Georges Koudoukou

officier français (1894-1942), compagnon de la Libération
Georges Koudoukou
Photo d'homme noir en tenue coloniale
Georges Koudoukou vers 1940.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
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Arme
Grade militaire
Sous-lieutenant (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflits
Distinctions

Georges Koudoukou, né en 1894 à Fort-Crampel en Oubangui-Chari, mort le à l'hôpital d'Alexandrie des suites de ses blessures reçues à la bataille de Bir-Hakeim, est un militaire centrafricain, combattant des deux guerres mondiales dans l'armée française.

Par son expérience et son charisme, il est surnommé « le père des tirailleurs » et entraîne en de nombreux ralliements à la France libre. Il s'illustre dans les combats de la France libre, participe à la campagne de Syrie, devient le premier officier centrafricain, prend part aux campagnes d'Égypte et de Cyrénaïque où il commande en second le bataillon de marche no 2. Lors de la bataille de Bir-Hakeim, il tient une position clé en résistant aux attaques pendant deux jours, puis est blessé mortellement.

Il est fait Compagnon de la Libération à titre posthume. À Bangui, une avenue porte son nom et un monument le célèbre ; son souvenir y est commémoré au moins deux fois par an.

Biographie modifier

Photo d'un groupe d'Africains assis, devant de grandes cases traditionnelles.
Fort-Crampel en 1900.

Né en 1894, Georges Koudoukou est originaire de la petite ville qui prend quatre ans plus tard le nom colonial de Fort-Crampel, dans la colonie française de l'Oubangui-Chari, nommée ensuite Crampel et actuellement dénommée Kaga-Bandoro dans la préfecture de Nana-Grébizi en République centrafricaine[1],[2].

Il y grandit et devient cultivateur[1].

Première Guerre mondiale et entre-deux-guerres modifier

Pendant la Première Guerre mondiale, Georges Koudoukou s'engage en janvier 1916 dans l'armée française, pour la durée de la guerre. Il sert au Bataillon no 3 de l'Afrique-Équatoriale française[1], et combat les Allemands implantés au Cameroun[3].

Après la fin de la guerre, il se réengage en 1919 pour trois ans[1], désirant suivre la carrière militaire[3]. Il est nommé caporal en , et affecté au Bataillon no 2 de l'AEF[1].

Nommé au 16e régiment de tirailleurs sénégalais, dans la 9e compagnie de ce régiment, il y est promu sergent et participe en 1925 à la campagne du Maroc, ou guerre du Rif[1]. C'est à ce titre que la médaille militaire lui est décernée[3]. Ensuite affecté au 12e régiment de tirailleurs sénégalais, il est en garnison en France métropolitaine de 1929 à 1931, à La Rochelle[1].

Georges Koudoukou retourne en 1931 en Afrique, à Bangui, nommé au Bataillon de tirailleurs de l'Oubangui-Chari[1]. Réputé excellent sous-officier[3], il y bénéficie de la promotion au grade d'adjudant-chef en 1934[1],[4], et exerce la fonction d'adjudant de compagnie de 1937 à 1940, à la 1re compagnie de cette unité, au camp de Kassaï[1],[3].

1940, entraîneur de ralliements à la France libre modifier

Insigne portant une ancre, les mots "Oubangui BM 2" et un écusson avec la croix de Lorraine.
Il participe à la création du BM 2.

Après l'Appel du 18 Juin par le général de Gaulle, l'adjudant Koudoukou convainc tous les Africains de la garnison du camp Kassaï de rallier avec lui la France libre[1],[4].

Koudoukou participe à la fondation[3] d'un nouveau bataillon, le Bataillon de marche n° 2 (« BM2 »), constitué en grande partie avec les troupes qu'il a ralliées à la France libre. Ce bataillon sera plus tard, comme lui-même, nommé compagnon de la Libération[5]. Avec ce bataillon, il participera à toutes les campagnes de la 1re brigade française libre, jusqu'à sa mort après Bir-Hakeim[4].

Georges Koudoukou fait partie de la 7e compagnie du BM2 et quitte Bangui avec son unité pour rejoindre le front du Moyen-Orient[1]. Il participe ainsi avec sa compagnie à la campagne de Syrie à partir du , contre les forces vichystes[1]. Au combat de Mayadine fin septembre, il démontre son talent de tireur d'élite en atteignant toujours sa cible, quelle que soit l'arme qu'il utilise[6]. Il prend part ensuite à des opérations de police dans la région de l'Euphrate jusqu'en [1].

Officier de la France libre modifier

Promu sous-lieutenant le , il est de ce fait le premier officier centrafricain[1], et devient l'adjoint au commandant du BM2[1], Henri Amiel[7]. Il est surnommé « le père des tirailleurs », en raison de son âge, de son expérience, de son autorité naturelle, de ses compétences[4] et de son talent de tireur d'élite qui en font une « véritable légende » du bataillon[8].

Comme commandant adjoint de son bataillon de marche n° 2, Georges Koudoukou prend part à la « guerre du Désert » à partir du . C'est d'abord la campagne d'Égypte, puis la campagne de Cyrénaïque où il s'illustre à Bir-Hakeim[1].

Bir-Hakeim modifier

Photo de militaire noir avec képi.
Georges Koudoukou vers 1941-1942.

Koudoukou participe à partir du à la bataille de Bir-Hakeim[1]. Il y tient une position qui résiste à plusieurs assauts successifs des forces d'infanterie italiennes et allemandes soutenues par des chars, du 8 au [9]. Le , il est gravement blessé par un éclat d'obus qui l'atteint à la jambe à son poste de combat, au poste de commandement du BM2[1] ou lors de l'évacuation de Bir-Hakeim[9].

La jambe fracassée, il est amputé sur place, sans anesthésie et avec un matériel de fortune, par le docteur Mayolle, impressionné par son courage[10]. Il est évacué de la position la nuit suivante[1]. Le sous-lieutenant Koudoukou meurt quelques jours plus tard de ses blessures, le , dans un hôpital de la ville d'Alexandrie[1],[4].

Hommages posthumes modifier

Georges Koudoukou est fait Compagnon de la Libération à titre posthume, par décret du [1]. Il est le premier officier africain à recevoir cette distinction[7]. Un avenue, une stèle, un monument avec statue et des célébrations biannuelles le commémorent à Bangui, la capitale de la République centrafricaine[9],[3].

Les célébrations du premier officier centrafricain font de l'ombre au président Bokassa qui n'était que le deuxième officier centrafricain, et n'assiste qu'en partie, ou pas du tout, aux cérémonies commémoratives[11].

Distinctions et hommages modifier

Photo d'une plaque noire avec des rangées de noms en lettres d'or
« Koudoukou » à la lettre K sur la plaque en hommage aux Compagnons, musée de l'Armée, Paris.

Décorations modifier

Autres hommages modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u et v Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, 2010.
  2. « Devoir de mémoire : Georges Koudoukou », sur centrafriqueledefi.com (consulté le ).
  3. a b c d e f g et h « Georges Koudoukou (1894-1942) », sur achac.com, Groupe de recherche Achac (consulté le ).
  4. a b c d et e « Georges Koudoukou, le "Père des tirailleurs" », sur legiondhonneur.fr, Grande chancellerie de la Légion d'honneur.
  5. Vladimir Trouplin, « Armée de terre - Le bataillon de marche no 2 », sur ordredelaliberation.fr (consulté le ).
  6. Guillaume Favier, « L'histoire et le périple du deuxième Bataillon de marche de l'Oubangui-Chari - Le combat de Mayadine », sur rfi.fr, Radio France international, (consulté le ).
  7. a et b Sylvain Cornil, « Georges Koudoukou (1894-1942) : Le « père des tirailleurs » », sur france-libre.net, Fondation de la France libre, (consulté le ).
  8. François Broche, « Koudoukou, Georges (1894-1942) », sur 1dfl.fr (consulté le ).
  9. a b c d e et f « Le sous-lieutenant Koudoukou », sur rfi.fr, Radio France internationale, 29 mars - 26 août 2010 (consulté le ).
  10. Pierre Mayolle, « Le service de santé dans les sables de Libye à Bir-Hacheim », Revue de la France Libre, no 278,‎ 2e trimestre 1992 (lire en ligne, consulté le ).
  11. a et b Jennings 2015, p. 263.
  12. « Georges KOUDOUKOU », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )
  13. Jennings 2015, p. 263, 266.
  14. « Hommage de l'ambassadeur de France Vidon à la mémoire du Lt Koudoukou », sur centrafrique-presse.over-blog.com, (consulté le ).
  15. « Le pape François à la mosquée de Koudoukou à Bangui », sur relations-catholiques-musulmans.cef.fr (consulté le ).
  16. « Portraits de France » [PDF], sur vie-publique.fr, Paris, République française, (consulté le ), p. 221, 227.

Bibliographie et sources modifier

Filmographie modifier

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier