Femi Benussi

actrice italienne
Femi Benussi
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Benussi dans Homicides par vocation (1968)
Nom de naissance Eufemia Benussi
Naissance (79 ans)
Rovigno, Italie
Nationalité Drapeau de la République fédérative socialiste de YougoslavieYougoslave
Drapeau de l'Italie Italienne
Profession Actrice

Femi Benussi, née Eufemia Benussi le à Rovigno dans le royaume d'Italie (aujourd'hui Rovinj en Croatie), est une actrice italo-yougoslave.

Elle débute sur scène au Teatro del Popolo de Rijeka, puis s'installe à Rome et fait ses débuts dans le cinéma d'auteur italien avec Des oiseaux, petits et gros (1966) de Pier Paolo Pasolini. Benussi est surtout active dans les films de genre, dont de nombreux gialli, poliziotteschi et comédies érotiques italiennes.

Biographie modifier

Femi Benussi dans Des oiseaux, petits et gros (1966).

Née Eufemia Benussi[1],[2] en Istrie dans une famille italophone qui décide de rester en Yougoslavie après la guerre[2], elle termine ses études secondaires à Pula[2] et connaît ses premières expériences scéniques au Théâtre du peuple de Rijeka[3], dont elle est la plus jeune actrice à l'époque (1964)[4]. Alors qu'elle fréquente l'université, elle décline l'offre de son compatriote le metteur en scène Fadil Hadžić (sh) de jouer un rôle dans une pièce serbo-croate Trgovački putnik (litt. « Voyage d'affaires »)[2] afin de se rendre à Rome (en tant qu'invitée d'un parent vivant dans la capitale) après la fin d'une relation amoureuse[3],[4]. Elle est introduite presque immédiatement dans le monde du cinéma : son tout premier rôle sur un plateau en Italie est celui, mineur, d'une courtisane dans le film historique Une vierge pour le prince[2] de Pasquale Festa Campanile, qui sort cependant plus tard que le deuxième film dans lequel l'actrice joue, Vierges pour le bourreau, après que le réalisateur Massimo Pupillo l'ait remarquée lors d'une audition[2].

En 1966, elle est engagée par Pier Paolo Pasolini pour son film Des oiseaux, petits et gros, aux côtés du confirmé Totò et du débutant Ninetto Davoli, et se spécialise ensuite dans les films de genre, en particulier les comédies érotiques italiennes (Les Nuits érotiques de Poppée, Meurtres à Rome, La cameriera nera (it)), favorisée en cela par sa volonté de tourner des scènes de nu[3], et des poliziotteschi (L'Empire du crime, Bracelets de sang), avec souvent un mélange des deux genres (La Peur au ventre, L'assassino è costretto ad uccidere ancora) ; Les participations à des productions étrangères ne manquent pas non plus (le film américain La Bande à César, avec Robert Wagner et Raquel Welch et le film allemand La Mort sonne toujours deux fois avec Dean Reed et Fabio Testi).

Dans Tarzana, sexe sauvage (1969).

Sa volonté d'être mise en scène dans des rôles érotiques lui vaut entre 1975 et 1976 la saisie de trois films et une condamnation à quatre mois de prison avec sursis[5] ; sa renommée d'actrice sans voile est si bien établie qu'à l'occasion de la sortie du film Le impiegate stradali (it), dans lequel elle joue le rôle d'une institutrice arrêtée par erreur lors d'une rafle de prostituées par la brigade des mœurs, la société de production annonce : « Pour la première fois habillée, la troublante Femi Benussi »[5] ; non sans ironie, Benussi elle-même déclare qu'elle se contente « ...d'être sexy sans s'enrhumer ; les studios de cinéma sont tous pleins de courants d'air »[5]. Elle pose également pour les magazines Ciné-Revue et Playboy et joue quelques pièces de théâtre en Italie.

À cette époque, cependant, elle avait déjà réduit son rythme de travail : jusqu'alors, elle avait même tourné quinze films en un an[5], alors qu'en 1977, elle n'a participé qu'à une seule production[4]. Dans sa meilleure période, au milieu des années 1970, sa rémunération par film se situe entre dix et quinze millions de lires[6]. Dans les mêmes années, elle est également active au théâtre dans des productions telles que Scusi, mi presti tua moglie? à Turin avec Ric e Gian (1974) et, toujours dans la capitale piémontaise, dans L'curà de Rocabrusà avec Carlo Campanini (1978-79)[7] ; à Rome avec Renato Rascel et Giuditta Saltarini dans Nemici per la pelle (1980)[8].

Dans L'Empire du crime (1972).

Avec l'abandon des rôles érotiques, sa carrière est cependant interrompue car on ne lui propose plus de contrats de cinéma : elle dénonce cette situation dans un discours qu'elle prononce lors d'une conférence tenue en au Circolo della Stampa (it) de Turin sur le thème « Les femmes dans l'exploitation de la pornographie », dans lequel elle dit que depuis qu'elle a cessé de tourner des scènes de nu, dont elle a désormais la nausée[9], elle ne travaille en fait plus au cinéma car on ne lui propose plus de scénarios[9]. Elle est à nouveau présente à la télévision dans l'adaptation pour le petit écran de l'opérette Nitouche aux côtés d'Elisabetta Viviani et Lauretta Masiero (1980)[10]. En 1983, après son dernier film, elle disparaît effectivement de la scène et ce n'est qu'en 2002 qu'elle accorde une interview à Franco Grattarola, Stefano Ippoliti et Matteo Norcini pour le numéro 2 de Cine 70 e dintorni[2],[11], dans laquelle elle prend effectivement ses distances par rapport à son activité d'actrice érotique, déclarant qu'elle préfère que l'on se souvienne d'elle pour d'autres films qu'elle a tournés au cours de sa carrière[3]. Au cours de cet entretien, elle a également raconté qu'à différentes étapes du tournage de certaines productions dirigées par Mario Landi, telles que Supersexymarket (it) et Il viziaccio (it), elle avait été remplacée par des actrices engagées pour tourner des scènes pornographiques destinées à être incluses dans les versions étrangères de ces films, bien que les producteurs aient omis de préciser que ces scènes n'étaient pas d'elle[2].

Après avoir mis fin à sa carrière cinématographique, elle retourne vivre en Yougoslavie mais l'abandonne au début des années 1990 après que son chien a été tué par un anonyme pendant la guerre civile qui a éclaté à la suite de l'éclatement de son pays, en représailles à sa critique de l'épuration ethnique entre Serbes et Croates[2] ; après avoir vendu tout ce qu'elle possédait en ex-Yougoslavie, elle s'est installée à Rome[2].

Filmographie modifier

Au cinéma modifier

Dans La Peur au ventre (1972).
Dans I sette magnifici cornuti (it) (1975).

Notes et références modifier

  1. (it) Roberto Poppi, Enrico Lancia et Roberto Poppi, Dizionario del cinema italiano. Le attrici dal 1930 ai giorni nostri, Rome, Gremese, (ISBN 88-8440-214-X), p. 29
  2. a b c d e f g h i et j (it) Franco Grattarola, Stefano Ippoliti et Matteo Norcini, « …finalmente Femi Benussi », Cine70 e dintorni, no 2,‎ , p. 4-16
  3. a b c et d (it) Roberto Palisca, « Femi Benussi, una rovignese a Cinecittà » [PDF], sur la Voce del Popolo, Rijeka, (version du sur Internet Archive)
  4. a b et c (it) Elvio Ronza, « Bella, nubile, cerca eroe », Stampa Sera,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  5. a b c et d (it) « Femi Benussi si rivestirà », Stampa Sera,‎ , p. 13 (lire en ligne)
  6. (it) Andrea di Quarto et Michele Giordano, Moana e le altre. Vent'anni di cinema porno in Italia, Rome, Gremese, (ISBN 88-7742-067-7, lire en ligne), p. 25
  7. (it) Femi Benussi, « la nipote sexy del reverendo Campanini », La Stampa,‎ , p. 8 (lire en ligne)
  8. (it) « Non vanno in vacanza », Stampa Sera,‎ (lire en ligne)
  9. a et b (it) « Tema la pornografia. Si apre lo scontro », La Stampa,‎ , p. 30 (lire en ligne)
  10. (it) « I capricci dell'educanda », Stampa Sera,‎ (lire en ligne)
  11. (it) Federico Chiacchiari, « Cattive letture : arriva la critica replicante! », Sentieri selvaggi,‎ (lire en ligne)

Liens externes modifier