Kormantin

ancien comptoir colonial fortifié situé au Ghana
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Kormantin, connu aussi sous le nom de Fort Amsterdam, est un ancien comptoir colonial fortifié, construit en 1631 par les Anglais de la Guinea Company, sur la Côte de l'Or (actuel littoral du Ghana). Il jouera un rôle important dans la traite négrière européenne, au point que dans la Caraïbe, en particulier en Jamaïque, une partie des esclaves étaient appelés Kormantin car ils venaient de ce lieu[1]. Depuis 1979, il fait partie des forts de la côte ghanéenne inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco[2].

Kormantin
Fort Amsterdam
Le fort Amsterdam en 2012.
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Ghana’s material cultural heritage (en)
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Abandze (en)
 Ghana
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Historique

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Le lieu avait d'abord été ignoré par les Portugais puis les Néerlandais, malgré une offre que leur fit en 1624 un chef africain local pour commercer[1]. Construit en 1631 par les Anglais, d'abord sous forme de baraquements, puis de fort avec ses geôles, il fut récupéré en 1665 par les Hollandais, qui le rebaptisèrent fort Amsterdam et le conservèrent jusqu'en 1807. C'était un important centre de détention pour des milliers d'esclaves, avant leur départ pour les colonies[3].

Comptoir colonial britannique (1631-1665)

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La Guinea Company, compagnie commerciale anglaise fondée en 1618 pour le commerce sur les côtes d'Afrique, dirigée en 1625 par Nicholas Crisp, possédait un autre fort sur la Côte de l'Or, à Komenda (du nom d'une ville minière d'Europe de l'Est), et une quinzaine de bateaux[4].

En 1631, Arent Groote, un ancien employé mécontent de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales, s'arrange avec le roi fanti Ambro Braffo, afin de louer le site pour le compte de la société anglaise[5]. Cette dernière y fait alors construire un comptoir fortifié pour s'approvisionner en or. Le bénéfice tiré par cette compagnie de ces importations à Londres a représenté 500 000 livres sterling dans les 11 à 12 ans qui ont suivi l'année 1632.

En 1640, le fort est victime d'un incendie. Il est reconstruit et aménagé avec de la ventilation car il servait à parquer les esclaves[6]. « On considère Kormantin comme le premier ouvrage conçu pour la traite négrière. Jusque-là, rien n'était prévu dans les forts » : en 1646, un capitaine amenant des esclaves de la Côte des Esclaves à Elmina refusa de les débarquer faute d'équipements permettant de les accueillir[6].

La Guinea Company fut mise en cause par le parlement britannique. En , le capitaine John Lad arriva sur le navire Our Lady, et embarqua une cargaison de 100 esclaves à Winneba en . Il fut embauché par la Biemba Company, qui en 1648 s'empare du fort de Kormantin[7], aux dépens de la Guinea Company. En 1650, la Biemba Company a acquis un nouveau fort sur le site actuel d'Accra, qu'elle abandonna trois ans après, pour une raison inconnue[7].

En 1655, la conquête britannique de la Jamaïque augmente considérablement la demande en main d’œuvre servile. Kormantin devient le premier port d'approvisionnement en esclaves[8]. C'est à partir de ce moment qu'en Jamaïque et dans les Caraïbes, le mot Kormantin (ou Coromantin) est utilisé pour désigner les esclaves en provenance de la Côte de l'Or[9]. Les esclavagistes se plaignaient d'eux, et les considéraient comme forts, belliqueux et rebelles[8].

En 1657, le fort est repris par la Compagnie anglaise des Indes orientales[10]. Ensuite, un peu avant la Restauration anglaise de 1660[11], le fort avait été récupéré par des colons suédois, qui se servirent de l'or qu'ils y trouvèrent pour payer la rançon permettant de libérer l'un des leurs puis fuirent la région[12].

De 1660 à 1665 le fort fut repris par les Anglais.

Colonie néerlandaise (1665-1782)

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Fondée en 1661, juste après la Restauration britannique de 1660, la compagnie anglaise des aventuriers d'Afrique fait construire trois autres forts sur cette côte ghanéenne, à Anashan, Winneba et Accra, et reprend celui de Carolusburg, alias fort de Cape Coast, aux Danois[13].

Le fort Amsterdam en 1747.
Le fort Amsterdam vers 1665.

C'est en raison de cette vaste offensive anglaise dans le secteur, entre 1661 et 1664, avec la prise aux Néerlandais des forts ghanéens de Morée et Takoradi, puis d'Anomabu et Egya, ainsi que celui de Gorée, plus au nord[12], que les Hollandais s'attaquent en retour aux colonies anglaises du Suriname, et s'emparent de Kormantin, le plus grand fort anglais.

Ainsi, en 1665, les Britanniques sont chassés du fort par une attaque à grande échelle lancée par Michiel de Ruyter, amiral en chef de la flotte néerlandaise. Le fort est alors renommé Fort Amsterdam. À leur tour, les Néerlandais utilisent le fort comme site d'approvisionnement pour les lucratifs commerces de l'or et des esclaves[8].

Voyant les richesses générées par cette activité, les royaumes africains locaux négocient avec les Néerlandais la mise en place d'un versement pour chaque escale de navire dans le comptoir de Fort Amsterdam[8].

À nouveau possession britannique (1782-1957)

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En 1782, au cours de la Quatrième guerre anglo-néerlandaise, le capitaine britannique Thomas Shirley, à la tête du navire de 50 canons Leander et du sloop de guerre Alligator, capture les forts néerlandais de Nassau, Amsterdam, Patience, Goede Hoop et Ussher.

En 1811, le peuple Anomabo attaque le fort et le laisse en ruines.

Depuis l'indépendance du Ghana en 1957

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Le fort, resté longtemps inoccupé, est restauré en 1951 par le Ghana Museums and Monuments Board[14].

Chronologie

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Galerie

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Références

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  1. a et b The Historical encyclopedia of world slavery, par Junius P. Rodriguez, page 195
  2. UNESCO Centre du patrimoine mondial, « Forts et châteaux de Volta, d'Accra et ses environs et des régions centrale et ouest », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le )
  3. Les villes précoloniales d'Afrique noire, par Ogunsola John Igue, page 101
  4. a et b http://www.danbyrnes.com.au/business/business13.html
  5. (en-US) « Fort Amsterdam, Kormantin-Abandze (1638) », sur Ghana Museums and Monuments Board (consulté le )
  6. a b et c Puy-Denis 1994, p. 66.
  7. a et b Ghanaian pidgin English in its West African context, par Magnus Huber, page 33
  8. a b c et d (en) Junius P. Rodriguez, The Historical Encyclopedia of World Slavery [2 Volumes], ABC-CLIO, , 440 p. (ISBN 978-0-87436-885-7, lire en ligne)
  9. admin, « Les Coromantee, les esclaves Ashanti des Caraibes », sur Elimu, (consulté le )
  10. Spreading the word: the issue of diffusion among the Atlantic Creoles, par Magnus Huber et Mikael Parkvall
  11. Puy-Denis 1994, p. 68.
  12. a et b Puy-Denis 1994, p. 70.
  13. Puy-Denis 1994.
  14. (en) Kwesi James Anquandah, Castles & forts of Ghana, Paris, Atalante : Ghana Museums & Monuments Board, , 110 p. (ISBN 2951390106)
  15. Robin Blackburn, The Making of New World Slavery: From the Baroque to the Modern, 1492-1800, Verso World History Series, 2010 608 p. (ISBN 978-1844676316)

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Voir aussi

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Bibliographie

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  • Jean-Michel Deveau, L’or et les esclaves, histoire des forts du Ghana du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, UNESCO / Karthala, , 330 p.
  • (en) William St Clair, The Door of No Return : The History of Cape Coast Castle and the Atlantic Slave Trade, New York, BlueBridge, , 282 p. (ISBN 978-1-933346-05-2)
  • (en) Albert van Dantzig, Forts and Castles of Ghana, Accra, Sedco Publishing, , 116 p. (ISBN 9964-72-010-6)

Articles connexes

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