Frankie and Johnny

chanson traditionnelle américaine

Frankie and Johnny est le titre d'une chanson traditionnelle américaine également connue sous le nom de Frankie and Johnny were Lovers, Frankie and Albert ou simplement Frankie. Elle est devenue un standard du jazz, du blues et de la musique country. Les paroles racontent l'histoire d'une femme dénommée Frankie qui surprend son compagnon Johnny dans le lit d'une autre. Elle le tue et finit, selon les versions, emprisonnée ou exécutée.

Partition de Frankie and Johnny.

Histoire

modifier

La chanson est inspirée d'un fait divers réel survenu à Saint-Louis, au Missouri, le 15 octobre 1899[1]. Ce jour-là, une jeune afro-américaine, Frankie Baker (1876-1952), abat son amant Allen Britt (également connu sous le nom d’Albert), parce qu’il l’avait trompée avec une danseuse du nom de Nelly Bly. Lors du procès, Frankie Baker et ses avocats plaident la légitime défense, affirmant que Britt l'avait attaquée avec un couteau, et obtiennent ainsi l’acquittement.

Cette histoire connait un tel retentissement qu’elle inspire presque aussitôt à Bill Dooley, de Saint-Louis, une chanson intitulée Frankie Killed Allen[1]. La première version publiée est celle de Hughie Cannon, un compositeur de Tin Pan Alley, en 1904, intitulée He Done Me Wrong, Death of Bill Bailey. Une autre variante est l'air de Bill You Done Me Wrong de Frank et Bert Leighton en 1908, rééditée sous le titre Frankie and Johnnie en 1912.

Les paroles plus ou moins définitives de la chanson apparaissent en 1925 dans le recueil On the Trail of Negro Folksongs de Dorothy Scarborough sous le titre Frankie and Albert[2]. Une version intitulée Frankie and Johnny est finalement publiée dans The American Songbag de Carl Sandburg en 1927[3].

Selon certains musicologues, la mélodie serait empruntée à un autre morceau plus ancien. Carl Sandburg prétend qu'elle était connue avant 1888[3], Leonard Feather écrit dans son Encyclopedia of Jazz qu'elle fut chantée durant la Guerre de Sécession à la bataille de Vicksburg (1863)[4], et John Jacob Niles dit qu'elle est apparue avant 1830[5].

Quoi qu'il en soit, le morceau a un tel succès qu'après plusieurs éditions en livret pour chant et piano, Frankie and Johnny parait sur disque dès 1919, interprétée par Al Bernard[1]. La version enregistrée par les Leighton Brothers le pour Victor Records n'est pas commercialisée[6].

En 1958, Gene Vincent crée la première version rock 'n' roll du titre.

L'histoire inspire aussi de nombreux films dont Her Man de Tay Garnett (1930)[1] et Frankie and Johnny de Chester Erskine et John H. Auer avec Helen Morgan (1936)[1]. En 1950, la BBC diffuse le téléfilm Frankie and Johnny de Douglas Moodie avec Robert Beatty. En 1966, Frankie and Johnny est le titre d'un film Frederick De Cordova dans lequel Elvis Presley reprend la célèbre chanson. En revanche Frankie and Johnny (1991) de Garry Marshall, avec Al Pacino et Michelle Pfeiffer, tire son titre d'une autre chanson, Frankie and Johnny de Terence Trent d'Arby, que les personnages principaux demandent à une radio de passer pour eux[7].

La chanson traditionnelle, est également interprétée dans quantité de films, du western aux comédies musicales[1].

Le célèbre metteur en scène John Huston écrit en 1930 un spectacle de marionnettes, Frankie and Johnny, entièrement basé sur les interviews qu'il avait conduites à Saint-Louis avec Frankie Baker et Richard Clay, un voisin et ami d'enfance d’Albert Britt[1],[8]. Le thème de Frankie et Johnny est également adapté sous forme de ballet (Frankie and Johnny de Ruth Page et Bentley Stone en 1938)[9] ou de pièce de théâtre (Frankie et Johnny au clair de lune de Terrence McNally en 1987)[10].

Frankie Baker tentera plusieurs fois, en vain, de recevoir une part des droits d'auteur de la chanson, des disques et des films. Elle sera même sollicitée par la ville de Saint-Louis pour animer des visites touristiques sur les lieux du drame[1].

Interprétations

modifier

Plus de 300 artistes ont interprété cette chanson[1]. L'un des plus anciens enregistrements connus est celui de Frank Crumit with The Biese Trio édité en single en 1921[11].

Parmi les autres versions, citons notamment : Roscoe Holcomb, Bob Dylan, Frank Crumit, Mississippi Joe Callicott, Charlie Poole, Fats Waller, Duke Ellington, Pearl Bailey, Lindsay Lohan, Chris Smither, Jack Johnson.

Adaptations

modifier

Notes et références

modifier
  1. a b c d e f g h et i Gérard Herzhaft, « The Frankie & Johnny Story », sur Blue Eye, (consulté le )
  2. (en) Dorothy Scarborough, On the Trail of Negro Folksongs, Harvard University Press, , 310 p. (ISBN 978-0-674-01262-2, lire en ligne), p. 80
  3. a et b (en) Carl Sandburg, The American Songbag, New York, Harcourt, Brace & Co., , 528 p. (ISBN 978-1-175-33777-1, lire en ligne), « Frankie and her man », p. 73-87
  4. (en) Leonard Feather, The Encyclopedia of Jazz, Da Capo Press, , 527 p. (ISBN 978-0-306-80214-0)
  5. (en) John Jacob Niles, The Songs My Mother Never Taught Me, Macaulay Company, , 213 p., p. 169
  6. (en) « Cover versions of Frankie and Johnny by The Leighton Brothers », sur SecondHandSongs (consulté le )
  7. Louis Skorecki, « Frankie and Johnny », sur liberation.fr, Libération (quotidien), (consulté le )
  8. (en) John Huston (ill. Miguel Covarrubias), Frankie and Johnny, Dover Publications, , 176 p. (ISBN 978-0-486-79467-9, lire en ligne)
  9. (en) Anna Kisselgoff, « Ballet: Harlem's Frankie and Johnny' », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  10. (en) Terrence McNally, Frankie and Johnny in the Clair de Lune : A Play, Dramatists Play Service, Inc., , 74 p. (ISBN 0-8222-0420-7, lire en ligne)
  11. Second Hand Songs

Liens externes et sources

modifier