État-major général des Forces armées de la fédération de Russie
L’État-major général des Forces armées de la fédération de Russie (en russe : Генеральный штаб Вооружённых сил Российской Федерации, communément appelé Genchtab, Генштаб) est l'institution centrale gérant l'administration, les opérations et la logistique des forces armées russes. Il est appelé « général » pour le différencier des autres états-majors sous ses ordres. Le chef de l'État-major général travaille sous l'autorité du gouvernement, notamment du ministre de la Défense (presque toujours un militaire), lui-même aux ordres du commandant-en-chef, le président de la fédération de Russie.
État-Major général des Forces armées de la fédération de Russie Генеральный штаб Вооружённых сил Российской Федерации | |
Étendard de l'État-major général des Forces armées de la fédération de Russie. | |
Création | 1711 |
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Pays | Empire russe, Union soviétique, puis Russie |
Type | État-major |
Rôle | Commandement |
Fait partie de | Forces armées de la fédération de Russie |
Composée de | 14e centre de communication |
Garnison | Moscou |
Surnom | Genchtab |
Guerres | Seconde Guerre mondiale Première guerre d'Afghanistan |
Commandant | Général d'armée Valéri Vassilievitch Guérassimov |
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Historique
modifierEmpire russe
modifierEn 1711, Pierre le Grand avait mis en place un « service du quartier-maître » (kvartirmeisterskaïa tchast), renommé « état-major général (general'nyi shtab) en 1763 sous le règne de Catherine II et dissous en 1796[1].
En imitation du Grand État-Major général (en allemand : le große Generalstab, d'où dérive le Genchtab russe) prussien, un « directorat principal de l'état-major » est créé en 1863 par le ministre de la Guerre Dmitri Milioutine[2] à Saint-Pétersbourg, qui devient l'« État-major principal » en 1866 (installé dans le Palais de l'État-Major) pour gérer l'Armée impériale russe, sous les ordres de l'empereur. Pour former les officiers d'état-major (les genchtabisty)[3], ils sont envoyés à l'Académie militaire impériale (renommée ensuite Académie militaire de l’état-major général). Les chefs de cet état-major principal furent :
- Feodor Logginovitch Heiden de 1866 à 1881 ;
- Nicolas Nikolaïevitch Obroutchev, de 1881 à 1897 ;
- Viktor Viktorovitch Sakharov de 1898 à 1904 ;
- Pyotr Alexeevich Frolov de 1904 à 1905.
La défaite lors de la guerre russo-japonaise entraîne quelques réformes, avec notamment le changement de nom en « État-Major général », dont les chefs furent :
- Fiodor Fiodorovitch Palitzine, de 1905 à 1908 ;
- Vladimir Alexandrovitch Soukhomlinov de 1908 à 1909 ;
- Alexandre Mychlaïevski, de mars à ;
- Evgueni Gerngross, de 1909 à 1911 ;
- Yakov Grigorievitch Jilinksi, de 1911 à ;
- Nikolaï Nikolaïevitch Yanouchkevitch, de mars au ;
- Mikhaïl Alexeïevitch Beliaïev, d' au ;
- Piotr Averyanov, du au ;
- Ivan Romanovski, du au ;
- Vladimir Vladimirovitch Marouchevski, du au .
Pendant la Première Guerre mondiale, l'État-Major général est au service du « quartier-général du commandant suprême » (Ставка Верховного Главнокомандующего), la Stavka.
Union soviétique
modifierAprès la révolution d'Octobre, le Conseil des commissaires du peuple confie l'État-major général à Nicolas Mikhailovitch Potapov (ru) du au . L'Armée russe s'effondrant, elle est remplacée par l'Armée rouge des ouvriers et paysans (RKKA), qui se dote d'un petit état-major opérationnel installé dans le centre-ville de Moscou. À la fin de la guerre civile russe, l'État-Major est rétabli, développant progressivement son administration. L'Académie militaire de l'Armée rouge est renommée « Académie militaire Frounze » en 1925.
- Pavel Pavlovitch Lebedev, de 1921 à 1924 ;
- Mikhaïl Vassilievitch Frounze, de 1924 à 1925 ;
- Sergueï Sergueïevitch Kamenev, de janvier à ;
- Mikhaïl Nikolaïevitch Toukhatchevski, de 1925 à 1928 ;
- Boris Mikhaïlovitch Chapochnikov, de 1928 à 1931 ;
- Vladimir Kiriakovitch Triandafillov, de mai à ;
- Alexandre Ilitch Iegorov, de 1931 à 1937.
Le , il reprend le nom d'« État-Major général ».
- Boris Mikhaïlovitch Chapochnikov, de 1937 à 1940 ;
- Kirill Afanassievitch Meretskov, d' à ;
- Gueorgui Konstantinovitch Joukov, de février au [4].
Le , la Stavka (Ставка, traduisible par « quartier-général ») est remise sur pied autour de Joseph Staline, qui devient le la « Stavka du haut-commandement » (Ставку Верховного командования) puis le la « Stavka du commandement suprême » (Ставку Верховного Главнокомандования). L'Académie Frounzé est déménagée pour la durée du conflit à Tachkent, le Genchtab se réfugie à Arzamas pendant la bataille de Moscou, mais la Stavka reste à Moscou auprès de Staline. L'État-Major général est maintenu sous les ordres de la Stavka, chargé des aspects techniques de la planification stratégique, avec à sa tête successivement :
- Boris Mikhaïlovitch Chapochnikov, du au ;
- Alexandre Mikhaïlovitch Vassilievski, du à ;
- Alexeï Innokentievitch Antonov, de au .
La Stavka est dissoute en . En , le Genchtab prend le nom d'« État-Major général des forces armées de l'Union soviétique », avec notamment pour mission de planifier un conflit contre l'OTAN (tel que simulé par exemple dans le scénario « Sept jours jusqu'au Rhin »). Se rajoute à partir de cette date un commandant-en-chef des forces terrestres (le premier fut Gueorgui Joukov, remplacé dès le par Ivan Koniev). Les chefs du Genchtab pendant la guerre froide furent :
- Alexandre Mikhaïlovitch Vassilievski, de 1946 à 1948 ;
- Sergeï Matveïevitch Chtemenko, de 1948 à 1952 ;
- Vassili Danilovitch Sokolovski, de 1952 à 1960 ;
- Matveï Vassilievitch Zakharov, de 1960 à 1963 ;
- Sergueï Semionovitch Biriouzov, de 1963 à 1964 ;
- Matveï Vassilievitch Zakharov, de 1964 à 1971 ;
- Viktor Gueorguievitch Koulikov, de 1971 à 1977 ;
- Nikolaï Vassilievitch Ogarkov, de 1977 à 1984 ;
- Sergueï Fiodorovitch Akhromeïev, de 1984 à 1988 ;
- Mikhail Alexeïvitch Moiseev (ru), de 1988 au ;
- Vladimir Nikolaïevich Lobov (ru), du au [5].
L'échec du putsch de Moscou du 19 au , mené entre autres par le ministre de la Défense Dmitri Iazov, avec déploiement en ville des chars T-80 des divisions Tamanskaïa et Kantemirovskaïa, entraîne le suicide d'Akhromeïev et le remplacement de Moiseev.
Fédération de Russie
modifierAprès la dislocation de l'URSS, le Genchtab prend le le nom d'« État-Major général des Forces armées de la fédération de Russie » (en russe : Генеральный штаб Вооружённых сил Российской Федерации). En 1998, l'Académie Frouzé et l'Académie Malinovski (spécialisée dans les unités de chars) fusionnent pour former l'« Académie interarmes des forces armées russes ».
- Viktor Petrovitch Doubynine, du au (mort d'un cancer en exercice) ;
- Mikhaïl Petrovitch Kolesnikov, de 1992 à 1996 ;
- Viktor Nikolaïevitch Samsonov, de 1996 à 1997 ;
- Anatoli Vassilievitch Kvachnine, de 1997 à 2004 ;
- Iouri Nikolaïevitch Balouïevski (ru), de 2004 à 2008 ;
- Nikolaï Iegorovitch Makarov (ru), de 2008 à 2012 ;
- Valéri Vassilievitch Guerassimov, depuis le (adjoints : Sergueï Sourovikine[6] et Oleg Salioukov, premier adjoint Alexeï Kim[7]).
Notes et références
modifier- (en) David Schimmelpenninck van der Oye et Bruce W. Menning, Reforming the Tsar's Army : Military Innovation in Imperial Russia, Cambridge & Washington, Cambridge University Press & Woodrow Wilson Center Press, , 361 p. (ISBN 0-521-81988-1, présentation en ligne), p. 146.
- Schimmelpenninck van der Oye et Menning 2004, p. 147.
- Jean Lopez, Berlin : Les offensives géantes de l'Armée Rouge, Vistule-Oder-Elbe (12 janvier-9 mai 1945), Paris, Economica, coll. « Campagnes & stratégies » (no 80), , 644 p. (ISBN 978-2-7178-5783-2), p. 78.
- (en) Philip A. Bayer, Evolution of the Soviet General Staff 1917-1941, New York, Garland, , 249 p. (ISBN 0-8240-8051-3).
- (ru) Vitalii Ivanovitch Feskov, K. A. Kalashnikov et Valeri Ivanovitch Golikov, Sovetskai︠a︡ Armii︠a︡ v gody "kholodnoĭ voĭny," 1945-1991 [« L'Armée soviétique pendant la guerre froide 1945-1991 »], Tomsk, Tomskii gos. universitet, , 244 p. (ISBN 5-7511-1819-7).
- « Qui est Valéri Guerassimov, le nouveau commandant de l'offensive russe en Ukraine? », sur BFMTV (consulté le )
- (ru) « Герасимова назначили командующим Объединенной группировкой войск », RIA Novosti, (lire en ligne)
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Sergei Chtemenko (trad. Jean Champenois), L'état-major général soviétique en guerre (1941-1945), Moscou, Éditions du Progrès, , 430 p. (BNF 34294969, LCCN 73345296).
- (en) Pavel Felgenhauer, « Russia's Imperial General Staff », Perspective, vol. XVI, no 1, (présentation en ligne).
- (en) John Erickson, The Russian Imperial/Soviet General Staff, College Station, Center for Strategic Technology, , 112 p. (OCLC 8489396, LCCN 81067769).
- (ru) М. В. Захаров [Zakharov], Генеральный штаб в предвоенные годы [« L'État-Major général d'avant-guerre »], Moscou, AST : Liuks, (1re éd. 1989), 766 p. (ISBN 5-17-029679-7, lire en ligne).
- (ru) Ю. Н. Балуевский, Генеральный штаб Российской армии : история и современность [« L'État-Major général de l'Armée russe : histoire et présent »], Moscou, Akademicheskii proekt, , 477 p. (ISBN 5-8291-0662-0).
Articles connexes
modifier- Histoire militaire de l'Union soviétique
- Académie militaire de l'État-major général des forces armées de la fédération de Russie
- Grand État-Major général
- Grand Quartier général (1914-1919)
- Grand Quartier général français
- État-major de l'Armée impériale japonaise
- Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force
- État-major général (Algérie)
- Grand Quartier général des puissances alliées en Europe
- État-major de l'Union européenne
- État-major général des forces armées ukrainiennes