Gaspard Gresly
Gaspard Gresly est un peintre bisontin né à l'Isle-sur-le-Doubs le et mort à Besançon le .
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Biographie
modifierLa vie de Gaspard Gresly est mal connue. Il possédait à Besançon un atelier de peinture[1]. Probablement vers 1752, il a voyagé à Paris, où il a rencontré le comte de Caylus, célèbre collectionneur d'antiques et amateur d'estampes[1], et demeure dans son entourage jusqu'en 1756[2].
Réputé en Franche-Comté, Gaspard Gresly est collectionné dès le XVIIIe siècle par une clientèle avertie. Ses trompe-l’œil figurent dans certains cabinets d'amateurs. Il reçoit également des commandes de notables parisiens.
En 1751, Gaspard Gresly épouse à Besançon Anne-Françoise Fraichot, fille du peintre Pierre Antoine Fraichot[4],[2].
Gaspard Gresly avait un frère, également peintre, appelé Nicolas (1724-après 1780).
Œuvre peint
modifierScènes de genre
modifierDe nombreuses toiles de Gaspard Gresly dépeignent des scènes de vie quotidienne. L'une de ses spécialités est la représentation des petits commerces de la rue, souvent idéalisés pour être plaisant à l'oeil. Il figure ainsi une charmante Marchande de cerise ou encore une Marchande de dentelles. Ces peintures s'inspirent d'un répertoire d'estampes figurant des vendeurs à la criée, connues notamment sous le nom de Cris de Paris, très appréciées au XVIIIe siècle[5].
Les mêmes personnages sont récurrents dans son œuvre[5]. Il accorde une certaine attention aux scènes d'enfance, qui transparaît notamment dans Les Bulles de savon ou dans Les Mangeurs de gaudes.
Le peintre apprécie tout particulièrement les effets lumineux et se plait à peindre des scènes nocturnes dans lesquelles les personnages s'éclairent à l'aide d'une bougie ou d'une lanterne de papier, ce qui lui permet de déployer de virtuose effets de contre-jour[5].
Trompe-l’œil
modifierGaspard Gresly s'illustre dans l'art du trompe-l’œil peint, genre hérité de la peinture nordique du XVIIIe siècle. Sa spécialité consiste à figurer des estampes accrochées sur des parois de sapin, clouées ou collées à la cire rouge. Dans ses peintures, l'artiste reproduit des gravures célèbres, souvent abimées, œuvres d'artiste contemporains (Pierre-Alexandre Aveline) ou de maîtres des siècles précédents[1] (Jacques Callot, Pierre-Paul Rubens, Frans Hals, Pérelle). L'artiste intègre souvent sa propre signature "Gresly pinxit" dans la lettre de l'estampe, jouant habillement sur l'ambiguïté du trompe-l’œil : il est à la fois le peintre qui copie l'estampe et celui qui créé le tableau tout entier.
Les mêmes accessoires (almanach Dieu soit Beny, pochette brodée, etc.) se retrouvent d'une toile à l'autre, qui proposent souvent des déclinaisons ou des variantes de compositions similaires.
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Trompe-l’œil à la gravure du Rieur (d'après Frans Hals), v. 1740.
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Trompe-l’œil à l'almanach, aux gravures et à la bourse, 1739.
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Trompe-l'œil à la lettre décachetée, à la gravure (inspirée de Callot) et au vide-poche brodé.
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Trompe-l’œil au portrait du chirurgien Le Cat, vers 1752.
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Trompe-l’œil à la gravure de la vieille femme à la chandelle (d'après Rubens), 1750.
Peintes pour le marché de l'art, ces œuvres étaient souvent vendues en paires[1]. Certaines de ses créations présentent au contraire des spécificités qui relèvent d'une personnalisation pour un commanditaire précis. Ainsi, plusieurs tableaux dépeignent des enveloppes où figure le nom du propriétaire, tels le Trompe l’œil à la gravure de Téniers dédié à M. Chalus de Vérin ou le trompe l'œil aux gravures avec une lettre adressée à Soisson d'Arc. Autour de 1752, Gilles Vachet, chirurgien à Besançon, lui commande un tableau dont le morceau central est le portrait du chirurgien rouennais Claude Nicolas Le Cat, gravé par Jean-Georges Wille.
Destinées à surprendre le regard par le trouble qu'occasionne l'illusion, ces trompe-l'œil ont également une portée morale : ils rappellent le caractère éphémère de la vie humaine, forment des allégories, etc. Plusieurs de ses compositions dissimulent des jeux d'esprit et des rébus[1].
Gaspart Gresly réalise également plusieurs trompe-l’œil au verre brisé, dans lesquels il imite une estampe encadrée dont la vitre se serait cassée.
Collections publiques
modifierLe musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon, le musée de Brou à Bourg-en-Bresse, le musée des Beaux-Arts de Dijon et le musée des Beaux-Arts de Béziers conservent des œuvres de Gaspard Gresly.
De nombreuses autres œuvres de Gaspard Gresly se trouvent actuellement en collections particulières.
Références
modifier- Joubert 2022.
- (en) « Notice de Gaspard Gresly », sur rkd.nl (consulté le ).
- (en) « Fraichot, Pierre Antoine », extrait de la notice dans le dictionnaire Bénézit , sur Oxford Art Online, (ISBN 9780199773787).
- Pierre Antoine Fraichot (d) (1690 - c. 1753 ou 1763) est un peintre français actif de 1715 à 1753[3].
- Roux 2022.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Yohan Rimaud (dir.), Le beau siècle : la vie artistique à Besançon de la conquête à la Révolution (1674-1792). Exposition, Besançon, Musée des beaux-arts et d'archéologie, 10 novembre 2022-19 mars 2023], Paris, Edition Courtes et Longues, , 411 p. (ISBN 978-2-35290-341-3)
- Marie-Dominique Joubert, « Gaspard Gresly, maître du trompe-l'oeil », dans Le beau siècle, , p. 229-235
- Marine Roux, « Les cris de Besançon », dans Le beau siècle, , p. 186-193
- Marie-Dominique Joubert, Gaspard Gresly : 1712-1756, un peintre franc-comtois au XVIIIe siècle, [exposition, Besançon, Musée des beaux-arts et d'archéologie, 8 janvier - 21 mars 1994; Bourg-en-Bresse, Musée de Brou, 15 avril - 3 juillet 1994], Besançon, Impr. Néo typo, 1994
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :