Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou 1997

Le FESPACO 1997 est la 15e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Il se déroule du 22 février au 1 mars 1999 à Ouagadougou au Burkina Faso.

FESPACO 1997
Image liée à la cérémonie
15e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou
Détails
Dates Du 22 février au
Lieu Ouagadougou, Burkina Faso
Site web fespaco.bf
Résumé
Buud Yam Gaston Kaboré
Chronologie

Le thème de cette édition est « Cinéma, enfance et jeunesse »[1].

Le film Buud Yam de Gaston Kaboré décroche l'Étalon de Yennenga[2].

Contexte

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Alors que de nombreux articles soutenaient en 1995 le passage à un Fespaco annuel, la question de la distribution des films inquiète. Un pays comme le Sénégal voit la fermeture inexorable de ses salles comme en témoigne la conférence Film Legislation in Africa tenue durant les 6e RECIDAK (Rencontres cinématographiques de Dakar)[3]. Un plan d'action a été élaboré au cours d'ateliers tenus à Harare en juin 1994 et novembre 1995 pour une concertation meilleure pour la diffusion commerciale en Afrique australe de films de divertissement et d'y intégrer davantage les films réalisés par des Noirs. Le doublage en anglais des films francophones connus est également envisagé en collaboration avec la FEPACI. Un marché du film de l'Afrique australe est prévu[4].

Les 27 et 28 juin 1996, la table-ronde des partenaires du Fespaco a décidé la création de la Fondation Fespaco, outil de promotion et de soutien pour mobiliser davantage les ressources. Elle réunit des hommes d'affaires et des partenaires institutionnels ainsi que des représentations de « pays amis » et la FEPACI[5],[6].

Grâce à une coopération suivie avec le Danemark depuis 1989, le Fespaco dispose d'un département informatique : bases de données, publication assistée du Fespaco News, mise en page des communications, etc. En 1996, il dispose de 16 ordinateurs, le personnel étant régulièrement formé pour leur utilisation. L'enjeu reste la présence sur internet à développer[7].

Dans un document de 73 pages, l'économiste Jacques Guéda Ouédraogo confirme en 1995 le rôle économique du festival : augmentation des trafics routier, ferroviaire et aérien ; occupation à 100 % de l'hôtellerie avec l'injection en nuitées de 282 850 000 FCFA. Les exposants de toute l'Afrique de l'Ouest « se disputent six mois avant les stands de la Rue marchande ». Les restaurants et les bars doublent voire triplent leur chiffre d'affaires. L'apport du Fespaco à l'économie locale est évalué à un minimum de 1,630 milliard de FCFA[8].

Après douze années au poste de secrétaire permanent, pour rejoindre le poste d'ambassadeur à Paris, Filippe Sawadogo cède son fauteuil à Baba Hama en 1996[9], qui était président du Comité national d'organisation en 1995[10].

Déroulement

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Le jury longs métrages est présidé par Nourredine Saïl, le directeur des achats à Canal+ Horizons à Paris, et comporte Mahen Bonetti, directrice du Festival du film africain de New York, Jean-Pierre Casimir, cinéaste et directeur de l'INSAS, Johanny Nissi Traoré, réalisateur burkinabè, Mariam Kaba, actrice guinéenne, et Sandra Den Hamer, directrice du Festival international du film de Rotterdam.

Le jury courts métrages et documentaires est présidé par le réalisateur ivoirien Roger Gnoan M'Bala, entouré de Jean-Luc François, directeur du Festival international du court métrage de Namur, Jean Burtschell, délégué général de Cannes Junior, et du cinéaste burkinabè Mamadou Djim Kola.

Le jury de la compétition TV-Vidéo est présidé par Mactar Silla, directeur de TV5 Afrique, entouré d'Azad Sawadogo, directeur de la Télévision nationale du Burkina Faso puis de l'agence conseil en communication IACOM, Salomon E. Luwai, directeur de l'Union des radios et télévisions nationales africaines (URTNA), le journaliste Rod Stoneman, et Rock Demers, producteur et directeur du Festival international du film de Montréal[11]. Devant le succès de cette sélection, des projections publiques sont organisées, qui étaient jusqu'à présent réservées au MICA[12].

Cette édition présente un nombre sans précédent de films réalisés par des femmes dans toutes les catégories[13]. Les professionnelles africaines se retrouvent plus nombreuses grâce à la contribution de la Norvège qui a répondu positivement à la requête en ce sens du Fespaco[14].

Après la cérémonie officielle d'ouverture au stade du 4 août, où se sont produit devant 35 000 spectateurs Georges Ouédraogo, Adama Dramé et le Foliba, Meiway et Oumou Sangaré, Le film d'ouverture est Kini et Adams d'Idrissa Ouedraogo[15].

Le Fespaco accueille la 6e congrès de la FEPACI, que Gaston Kaboré axe sur la décentralisation de l'organisation continentale « qui n'a pas encore abouti »[16]. En effet, confirme Ousmane Sembène, « la FEPACI a fonctionné coupée de sa base qui devait être sa sève nourricière »[17]. Sur 30 associations nationales, seules 9 étaient à jour de leurs cotisations[9]. En fait, selon Thomas Sotinel, « la FEPACI est déchirée par une querelle des anciens et des modernes qui a empêché l'élection d'un nouveau bureau »[18]Pour dépasser la concurrence entre Bassek Ba Kobhio et Cheick Oumar Sissoko, les deux challengers présumés pour remplacer Gaston Kaboré qui avait indiqué son désir de céder son fauteuil après 12 années de mandat[9], le congrès décide d'élire une commission consultative de sept membres chargée d'élaborer le projet de refondation de la FEPACI, et de mettre en place un bureau provisoire présidé par Pierre Rouamba[9] et chargé de préparer un congrès extraordinaire en février 1998. Le comité consultatif est composé de Ousmane Sembène, Gaston Kaboré, Kwaw Ansah, et des plus jeunes : le producteur zimbabwéen Joël Phiri, François Woukoache, Nadia El Fani et Charles Mensah. La fédération reconnaît l'effort du Burkina Faso en faveur de son fonctionnement pour 45 millions de FCFA de 1993 à 1997, et félicite Gaston Kaboré « qui a dirigé la FEPACI avec beaucoup d'abnégation et d'engagement personnel pendant 12 ans »[19]. L'attribution de l'Étalon de Yennenga à Buud Yam apparaît dès lors comme un hommage au président sortant autant qu'au pays hôte[18].

Suite à une table-ronde sur la pauvreté conjointement organisée le 28 février par le Fespaco, la FEPACI et le PNUD, les cinéastes publient une déclaration où ils « reconnaissent que la pauvreté est une source de violence, de conflits sociaux et d'instabilité. Ils s'engagent à mettre à profit leurs talents de créateurs et de communicateurs pour aider les Africains à combattre ce fléau »[20].

Une exposition est organisée sur le multimédia et l'audiovisuel en Afrique[12].

Palmarès

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La 15e édition a permis de confirmer l'audience grandissante du festival :4874 festivaliers de 79 pays sont accrédités dont 117 producteurs, 16 distributeurs, 305 réalisateurs, 9 directeurs de festivals, 133 comédiens, 456 journalistes, 221 V.I.P. étrangers - alors que le Comité national d'organisation n'attendait que quelque 3000 festivaliers, « ce qui ne se passe pas sans problèmes » pour l'hébergement et les badges.

Effectivement, la presse parle d'une organisation défaillante « de la qualité des projections à l'accueil des professionnels dans une ambiance policière alourdie par le répression du mouvement étudiant »[18]. Victime de son gigantisme, « le Fespaco a mis en exergue les limites de son organisation »[9]. Elle n'est pas facilitée par le fait que le premier Sommet régional sur les droits de l'enfant (UNESCO, UNICEF) se tient juste avant le Fespaco et occupe encore les hôtels[22].

Le budget est selon Fespaco News de 700 millions de FCFA[23]. Colin Dupré en donne les chiffres exacts : pour un budget prévisionnel de 775 170 244 FCFA, les recettes sont de 667 432 962 FCFA et les dépenses dépassent 981 millions de FCFA. La subvention de l'Etat burkinabè est de 180 millions de FCFA, sachant que le Comité national d'organisation se plaint à nouveau d'un retard de versement. Il est notamment complété par une aide plus importante de l'Union européenne (197 millions de FCFA contre 28 millions en 1995), du Danemark (233 millions dont 65 en nature, contre 280 en 1995) et de l'Agence Internationale de la Francophonie (52 millions)[24].

Si le festival a proposé des films en première mondiale[9], la compétition ne comportait que cinq inédits[18]. Quant à Idrissa Ouedraogo, il aurait présenté Kini et Adams hors compétition pour « préserver ses chances de sélection à Cannes »[18].

A l'initiative de Djenius Hugues (Twenty Cities Black Film Project, Minneapolis) et de Renaldo Baroso Spech (Festival des films de diaspora, New York) Les distributeurs et directeurs de festivals afro-américains présents au festival ont décidé de s'organiser en collectif pour générer une circulation des films africains dans les salles américaines pour répondre à l'intérêt grandissant du public suite au travail fait par les universités et bibliothèques du pays. Une forte délégation de M-Net a en outre encouragé les cinéastes à présenter leur film au M-Net All Africa Award[9].

Bibliographie

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  • Colin Dupré, Le Fespaco, une affaire d'État(s), 1969-2009, L'Harmattan, , 406 p. (ISBN 978-2-336-00163-0)
  • Fespaco, Black Camera et Institut Imagine, Cinéma africain - Manifeste et pratique pour une décolonisation culturelle : Première partie - le FESPACO : création, évolution, défis, Ouagadougou, Auto-édition, , 786 p. (ISBN 978-2-9578579-4-4).

Notes et références

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  1. « FESPACO : Les 50 ans sous différents thèmes et visuels » (consulté le )
  2. Olivier Barlet, « Fespaco 1997 : le développement sera culturel ou ne sera pas », sur Africultures, (consulté le )
  3. (en) Soulémane Ouédraogo, « The Senegalese mirage », FESPACO Newsletter, no 4,‎ , p. 2
  4. Françoise Kaboré, « Distribution de film africains : bouchées doubles en Afrique australe », FESPACO Newsletter, no 6,‎ , p. 4
  5. Mariam Kaboré, « Bientôt une table-ronde des partenaires du Fespaco », FESPACO Newsletter, no 6,‎ , p. 2
  6. O.I., « La Fondation Fespaco est née », L'Observateur Paalga,‎ 05 au 07 juillet 1996, p. 6
  7. Régine Yoda, « Le Fespaco News bientôt sur internet ? », FESPACO Newsletter, no 6,‎ , p. 7
  8. Etienne Mouni Kaboré, « Le Fespaco est-il économiquement rentable ? », FESPACO Newsletter, no 6,‎ , p. 8
  9. a b c d e f et g Clément Tapsoba, « Un esprit de renouvellement », Ecrans d'Afrique, no 19,‎ 1er trimestre 1997, p. 30-33
  10. Dupré 2012, p. 240.
  11. Catalogue 1997
  12. a et b Fespaco News no 00 du 18 février 1997, p.3.
  13. Fespaco, Black Camera et Institut Imagine 2020, Beti Ellerson, « Les femmes africaines et les festivals », p. 65-94.
  14. Sambolgo Bangré, « Le Fespaco, c'est la fête sans perdre de vue l'aspect professionnel, entretien avec Baba Hama », Ecrans d'Afrique, nos 17-18,‎ 3e-4e trimestre 1996, p. 114-116
  15. Fespaco News no 1 du 22 février 1997, p.3.
  16. Fespaco News no 00 du 18 février 1997, p.6.
  17. Ousmane Sembène, « refonte à la Fédération panafricaine des cinéastes », FESPACO Newsletter, no 12,‎ , p. 5
  18. a b c d et e Thomas Sotinel, « Confusion et sélection inégale au Festival de Ouagadougou », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  19. Clément Tapsoba, « Consensus autour d'une refondation de la Fédération », FESPACO Newsletter, no 7,‎ , p. 11
  20. Communiqué de presse de la FEPACI.
  21. aliou, « Portrait : Hadja Aissatou Bella Diallo, l’égérie de la télévision guinéenne. », sur Madina Men Magazine, (consulté le )
  22. Dupré 2022, p. 245.
  23. Sabrina Wily, « Un record de participation », FESPACO Newsletter, no 4,‎ , p. 11
  24. Dupré 2022, p. 244.