âge de 45-46 ans, il fut promu lieutenant-colonel, tout en poursuivant son mandat d’aide de camp du roi, et officia à partir de novembre à Cordoue et à Madrid sous les ordres directs du prince héritier Rupprecht de Bavière[1].
En , il siégea dans le jury du concours hippique international de Lisbonne, à l’issue duquel les autorités portugaises lui octroyèrent la croix de commandeur de l’ordre militaire de saint Benoît d’Aviz, pour avoir su mener à bien ladite mission.
Guerre de Melilla (1909)
modifierEn , à la suite des graves incidents qui allaient donner lieu à la guerre de Melilla, Felipe Navarro fut rattaché au quartier-général du commandant en chef des forces d’opération à Melilla, où il remplit des missions de campagne[1] et assista le à la prise de Sebt, d’Eulad-Daud et d’Atlaten, opérations grâce auxquelles furent atteints la plupart des objectifs de conquête de la campagne. Fin décembre, une fois terminées les hostilités, il retourna en métropole[4].
Felipe Navarro fut appelé à plusieurs reprises à escorter la famille royale lors de ses voyages en différents lieux de la péninsule Ibérique et en France. En , âgé de 51 ans, il fut promu colonel, en gardant ses fonctions d’aide de camp sous les ordres du roi.
Guerre du Maroc
modifierDans la cavalerie de Larache (1914-1915) et au ministère de la Guerre (1916-1919)
modifierFelipe Navarro participa en 1914 à plusieurs opérations sur le territoire de Larache, où il se distingua et fut récompensé par la croix du Mérite militaire avec insigne distinctif rouge de 3e classe. En , il fut nommé commandant en chef des forces de cavalerie de la Comandancia General de Larache, et partit à nouveau en campagne. En raison de sa conduite notable dans différents combats, il se vit décerner plusieurs récompenses : croix du Mérite militaire avec insigne distinctif rouge de 3e classe, pour les combats du à Sidi-Bou-Haya et à Hjar Ennhal, et croix de Marie-Christine de 2e classe pour le combat de R´gaia du . À ses fonctions de commandant de la cavalerie de la Comandancia General de Larache vint s’ajouter en la charge de sous-inspecteur des troupes de ladite Comandancia, fonctions qu’il remplit à la satisfaction de sa hiérarchie[1].
En reconnaissance de son activité de campagne à Larache, il fut élevé au rang de général de brigade en (alors âgé de 54 ans), mais resta en disponibilité jusqu’au moment où un an plus tard, en , il se vit confier la 3e brigade de cavalerie, basée à Burgos, qu’il commanda jusqu’en , date à laquelle il fut désigné chef de section au ministre de la Guerre, où il prit en charge le service de haras des armées (Servicio de Cría Caballar de las Fuerzas Armadas, service d’élevage équin des forces armées). À ce titre, il accomplit en septembre des missions d’inspection dans les haras d’Écija (dans la province de Seville), en décembre dans le dépôt de chevaux reproducteurs de Saragosse, et en dans les dépôts de chevaux reproducteurs et dans les haras de Jaén, Cordoue, Séville et Cadix, et eut à superviser la livraison des poulains aux corps de cavalerie. Entre-temps, en mars de la même année, il avait été élevé à chevalier Grand Croix de la l’ordre de Saint-Herménégilde[1].
À la Comandancia General de Ceuta (1919-1920)
modifierEn , son ancien compagnon des campagnes de Cuba et de Larache, le général de division de cavalerie Manuel Fernández Silvestre, fut nommé commandant-général de Ceuta, dans la partie occidentale du Protectorat. Le poste de commandant en second étant tombé vacant, Navarro demanda à l’occuper, ce qui lui fut accordé le mois suivant. En sa qualité de chef en second de la Comandancia General de Ceuta, il entreprit une tournée d’inspection sur le territoire et assista aux opérations militaires menées dans celui-ci, prenant la direction de plusieurs d’entre elles. En , Silvestre fut fait commandant-général de Melilla (partie orientale du Protectorat), à la suite de quoi Navarro exerça par intérim le commandement général de Ceuta pendant deux semaines, jusqu’à l’entrée en fonction du successeur de Silvestre[4].
À la Comandancia General de Melilla (1920-1921)
modifierFelipe Navarro aspirait à redevenir le compagnon de Silvestre, de sorte que lorsque le poste de chef en second se trouva vacant à Melilla, il se porta candidat et fut retenu en novembre. Cette fonction de commandant en second de la Comandancia General de Melilla englobait aussi l’office de maire-président du Conseil fiscal (Junta de Arbitrios) de Melilla[5],[6], tâche qui, à une époque où la ville connaissait une croissance accélérée, accaparait une grande partie de son temps. Si certes Navarro s’attacha à participer à toutes les actions militaires de quelque importance (en particulier le à Tsay-Udaït, Dar Salah, Ben Taïeb, Souk el Arbáa, Dar Mizziane del Hach Amar, et le lendemain à Halaud et Yemáa de Nador, puis le à Ajdir Assous et Tougounts, et deux jours après, à Dar Quebdani, Tizi-Inoren et Dar Bouzian, et le , à Souk de Buhermana, avant enfin de participer le à l’ascension du mont Mauro, opérations par lesquelles le territoire des Beni Saïd passa sans effort en mains espagnoles), s’il en avait même dirigé quelques-unes personnellement, et s’il se mettait en devoir de parcourir le territoire et de visiter les positions nouvellement occupées, Silvestre se gardait pourtant de partager avec lui toute l’information et de l’impliquer dans les développements politico-militaires[1].
Toujours au mois de , Navarro prit part, le 27, à la conquête d’Oulad Aïsa, destinée à compléter l’occupation du Mauro, et en , s’empara de Mehayast dans la kabila de Beni Oulichek, puis le lendemain Sidi-Hussaïni ; le 15, il apporta son concours à l’occupation des hauteurs d’Anoual, et le , à la prise de Sidi Driss, premier pas en direction de la rive gauche du fleuve Amékran, sur les terres des Tensamane[1].
En lui fut octroyée la grand-croix du Mérite militaire avec insigne distinctif rouge, pour ses « services rendus en campagne et ses mérites dans notre zone de Protectorat en Afrique au cours d’une période d’opérations dépassant six mois, sur proposition du Haut-Commissaire d’Espagne au Maroc et en accord avec le Conseil des ministres ».
En l’absence de Silvestre, alors en déplacement en métropole, Navarro assura à titre intérimaire le commandement de la zone de Melilla pendant deux semaines, en avril et .
Débâcle d’Anoual
modifierNavarro est passé à la postérité par son action lors de la dénommée bataille d’Anoual en juillet et , face aux forces rifaines d’Abdelkrim.
Après qu’il eut appris la détérioration de la situation militaire au lendemain de la conquête du mont Dhar Ubarran début , Navarro, qui se trouvait en permission de convalescence à Madrid, revint précipitamment à Melilla le , et se rendit aussitôt personnellement sur le théâtre des opérations, à savoir dans la base avancée d’Anoual, en emmenant avec lui des renforts, sous les espèces de troupes supplétives de la Police indigène, dans le but de mener une ultime tentative de se porter au secours de la redoute assiégée d’Ighriben[7],[8], [9]. Cependant les forces rifaines, numériquement supérieures et postées en situation avantageuse, causaient des pertes espagnoles nombreuses et empêchaient les colonnes de secours successives que Navarro, pressé par Silvestre, envoyait à Ighriben d’approvisionner la redoute[10],[11],[12]. Le , Silvestre lui-même rejoignit Anoual et renvoya Navarro à Melilla pour y faire une demande urgente de renforts[13], mais le , ayant appris à midi la nouvelle de la retraite d’Anoual et de la débâcle des troupes espagnoles, il se précipita à nouveau vers la ligne de front. En chemin, informé de la mort de Silvestre, qui se serait suicidé après avoir ordonné l’évacuation d’Anoual, il se chargea du commandement direct des opérations et prit la tête de la colonne de retraite des forces espagnoles, démoralisées et paniquées, en s’efforçant de les organiser et de recueillir au cours du trajet le plus grand nombre possible de garnisons en repli. Navarro se replia vers l’est en combattant, allant de position en position, durant six journées épuisantes, prenant temporairement ses quartiers tour à tour à Ben Taïeb, Driouch, Batel et Tiztoutine, pour enfin se fixer le dans le fort de Mont-Aroui. Rejetant l’idée d’abandonner les blessés pour poursuivre la retraite à travers la zone entre Mont-Aroui et la place de Melilla, zone occupée par les milices rifaines rebelles, Navarro avait décidé de se fixer à Mont-Aroui jusqu’à l’arrivée de renforts, lesquelles cependant ne viendront pas, le haut-commissaire espagnol au Maroc, le général Berenguer, choisissant de centrer ses ressources sur la défense de Melilla, qu’il estimait directement menacée[14].
Navarro résista fermement aux attaques rifaines, en organisant la position, en distribuant ordres et consignes, et en se tenant aussi au pied de la muraille d’enceinte pour encourager ses hommes. La situation à Mont-Aroui étant devenue intenable par le manque d’eau potable et de matériel, Berenguer, toujours réticent à l’envoi de renforts, autorisa Navarro à entamer des pourparlers avec les chefs rifains en vue de la reddition du fort[15],[16],[17]. Repoussant d’abord cette proposition, Navarro finit par céder au bout de onze jours, lorsque se furent épuisés les vivres et l’eau et que s’aggravait la pénurie de munitions, tandis que se poursuivait le pilonnage des canons rifains contre lequel la garnison était impuissante à se défendre et à riposter (Navarro lui-même fut grièvement blessé par la mitraille, sans pour autant céder le commandement), et que les morts se multipliaient, ainsi que les désertions[18],[19].
Finalement, le , après consultation de ses officiers et obtention de leur approbation, Navarro capitula et accepta le pacte de reddition stipulant la remise des armes aux Rifains en contrepartie de la vie sauve pour tous les soldats espagnols. Le pacte conclu, les Espagnols déposèrent leurs armes et quittèrent le fort, pendant que les malades et blessés, rassemblés devant le portique d’entrée du fort, se disposaient à évacuer. Au moment de l’ordre de départ, les combattants rifains se mirent à attaquer les Espagnols désarmés, les massacrant quasiment tous. Ne survécurent que 60 hommes sur les 3000 assiégés, dont quelques officiers (parmi lesquels Navarro), capturés comme moyen de pression sur l’Espagne et en vue de les échanger contre rançon, ainsi que quelques artilleurs et travailleurs sanitaires dont ils voulaient utiliser le savoir-faire, en plus de quelques soldats fortunés ayant réussi à s’échapper[20],[21],[22],[23],[24],[25]. Les cadavres restèrent sans sépulture jusqu’à la reconquête du fort plusieurs mois plus tard.
Navarro fut retenu captif par les Rifains pendant un an et demi, du au , à Ajdir, chef-lieu de la kabila de Beni Ouriaghel, fief d’Abdelkrim, et qui allait devenir la capitale de la république du Rif. Pendant sa captivité, il eut à subir nombre de vexations de la part de ses capteurs, et passa de longues semaines enchaîné[1]. Il intervint plusieurs fois en faveur de ses subordonnés détenus comme lui. En , il fut déclaré par les autorités militaires espagnoles « perte éventuelle pour le service », et reçut un statut équivalant à celui de mise en disponibilité, comme prisonnier de guerre au pouvoir de l’ennemi, ce qui créait une vacance de poste, à laquelle fut pourvu le jour même par la montée en grade du colonel Queipo de Llano. Finalement libéré le , Navarro fut le dernier à quitter la prison d’Ajdir et fut transféré par voie de mer à Melilla, puis de là à Madrid, où la grave crise politique créée par la débâcle conduisit en septembre de cette année à l’instauration de la dictature de Primo de Rivera.
Dans le cadre de l’enquête Picasso visant à cerner les responsabilités dans la débâcle d’Anoual, Navarro dut comparaître devant un conseil de guerre présidé par le capitaine général Valeriano Weyler, alors chef de l’état-major central de l’armée espagnole. Il eut à faire face à de graves accusations de la part du procureur du Conseil suprême de la guerre et de la marine, le général de division José García Moreno, qui requit une peine de huit ans de prison et la dégradation. Cependant, le plaidoyer tenu par l’auditeur du Corps juridique militaire (CJM), Luis Rodríguez de Viguri, particulièrement convaincant, eut pour effet que le procureur retira les charges dès le lendemain de l’audience du , et que Navarro fut jugé non coupable de tous les chefs d’accusation et acquitté[1],[4].
Totalement réhabilité et félicité pour son acuité de jugement comme commandant à Anoual, il fut promu le mois suivant , alors âgé de 61 ans, au grade de général de division avec effet rétroactif jusqu’à 1921. À la même date, il se vit confier le commandement de la 9e division de cavalerie à Saragosse, puis, un mois après, en août, fut nommé général inspecteur des forces de cavalerie de la Péninsule[1]. Il se déplaça en Extrémadure en septembre afin de reconnaître la zone où devaient se dérouler les manœuvres des forces de cavalerie et d’artillerie de la Ire région militaire. En considération de sa blessure au combat à Mont-Aroui, il lui fut décerné la médaille de Souffrance pour la patrie (Medalla de Sufrimientos por la Patria), assortie d’une pension.
Commandant général de Ceuta (1924-1925)
modifierToujours en , Navarro fut nommé commandant général de Ceuta, auquel titre il parcourut et inspecta le territoire sous sa tutelle, et prit une part active dans les opérations militaires menées dans la zone Ceuta-Tétouan, en dirigeant plusieurs combats et en supervisant en particulier, en , la difficile retraite des troupes espagnoles de Chefchaouen, Dar-Acobba et Souk el Arbaa vers Ben-Karrik, en passant par Tarranes et Karikera, dans le cadre du vaste repli général ordonné par Primo de Rivera. À plusieurs occasions, en l’absence du général en chef de l’armée d’opérations en Afrique José Sanjurjo, il prit le commandement à titre intérimaire de l’armée d’Afrique[1].
Le , pendant qu’il se rendait de Tétouan à Ceuta, il eut un grave accident d’automobile après qu’une roue se fut détachée de son véhicule, que celui-ci eut versé et quitté la route avant d’être embouti par la voiture qui suivait. Navarro fut grièvement blessé à la tête et aux jambes, mais se rétablit promptement[1].
Début , il fut désigné aide de camp du roi, mais poursuivit concomitamment sa mission ordinaire au Maroc, sous les ordres du haut-commissaire, le général Sanjurjo.
Retour définitif dans la métropole (1925)
modifierÀ la fin , Navarro mit fin à ses fonctions marocaines et se voua à son office d’aide de camp du roi. En lui fut conférée la grand-croix de Marie-Christine[1] « en récompense des éminents services rendus et des mérites qu’il s’est acquis dans des opérations actives de campagne dans notre Zone du Protectorat au Maroc, dans le laps de temps compris entre le et le , sur proposition du ministère de la Guerre, en accord avec le Conseil des ministres et au vu du rapport favorable émis par le Conseil suprême de la Guerre et de la Marine », selon le communiqué officiel.
En , à l’issue de seulement deux années comme général de division, Navarro fut promu au rang de lieutenant général (à 63 ans), par suite de la vacance résultant du décès du général José Zabalza, et nommé le mois suivant capitaine général de la VIe région militaire (avec siège à Burgos) et en capitaine général de la Ire région militaire (Madrid)[1],[26]. Après qu’en octobre de la même année Primo de Rivera eut créé l’Assemblée nationale consultative, comme organe politique en façon de parlement limité, Navarro en fut fait membre « de droit » en vertu de sa qualité de capitaine général. Navarro exerça ces deux offices durant toute l’existence de ladite Assemblée, jusqu’à sa dissolution en , deux semaines après la démission de Primo de Rivera et sous le gouvernement du général Berenguer. Un mois plus tard, Navarro fut nommé chef de la Maison militaire du roi et commandant en chef du Corps royal de hallebardiers[1],[27].
Ayant atteint l’âge réglementaire, il passa quatre mois plus tard, en , au cadre de première réserve, ce qui mit un terme à sa carrière militaire, à l’âge de 68 ans et au bout de 53 ans de service actif. En , il prêta le serment de fidélité à la République et entreprit ensuite un périple à travers la France et l’Italie. Techniquement parlant, sa carrière ne s’acheva que quatre années après, en , lorsqu’il passa, une fois atteint l’âge réglementaire de 72 ans, au statut de seconde réserve, ce qui équivaut à la retraite. La République avait alors trois ans et en était à sa phase conservatrice. Le , son épouse décéda à l’âge de 72 ans, après 49 années de mariage[1],[27].
Guerre civile et assassinat
modifierLe , alors qu’il se trouvait à son domicile de la calle del Marqués de Riscal, dans le quartier Almagro de Madrid, Navarro fut interpellé par des miliciens du Front populaire et emmené à la Direction générale de la sûreté, puis écroué le même jour dans la prison Modèle. Il avait alors 74 ans, était retraité depuis deux ans et n’avait pas pris part au coup d’État de juillet, mais ses convictions conservatrices et monarchistes semblent avoir été une raison suffisante pour le faire incarcérer[1]. Pendant l’assaut donné à la prison lors du massacre du 22 août, alléguant qu’il n’avait déjà vécu que trop longtemps, Navarro fit un rempart de son corps pour protéger un groupe de jeunes gens se trouvant dans la cour de la prison au moment où les milices anarchistes ouvraient à partir du toit le feu avec une mitrailleuse. Mettant à profit l’incendie allumé peu après et la confusion, il réussit à s’échapper, mais arrivé à son logis, il décida de prendre un bain avant de reprendre sa fuite. Les miliciens le découvrirent là et le remirent en détention. Le , à l’occasion d’une des Sacas de presos pratiquées à cette époque dans la prison Modelo, il fut conduit à Paracuellos de Jarama, non loin de Madrid, où il fut exécuté probablement dans l’après-midi en même temps qu’un de ses fils, lors de ce qu’il est convenu d’appeler les massacres de Paracuellos. Ce fils, Carlos Navarro Morenés, était lieutenant d’infanterie (nommé capitaine à titre posthume), avait adhéré à Action populaire (parti politique associé à la CEDA), et était membre de Falange Española de las JONS et du cercle militaire Gran Peña ; arrêté par la police à son domicile madrilène le , il allait par la suite partager le sort de son père, laissant derrière lui une veuve et deux orphelins. À l’égal d’autres cas similaires, il n’y eut aucune plainte déposée contre ces arrestations illégales, ni instruction judiciaire, et les décès ne furent pas consignés à l’état civil ni les corps retrouvés. Le fils aîné de Navarro, Felipe, alors lieutenant-colonel, fut également emprisonné au début de la guerre civile, mais survécut. Les restes de Navarro reposent dans la fosse commune no 2, l’une des sept fosses protégées que compte le cimetière auquel a été donné le nom de Cimetière des victimes du massacre de Paracuellos[28].
Autres activités
modifierCompétition hippique
modifierCavalier chevronné, Navarro siégea dans le jury des concours hippiques internationaux qui eurent lieu à Bruxelles en 1905 et à Lisbonne en 1909.
Essayiste et traducteur
modifierNavarro est l’auteur de quelques écrits et de traductions d’écrits traitant de sujets militaires :
- El Raisuni.
- Traduction, en collaboration avec le lieutenant-colonel du génie Francisco Echagüe y Santoyo, de Guerre d'Afrique, guide annexe des règlements sur le service en campagne et les manœuvres de René-Jules Frisch (Paris, rééd. Librairie militaire Berger-Levrault et Cie), sous le titre La guerra en África, paru aux éditions Talleres del Depósito de la Guerra, Madrid, 1910.
- Préface au journal de campagne et de captivité du capitaine Sigifredo Sainz Gutiérrez, membre de son état-major lors de la débâcle d’Anoual, journal intitulé Con el general Navarro. En operaciones - En el cautiverio (éd. Sucesores de Rivadeneyra, Madrid 1924).
Titres nobiliaires et honorifiques
modifier- Baron de Casa Davalillo, par alliance.
- Gentilhomme de la chambre avec exercice.
- Chevalier de l’ordre de Calatrava.
- Chevalier de la Confrérie royale des hidalgos de Notre-Dame-de-la-Charité (Real Hermandad de Infanzones de Nuestra Señora de la Caridad) du bourg impérial d’Illescas (province de Tolède)[29].
Descendance
modifierNavarro eut de son unique mariage avec María Cristina Morenés y García Alessón (1862-1935), baronne de Casa Davalillo, quatre enfants :
- Felipe Navarro y Morenés (1893-1975), baron de Casa Davalillo, général de division d’infanterie, époux d’Ana María Figueroa y O'Neill, marquise del Norte.
- José Luis Navarro y Morenés (1897-1974), général de division de cavalerie et double médaillé olympique en sport hippique, époux de María Inmaculada Peláez y de la Puente, comtesse de Casa Loja et marquise de Castañiza.
- Carlos Navarro y Morenés (1910-1936), capitaine d’infanterie, époux de María Josefa Martínez de Avellanosa y Llaguno, assassiné en même temps que son père à Paracuellos de Jarama.
- Cristina Navarro y Morenés (1912-1985), épouse d’Emilio López de Letona y Chacón, général de brigade de cavalerie.
Notes et références
modifier- (es) A. de Ceballos-Escalera Gila, « Felipe Navarro Ceballos-Escalera », sur Diccionario biográfico español, Madrid, Real Academia de la Historia (consulté le ).
- G. Muñoz Lorente (2021), p. 231-232.
- G. Muñoz Lorente (2021), p. 232.
- G. Muñoz Lorente (2021), p. 233.
- World Leaders Index, Regions and Communities of Spain, Melilla
- World Statesmen, Spain Autonomous Communities, Melilla
- G. Muñoz Lorente (2021), p. 85.
- (es) Julio Albi de la Cuesta, En torno a Annual, Madrid, Ministerio de Defensa, coll. « Defensa », , 668 p. (ISBN 978-8497819626, lire en ligne), p. 280.
- (es) Juan Pando Despierto, Historia secreta de Annual, Barcelone, Temas de Hoy, coll. « Historia », , 423 p. (ISBN 978-8448724696, lire en ligne), p. 91 (rééd. Ediciones Altaya / Editorial Planeta DeAgostini, S.A.U., 2008).
- (es) Historia de las campañas de Marruecos (ouvrage collectif, sous la direction de Julio Repollés de Zallas & Arturo García Agud), vol. 3, Madrid, Servicio Histórico Militar del Ministerio de Defensa, , 720 p. (ISBN 978-8450043365, lire en ligne), « Octava parte », p. 428.
- G. Muñoz Lorente (2021), p. 87.
- (es) Luis Miguel Francisco, Morir en África: La epopeya de los soldados españoles en el desastre de Annual, Barcelone, Crítica, coll. « Tiempo de historia », , 634 p. (ISBN 978-84-17067-50-2, lire en ligne), p. 211-212.
- L. Miguel Francisco (2017), p. 215.
- J. Pando Despierto (1999), p. 158.
- J. Repollés de Zallas & A. García Agud (1981), p. 448.
- G. Muñoz Lorente (2021), p. 220.
- L. Miguel Francisco (2017), p. 460.
- G. Muñoz Lorente (2021), p. 211.
- L. Miguel Francisco (2017), p. 455.
- G. Muñoz Lorente (2021), p. 211& 228-229.
- L. Miguel Francisco (2017), p. 455, 489-491 & 493-494.
- J. Pando Despierto (1999), p. 167.
- J. Repollés de Zallas & A. García Agud (1981), p. 449.
- J. Albi de la Cuesta (2014), p. 438.
- (es) Salvador Fontenla Ballesta, La Guerra de Marruecos. 1907 - 1927: Historia completa de una guerra olvidada, Madrid, La Esfera de los Libros, , 564 p. (ISBN 978-84-9060-978-1, lire en ligne), p. 335.
- G. Muñoz Lorente (2021), p. 233-234.
- G. Muñoz Lorente (2021), p. 234.
- Plan du cimetière de Paracuellos de Jarama.
- Patronyme Chacón, branche du comté de Casa Bayona.
Liens externes
modifier- (es) « hoja de servicios y expediente completo del general Navarro (feuille de service et registre complet du général Navarro, liasse N-71, acte 33) », Ségovie, Archivo General Militar de Segovia.
- (es) « (page de recherche) », Madrid, Gazeta de Madrid (ancien nom du BOE).
- (es) A. de Ceballos-Escalera Gila, « Felipe Navarro Ceballos-Escalera », sur Diccionario biográfico español, Madrid, Real Academia de la Historia (consulté le ).
Bibliographie
modifier- (es) Luis Rodríguez de Viguri y Seoane, La retirada de Annual y el asedio de Monte Arruit. Escrito en defensa del General Don Felipe Navarro y Ceballos-Escalera, Barón de Casa Davalillo, leído ante el Consejo Supremo de Guerra y Marina, reunido en Sala de Justicia, Madrid, Sucesores de Rivadeneyra, , 103 p. (lire en ligne) (mémoire en défense du général Navarro).
- (es) Alfonso de Ceballos-Escalera Gila, Luis de Ceballos-Escalera Gila, Conrado García de la Pedrosa y Campoy et Luis Francisco Cercós García, Las Reales Órdenes Militar y Naval de María Cristina. La Cruz de Guerra, Madrid, Palafox y Pezuela, , 589 p. (ISBN 978-8493301927).
- (es) Vicente Pedro Colomar Cerrada, El infierno de Axdir. Prisioneros españoles en el Rif 1921-1923, Séville, Cultiva Libros, , 526 p. (ISBN 978-8499233246).
- (es) Gerardo Muñoz Lorente, El desastre de Annual: Los españoles que lucharon en África, Cordoue, Almuzara, coll. « Historia », , 432 p. (ISBN 978-8418578960, lire en ligne).