Le Gazetier Cuirassé ou Anecdotes scandaleuses de la Cour de France est un libelle publié anonymement par Charles Théveneau de Morande en 1771[1]. L'ouvrage est publié avec deux suites, dont le Philosophe cynique[2] et Mélanges confus sur des matières fort claires[3]. Il porte la mention Publié à cent lieues de la Bastille - pour Londres - et contient une épigraphe de Boileau[4] :

Frontispice du Gazetier cuirassé.

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Nous autres satiriques,
Propres à relever les sottises du temps ;
Nous sommes un peu né pour être mécontents.

Il est publié à l'époque par des imprimeurs anglais, néerlandais et suisses, notamment ceux de la Société typographique de Neuchâtel (STN) étudiés par Robert Darnton[5].

Contenu modifier

Ce pamphlet est l’un des grands succès de la littérature clandestine de la fin du XVIIIe siècle. Dénonciation du « despotisme ministériel », il fourmille d’anecdotes sur les prétendues débauches mondaines et les scandales nobiliaires. Il offre ainsi l’image d’un royaume décadent en crise. Catalogue de personnes insultées, jusqu’au roi et à madame du Barry, ses cibles privilégiées restent le chancelier Maupeou et le duc de la Vrillière dont des caricatures ornent le frontispice. Feuille de chantage et catalogue des vices du temps, le libelle - dénoncé par Voltaire[6] - fait date par sa violence.

Notes et références modifier

  1. Charles Théveneau de Morande, Le Gazetier cuirassé : ou Anecdotes scandaleuses de la cour de France., (lire en ligne)
  2. Charles Théveneau de Morande, Le Philosophe cynique, pour servir de suite aux Anecdotes scandaleuses de la cour de France., (lire en ligne)
  3. Charles Théveneau de Morande, Mélanges confus sur des matiéres fort claires , par l'auteur du Gazetier cuirassé., (lire en ligne)
  4. « Épîtres (Boileau)/08 - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )
  5. Robert Darnton, Édition et sédition : l'univers de la littérature clandestine au XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, , 278 p. (ISBN 2-07-072212-0 et 978-2-07-072212-9, OCLC 24248454, lire en ligne), p.71
  6. Voltaire en parle comme d'un « ouvrage de ténèbres » ; Voltaire, « Libelle », « Quisquis (du) de Ramus ou La Ramée, avec quelques observations utiles sur les persécuteurs, les calomniateurs, et les faiseurs de libelles. » Dictionnaire philosophique.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Robert Darnton, Édition et sédition. L’univers de la littérature clandestine au XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 1991, 278 p.
  • Alain Nabarra, « Le Gazetier cuirassé», Dictionnaire des journaux 1600-1789, [lire en ligne (page consultée le 15 mai 2020)]
  • Quérard, Les supercheries littéraires dévoilées, t. II.
  • Paul Robiquet, Théveneau de Morande, étude sur le XVIIIe siècle, Paris, A. Quantin imprimeur, 1882
  • Jean Sgard (sous la direction de), Dictionnaire des journalistes : 1600-1789, Voltaire foundation, 1999, 2 vol. (ISBN 0-7294-0538-9)