Gerty Archimède
Gerty Archimède (Gerty, Marie, Bernadette Archimède), née le à Morne-à-l'Eau (Guadeloupe) et morte à Basse-Terre (Guadeloupe) le , est une avocate et femme politique française.
Gerty Archimède | |
Fonctions | |
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Députée française | |
– (4 ans, 7 mois et 5 jours) |
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Élection | 10 novembre 1946 |
Circonscription | Guadeloupe |
Législature | Ire (Quatrième République) |
Groupe politique | COM |
Conseillère générale de la Guadeloupe | |
– (6 ans) |
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Circonscription | Canton de Morne-à-l'Eau-1 |
Prédécesseur | René-Paul Julan |
Successeur | Abdon Saman |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Morne-à-l'Eau (Guadeloupe) |
Date de décès | (à 71 ans) |
Lieu de décès | Basse-Terre (Guadeloupe) |
Entourage | Alain Foix (neveu) |
Profession | avocate |
Résidence | Guadeloupe |
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Elle fut la première femme inscrite au barreau de la Guadeloupe en 1939[1], devenant ainsi la première femme avocate des Antilles françaises.
Biographie
modifierFamille et formation
modifierAînée d'une famille de cinq filles, elle est la fille de Justin Archimède, qui fut maire de Morne-à-l'Eau de 1912 à 1947[2], et de Marie-Adélaïde Tamarin.
Elle étudie à Morne-à-l'Eau puis à Pointe-à-Pitre, au cours Michelet puis au lycée Carnot. Après son baccalauréat, elle travaille à la banque de Guadeloupe avant de suivre une licence de droit, en Martinique puis à Paris, à la Sorbonne.
Vie politique
modifierEn 1945, elle est élue conseillère générale sur la liste d’entente prolétarienne sociale-communiste. Jusqu'en 1965, elle représentera les cantons de Pointe-à-Pitre, Basse-Terre et Morne-à-l’eau.
En 1948, elle adhère au Parti communiste français, qui la désigne pour le représenter dans de nombreuses conférences à travers le monde. Elle préside en 1980 le 7e congrès du Parti communiste guadeloupéen.
À l'Assemblée nationale
modifierGerty Archimède est ensuite élue députée de la Guadeloupe sous la première législature de la IVe république. Membre du groupe du PCF, elle siège du au [3]. Elle est ainsi, après Eugénie Éboué-Tell, qui l'avait battue lors des élections à la deuxième assemblée constituante quelques mois plus tôt - l'une des premières femmes députées de Guadeloupe.
À l'Assemblée nationale, elle est membre de la Commission de la justice et de la législation et de la Commission des territoires d'outre-mer. Elle est aussi nommée juge suppléante à la Haute cour de justice.
En 1947, elle est rapporteure pour la commission de la justice et de la législation sur le projet de loi tendant à permettre aux femmes l'accession à diverses professions d'auxiliaire de justice.
Elle dépose par ailleurs différentes propositions de résolution sur le taux du franc Antilles-Guyane, sur les mesures pour la reconstruction des quartiers incendiés de Pointe-à-Pitre (1948 et 1951), ainsi que des propositions de loi pour l'amnistie des délits politiques dans les départements d'outre-mer, pour le maintien dans les lieux des locataires ou occupants des locaux d'habitation, ou relatives à l'alignement des salaires des départements d'outre-mer sur ceux de la région parisienne[3].
Elle fut ensuite candidate sans succès aux élections législatives de 1951, 1956, 1958 et 1967[4].
À la mairie de Basse-Terre
modifierEn 1952, elle réintègre le barreau de la Guadeloupe, puis est élue en 1953 adjointe au maire de Basse-Terre, Élie Chaufrein, tout en continuant ses activités d’avocate, avant de le remplacer pendant un an en 1956[1] lorsque ce dernier est muté d'autorité proviseur du lycée d'Alençon[5].
Militante féministe
modifierMilitante féministe, elle crée en Guadeloupe une fédération de l'Union des femmes françaises (proche du PCF) pour soutenir ses efforts afin d'obtenir l'application de la sécurité sociale et du droit à la retraite pour les femmes de Guadeloupe. Elle contribue activement à la transformation de la fédération de l'UFF en Union des femmes guadeloupéennes.
Avocate
modifierGerty Archimède prête serment en Guadeloupe le .
Elle interrompt ses activités d'avocate pendant son mandat de députée, de novembre 1946 à avril 1951.
Quelques mois plus tard, de retour dans les tribunaux, elle participe à la défense des 16 de Basse-Pointe, au côté de Me Georges Gratiant et Me Marcel Manville. Ce procès, qui se déroule à Bordeaux du 9 au 13 août 1951, concerne les 16 coupeurs de canne martiniquais accusés du meurtre de leur administrateur béké Guy de Fabrique. Le verdict prononcé sera l'acquittement général[6].
Elle est par la suite élue bâtonnier de 1967 à 1970.
Rencontre avec Angela Davis
modifierEn 1969, la militante américaine Angela Davis et plusieurs de ses camarades font escale en Guadeloupe, de retour d'une conférence à Cuba, afin de rejoindre Porto Rico. Des livres offerts par les Cubains à destination de Porto Rico ainsi que les passeports de certains membres de la délégation sont confisqués par la douane française. Par le biais du capitaine du bateau et de Cubains vivant en Guadeloupe, la délégation rentre alors en contact avec Gerty Archimède, qui les aide, dans les jours suivants, à négocier avec les douaniers, la police et les juges sur l'île. Dans son autobiographie, Angela Davis relate cet épisode et la décrit ainsi :
« Maître Archimède était une grande femme à la peau sombre, aux yeux vifs et au courage indomptable. Je n’oublierai jamais notre première rencontre. J’ai senti que j’étais en présence d’une très grande dame. Pas un instant je ne doutai qu’elle allait nous sortir de notre mauvaise posture. Mais j’étais tellement impressionnée par sa personnalité, le respect qu’elle attirait à elle en tant que communiste, même de la part des colonialistes que, pendant un certain temps, notre problème me parut secondaire. Si je n’avais écouté que mes désirs, je serais restée sur l’île pour tout apprendre de cette femme[7]. »
Hommages
modifier- Un bronze en sa mémoire a été inauguré le sur le boulevard maritime de Basse-Terre[8].
- La rue Gerty-Archimède dans le 12e arrondissement de Paris porte son nom depuis 2006, à la suite d'un vœu des élus communistes parisiens[9]. Dans cette rue se trouve le groupe scolaire Gerty-Archimède.
- Le , Ségolène Royal lui rend hommage lors de sa campagne électorale.[réf. nécessaire]
- Le musée Gerty-Archimède est installé dans son ancienne maison, 27 de la rue Maurice Marie-Claire à Basse-Terre. Il porte le label Maisons des Illustres depuis 2012[10].
- Le , le nouvel amphithéâtre de l'université des Antilles et de la Guyane de Saint-Claude est baptisé en son nom.
- Une place porte son nom à Morne-à-l'Eau, sur laquelle est installé un buste la représentant.
- En 2019, la région Guadeloupe lui rend hommage en déclarant l'année « année Gerty Archimède ».
- En 2022, la 55e promotion d’élèves de l’Institut régional d'administration de Lyon porte son nom.
- En 2024, la 32e promotion des élèves administratrices et administrateurs territoriaux de l'Institut national des études territoriales a choisi de porter son nom[11].
Au théâtre
modifierSa rencontre en Guadeloupe avec Angela Davis a inspiré à Alain Foix, son neveu, la pièce Pas de prison pour le vent (2006)[12], mise en scène par Antoine Bourseiller.
Notes et références
modifier- Biographie de Gerty Archimède sur le site du collège Campenon (Guadeloupe).
- « Justin Archimède : une part d'histoire mornalienne », France Antilles, 28 novembre 2012.
- Assemblée nationale - Base de données historique sur les anciens députés
- « Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
- « CHAUFFREIN Élie - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
- FAM, « Camille Mauduech, cinéaste : "Les 16 de Basse-Pointe" », sur Femmes au-delà des mers, (consulté le ).
- Angela Davis (trad. de l'anglais), Autobiographie, Paris, Albin Michel, , 344 p. (ISBN 2-226-00173-5 et 9782226001733, OCLC 417409268, lire en ligne).
- Photo de la statue
- Note des élus communistes du Parti communiste français du 5 octobre 2006.
- « La Maison Gerty-Archimède labellisée "Maison des illustres" », France-Antilles, 13 novembre 2012.
- Blog des élèves élèves administratrices et administrateurs territoriaux de l'INET
- Éditée chez Jasor.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Lucie Julia, Gerty Archimède : Fleur et perle de Guadeloupe, Pointe-à-Pitre, Editions Jasor, (réimpr. 2000) (1re éd. 1996), 117 p. (ISBN 978-2-9502195-7-2)
- Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel, Ne nous libérez pas, on s'en charge : Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, Paris, Éditions La Découverte, , 511 p. (ISBN 978-2348-055614), p. 231-232.
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives à la vie publique :