Fischer - Spassky, 1972, 6ème partie
Fischer - Spassky, 1972, 6ème partie est une célèbre partie d'échecs disputée entre Bobby Fischer avec les Blancs et le champion du monde en titre Boris Spassky (Noirs) lors du Championnat du monde d'échecs 1972.
La partie
modifierOuverture
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Fischer a surpris son adversaire avec une ouverture inattendue, 1. c4, un des très rares cas dans sa carrière où il n'a pas joué 1. e4. Spassky a joué la variante Tartakover du gambit dame refusé (code ECO D59), son choix favori dans de nombreux tournois, et une ligne avec laquelle il n'avait jamais perdu[1].
1. c4!?! e6 2. Cf3 d5 3. d4 Cf6 4. Cc3 Fe7 5. Fg5 0-0 6. e3 h6 7. Fh4 b6 (7...b6 permet ...Fb7, résolvant le problème du « mauvais Fou », mais permet aussi ...c5 sans qu'après d4xc5 le pion d5 devienne isolé[2]) 8. cxd5 Cxd5! (10...exd5?! 9. Fd3![3]) 9. Fxe7 Dxe7 10. Cxd5! exd5 11. Tc1 Fe6! (voir diagramme ; Fernando Arrabal : « Cette case pour le Fou est préférable à Fb7. Étant donné que le « plan » des Noirs consiste à profiter de la majorité de Pions sur l'aile de la Dame, Fe6 soutiendra davantage la marée de Pions a7-b6-c6-d5 lorsqu'elle se mettra en mouvement. ») 12. Da4 c5 13. Da3 Tc8
Milieu de partie
modifierContrairement à certaines de ses victoires tactiques éclatantes, la partie montre la maîtrise stratégique et technique de Fischer dans le milieu de jeu. Fischer a montré une compréhension profonde de la position pour une ouverture extrêmement rare chez lui [4]. Une fois encore dans le « match du siècle », Spassky a joué passivement.
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14. Fb5! a6?! (Efim Geller, un des secondants de Spassky, avait déjà trouvé 14...Db7! mais selon lui, Spassky avait oublié ce coup[5]. La partie Timman-Geller, jouée à Hilversum en 1973, et remportée par Geller, s'est poursuivie par 14...Db7 15. dxc5! bxc5 16. Txc5 Txc5 17. Dxc5 Ca6!) 15. dxc5! (Spassky menaçait de jouer ...Ta7 et d'obtenir l'avantage avec ...axb5 ou ...c4. Le coup de Fischer empêche ...axb5 et rend ...c4 inoffensif[6]) 15...bxc5 (Les Blancs ont infligé aux Noirs des pions pendants ; si 15...Txc5?! les Blancs conservent une meilleure structure de pions) 16. 0-0 Ta7?! (16...Db7! avec l'idée ...Db6[7]) 17. Fe2 Cd7?! (17...c4! où 18. Dxe7 Txe7 19. Cd4 est adéquatement suivi par 19...Cc6[7]) 18. Cd4! (Fischer met à profit avec finesse le clouage a3-f8 pour améliorer la position de ses pièces[8]) 18...Df8? 19. Cxe6! fxe6 (voir diagramme) 20. e4! (Fischer menace de s'engouffrer en h3 avec sa Dame, mettant la pression sur le pion e6 et ouvrant la possibilité à Fg4[9]) d4? (...dxe4! suivi de ...Cf6[10], bien qu'après 20...dxe4 21. Tc4! Cf6 22. Tfc1 Tac7 23. Dxa6, les problèmes des Noirs ne seraient pas réglés[11]) 21. f4! De7 22. e5! (le Fou de cases noires de Fischer est très puissant (la diagonale qui mène au roi noir lui est notamment ouverte[3]) alors que le Cavalier de Spassky est faible (très mal placé)[7]) Tb8?! 23. Fc4! (menace f5[10]) Rh8 24. Dh3! Cf8 (24...Tb6![10]) 25. b3! a5 26. f5! exf5 27. Txf5 Ch7
Finale
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Fischer améliore progressivement la position de ses pièces, restreint les mouvements de Spassky et convertit son avantage (la meilleure coordination de ses pièces) sans laisser de contre-jeu à son adversaire : sa maîtrise technique est totale.
28. Tcf1! (28...Tf8? 29. Txf8+ Cxf8 30. Dc8![12]) Dd8 29. Dg3 Te7 30. h4! (ôte la case g5 au Cavalier[3]) Tbb7 31. e6! (menace entre autres Txc5, renforce le contrôle de f7 et donne la case e5 à la Dame[10]) Tbc7 32. De5! De8 33. a4 (Fischer ne se précipite pas et continue de restreindre le contre-jeu de Spassky[13]) Dd8 34. T1f2 De8 (sur ...Rg8, Tf7 est décisif[13]) 35. T2f3 Dd8 36. Fd3! De8 (36...Dg8 39. Tf7![14]) 37. De4! (la menace est 38. Tf8+![3]) Cf6 (voir diagramme) 38. Txf6! gxf6 39. Txf6 (menace Txh6[10]) Rg8 40. Fc4! (fixe la Tour e7 ; sinon l'avance du pion e6 s'accompagnerait d'un mortel échec à la découverte[15]) Rh8 41. Df4! Les Noirs abandonnent (41...Rg8 42. Dxh6 permet 43. Tg6+ et 44. e7+).
Épilogue
modifierLes attaques de Fischer étaient si bien construites qu'elles ont suscité l'admiration de son adversaire Spassky, qui s'est levé et a applaudi Fischer à la fin de la partie. Spassky considérait cette partie comme la meilleure du « match du siècle ». La partie a été décrite comme un moment crucial du championnat du monde 1972, montrant l'emprise croissante de Fischer sur le Champion du monde en titre.
Références
modifier- ↑ d'après la Big Database de ChessBase GmbH.
- ↑ C.J.S. Purdy, Ronald J. Wieck, Action Chess: Purdy's 24 Hours Opening Repertoire, Thinkers' Press, 2000, (ISBN 978-0938-65979-2), pp. 28-29.
- Edmar Mednis, Comment bien jouer l'ouverture, pp. 75-80.
- ↑ C.H.O'D. Alexander, Fischer v. Spassky, Vintage, (ISBN 0-394-71830-5), p. 96.
- ↑ (en) Dimitry Plisetsky et Sergey Voronkov, Russians versus Fischer, Everyman Chess, , 462 p. (ISBN 1-85744-380-2)
- ↑ Yasser Seirawan 1995, p. 13.
- Contribution d'Eduard Gufeld dans Bobby Fischer : from chess genius to legend, pp. 54-55.
- ↑ Yasser Seirawan 1995, p. 16.
- ↑ Yasser Seirawan 1995, p. 17-18.
- Fernando Arrabal, Fischer : Le roi maudit, pp. 64-67.
- ↑ Yasser Seirawan 1995, p. 18.
- ↑ Yasser Seirawan 1995, p. 21.
- Yasser Seirawan 1995, p. 23.
- ↑ Yasser Seirawan 1995, p. 24.
- ↑ Bruce Pandolfini, Chefs-d'œuvre de Bobby Fischer, Paris, Solar-Échecs, , 144 p. (ISBN 978-2263-01459-8), p. 88.
Bibliographie
modifier- Fernando Arrabal, Fischer : Le roi maudit, Éditions du Rocher, (ISBN 978-2268-01418-0), p. 64-67.
- Nicolas Giffard et Alain Biénabe, Le Nouveau guide des échecs. Traité complet, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1701 p. (ISBN 978-2-221-11013-3), p. 546.
- (en) Eduard Gufeld, Carlos Almarza-Mato, Mike Morris, Wolfgang Unzicker, Gudmundur Thorarinsson, Bragi Kristjànsson et Bob Long, Bobby Fischer : from chess genius to legend, Thinkers Press, (ISBN 978-0938-65084-3), p. 54-55 (texte d'Eduard Gufeld).
- (en) Raymond Keene, Duels of the mind : The Twelve best games of chess, The Macmillan Chess Library, , 96 p. (ISBN 978-0-020-28701-8), p. 84-87.
- Edmar Mednis, Comment bien jouer l'ouverture, Grasset / Europe Échecs, , 112 p. (ISBN 978-2-2463-6791-8), p. 75-80.
- (en) Yasser Seirawan, Winning chess brilliancies, Microsoft Press, (ISBN 978-1-556-15910-7), p. 1-25.
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier- Partie commentée sous Chessgames.com
- Paul Kohler, « Fischer vs Spassky – Reykjavik 1972 - Sixième partie », sur fr.chessbase.com, (consulté le ).